Alors que cela fait maintenant douze jours que les paysans mènent des actions pour dénoncer la politique agricole et commerciale du gouvernement, Juan Manuel Santos a ordonné vendredi le déploiement de 50.000 militaires dans la capitale et sur les principales routes du pays. Rejoints par les camionneurs qui réclament une baisse des prix du carburant et par les petits exploitants miniers qui exigent la régularisation de leurs activités, les paysans manifestent dans les principales villes du pays et bloquent de nombreuses voies routières. Mercredi, une cinquantaine de manifestations ont secoué le pays. A Bogota, comme à divers autres endroits, de violents affrontements ont opposé les manifestants et la police. Dans la capitale, on a dénombré 147 blessés et 40 arrestations. A ce bilan s’ajoute deux décès jeudi, toujours en marge de manifestations. Le président colombien a également déclaré que ce déploiement militaire était indispensable vu la probable infiltration du mouvement par les FARC qu’il accuse d’attiser la protestation.

Blocage routier en Colombie

Des milliers de personnes ont manifesté hier jeudi dans les principales villes de Colombie pour soutenir les paysans. De violents heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu à Bogota et Medellin. A Bogota, des cortèges d’ouvriers, d’étudiants, enseignants et travailleurs de santé ont marché jusqu’à la place Bolivar, au centre ville, et ont été dispersés par la police anti-émeute.

Entre 40 et 50.000 camionneurs se sont joints aux manifestants pour réclamer une baisse des prix des carburants alors que des milliers de petits exploitants miniers se sont regroupés en certains points du pays pour exiger la régularisation de leurs activités. A Medellin, la deuxième ville du pays, la protestation s’est également terminée par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, et des journalistes ont été pris à partie par la police. Au total, 48 manifestations ont été organisées jeudi dans tout le pays, et 72 barrages entravaient la circulation sur 37 artères de huit régions du pays.

affrontements paysans-policiers en Colombie

affrontements paysans-policiers en Colombie

Des représentants du parti Marcha Patriótica et du syndicat Central Unitaria de Trabajadores ont dénoncé l’arrestation d’Hubert Ballesteros, dirigeant syndical et promoteur de la grève nationale agricole, pour crime de « rébellion et de terrorisme ». Une manifestation a été organisée pour exiger la relaxe de ce dirigeant syndical (il est membre du comité exécutif de la CUT) accusé de liaison avec les FARC.

manifestation pour Hubert Ballesteros

manifestation pour Hubert Ballesteros

Depuis plus d’une semaine, les paysans colombiens, rejoints par des mineurs indépendants et plusieurs syndicats de chauffeurs routiers et d’employés des secteurs de la santé et de l’éducation, mènent un mouvement social illimité. Ils demande à être reçu par les autorités pour obtenir des aides et un meilleur accès à la propriété foncière. Concrètement, ils demandent notamment l’établissement de prix planchers pour certains produits, la baise des prix des intrants agricoles, une politique favorable aux mineurs des petites exploitations, de meilleurs services publics dans les campagnes, des garanties en matière d’accès à la terre,… Depuis lundi dernier, ils organisent manifestations, rassemblements et barrages routiers dans onze provinces à travers le pays. Toutes les mobilisations ont été diversement réprimée par les forces de l’ordre. D’après un bilan officiel publié hier soir, deux personnes sont mortes, plus d’une centaines ont été blessées et au moins 175 interpellées. Les forces anti-émeutes font usage de gaz lacrymogène (gaz qui a causé un des deux décès), mais selon plusieurs sources sur place, elles tireraient régulièrement à balles réelles sur les foules de paysans, ce qui aurait provoqué le second décès.

Emeutes paysannes en Colombie

Au moins treize soldats ont été abattus dans une attaque de la guérilla dans la province d’Arauca (est du pays). C’est dans cette même région que les FARC avaient dirigé une embuscade le mois dernier. Quinze soldats avaient été tués au cours de cet assaut. Par ailleurs, vendredi, les FARC ont annoncé une ‘pause’ dans les négociations qu’ils mènent avec les autorités colombiennes depuis près d’un an afin d’étudier une proposition selon laquelle tout accord de paix devrait faire l’objet d’un referundum.

Les forces de sécurité colombiennes ont tué dimanche deux commandants des FARC au sud-ouest du pays. Le commandant du Front 6 des FARC et de son second, connus sous les surnoms de « Jaimito » et d' »el Burro » sont morts pendant le bombardement de leur camp situé dans la région rurale de Toribio, dans le département du Cauca (sud-ouest), lors d’une opération conjointe police-armée.

Le parquet de Colombie a annoncé hier mardi avoir lancé des poursuites exceptionnelles à l’encontre de chefs paramilitaires et de guérilleros pour quelque 11.000 violations des droits de l’homme perpétrés dans le cadre du conflit armé entre les guérillas communistes, en lutte contre les autorités depuis près d’un demi-siècle, et les milices paramilitaires d’extrême droite créées dans les années 80. Au total 16 personnes sont poursuivies par le parquet colombien, 13 paramilitaires et trois guérilleros. Les procès se dérouleront dans plusieurs tribunaux, à Bogota, Medellin, Barranquilla et Bucaramanga.

Un militaire colombien a été tué et un autre blessé, hier mardi, dans l’explosion d’un IED près de la piste de l’aéroport de Tumaco, une localité située sur la côte Pacifique, à 600 km de Bogota, au moment où passait une patrouille militaire. L’engin placé sur le passage de la patrouille et a été apparemment déclenché par un téléphone portable, a précisé le responsable militaire, qui a désigné comme auteur les FARC.

Au lendemain d’une double attaque des FARC contre l’armée, le président Santos s’est rendu dans l’état d’Arauca, à la frontière avec le Vénézuela. C’est là qu’un total de 19 soldats ont été tués par des guérilleros au cours de deux assauts distincts. Ce dimanche, Santos a ordonné au haut commandement militaire de mettre l’entière machine de guerre en mouvement contre les FARC. En novembre dernier, à l’entame des négociations entre les autorités et la guérilla, cette dernière avait proposé l’instauration d’un cessez-le-feu, ce que le gouvernement avait refusé.

Un détachement militaire a été attaqués par quelque 70 guérilleros des FARC dans la région frontalière avec le Venezuela. Les militaires circulaient sur une route de la province d’Arauca, près de la frontière avec le Venezuela, et étaient chargés de protéger l’oléoduc Cano Limon-Covenas (cet oléoduc avait été dynamité au début du mois par l’ELN). Douze combattants des FARC ont été capturés et présentés à la presse (photo), dont cinq ont été blessés, à la suite de la riposte de l’armée.

La veille quatre militaires et six guérilleros avaient été tués dans d’autres combats qui se sont déroulés samedi dans le département du Gaviare (sud). Au total, ce sont donc au moins 19 militaires ont ainsi trouvé la mort dans la seule journée de samedi, l’un des pires revers enregistrés par l’armée colombienne depuis plusieurs mois.

prisonniers des FARC

prisonniers des FARC