Deux manifestants ont été tués dimanche soir dans les protestations antigouvernementales dans la ville d’Izeh dans le sud-ouest de l’Iran. Les habitants d’Izeh ont manifesté comme ailleurs dans le pays contre les hausses de prix, le chômage et la corruption (voir notre article). Dimanche soir, deux autres personnes ont péri dans la ville de Doroud (ouest) dans un incident lié aux manifestations. Selon la version officielle, des protestataires se sont emparés d’un camion de pompiers et l’ont lâché du haut d’une pente. Il a percuté leur véhicule et les deux passagers ont été tués. Deux autres personnes avaient été tuées samedi soir dans cette même ville.

Samedi à la mi-journée, des dizaines d’étudiants se sont rassemblés devant l’entrée principale de l’université de Téhéran pour protester contre le pouvoir, mais les forces de l’ordre les ont dispersés avec du gaz lacrymogène.

Manifestation ce dimanche en Iran

EDIT: Manifestation à Bruxelles vendredi
Un rassemblement de solidarité avec les peuples d’iran en lutte aura lieu devant l’ambassade d’Iran à Bruxelles (15 avenue fFanklin Roosevelt) ce vendredi 5 janvier de 12H30 à 14H30

Manifestation ce dimanche en Iran

Des milliers de personnes ont défilé jeudi dans les rues de Mashhad, la deuxième ville d’Iran, au nord-est du pays, pour protester contre la hausse des prix, le chômage et la corruption. Grâce aux médias sociaux, des centaines de clips vidéo et de photos ont été mis en ligne sur des manifestants en colère scandant des slogans hostiles au gouvernement comme « Mort au dictateur » ou « N’ayez pas peur, nous sommes ensemble ». Il y a eu récemment de nombreuses protestations en Iran, mais cette récente explosion à Mashhad rappelait davantage les manifestations anti-régime d’il y a huit ans.

Les forces de sécurité ont utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour affronter et disperser les foules, ce qui a conduit à des affrontements et à des blessures. Selon certaines sources de l’opposition, des centaines de personnes ont été détenues par les forces de sécurité pendant les manifestations, mais un responsable du bureau du procureur de Mashhad a estimé le nombre à 52. En plus de Mashhad, il y a eu de plus petites manifestations dans quelques autres villes, y compris Birjand, Kashmar, Noushahr, Neyshabour et Yazd.

Affrontements à Mashhad

Affrontements à Mashhad

Mardi 26 décembre, Robabeh Rezaee, l’épouse de Reza Shahabi, s’est rendue au ministère du Travail pour plaider la cause de son mari détenu à la prison Rajai Shahr. Reza Shahabi a vu son été de santé se dégrader ces derniers mois et a été victime récemment de deux attaques cérébrales (voir nos articles ici et ici). Lors de sa visite au ministère du Travail, Robabeh Rezaee était accompagnée de membres du syndicat, d’étudiants et d’autres travailleurs venus protester contre la le maintien en détention de Reza Shahabi. Ceux-ci ont été violemment attaqués par des agents de la sécurité et des agents du ministère du Travail, accompagnés par la police anti-émeute. Robabeh Rezaee et plus de 50 personnes ont été arrêtées et emmenées à la prison d’Evin par des agents en civil et des agents du renseignement. Quelques heures après, tous ont été libérés sans conditions.

En attendant, Reza Shahabi reste en prison, sans justification (puisque sa peine de prison datant de 2010 est terminée) et sans soins médicaux adéquats avec le risque de refaire une attaque.

Robabeh Rezaee et manifestants attaqués devant le ministère du Travail

Robabeh Rezaee et manifestants attaqués devant le ministère du Travail

Reza Shahabi , dirigeant du syndicat de la régie des transports de Téhéran et sa banlieue (Sherkat-é–Vahed), a été victime d’une attaque cérébrale qui la laissé partiellement paralysé de la partie gauche du visage. Depuis plusieurs semaines, Reza Shahabi avait informé le médecin de la prison d’avoir eu plusieurs malaises (voir notre article). Lors d’une visite médicale début décembre, le médecin avait découvert qu’il avait eu un début d’accident vasculaire cérébral. Des spécialistes avaient déjà diagnostiqué que Reza Shahabi n’était pas physiquement capable de supporter une longue peine de prison sans accompagnement médicalisé en raison de son état actuel de santé qui est considéré comme critique. Reza Shahabi souffre de graves problèmes d’hypertension artérielle, de saignements de nez et de graves maux de tête depuis les débuts de sa nouvelle incarcération. Malgré son état actuel, les autorités pénitentiaires ont refusé de le faire transférer dans un hôpital en dehors de la prison.

Reza Shahabi

Reza Shahabi

Le 23 novembre, Mahmoud Salehi, militant syndical iranien qui avait déjà purgé plusieurs années de prison dans le passé, a pu quitter la prison centrale de la ville de Saghez où il purgeait une nouvelle peine d’emprisonnement d’un an pour ses activités (voir nos articles ici et ici). Mahmoud Salehi souffre d’important problèmes de santé qui se sont encore aggravés lors de cette dernière détention. Suite à une campagne internationale et à la pression des autorités médicales, le pouvoir judiciaire a changé la peine de prison en une amende de 3 millions de tomans. Mahmoud Salehi a été libéré après le paiement de l’amende.

Mahmoud Salehi

Mahmoud Salehi

Le 29 octobre, Mahmoud Salehi, un militant syndical ayant déjà fait plusieurs années de détention, avait été arrêté par des agents du ministère des Renseignements afin de lui faire purger une peine d’un an d’emprisonnement (voir notre article). À la suite de la détérioration de son état de santé et plus particulièrement en raison de problèmes cardiaques, Mahmoud Salehi avait été transféré à l’infirmerie de la prison le 3 novembre et finalement admis à l’unité de soins intensifs de l’hôpital Imam Khomeini de Saghez. Pendant tout le temps de son hospitalisation, Mahmoud Salehi est resté menotté aux chevilles et sous la surveillance de trois gardes. Le 11 novembre, celui-ci a été renvoyé à la prison centrale de Saghez malgré l’avis du médecin qui le soigne.
Vue l’état de santé du syndicaliste, celui-ci aurait dû être envoyé dans un hôpital mieux équipé de Téhéran, Tabriz ou Urmia pour poursuivre son traitement cardiaque. Mahmoud Salehi a déjà subi deux opérations du cœur cette année. Il a également besoin d’une dialyse deux fois par semaine et doit être suivi pour un diabète. Son état de santé est très préoccupant.

Le 11 novembre également, Reza Shahabi, dirigeant du syndicat de la régie des transports de Téhéran et sa banlieue (Sherkat-é–Vahed), emprisonné depuis le 9 août (voir notre article) a été transféré à la clinique de l’hôpital Khomeini de Karaj. Il souffre d’une infection rénale, et de problèmes digestifs. Il a été examiné à l’hôpital menotté et renvoyé en prison. Sa peine aurait dû se terminer le 9 novembre 2017 mais celui-ci a été informé qu’il restait en prison en raison de son rôle de leader dans la direction du syndicat.

Reza Shahabi et Mahmoud Salehi

Reza Shahabi et Mahmoud Salehi

Le samedi 28 octobre 2017, Mahmoud Salehi, un leader syndical, a été arrêté par quatre agents en civil alors qu’il quittait l’hôpital où il se rend deux fois par semaine pour une dialyse. Mahmoud Salehi avait été condamné en septembre 2015 à 9 ans de prison (voir notre article). Le syndicaliste a été emmené au tribunal de Saqqez, dans la province du Kurdistan iranien, où le procureur a déclaré que la condamnation de 9 ans de prison avec sursis avait été changée en un an ferme, avec effet immédiat. Vers 16 heures, Mahmoud Salehi a été transféré à la prison centrale de Saqqez pour l’exécution de la peine.

Mahmoud Salehi souffre de graves maladies cardiaques et rénales, résultats du manque de soins subi lors de sa dernière incarcération en 2015. Sans soins appropriés, son état de santé risque de se détériorer très rapidement.

Mahmoud Salehi

Mahmoud Salehi

Les autorités iraniennes s’emploient à détruire la fosse commune dans la ville méridionale d’Ahvaz, où sont enterrés des dizaines de prisonniers qui ont été massacrés en août et septembre 1988, dans une vague d’exécutions extrajudiciaires massives (voir notre dossier sur le massacre de 1988). La construction près de la zone a commencé au début de cette année. Le site est progressivement enterré sous des tas de déchets de construction, ce qui détruit les preuves qui pourraient être utilisées pour traduire en justice les responsables des exécutions extrajudiciaires massives de 1988. Cela priverait également les familles des victimes de leurs droits à la vérité, à la justice et à la réparation, y compris le droit d’enterrer leurs proches dans la dignité.

Famille se recueillant sur la fosse commune à Ahvaz

Famille se recueillant sur la fosse commune à Ahvaz

Au cours des derniers mois, des prisonniers politiques iraniens ont fait passer clandestinement des lettres décrivant les conditions cruelles dans différentes prisons. Certains ont réclamé justice pour les familles de prisonniers politiques exécutées par le régime, notamment les 30 000 victimes du massacre de 1988. Le régime a réagi avec de nouvelles mesures de répression. Le 30 juillet, 50 prisonniers politiques de la salle 12 du quartier 4 de la prison de Gohardacht ont été transférés de force dans la salle 10, qui est complètement isolée et surveillée en permanence par 40 caméras en circuit fermé et 64 dispositifs d’écoute. Toutes les fenêtres sont scellées avec des plaques métalliques, empêchant toute ventilation, et la salle manque d’eau courante.

Il y a actuellement environ 25 prisonniers en grève de la faim qui exigent leur retour à la salle 12 et la restitution de tous leurs effets personnels (tout a été confisqué lors du transfert, y compris les médicaments). Après quatre semaines, la condition physique de nombreux détenus s’est véritablement détériorée. Ils peuvent à peine marcher et souffrent de maladies cardiaques, pulmonaires et rénales tout en étant privé de tous médicaments.

La prison de Gohardacht

La prison de Gohardacht

Reza Shahabi, dirigeant du syndicat de la régie des transports de Téhéran et sa banlieue (Sherkat-é–Vahed), avait été condamnée à 6 ans de prison en 2010 pour « atteinte à la sécurité nationale » (voir notre article). Il avait été libéré en septembre 2014 pour raisons médicales (après avoir payé une caution de ± 51.000 Euros). Selon un collègue de Reza Shahabi, « le procureur a déclaré à Shahabi et à sa famille qu’il n’avait qu’à passer trois mois de plus en prison pour couvrir le moment où il avait été libéré en congé médical ». Après son retour en prison, il s’est rendu compte que les autorités avait décidé de lui faire purger un an de plus, ce qui signifie un emprisonnement jusqu’en décembre 2018.

Shahabi a commencé sa grève de la faim le 9 août, mais n’a pas été en mesure de le déclarer tout de suite n’ayant pas droit à des visites ou des appels téléphoniques. La peine d’un an ajoutée à la peine actuelle concerne une condamnation pour sa participation présumée dans le conflit du 17 avril 2014 entre les gardiens et les prisonniers dans la prison d’Evin rendu célèbre comme le »Jeudi noir » lorsque des unités des gardes spéciales ont attaqué des prisonniers politiques dans le quartier 350 (voir notre article). Reza Shahabi a été blessé lors de cette attaque, mais les témoignages contre lui des responsables de la prison et des gardes ayant mené l’assaut ont finalement conduit à une condamnation à une année de prison supplémentaire.

Reza Shahabi

Reza Shahabi