Ghasem Sholeh-Saadi et Arash Keikhosravi, deux avocats des droits de l’homme, ont été condamnés à six ans de prison dont cinq ans pour avoir participé à un « rassemblement illégal » et un an pour « propagande » contre le système au pouvoir.

Les avocats avaient été arrêtés le 18 août alors qu’ils participaient à une manifestation devant le parlement pour réclamer des élections libres. Il avaient été libéré sous caution début novembre. En 2017, Sholeh-Saadi, 64 ans, opposant politique, avait été empêché de se présenter à la présidence.

Mohammad Najafi a, lui, été condamné à 13 ans de prison dont 10 ans pour « transmission d’informations à un pays hostile » suite à des interviews donnés à des médias étrangers, deux ans pour outrage au chef suprême et un an pour publicité en faveur des groupes d’opposition. Mohammad Najafi avait été arrêté en janvier pour avoir exprimé son soutien à des prisonniers lors de manifestations anti-gouvernementales. Les manifestations, axées sur des revendications économiques, ont duré plusieurs jours et ont entraîné la mort de dizaines de personnes et l’arrestation de centaines d’autres (voir notre article).

Mohammad Najafi

Mohammad Najafi

Les travailleurs de l’usine sucrière Haft Tapeh (dans la ville de Suse, dans le sud de l’Iran) sont entrés dans leur quatrième semaine de grève pour réclamer le paiement de leurs salaires. Le 18 novembre, 18 militants et leaders syndicaux (voir notre article) avaient été arrêtés dont Esmail Bakhshi, représentant des travailleurs de Haft Tappeh Sugarcane Mill, qui est toujours en prison.

Esmail Bakhshi aurait été torturé durant sa garde à vue et transféré dans un hôpital de la sécurité à Ahvaz. Il souffrirait de blessures à la tête et au visage ainsi que d’une hémorragie interne à la suite des tortures qu’il aurait subit. Il aurait depuis été renvoyé à la prison d’Ahvaz. Jeudi 29 novembre, les forces de sécurité ont arrêté à son domicile Ali Nejati, l’ancien président du syndicat des ouvriers d’Haft Tappeh, ainsi que son fils, Peiman Nejati.

Ce lundi 3 décembre, les travailleurs de Haft Tapeh et ceux de l’usine d’acier d’Ahvaz ont manifesté ensemble pour exiger la libération des syndicalistes emprisonnés. Les sidérurgistes du Groupe National d’Acier (GNA) de la ville d’Ahvaz sont en grève depuis début novembre pour réclamer le paiement de quatre mois de salaires impayés et des garanties pour la sécurité de leur emploi.

Esmail Bakhshi

Ali Nejati

Dimanche 18 novembre, Khalil Karimi militant au syndicat libre des travailleurs d’Iran a été condamné à un an de prison par la cours révolutionnaire de Sanandaj. Il est condamné pour propagande contre l’état. Concrètement il lui est reproché d’avoir participé à la journée internationale des travailleurs (le premier mai) et à une campagne contre la peine de mort prononcée contre Ramin Hossein Panahi,un militant du Komala exécuté en septembre (voir notre article).

Khalil Karimi

Khalil Karimi

Depuis le début du mois de novembre, les travailleurs de la société Haft Tapeh sont en grève. Le 18 novembre, 18 militants ont été arrêtés et quatre d’entre eux ont été conduits à la prison d’Ahvaz.

Fondée en 1962, Haft Tapeh emploie près de 4.000 personnes.

Depuis la privatisation de la société en février 2016, les employés ont organisé plusieurs manifestations contre les retards accusés dans le règlement de leurs salaires. La contestation s’est intensifiée ces dernières semaines. La grève et les manifestations continuent avec le soutien des habitants de la ville pour réclamer le paiement des salaires impayés et la libération de toutes les personnes arrêtées. Entre temps, l’armée aurait été envoyée à Suse.

Manifestants dans les rues de Suse

Manifestants dans les rues de Suse

Le 28 octobre, quinze travailleurs de la société HEPCO (un des plus importants fabricants de machines de construction en Iran) ont été condamnés avec sursis à des peines de un à deux ans de prison et à 74 coups de fouet. Ces travailleurs ont été poursuivis suite a une grève organisée en mai de cette année pour protester contre le non-paiement de leur salaire et avantages sociaux. Ils ont été accusés d’avoir perturbé l’ordre public et fait de la propagande contre le régime. Le tribunal a suspendu les peines pour cinq ans ce qui signifie que les accusés devront rester « discrets » et ne se livrer à aucune forme d’activisme. Certains de ces travailleurs étaient des représentants syndicaux négociant avec l’employeur.

Le travail syndical en Iran est considéré comme une infraction à la sécurité nationale. Les syndicats indépendants sont interdits, les grévistes sont souvent licenciés avec la menace d’être arrêtés, et les dirigeants syndicaux sont systématiquement poursuivis pour des accusations de sécurité nationale et condamnés à de longues peines de prison.

Travailleurs d’HEPCO en grève

Travailleurs d'HEPCO en grève

Ce dimanche 14 octobre, les enseignants iraniens ont lancé une grève nationale de deux jours pour protester contre les bas salaires, la dégradation de la qualité de l’enseignement public et la criminalisation des militants qui luttent pour les droits des enseignants. Les autorités iraniennes ont réagi en expulsant les enseignants grévistes des écoles et en arrêtant les dirigeants des syndicats de l’éducation. Mohammad Sadegh Shekari, Mohammad Reza Ramezanzadeh et Abdolreza Ghanbari font partie des militants arrêtés.

Les leaders syndicaux sont régulièrement la cible des autorités iraniennes. Certains sont toujours en prison, dont Mohammed Habibi, membre du comité exécutif du syndicat des enseignants de Téhéran, et Ismael Abdi, dirigeant du syndicat des enseignants de Téhéran (voir nos articles ici et ici).

Enseignantes en grève en Iran

Enseignantes en grève en Iran

Après les exécutions de Ramin Hussein Panahi, Zanyar Moradi et Loqman Moradi ce samedi, trois autres prisonniers politiques kurdes ont été exécutés par le régime iranien.

Naser Azizi et Ahad Shabab, deux combattants du Parti démocratique kurde d’Iran (PDK-Iran), avaient été blessés samedi 8 septembre lors d’une embuscade et arrêtés comme prisonniers de guerre par l’Iran. Ils ont été exécutés ce dimanche.

Kamal Ahmadinejad avait été arrêté il y a 3 ans et était accusé d’avoir collaboré avec le parti démocratique du Kurdistan (HDK) (un parti kurde d’Iran portant le même nom que le KDP d’Irak) et d’avoir tué un gardien de la révolution. Il a été exécuté ce lundi, sans aucune avertissement et sans que sa famille ne soit mise au courant de l’exécution.
Cela porte à six le nombre de prisonniers politiques kurde exécutés en 3 jours.

L’Iran a également lancé ce week-end des missiles guidés contre Koya, une localité kurde d’Irak qui abrite des réfugiés du Kurdistan d’Iran et des combattants des partis kurdes d’Iran. L’attaque a fait une douzaine de morts et de nombreux blessés.

Kamal Ahmadinejad, Naser Azizi et Ahad Shabab

Kamal Ahmadinejad, Naser Azizi et Ahad Shabab

Ce samedi 8 septembre, le régime iranien a exécuté par pendaison trois prisonniers politiques kurdes, Ramin Hussein Panahi, Zanyar Moradi et Luqman Moradi.

Ramin Penahi avait été arrêté en avril 2017 et condamné à mort en avril 2018 pour appartenance à l’organisation de résistance kurde Komala. Il avait été transféré mi-août vers la prison de Rajai Shahr à Karaj dans l’attente de son execution (voir notre article précédent).

Loqman et Zanyar Moradi avaient été arrêtés en novembre 2009 et condamnés à mort en avril 2013 pour appartenance à l’organisation de résistance kurde Komala (voir notre article précédent). Mercredi 5 septembre, les deux frères avaient été transférés à la section de quarantaine de la prison Rajai Shahr.

Les exécutions ont eu lieu quelques jours après la réunion du président turc Recep Tayyip Erdogan avec son homologue iranien Hasan Ruhani à Téhéran.

Zanyar Moradi, Loqman Moradi et Ramin Hussein Panahi

Zanyar Moradi, Loqman Moradi et Ramin Hussein Panahi

Ce mardi 14 août, Ramin Hossein Panahi, militant politique kurde condamné à la peine capitale (voir nos articles ici et ici), a été transféré de la prison de Sanandal à celle de Rajaei Shahr à Karaj. Ce transfert a été effectué sur ordre du procureur afin de le pendre à la prison de Rajai Shahr.

Le lundi 13 août, Kamal Hassan Ramazan, un Kurde syrien également condamné à la peine capital pour sa soi-disant appartenance au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a été transféré du centre de détention du Corps des gardiens de la révolution (CGR) d’Orumiyeh.

Les proches des deux prisonniers craignent une exécution imminente.

Ramin Hossein Panahi

Kamal Hassan Ramazan

Ramin Hossein Panahi
Kamal Hassan Ramazan

Vendredi 10 août, lors du match de football entre les clubs Téhéran et Tabriz au stade Azadi de la capitale, des milliers de spectateurs ont exprimé leur rejet du régime islamiste aux cris de « Mort au dictateur ». La manifestation a éclaté malgré une forte présence policière et des forces répressives du Basiji et des pasdaran. Le déploiement de la garde anti-émeute dans le stade est une mesure sans précédent. Néanmoins. Les jeunes spectateurs ont brisé les barrières et ont scandé « Force de sécurité, honte sur vous, sauvage, sauvage » partout dans le stade. Ils ont résisté à l’attaque brutale des forces répressives et ont puni un certain nombre d’entre eux. En dehors du stade, des jeunes qui n’avaient pas le droit d’entrer, en ont décousu avec les forces répressives.

Les protestations se sont poursuivies après le match et se sont propagées jusqu’à la place Azadi. Des gardes anti-émeutes et des agents en civil se sont précipités dans la foule avec leurs motocyclettes et les ont blessés. Des jeunes les ont là encore affrontés.

Le stade Azadi de téhéran lors des incidents

Le stade Azadi de téhéran lors des incidents