En septembre 2019, deux militant·es écologistes étaient relaxé·es en première instance à l’issue d’un procès où il et elle étaient poursuivi·es pour avoir décroché un portrait de Macron dans une mairie de Lyon pour protester contre l’inaction du gouvernement contre le réchauffement climatique (voir notre article). Mardi 14 janvier, les deux activistes ont été condamné·es en appel à 250 euros d’amende. Les militant·es annoncent une contestation du jugement en cassation. Le même jour, toujours à Lyon, six décrocheurs et décrocheuses condamné·es au mois de mai dans le cadre d’une autre affaire ont été condamné·es en appel à des peines similaires, soit 500 euros d’amende avec sursis.

Le décrochage et la ballade du portrait à Strasbourg

Le décrochage et la ballade du portrait à Strasbourg

 

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Partie un peu tardivement, la manifestation contre la réforme des retraites a été un succès de mobilisation hier jeudi à Lyon, avec un important renfort de gilets jaunes, de lycéens et d’étudiants. Quelques affrontements ont éclaté lors du cortège. Des manifestants ont lancé des cailloux et des bombes de peinture en direction de l’Hôtel-Dieu et des forces de l’ordre. Réponse immédiate : la police a chargé en direction du cortège. Les heurts n’auront pas duré très longtemps. La manifestation a pu reprendre sur la place Bellecour.

Les heruts à Lyon

 

Lundi 13, à l’occasion de la venue du président Macron dans le cadre du G5 Sahel, le local de organisation indépendantiste et socialiste d’Occitanie LIBERTAT, la « Tor deu Borrèu », a été attaqué par la police et six militant-e-s ont arrêté-e-s. A 16H, toutes les entrées de la ville de Pau étaient verrouillées par la Gendarmerie pour laisser passer le convoi présidentiel. Pendant ce temps, à la Tor deu Borrèu, des militant-e-s avaient accroché une banderole et diffusaient de la musique engagée via haut-parleur tout en scandant des slogans politiques. Cinq policiers en civil ont d’abord cherché à entrer dans le local, bientôt rejoints par une cinquantaine d’autres – en uniforme comme en civil. Les policiers forcent la porte, se jettent sur les militants et les arrêtent très brutalement. Une dizaine d’agents se saisissent de la sono et arrachent la banderole accrochée à la fenêtre du local. Une fois au commissariat, les policiers peinent à expliquer le motif des interpellations. Un coup c’était pour tapage diurne, puis un autre pour outrage, ensuite rébellion… Finalement, le chef d’accusation est « outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique en réunion ». La garde-à-vue aura duré de 17H15 à 21H.

La Tor deu Borrèu le jour de l'attaque

 

Alors que le mouvement de protestation contre la réforme des retraites atteint ce mercredi son 42e jour de blocage, la Chambre de commerce et d’industrie du Havre (CCI) a été le théâtre d’affrontements. Ce mercredi soir, vers 18 heures, la CCCI a dû annuler in extremis sa cérémonie de vœux, en arguant de raisons de sécurité. Plus d’une centaine de manifestants, parmi lesquels on comptait majoritairement des dockers et des syndicalistes de la CGT, se sont rassemblés devant la CCI, alors que des policiers étaient postés à l’intérieur. Les manifestants ont essayé de pénétrer dans le bâtiment. Ils ont réussi abîmer une porte et à envoyer dans le hall des fumigènes et des pétards artisanaux de forte puissance. Un commissaire présent sur place a ramassé un pétard qui lui a explosé dans la main. Il a eu un doigt arraché. Vendredi dernier, la mairie avait fait l’objet d’une manifestation sauvage lors d’une cérémonie de vœux. L’édile a annoncé avoir déposé plainte, après que des dizaines de personnes opposées à la réforme avaient envahi l’hôtel de ville et consommé les petits fours et champagne prévus pour la soirée.

Les opposants massés devant la CCI du Havre, mercredi 15 janvier

La journée de mobilisation d’hier samedi était la deuxième de la semaine, après celle de jeudi. A Paris, les manifestants en tête d’un pré-cortège, essentiellement composé de personnes vêtues de noir et cagoulées ainsi que de gilets jaunes, ont brisé des vitrines sur le trajet du cortège reliant la place de la Nation à celle de la République. Des projectiles ont été lancés en direction des forces de l’ordre qui ont tiré du gaz lacrymogène. Des pavés ont été descellés ; une agence bancaire HSBC et plusieurs magasins ont été saccagés. Au cours des heurts qui ont éclaté au niveau de l’avenue Daumesnil, dans le 12e arrondissement de la capitale, certains manifestants criaient « LBD », en référence aux tirs de lanceurs de balle de défense responsables de graves blessures lors de précédentes manifestations.

L'agence HSBC, avenue Daumesnil, attaquée hier par les manifestants

 

Mercredi 15 janvier, le rapporteur de la Cour de justice de l’Union européenne rendra ses conclusions dans une série d’affaires fondamentales relatives à la conservation des données de connexion et aux outils du renseignement. Elles sont susceptibles de provoquer un big bang en la matière dans tous les États membres. Ces affaires ont été initiées au Royaume-Uni, en France et en Belgique, notamment par Privacy International, la Quadrature du Net et French Data Network et l’Ordre des barreaux francophones et germanophones. En jeu: la conservation généralisée des données de connexion, la collecte de masse par les services du renseignement, la protection de la vie privée, le respect des données à caractère personnel et celui du droit à un recours effectif.

En Royaume-Uni, le service de sécurité (MI5) et le service secret de renseignement (MI6) utilisent une technique de collecte en masse des informations personnelles, sans cibler de suspects particuliers, dans le but d’optimiser la quantité de renseignements. Or, pour l’ONG Privacy International, cette collecte et ce traitement indiscriminés seraient contraires au droit de l’Union. En France, La Quadrature du Net, FDN, la Fédération des fournisseurs d’accès à Internet associatifs et l’association Igwan.net se sont attaqués à quatre décrets pris à la suite de la loi renseignement. Les requérantes s’interrogent sur la licéité de la conservation indifférenciée et généralisée des données de connexion, obligation pesant sur les épaules des intermédiaires techniques. En Belgique, l’Ordre des barreaux francophones et germanophones reproche à la législation en vigueur d’ordonner une telle conservation sans tenir compte des secrets professionnels dont bénéficient notamment les avocats. Par ailleurs, la loi prévoirait une obligation généralisée de conservation des données sans opérer de distinction entre les justiciables selon qu’ils font ou non l’objet d’une mesure d’enquête ou de poursuite pour des faits susceptibles de donner lieu à une condamnation pénale.

Dans ses arrêts Digital Rights et Tele2, la Cour de justice de l’Union européenne avait estimé que seule la lutte contre la criminalité grave pouvait justifier la conservation des données, exigeant au surplus que l’accès fasse l’objet d’un encadrement. Dans un arrêt du 2 octobre 2018, la même juridiction avait estimé toutefois qu’un accès limité à ces données pouvait être engagé dans le cadre de la répression d’une infraction non grave.La CJUE

Vendredi 10 janvier à Albi, plusieurs dizaines de manifestants en lutte contre la réforme des retraites ont fait un barrage filtrant à la sortie d’un centre de tri postal. Un jeune syndicaliste de 20 ans a été interpellé et placé en garde à vue pendant 4 heures pour « obstruction de la voie publique ». Dès l’interpellation, une cinquantaine de militants solidaires ont manifesté devant le commissariat jusqu’à la libération du militant. Celui-ci a refusé de signer le procès verbal et de donner son ADN.

 

Rassemblement de soutien à Albi au militant interpellé.

Mercredi 8 janvier, la cour d’appel de Toulouse a confirmé le non-lieu en faveur du gendarme qui a tué Rémi Fraisse à l’aide d’une grenade offensive au barrage de Sivens en 2014. Les magistrats de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse ont donc suivi les conclusions des juges d’instruction qui avaient rendu, en janvier 2018, une ordonnance de non-lieu en faveur du militaire, tout comme l’avis de l’avocat général qui avait demandé la confirmation de cette décision, au mois d’octobre dernier.

La confirmation de ce non-lieu ferme la porte à tout futur procès, la procédure en restant donc au stade de l’instruction écrite et secrète. La reconstitution ainsi que l’audition du préfet, demandées par l’avocat de la famille, n’auront ainsi jamais lieu. En parallèle de l’appel sur l’ordonnance de non-lieu, la famille du militant décédé avait entamé une première procédure devant la cours constitutionnelle dénonçant une «justice d’exception» pour les gendarmes, qui relèvent d’une juridiction spécialisée en matière militaire. La cours de cassation avait cependant balayé ces arguments (voir notre article). La famille du militant va désormais tenter un appel devant le Cour européenne des droits de l’Homme.

Manifestation hommage à Rémi Fraisse.

Manifestation en hommage à Rémi Fraisse.

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Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé à Paris, ce jeudi 9 janvier, contre la réforme des retraites. Il y a eu des dizaines de blessés, essentiellement aux abords de la place Saint-Augustin dans le 8e arrondissement, où était censé se disperser le cortège vers 17 heures. Vers 16h30, les forces de l’ordre ont répondu à des jets de projectiles par des charges et des tirs de gaz lacrymogène. Plusieurs vitrines de commerces et Abribus ont été brisés. Des dizaines de milliers de manifestants ont aussi défilé en province. À Amiens, les manifestants étaient entre 5.000 et 10.000 selon les syndicats. Dans le cortège, plusieurs entreprises privées du département étaient présentes comme Dunlop, Bonduelle et Stelia. Des gaz lacrymogènes ont été tirés pour empêcher les manifestants d’avancer. Un envahissement des voies a eu lieu en gare de Bordeaux en fin de cortège dans l’après-midi. Quatre interpellations ont eu lieu sur l’ensemble de la manifestation. A Rouen, un homme a été blessé à coups de matraque dans la manifestation, les policiers ayant chargé dans le cortège, dans la rue Jeanne d’Arc. A Toulouse, des affrontements ont éclaté un peu avant 17h, à hauteur de Jean Jaurès. Plusieurs manifestants ont été interpellés.

Les affrontement de ce jeudi à Paris

 

Du 9 au 20 décembre 2019, le tribunal de Narbonne jugeait 31 Gilets Jaunes pour le saccage incendiaire d’un péage à Narbonne la nuit du 1er au 2 décembre 2018 (voir notre article). À cette occasion les locaux de la gendarmerie et ceux de la société Vinci avaient été incendiés et pillés par une foule de 200 personnes. Le jugement a été rendu le 7 janvier. Sur les 31 personnes qui ont comparu devant le tribunal, 21 ont été condamnées à une peine de prison ferme et trois d’entre elles ont fait l’objet d’une demande d’incarcération immédiate, deux autres ont été maintenues en prison (soit deux mandats de dépôt, deux maintiens en détention et un mandat d’arrêt). Kevin, 29 ans, a écopé de la peine la plus lourde, c’est-à-dire cinq ans de prison car il aurait ayant été le conducteur de l’engin qui a servi à projeter un véhicule en feu sur la barrière de péage, ce qu’il nie. Les avocats des autres 48 parties civiles, en majorité des gendarmes qui avaient évacué les locaux face à la foule, avaient demandé des réparations solidaires de quelque 700 000 euros. Les jugements sur les dommages et intérêts ont été renvoyés au 12 mai.

Les bâtiments incendiés