Sous le chef d’inculpation de “Moharebeh” (“guerre contre dieu”), Amir Nasr-Azadani a été condamné à une lourde peine de prison et évite une condamnation à mort qui continue d’être distribuée à tour de bras par les tribunaux iraniens.  Cet ex-footballeur professionnel de 26 ans a été arrêté dans le cadre du soulèvement populaire consécutif à l’assassinat de l’étudiante kurde Mahsa Amini par la police religieuse, le 16 septembre 2022. Le soulèvement a rencontré un fort soutien du monde du football, jusqu’au sein de la sélection nationale dont les joueurs avaient collectivement refusé de chanter l’hymne national avant leur match contre l’Angleterre lors du Mondial au Qatar. Accusé avec deux autres personnes d’avoir tué un colonel du Corps des gardiens de la République islamique et deux paramilitaires bassidjis, Amir Nasr-Azadani risquait la peine de mort. Il a été condamné à un total de 26 années de prison, pour trois chefs d’inculpation distincts, mais, en tout et pour tout, il devrait rester emprisonné 16 ans.

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Vraisemblablement à la demande de l’Iran, ce matin du 20 juin, des centaines de policiers albanais ont lancé un raid sur le camp de réfugiés iraniens d’Achraf-3. Ils ont détruit de nombreuses portes et équipements et utilisé des gaz lacrymogènes et du gaz poivré. De nombreux ordinateurs ont été cassés ou emportés. À la suite de ce raid, un militant iranien, Ali Mosteshari, est décédé et plus de 100 personnes ont soufferts en raison de trop hautes doses de gaz poivré.

Le camp d’Achraf est un lieu de concentration de membres de l’Organisation des Moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI), un mouvement d’opposition au régime de la République islamique. L’opération de police s’inscrivait dans le cadre d’une enquête sur la « cybercriminalité ». En fait de « cybercriminalité », il s’agirait de cyberattaques dirigées contre la république islamique. Les autorités albanaises ont justifié ce raid en raison de la « violation des accords et des engagements » pris par le groupe « lorsqu’il s’est installé en Albanie uniquement à des fins humanitaires ». En vertu d’un accord conclu en 2013 avec le soutien des Nations unies et des États-Unis, l’OMPI a quitté l’Irak et s’est installée dans d’autres pays, dont l’Albanie. Avec environ 2 800 personnes, Achraf 3 est le plus grand camp de l’OMPI dans le monde.

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Des grèves et des protestations ont éclaté à Abdanan suite au décès de Bamshad Soleimankhani. Cet étudiant de 21 ans de la ville est mort dans des circonstances suspectes à l’hôpital d’Ilam le 24 mai. Il y était soigné pour des fractures, quelques jours après sa libération pour avoir exprimé son opposition au régime sur internet. Après la cérémonie traditionnelle ayant lieu sept jours, les commerçants et les entreprises de la ville d’Abdanan, dans la province occidentale d’Ilam, peuplée de Kurdes, se sont mis en grève pour protester contre cette mort inexpliquée présentée par les autorités comme un suicide. Des manifestations de masse ont également eu lieu dans différents quartiers de la ville tout au long de la soirée et de la nuit. Plus de 20 civils ont été blessés par des gaz lacrymogènes et des chevrotines tirés par la police anti-émeute (photo). Abdanan est militarisée depuis hier et des mesures de sécurité strictes ont été mises en place, les forces de sécurité ont perquisitionné les hôpitaux à la recherche de manifestants blessés.

Le régime iranien poursuite sa répression du soulèvement mené par les femmes après l’assassinat de Jina Amini. Plus de 40 étudiantes de la faculté des beaux-arts de l’université de Téhéran ont été expulsées au cours du seul mois dernier. Les étudiantes, qui n’ont pas été autorisées à entrer sur le campus par les services de sécurité de l’université, n’avaient pas été informées au préalable de cette sanction. Précédemment, plus de 20 étudiants résidant dans le dortoir de l’université Jalal Al-Ahmad de Téhéran ont été interdits d’éducation pendant un semestre et ont été expulsés du dortoir dans lequel ils résidaient. Les étudiants de diverses universités, dont l’université Beheshti de Téhéran, ont été convoqués par la police de sécurité.

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Suite à l’exécution de Saleh Mirhashemi, Majid Kazemi et Saïd Yaqoubi, trois prisonniers politiques du soulèvement, les Téhéranais ont exprimé leur indignation. Dans plusieurs quartiers de Téhéran, dont Ekbatan, Tehransar, Shahrziba, Neguin-e-Gharb, Tehranpars, Saadat-Abad et Apadana, les gens ont scandé des slogans contre Khamenei. Les cris ont résonné depuis les bâtiments et les toits : « à bas Khamenei l’assassin », « à bas la république des exécutions », « à bas Khamenei, maudit soit Khomeiny », « à bas le pouvoir tueur de la jeunesse » et « à bas le dictateur ». Pour tenter d’étouffer d’éventuelles protestations publiques, le régime a enterré clandestinement les corps de ces hommes dans trois points différents de la province d’Ispahan. Selon les familles, Majid Kazemi a été enterré à Habib Abad, Saïd Yaqoubi dans le village de Kurd Sofla et Saleh Mirhashemi dans le village de Baltaq. Les autorités ont déployé des forces répressives et des agents en civil le long des routes menant à ces cimetières, anticipant d’autres manifestations de protestation.

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Des jeunes rebelles ont mené dix attaques incendiaires rien que le le 12 mai 2023. Trois bases répressives de la milice Bassidj ont été attaquées au cocktail Molotov à Téhéran, Ispahan et Manodjan Kerman, un centre de propagande, une fondation et le bureau de l’Imam de vendredi de la ville de Mohammadyeh à Qazvin qui représente Khameneï dans cette ville ont aussi été incendiés. En outre, des affiches portant les portraits de Khamenei, de Khomeiny ou de Qassem Soleimani ont été incendiées à Machad, Chiraz, Arak et Sangar Guilan. En outre, les habitants de Zahedan sont de nouveau descendus dans la rue vendredi. Les manifestants ont scandé « à bas Khamenei », « Honte à toi Khamenei, quitte le pays », « Bassidj et pasdaran, c’est vous notre Daech », « Les mollahs doivent décamper »,  « Mort à l’oppresseur, qu’il soit le chah ou le Guide (Khamenei), » etc.

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Habib Chaab, dirigeant d’un mouvement de libération de la région du Khouzestan qui compte une importante population arabe, a été exécuté ce matin par pendaison à Téhéran. Âgé d’une cinquantaine d’années, M. Chaab, connu également sous le nom de Habib Asyud, était un dirigeant de l’organisation Harakat al-Nidal, ou ASMLA (Mouvement arabe de lutte pour la libération d’Ahvaz). Il avait disparu en octobre 2020 après s’être rendu à Istanbul, avant de réapparaître un mois plus tard en prison en Iran. En décembre 2020, les autorités turques avaient annoncé l’arrestation de onze personnes soupçonnées de l’avoir enlevé à Istanbul avant de l’emmener à la frontière iranienne, et de le livrer aux autorités de Téhéran. La télévision iranienne avait diffusé en novembre 2020 une vidéo de Habib Chaab, dans laquelle il s’accusait notamment d’un attentat meurtrier ayant visé en septembre 2018 un défilé militaire à Ahvaz, chef-lieu de la province du Khouzestan.

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Comme nous l’indiquions dans notre article sur les nouvelles formes de contestations en Iran (voir ici), les attaques nocturnes au cocktail Molotov sont quotidiennes dans le pays. Ils ont ainsi dernièrement incendié un séminaire du régime à Machad, 5 postes de la milice du Bassidj à Hamedan (photo), Bouchehr, Machad et Mahabad, un centre de pillage connu sous le nom de Comité de secours à Kish, et le bureau de représentation du ministère des affaires étrangères du régime à Mahabad (ouest de l’Iran). Ils ont également mis le feu à des bannières, des affiches et des panneaux représentant Khamenei et Qassem Soleimani à Ispahan, Yazd, Qeshm et Babol, tout en scandant des slogans tels que « à bas le tyran, qu’il soit chah ou mollah ».

La nuit du 30 mars au 1er avril ils ont pris pour cible le centre de la milice du Bassidj des gardiens de la révolution à Gachsaran. En commémoration de la mort de Qazi Muhammad, le leader kurde, pendu à Mahabad le 31 mars 1947 sur ordre du chah, la jeunesse rebelle de Mahabad a pris pour cible, le dimanche 2 avril, l’un des centres de répression connu sous le nom de Conseil islamique de la ville.

 

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En huit jours, depuis le 20 février, au moins 18 prisonniers ont été exécutés en Iran, dont deux prisonniers politiques. Les bourreaux du régime ont pendu deux prisonniers baloutches, Hadi Arbabi et Mohammad Eshaq Gorgij, détenus depuis 2019, à la prison de Zahedan, lundi 27 février au matin. Le dimanche 26 février, cinq prisonniers dont deux femmes ont été pendus à la prison de Birjand et un autre prisonnier nommé Hamid Rahimi à la prison de Sanandaj. Le 22 février, Mohammad Rassoul Cholaki a été exécuté à la prison d’Ilam. Le 21 février, Davoud Rokjan a été exécuté à la prison de Birjand, et le lundi 20 février, deux frères baloutches, Alireza et Safar Mohammad Pour, ont été pendus à la prison de Torbat-e-Jam. Le 20 février, un prisonnier kurde, Moslem Moradi, a été exécuté à la prison centrale de Sanandaj. L’exécution de cinq autres condamnés, dont les prisonniers politiques Hassan Obayat et Sarkut Ahmadi, avait déjà été annoncée entre les 20 et 22 février.

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Cinq mois après le début des manifestations en Iran, le mouvement de contestation se poursuite. Mais il a dû se réinventer en raison de la forte répression de la part des autorités. Depuis la mort de Masha Amini, qui a provoqué la vague de contestation en septembre dernier, la police iranienne a tué quelque 500 manifestants. Les grands rassemblements ont laissé la place, désormais, à des actions ponctuelles mais répétées, et partagées sur les réseaux sociaux. On y voit des personnes taguer des murs, se regroupement pour des rassemblements éclairs, arracher ou brûler des affiches du régime, lancer des cocktails Molotov sur des propriétés d’agents du gouvernement ou encore, pour des femmes, se promener sans voile. Les réseaux sociaux sont pourtant surveillés par 14 000 cyber-policiers du régime qui cherchent les identités qui se postent dans l’anonymat.

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