Lundi 19 août, des émeutes ont éclaté en Papouasie occidentale, alors que des milliers de personnes protestaient contre les arrestations et les détentions d’étudiants indépendantistes durant le week-end. Plusieurs milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Manokwari, la capitale de la province de Papouasie occidentale. Les manifestations se sont transformés en soulèvement causant des dégâts matériels (magasins et véhicules incendiés, panneaux de signalisation arrachés, jets de pierre), jusqu’à l’incendie du Parlement régional. Le samedi 17 août, jour de l’indépendance de l’Indonésie, 43 étudiants papous vivant à Surabaya (sur l’île de Java), ont été arrêtés, accusés d’avoir détruit un drapeau indonésien. La police est intervenue dans les dortoirs utilisant des gaz lacrymogènes pour forcer les étudiants à sortir. Ils seront arrêtés et relâchés après interrogatoire. Depuis des années, les forces de sécurité du pays sont accusées d’exactions à l’encontre de la population de Papouasie, notamment d’assassinats de militants politiques et sociaux.

Parlement Régional de Manokwari, capitale de la province de Papouasie occidentale

Le jeudi 15 août, des militants de Papouasie occidentale ont manifesté dans plusieurs villes indonésiennes à l’occasion de l’anniversaire de l’accord de New-York signé aux États-Unis en 1962 et qui transféra le territoire de la Papouasie des Pays-Bas à l’Indonésie.

À Amboine (Maluku), 11 étudiants papous occidentaux ont été battus et arrêtés après la dispersion de la manifestation. À Ternate (Maluku), la manifestation des étudiants de Papouasie (KMP) et du Front des peuples indonésiens pour la Papouasie occidentale (FRI-WP) a été dispersée peu de temps après son départ. 16 personnes ont été arrêtés et frappées par les forces de l’ordre avant d’être emmenées au poste de police de Ternate. À Malang (Java), des étudiants ont été attaqués par des membres de milices civiles nationalistes. 24 étudiants ont été blessés, dont 5 grièvement. Une manifestation s’est également tenue à Jakarta. Les manifestants se sont rassemblés devant l’ambassade des États-Unis avant de se rendre devant le « palais de l’État », où ils ont chanté l’hymne de l’Organisation pour une Papouasie libre. Les manifestants ont exigé le retrait de l’armée indonésienne de la Papouasie, la fin de l’exploitation et de la déforestation et l’indépendance totale de l’Indonésie. Au total plus de 150 personnes ont été arrêtées et des dizaines blessées. Plus de 60 militants étaient toujours en détention le samedi 17 août.

Manifestant blessé lors des marches commémorant l'accord de New-York de 1962

Le 17 mai, Reni Desmiria, la secrétaire du syndicat de l’usine de fruits de mer Bumi Menara Internusa (BMI), a été arrêtée, accusée par la direction d’avoir remis un faux certificat d’études secondaires pour pouvoir être embauchée. Elle a été dénoncée à la police par la direction de l’usine, celle-ci ayant insisté pour qu’elle soit arrêtée. La direction réclame la peine maximale dans ce genre de cas en Indonésie, c.-à-d. 6 ans de prison.

Reni Desmiria travaille depuis huit ans à l’usine. Depuis 2012, le SPBMI (syndicat des travailleurs du BMI) s’efforce de mettre un terme aux abus généralisés dans l’usine, notamment le recours massif aux contrats de travail occasionnels, qui créent une insécurité permanente et touchent particulièrement les nombreuses femmes de l’usine. Depuis le 23 mai, le syndicat organise des manifestations pour réclamer sa libération.

Manifestation de soutien à Reni Desmiria

Manifestation de soutien à Reni Desmiria

En février 2018, des d’habitants du district de Nguter, Sukoharjo, s’étaient plaints d’émanation nauséabondes et toxiques émises par les déchets de l’usine PT Rayon Utama Makmur (RUM), une société de textile synthétique. Des manifestations s’en sont suivit qui ont conduit à l’incendie du poste de sécurité de RUM et à des affrontements avec la police et des soldats. Sept militants et résidents seront arrêtés.

Le mardi 6 août, le tribunal les a condamné à des peines de 2 à 3 ans de prison et pour certains à des amendes de 10 millions de roupies (± 600€).

Procès final des 7 inculpés de Sukoharjo

Procès final des 7 inculpés de Sukoharjo

Le procès de quatre anarchistes indonésiens, poursuivis suite à la manifestation du 1er mai contre le chantier du New Yogyakarta International Airport, a commencé. Les accusés sont Azhar M. Hasan (Azhar) ; Zikra Wahyudi (Zikra) ; Muhammad Ibrahim (Boim) et Muhammad Edo Asrianur (Edo). Ils ont fait l’objet d’une audience préliminaire devant le tribunal du district de Sleman le 26 juillet.

Sur la base des accusations criminelles, les quatre anarchistes sont menacés soit de l’article 170 qui prévoit une peine maximale de 5 ans d’emprisonnement, soit de l’article 406 du Code pénal qui prévoit une peine maximale de 2 ans. Le dossier sera divisé en deux (Azhar et Zikra pour une affaire, Edo et Boim pour une autre), mais le procès aura toujours lieu dans la même salle d’audience.

Site web: palanghitam.noblogs.org

Affiche de solidarité

Affiche de solidarité

69 personnes ont été arrêtées suite à la manifestation du 1er mai qui s’est déroulée à Jakarta. Des affrontements ont eu lieu avec la police et le poste de police a été incendié. Trois des personnes arrêtées sont accusées d’avoir causé des dommages, de provocations et de violence envers la police.

Manifestants à Jakarta

Manifestants à Jakarta

La Fondation indonésienne de l’Institut d’aide juridique (YLBHI) et l’Institut d’aide juridique de Jakarta (LBH Jakarta) avaient organisé samedi un meeting sur les événements de 1965 et leurs suites, avec des survivant des massacres anti-communistes de 1965 (entre 500.000 et trois millions de militants et sympathisants communistes assassinés par les milices islamistes proches du pouvoir). La police avait interdit cette activité.

Lundi, les deux organisations ont organisé une initiative pour protester contre cette interdiction. 200 manifestants hostiles, appartenant notamment à l’Islam Defenders Front, ont cherché l’affrontement avec les participants à cette initiative en tentant de forcer l’entrée du siège de l’YLBHI. La police s’est interposée et il y a eu des heurts et des arrestations. Toute activité communiste reste interdite en Indonésie, mais une timide reconnaissance des massacres commence a apparaitre.

Les incidents de Jakarta

[Lire notre dossier sur les massacres de 1965
->https://secoursrouge.org/Le-massacre-des-communistes]

Les incidents de Jakarta

La police de la province de Papouasie a identifié six personnes comme suspectes parmi les 17 arrêtés samedi lors d’une manifestation d’anciens mineurs de la mine de cuivre Grasberg de Freeport McMoRan Inc. Des affrontements ont eu lieu le samedi 19 août à la mine de Grasberg, en Papouasie occidentale, lorsque des centaines de mineurs grévistes ont bloqué les accès de la mine dès 14 heures pour empêcher la production et forcer la direction à négocier. Plusieurs mineurs ont été blessés par des tirs de balles en caoutchouc lors d’affrontements avec la police et les vigiles. Des bâtiments administratifs et plusieurs véhicules ont également été incendiés. La police et les gardes avaient repris le contrôle des lieux vers 23h et Le chef de la police locale a annoncé que l’armée serait déployée pour maintenir l’ordre.

Ces affrontements sont la suite d’une crise débutée en mai (voir notre article ici) suite au litige entre Freeport et le gouvernement indonésien concernant la juridiction de la mine, ce dernier souhaitant obtenir une participation de 51 pour cent sur la mine. Suite au refus de Freeport, le gouvernement a annulé les permis d’exportation de la compagnie qui a riposté en ralentissant la production et en commençant à licencier du personnel, ce qui a déclenché la grève. Suite à cette grève, 4. 200 travailleurs ont été licenciés.

Vehicule brulé lors des affrontements à la mine Grasberg de Freeport le 19 août 2017

Vehicule brulé lors des affrontements à la mine Grasberg de Freeport le 19 août 2017

Dans un précédent article, nous expliquions comment le gouvernement indonésien faisait pression contre Télégram pour les forcer à censurer les channels « hébergeant du contenu terroriste ». L’Indonésie avait bloqué la version web de l’application, comme un ultimatum avant le blocage de l’app mobile. Télégram à annoncé ce dimanche qu’il mettait une équipe spéciale en place, ayant la « connaissance de la culture et de la langue indonésienne » afin de « lutter contre le terrorisme ».

C’est pour nous l’occasion de recommander une fois de plus l’utilisation de l’application Signal à la place de toute autre application prétendant protéger la vie privée de ses utilisateurs. Les groupes Signal ne sont pas encore aussi ergonomiques que les channels Télégram, mais il est impossible de par leur structure de connaître leur existence, leur contenu, leurs intervenants, de les censurer,… En acceptant de coopérer, Télégram accepte de rechercher activement le contenu « illégal » et envoie le message qu’il est possible d’interférer dans une application qui utilise un modèle cryptographique fort. Dans les faits : une application comme Signal est incapable de censurer/fournir du contenu ou de dénoncer des utilisateurs. Elle n’a elle même aucune connaissance du contenu ou des utilisateurs.

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Les 11 adresses permettant d’accéder aux versions web de l’application de messagerie Telegram ont été bloquées en Indonésie, une menace brandie par le Ministère des Communications et Technologies de l’Information qui annonce une mesure d’interdiction totale de l’application (mobile cette fois) si Telegram ne « cesse pas d’être un forum pour la propagande radicale et les militants violents ». La mesure est censée permettre à l’état indonésien de lutter contre Daesh, mais des millions d’Indonésiens n’ont plus accès à l’application web dans l’un des pays où elle est le plus utilisé.

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