Une cinquantaine de guérilleros maoïstes à mobylette ont pris d’assaut un camp des forces de sécurité ce lundi. Ils l’ont encerclé avant de faire feu et d’y faire exploser une mine, entraînant un grand incendie. Les maoïstes ont également été rejoints par d’autres combattants, qui eux ont utilisé des armes automatiques. Au moins une vingtaine de corps ont été retrouvés, certains tués par balle, d’autres brûlés vifs dans l’incendie du camp. Le bilan définitif du raid, qui a duré plus d’une heure, n’est pas connu car plusieurs policiers sont toujours portés disparus. Plus tôt dans la journée, deux guérilleros avaient été tués à la suite d’une fusillade avec les forces de sécurité, toujours dans le Bengale occidental.

Le chef de l’aile militaire du CPI(M) a revendiqué la responsabilité de l’attaque contre le camp paramilitaire. Il a également affirmé que cette attaque était le début de ‘l’Opération Peace Hunt’, la réponse maoïste à l’Opération Green Hunt menée par le gouvernement depuis plusieurs mois. Il a enfin averti que d’autres raids de ce type continueraient à se produire tant que l’offensive contre les maoïstes perdurera.

Il y a deux jours, les forces de police ont mené une nouvelle opération contre les maoïstes dans l’Uttar Pradesh, celle-ci s’ajoutant à l’opération gouvernementale continue qui s’y déroule depuis des mois. Onze dirigeants maoïstes ont été arrêtés, dont deux membres du Comité Central. Les sources divergent quant à la manière avec laquelle cette attaque s’est organisée, néanmoins elles s’accordent pour dire qu’elle a eu lieu sur base de renseignements transmis par la police de l’Andhra Pradesh.

Balraj, membre du Comité Central, du Bureau Politique et en charge du Bureau Régional du Nord, ainsi que Banshidar, membre du Comité Central et du Comité 3U (Uttar Bihar, Uttar Pradesh et Uttarkhand) ont été arrêtés. Il y a trois mois, Bandishar avait été libéré de prison et était à nouveau rentré dans la clandestinité. Il avait déjà été arrêté en 2006. Bandishar est un dirigeant tellement important du CPI(M) que le parti a décidé de ne pas lui appliquer la règle selon laquelle tout dirigeant arrêté qui souhaite réintégrer la structure est placé sous observation durant un an. Quant à Balraj, il est l’un des acteurs cruciaux de la réunification des révolutionnaires qui a vu la fusion des diverses forces maoïstes depuis le début des années 2000.

Il semblerait que les autres naxalites arrêtés soient trois membres de l’Uttar Pradesh State Organizing Committee (Comité Organisateur de l’Etat de l’Uttar Pradesh – UP-SOC), trois membres du Comité Régional de l’Uttar Pradesh et quatre messages importants du parti. La police a également saisi de nombreux documents, qui pourraient révéler les stratégies maoïstes en vue de faire face à l’Opération Green Hunt, lancée contre eux par différents Etats.

Swapan Dasgupta est mort en détention le 2 février 2010, avant son procès. Il avait été arrêté en vertu de la loi du 6 octobre 2009 (Loi sur la prévention des activités illégales) pour l’édition de People’s March (la version en bengali du magazine maoïste), même si la publication n’est pas encore interdite. Il s’est vu refuser une caution et a été placé en détention dans des conditions épouvantables. Comme il était asthmatique achronique, le traitement éprouvant de la détention à aggravé sa maladie.

Le corps de Swapan Dasgupta

Le corps de Swapan Dasgupta

2.500 tribaux regroupés sous la bannière du PCAPA (People’s Committee Against Police Atrocities) et appuyés par les maoïstes ont pris d’assaut le commissariat de Barikul dans le Bankura ce lundi, réclamant la libération de seize villageois innocents détenus. Cinq activistes du PCAPA ont été grièvement blessés durant l’affrontement avec les policiers. Trois policiers ont également été blessés. La police a violemment dispersé la foule et en représailles à cette attaque, elle a investi le village. Trois maoïstes ont été blessés durant cet assaut, mais immédiatement secourus par d’autres. Urmila Sigh Sardar, membre de l’escadron d’action maoïste du Midnapore occidental a quant à elle été arrêtée.

En prévision de la grande offensive coordonnée contre les naxalites, les forces de sécurité sont en train d’essayer de fortifier l’Orissa afin de fermer toutes les portes de sortie des maoïstes. Plus de 60.000 membres de la sécurité centrale accompagnés de différents employés de la police d’Etat ont pris position dans les régions où sont actifs les naxalites. Leur mission est de couper tous les chemins de retraite. L’Orissa est frontalier avec quatre autres états également touchés par la guérilla maoïste: le Chhattisgarh, le Jharkhand, le Bengale occidental et l’Andhra Pradesh. Selon un officier de la Task Force anti-naxalite ‘il y a des chances pour que les maoïstes qui subiront la pression de l’opération dans un état s’en aillent vers un autre, en utilisant l’Orissa comme un pont entre les deux. L’accent est mis sur la fortification de l’Orissa en premier pour fermer toutes les portes de sortie.’ Alors que certaines opérations isolées ont déjà commencé dans certains états, il semblerait que l’offensive coordonnée sous la direction des forces centrales ne commencera que quand toutes les modalités finales auront été mises en place.

Le 27 janvier, un grand nombre de guérilleros maoïstes ont attaqué séparément deux camps des forces de sécurité à Chandapathar et à Satnala, à 165 kilomètres de la capitale. Cette attaque a provoqué une violente fusillade entre les policiers et les maoïstes durant plus d’une heure trente. Cinq membres du Bataillon Indien de Réserve de la police du Bengale occidentale ont été blessées. Un peu plus tard, plus de cent guérilleros maoïstes ont fait irruption dans un complexe minier géré par l’Etat dans le Chhattisgarh. Il y ont mis le feu à 19 camions destinés au transport du fer. Cette mine, située à Kirandul, est l’une des plus grande du pays.

Le 26 janvier, la police de West Midnapur a arrêté le Camarade Upansu Mahao. Il a été déféré en justice après 48 heures et selon les articles 120 et 121 du Code de procédure pénale. Upansu Mahato est membre du Comité du district de Midnapur du PCI (ML) et a été coordinnateur du Comité contre la pollution de l’éponge de fer. Il y a trois usines d’éponge de fer, près de Lodhasuli sur la Nh6 dans Jhargram. La pollution de ces usines a détruit les rizières, les forêts et les étendues d’eau de près de 50 villages habités par les Adivasis et Mahatos.

Les gens de la région ont fait campagne contre cela et ont demandé la fermeture des usines. Un dossier a été déposé devant la Haute Cour de Calcutta et la Haute Cour a statué que les usines devaient être fermées. Mais le gouvernement de l’Etat a refusé d’accepter la décision. Le propriétaire des trois usines est un Patwari qui est un capitaliste très puissant dans la région et les politiciens et les bureaucrates sont toujours prêts à le servir.

Le Ministre de l’Intérieur Chidambaram a annoncé hier avoir convoqué une nouvelle réunion de concertation sur la question des maoïstes. Celle-ci se tiendra le 9 février, soit deux jours après le Congrès des ministres de New Dehli sur la sécurité intérieure dirigé par le Premier Ministre Manmohan Singh. La réunion du 9 rassemblera les ministres et les fonctionnaires importants des quatre états touchés par la guérilla maoïste, à savoir le Bengal occidental, le Jharkhand, l’Orissa et le Bihar.

La récente escalade des violences semblent avoir incité le gouvernement à appeler à une nouvelle réflexion sur la question, identifiée comme étant le défi majeur actuel de l’Inde. Le but avoué est d’améliorer les stratégies existantes et d’en formuler de nouvelles. Ces dernières semaines, les activités maoïstes se sont intensifiées et les forces de la guérilla se sont étendues dans trois districts occidentaux du pays. D’ailleurs, des forces spéciales de sécurité y ont été envoyées en soutien des polices locales. Ce jeudi, Chidambaram a à nouveau affirmé que les opérations anti-naxalites ne prendraient fin que si les maoïstes renonçaient à la violence et décidaient de venir à la table des négociations.

Environ 74 membres de sept organisations des droits de l’Homme basées à Kolkata ont été arrêtés à la station de chemin de fer Kharagpur ce matin. Les membres de l’Association for Democratic Rights (APDR), Suraksha Samiti, West Bengal Bandi Mukti Manch, Lalgarh Manch, and Legal Service Centre, étaient sur la route pour Lalgarh quand ils ont été arrêtés. Environ 15 étudiants du Presidency College étaient aussi dans l’équipe de rencontre. Peu de temps après être monté dans le train à Kharagpur, ils ont été interpellés et emmené au poste de police sur l’allégation que les ordres juridiques font loi dans Lalgarh.

Manifesation anti-répression en Inde

Manifesation anti-répression en Inde

Le PCI(Maoïste) a lancé un appel à une grève de 72 heures dans le centre de l’Inde du 25 au 27 janvier afin de protester contre l’Opération de contre-guérilla Green Hunt qui se déchaîne contre les adivasis (peuples indigènes). Dans un communiqué de presse rendu public ce matin, Patrap, porte-parole du bureau régional central du PCI(M) et Azad, porte-parole du Comité Central ont appelé la population du Chhattisgarh, du Telengana nord, de la région frontière entre Andhra et Orissa, du Gadchiroli et du Chandrapur à observer une grève générale. Ils font appel au peuple pour construire un mouvement militant de masse puissant pour obliger les dirigeants réactionnaires à arrêter le bain de sang dans les régions adivasis.

Dans ce communiqué, ils disent entre autre: ‘Nous appelons tous les membres, à tous les échelons du parti, tous les braves combattants de l’Armée Populaire de Guérilla de Libération et les masses révolutionnaires à repousser vaillamment l’offensive brutale des dirigeants. Il est clair que les agents des impérialistes et des entreprises qui dirigent notre pays se préparent à évacuer les adivasis de toute la forêt et à remettre le territoire riche en minerais à leur maîtres contre de grosses commissions. Alors qu’il ne se sont jamais tracassés de fournir de l’eau potable aux adivasis durant les 62 dernières années, ils dépensent des millions pour mettre en place des bases aériennes et pour développer des infrastructures‘.

Lire une interview d’Azad, porte-parole du PCI(M)