Un travailleur a été tuée et sept autres blessés lors d’affrontements entre la police et les travailleurs en lutte de la centrale électrique d’Aboukir, près d’Alexandrie, ce samedi. Les manifestants s’étaient réunis pour protester et avaient séquestrés les directeurs de la société. Les heurts ont éclaté après que des Forces de sécurité aient tenté de disperser la foule. Plus de 500 manifestants ont résisté, les forces de sécurité ont alors tiré dans la foule.

Egypte: Répression meurtrière d’une manifestation ouvrière

La police égyptienne a affronté les ouvriers grévistes de Ceramica Cleopatra tandis que ces derniers prenaient d’assaut des bâtiments gouvernementaux dans la ville de Suez. Les grévistes reprochent aux autorités leur négligence quand il s’agit d’obliger Ceramica Cleopatra à respecter les conventions collectives et à payer ses ouvriers. Ceramica Cleopatra produit des tuiles et du matériel sanitaire, elle emploie en Egypte 12.000 ouvriers.

Egypte: Affrontement entre policiers et ouvriers grévistes

Une manifestation dans le centre du Caire a dénoncé ce vendredi la pratique des autorités militaires qui avaient fait pratiquer des tests de virginité sur des manifestantes arrêtées. Au moins sept femmes arrêtées ont été forcées de subir des tests de virginité après la manifestation du 9 mars 2011 au Caire, qui avait été réprimée violemment d’abord par des des hommes en tenue civile, puis par l’armée. Les manifestants ont brandi des portraits de Samira Ibrahim, une jeune militante qui a publiquement dénoncé ces tests de virginité. Sa décision de dénoncer cette pratique au grand jour a ébranlé les tabous de la société égyptienne, où les femmes victimes d’abus sexuels sont plus souvent critiquées que leurs agresseurs. Samira Ibrahim a porté plainte contre un médecin militaire, l’accusant de l’avoir soumise à un test de virginité l’an dernier après son arrestation par l’armée durant une manifestation. « Tu es plus honorable que ceux qui t’ont humiliée », a scandé les quelques centaines de manifestants.

Un tribunal militaire a innocenté le médecin militaire dimanche, citant des contradictions entre les témoignages des témoins. Samira Ibrahim a cependant remporté une autre poursuite, en décembre, quand un tribunal civil a ordonné aux dirigeants militaires du pays de cesser de mener des tests de virginité sur les femmes détenues. Il s’agissait d’une rare condamnation d’une pratique militaire par un tribunal civil en Égypte.

Egypte: Manifestation contre les tests de virginité sur les manifestantes arrêtées

Les affrontements de jeudi soir ont continués dans les rues égyptiennes quand des groupes de jeunes révolutionnaires et ‘Ultras’ ont appelé à un ‘vendredi de la colère’ et ré-occupé la légendaire Place Tahrir.

Affrontements en Egypte

Ce sont les ‘Ultras’ qui prennent la main dans ce nouveau regain de
violence, supporteurs de football connus pour leur culture du
non-compromis et pour leur soif d’affrontements avec la police, haïs par
le pouvoir et décrits par les médias comme « communistes » et « athées ». Ils seraient le second groupe d’influence politique après les Frères Musulmans, ils ont développés leur autonomie depuis plusieurs années au vu du manque d’affinité qu’ils partagent avec le régime (tant celui de Mubarak que celui du CSFA) et ont des moyens techniques adaptés au contexte politique actuel (diffusion de tracts, par exemple). Banques, commerces, structures répressives et étatiques ont été saccagée vendredi à Suez alors que deux insurgés sont morts par balle lors de l’attaque de la Direction de la Sécurité. Vendredi au Caire, deux personnes sont mortes asphyxiées par les gaz lacrymogènes, et une autre a été tuée par balle quand la police a ouvert le feu sur des manifestants qui avaient réussi à défoncer l’un des murs qui protège le Ministère de l’Intérieur . Un soldat a été tué et un officier écrasé par un blindé. Alors que les blindés chargeaient les manifestants aux abords du Ministère de l’Intérieur, les Ultras ont sortis une pancarte ‘Ceux qui ne méritaient pas de mourir sont morts par la main de ceux qui ne méritent pas de vivre’ avant de caillasser à tel point les blindés qu’ils durent faire demi-tour. De l’autre coté de la rue, d’autres incendiaient le bâtiment de l’Autorité des taxes.

Dans l’est du Caire, des hommes armés de mitraillettes ont attaqué et
incendié un commissariat, libérant du même coup les personnes qui y
étaient détenues. Dans un autre quartier, Dokki, 5 personnes ont tenté de voler l’arme d’un policier dans un commissariat, sans succès cette fois.

Affrontements en Egypte

L’opposition égyptienne a marché par milliers vers le bâtiment du
Ministère de l’Intérieur ce jeudi soir, attaquant les barrages de police
par jets de pierre. Ces derniers ont répliqués par des jets massifs de
grenade lacrymogène, blessant et asphyxiant 400 personnes dans les rangs
des manifestants. Deux manifestants seraient également décédés des suites des inhalations de gaz. Les manifestants sont descendus à la suite du match de foot connu sous le nom de ‘Drame de Port-Saïd’ où 74 personnes sont
décédées il y a quelques jours. ‘Ceci n’est pas un incident sportif mais
un massacre militaire’ scandaient les manifestants.

Selon certains commentateurs, le Drame de Port-Saïd serait une vengeance
des pro-CSFA (Conseil Suprême des Forces Armées). En effet, ce sont les
supporters de l’équipe gagnante qui ont attaqués -fait inhabituel- ceux de
l’autre équipe, cette dernière qui, le 2 février 2011 avait prit le parti
des manifestants de la ‘Bataille du Chameau’, journée noire de la
résistance égyptienne. Cette attaque de pro-CSFA sur des sympathisants
révolutionnaires, un an après la Bataille, avec une quasi-absence
exceptionnelle des forces de sécurité et d’équipes médicales (aucune
ambulance sur les lieux) ressemble fort à une vengeance de la part des
sympathisants du nouveau régime.

Affrontements en Egypte

Affrontements en Egypte

Les militants du collectif Askar Kazeboon (‘les militaires sont des
menteurs’) sévissent dans les rues du Caire. À l’aide d’un
vidéo-projecteur, ils diffusent en pleine rue les images des exactions
militaires. De l’aveu d’un membre du collectif, il s’agit de montrer aux
gens qui ne regardent pas youtube la violence du nouveau régime. Le 25 janvier, anniversaire de la ‘révolution égyptienne’, le collectif
comptait bien se rendre Place Tahrir pour diffuser de nouveaux films.

Collectif Askar Kazeboon en Egypte

Collectif Askar Kazeboon en Egypte

Suite aux violents combats qui ont opposé forces de l’ordre et
manifestants au Caire, l’armée a érigé des murs dans les rues du Caire
pour protéger ses structures importantes, notamment le ministère de
l’intérieur. D’énormes blocs de pierre séparent désormais les habitants du
Caire et un no man’s land surveillé par les militaires en arme. Les murs
sont recouverts de graffitis hostiles au régime, parmis les plus
populaires ‘Fuck the police’ et ‘ACAB’ (All Cops Are Bastards), mais
aussi ‘La liberté viendra’ et le populaire ‘Le peuple veut la chute du
pouvoir’, ainsi que des symboles anarchistes et révolutionnaires.

L’opposition égyptienne, que les médias indépendants arabes décrivent
comme ‘radicalisée’ et ‘ayant perdu toute naïveté’ prépare depuis un
mois une mobilisation massive dans les rues égyptiennes pour le 25
janvier. L’objectif avoué: ‘en finir définitivement avec le régime et
avec le masque militaire qu’il s’est collé au visage’.

Murs au Caire

Murs au Caire

Depuis fin novembre, un groupe de manifestants campait devant le siège du gouvernement pour dénoncer le rôle que joue l’armée actuellement à la tête du processus de transition suite au renversement d’Hosni Moubarak. Ils protestaient notamment contre la nomination du premier ministre par l’armée, et entendait l’empêcher de prendre ses fonctions. Vendredi, l’armée est intervenue pour détruire le campement et brûler leurs tentes. Depuis lors, la place Tahrir au Caire est à nouveau régulièrement occupée par les manifestants. Durant tout le week-end, de violents affrontements les ont opposés aux forces de l’ordre qui utilisent gaz et matraques pour les déloger. Samedi, les manifestants ont incendiés deux immeubles ministériels à proximité de la place, que les militaires ont alors immédiatement cerné de barbelés. En trois jours, dix personnes ont été tuées et plus de 500 blessées. L’armée a déféré 164 personnes devant le procureur, dont neuf femmes et de nombreux mineurs, arrêtés pour leur implication présumée dans le mouvement et pour incendie de bâtiments, en vue d leur éventuelle inculpation.

Répression en Egypte

Répression en Egypte

Dimanche, malgré la violente répression et un immense déploiement policier, la population du Caire a poursuivi son occupation de la Place Tahrir. Dans la nuit de samedi à dimanche, un homme avait été tué durant les affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre. Postés sur le toit d’un immeuble à proximité de la place, des policiers ont tiré au fusil, ainsi que des balles en caoutchouc. Au sol, les forces de l’ordre ont fait un usage abondant de gaz lacrymogène. Des manifestations semblables ont eu lieu à el-Arich, à Ismaïlia, à Suez et à Alexandrie. Au total, 33 personnes sont décédées hier, principalement au Caire, dont au moins quatre suite à des blessures par balles (selon le directeur de la morgue). Depuis samedi, il y aurait eu plus de 1700 blessés, et au moins 55 personnes ont été arrêtées.

Depuis plusieurs jours, Place Tharir, des blessés et des proches des victimes de la répression du mouvement populaire du mois de février faisaient un sit-in pour exiger que soient rapidement jugés les policiers et les responsables de ces violences. Samedi matin, les forces de sécurité sont intervenues pour le disperser, avant que des dizaines de milliers de manifestants ne se rassemblent sur la place pour exiger la fin du pouvoir militaire. Des affrontements les ont opposé aux policiers anti-émeutes durant tout le week-end. Ceux-ci ont fait usage de gaz lacrymogène, puis ont chargé la foule à coups de matraque, faisant des dizaines de blessés. Plusieurs manifestants ont également été arrêtés. Plus tard dans la journée, le forces de sécurité ont tiré des balles en caoutchouc et des plombs de chasse. Les heurts se sont poursuivis durant la nuit, au cours de laquelle un manifestant a été tué. D’autres manifestations ont eu lieu à Alexandrie (où un manifestant a également été tué) et à Suez, et ont été pareillement réprimée. Au Caire, des dispensaires de fortune ont été installés, et aujourd’hui, les médecins sur place dénombraient au moins 750 blessés.

Manifestation au Caire

Manifestation au Caire