La Cour de cassation a invalidé ce mardi la détention dans l’Hexagone de Christian Tein, militant indépendantiste kanak. Elle ordonne que la décision soit réexaminée mais ne se prononce pas sur sa remise en liberté. Le cas de Christian Tein, actuellement incarcéré à Mulhouse, ainsi que celui de Steve Unë, vont être à nouveau étudié par une Cour d’appel. Au total, cinq personnes, toutes membres de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), organisation accusée par le gouvernement d’être derrière les affrontements qui ont ravagé depuis mai la Kanaky, faisant 13 morts et des dégâts estimés à plus de deux milliards d’euros ( voir article ici ), s’étaient pourvues en cassation pour contester leur détention en France. Les pourvois de Dimitri Quenegei, Guillaume Vama et Erwan Waetheane ont été rejetés.

Des dizaines de militants indépendantistes ont bravé l’interdiction de manifester pour commémorer, drapeaux à la main, le 24 septembre, officiellement fête de la citoyenneté mais avant tout,  « jour de deuil du peuple kanak » après 171 ans de colonisation française.

6000 gendarmes et militaires déployés pour éviter les débordements ont, tout au plus, confisqué, devant une grande surface de Nouméa, des charriots remplis de pierres. A Saint-Louis, fief indépendantiste où deux kanaks ont été tués au cours d’une opération de gendarmerie ( voir article ici ), un rassemblement s’est déroulé dans le calme. Lors de la prise de parole, les indépendantistes Kanaks feront état des conséquences indélébiles de la colonisation : « Le chômage est à majorité kanak et océanienne, l’échec scolaire est à majorité kanak et océanienne. Même la prison est à majorité kanak et océanienne. Ça veut dire qu’il y a des choses qui ne sont pas faites ou mal faites. Et ça, nous le vivons comme une forme de racisme. »

Les forces de l’ordre mènent depuis plusieurs semaines des opérations à l’intérieur de la tribu de Saint-Louis, fief indépendantiste au sud de Nouméa. Cette nuit, deux personnes ont été tuées par le GIGN au cours d’une opération, portant à treize le nombre de décès depuis le début des troubles. Les gendarmes ont tenté d’interpeller 11 indépendantistes recherchés, ces personnes sont suspectées d’être les auteurs d’au moins 300 coups de feu sur les forces de l’ordre. Ce jeudi matin, plusieurs dizaines de personnes s’étaient rassemblées après avoir appris au moins un décès lors de l’opération menée dans la nuit, donnant lieu à un face-à-face tendu. Les forces de répression ont procédé à des tirs de gaz lacrymogènes.

Depuis le 13 mai des actions liées à la mobilisation indépendantiste contre la réforme du corps électoral ont eu lieu, des centaines de personnes ont été blessées, les dégâts matériels sont estimés à 2,2 milliards d’euros. Les forces de l’ordre ont totalement fermé six kilomètres de route au niveau de la tribu de Saint-Louis, bastion indépendantiste et contrôlent plusieurs passages obligatoires à une dizaine de kilomètres de Nouméa. Les 1 200 habitants à la tribu ne peuvent y accéder qu’à pied et après avoir présenté une pièce d’identité pour pouvoir passer les « verrous ». Le couvre-feu imposé reste en vigueur de 22 heures à 5 heures, à partir du 21 septembre il sera renforcé de 18 heures à 6 heures jusqu’au 24 septembre.

Un homme a été tué ce jeudi 15 août en Kanaky par un tir de gendarme à Thio (est), portant à onze le nombre de décès depuis le début du soulèvement dans l’archipel. Les gendarmes ont tenté vers 6 heures du matin de dégager une route provinciale, entravée par une vingtaine de manifestants qui l’avaient notamment barrée d’un engin de chantier. Les gendarmes ont été violemment repoussés lors de la manœuvre de dégagement, ils ont subi des jets de pierre, des cocktails Molotov et des tirs d’arme à feu. Plusieurs tirs de riposte ont ensuite été effectués, blessant deux opposants, dont un est mort durant son transfert à l’hôpital.

Les tensions avaient plutôt tendance à diminuer, mais le feu couve toujours. Mardi, quelques centaines d’indépendantistes ont répondu à l’appel de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), qui a décrété une journée d’action pour « commémorer » le « départ de la révolte » contre la réforme du corps électoral. Des incidents ont éclaté sur un barrage dans le centre de l’île. Les militants indépendantistes ne sont pas satisfaits de la suspension de la réforme électorale qui avait déclenché un mouvement de contestation. Ils veulent le retrait pur et simple de cette réforme, et annoncent continuer de se mobiliser dans la rue. La situation est toujours tendue, le couvre-feu est maintenu de 22h à 5h, de même que l’interdiction du port et du transport d’armes et la vente d’alcool.

Le 19 juin, 13 membres de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) ont été arrêtées en Kanaky (Nouvelle-Caledonie). Sept d’entre elles seront envoyées en prison en France (voir nos article ici et ici). Il s’agit de Christian Tein, Brenda Wanabo-Ipeze, Frédérique Muliava, Guillaume Vama, Yewa Waetheane, Steeve Unë et Dimitri Qenegei.
Après plusieurs semaines à l’isolement, le 10 juillet, Frédérique Muliava et Brenda Wanabo-Ipeze ont été libérées sous conditions. Elles n’auront pas le droit d’entrer en contact avec les autres mis en examen, elles devront respecter certains horaires pour sortir, elles ont interdiction de quitter le département où elles logent et devront porter un bracelet électronique. Les 5 autres militants déportés sont actuellement toujours en prisons.

Après une période de calme relatif sur l’archipel, la vague d’arrestations de militants indépendantistes et le transfert de plusieurs d’entre eux en France ont relancé le soulèvement kanak. Des barricades, des heurts et des incendies de bâtiments (dont un commissariat et une mairie) ont eu lieu dans plusieurs villes dont Nouméa, Païta, Bourail, La Foa et Lifou. Quatre véhicules blindés dont un de dernière génération – un Centaure – sont intervenus, tandis que des militants cagoulés en position derrière des barricades de fortune lançaient des projectiles vers les forces de l’ordre en les invectivant. Un homme de 23 ans en état de « détresse respiratoire » est décédé dans la nuit après s’être rendu sur des barrages à Nouméa. 11 militants ont été arrêtés et 9 d’entre eux ont déjà été déportés dont Christian Tein, le porte-parole de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT). Les autorités annoncent l’interdiction des rassemblements de samedi matin à dimanche soir et prolongent jusqu’au 8 juillet le couvre-feu.

 

Deux militants indépendantistes de Nouvelle-Calédonie ont été placés mardi en détention provisoire à Nouméa à la suite de leur interpellation la semaine dernière dans le cadre d’une vaste opération policière. Ces deux militants, parmi lesquels figure Joël Tjibaou, l’un des fils du leader kanak Jean-Marie Tjibaou assassiné en 1989, avaient été arrêtés mercredi dernier avec neuf autres personnes soupçonnées d’avoir « commandité les violences » lors du soulèvement kanak déclenché depuis la mi-mai.Sept de ces militants, dont Christian Tein, le porte-parole de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), ont été transférés en métropole en vue de leur incarcération, et deux autres ont été placés sous contrôle judiciaire. Deux de ces onze mis en examen (inculpés), Joël Tjibaou et Gilles Jorédié, avaient sollicité un débat différé devant le juge des libertés et de la détention, qui a eu lieu mardi. A l’issue de ce débat, le juge a décidé que leur détention provisoire aurait lieu au centre pénitentiaire de Nouméa (Camp Est).

Christian Tein (photo), et d’autres responsables du mouvement indépendantiste, arrêtés suite au soulèvement kanak, vont être placé en détention provisoire en France, après leur mise en examen à Nouméa. Cette décision a été prise par un juge des libertés et de la détention (JLD), appelé à se prononcer sur le sort de Christien Tein, considéré comme le dirigeant de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), et de dix autres personnes, interpellées mercredi en même temps que lui (voir notre article). Les chefs de mise en examen n’ont pas été précisés.  Christian Tein doit être incarcéré à Mulhouse (Haut-Rhin). Une autre mise en cause, Brenda Wanabo, chargée de la communication de la CCAT, doit être placée en détention à Dijon. Mère de trois enfants, dont le plus jeune a 4 ans, cette militante va être séparée de sa famille. Quant à Frédérique Muliava, directrice de cabinet du président du Congrès de Nouvelle-Calédonie Roch Wamytan, elle doit être incarcérée à Riom, près de Clermont-Ferrand. Ces décisions interviennent six semaines après le début du soulèvement kanak.

Huit personnes ont été arrêtées, mercredi 19 juin, dont Christian Tein, une des animateurs de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), mouvement à l’origine du soulèvement contre la réforme du corps électoral en Kanaky. Les huit personnes ont été placés en garde à vue. Celles-ci pourront durer jusqu’à 96 heures, « s’agissant de faits relevant de la criminalité organisée », a précisé le procureur de la République de Nouméa. Le parquet de Nouméa avait ouvert le 17 mai une enquête notamment pour association de malfaiteurs visant « des commanditaires » présumés des émeutes, dont « certains membres de la CCAT ». La Cellule de coordination des actions de terrain, ou CCAT, organisation créée en novembre 2023, est frontalement opposée à la réforme électorale. Elle est dans le collimateur du gouvernement depuis le début du soulèvement kanak. Mercredi matin, le siège de l’Union calédonienne, qui abrite également des bureaux de la CCAT, a été bouclé puis perquisitionné par les forces de l’ordre. Dans le centre-ville de Nouméa, un vaste périmètre de sécurité a été mis en place devant le siège de la gendarmerie, où se déroulent les gardes à vue.

Dimanche 9 juin, des affrontements ont éclatés à Dumbéa entre le GIGN et des militants indépendantistes qui bloquaient des bureaux de vote prévus pour le scrutin européen. Les forces de sécurité sont parvenus à dégager les manifestants à l’aide de bombes à dispersion mais, permettant une ouverture tardive des bureaux de vote. À Nouméa, des feux ont été ravivés dans certains quartiers et des barrages ont perturbé la circulation. Enfin, deux communes, Kouaoua et Ouvéa, n’ont pas pu ouvrir leur bureau de vote. Dans cette dernière, de jeunes militants de la CCAT avaient bloqué la mairie, empêchant les équipes municipales d’accéder au matériel électoral. Ces militants se seraient également mobilisés en réaction à l’annonce du décès, ce samedi, d’un huitième tués par les forces de sécurité dans le cadre d’affrontements. La participation était de 8,81% à la mi-journée, un score extrêmement faible (contre 14% en 2019 lors du précédent scrutin). Un dispositif de sécurité exceptionnel avait pourtant été instauré pour assurer le déroulement de ces élections, avec la présence de forces de sécurité, des horaires aménagés pour tenir compte du couvre-feu à 18h, et un regroupement des quelque 272 bureaux de vote en 76 lieux.

Affrontement à l'occasion des élections européennes en Kanaky