Le matin du dimanche 9 mars, de violents affrontements sont survenus entre les forces de l’ordre et une trentaine de personnes à Païta. La situation était très tendue au col de la Pirogue. Des habitants provenant de la tribu de Saint-Laurent avaient pris possession de la RT1, route qui relie Nouméa à l’aéroport de Tontouta, empêchant toutes circulations. Un véhicule de la gendarmerie a voulu forcer le passage et a été la cible de jets de pierres. Ils ont appelés des renforts sur la zone mais la situation a mené à de violents face-à-faces entre les militaires et les manifestants. Les forces de l’ordre ont fait usage de LBD (lanceurs de balles de défense) et de grenades lacrymogènes pour repousser les habitants vers la tribu et réouvrir la route, qui a été fermée à la circulation pendant une demi-heure. Quatre gendarmes ont été légèrement blessés par les jets de pierres.

Samedi 15 février au Hangar de la Cépière à Toulouse, plus de 150 personnes ont participé à la soirée en soutien à la lutte du peuple Kanak et pour la libération de ses prisonniers politiques organisée par le Secours Rouge Toulouse, Solidarité Kanaky, Survie et Révolution Permanente. Celle-ci a débuté par la lecture de plusieurs lettres de militants Kanak emprisonnés puis les interventions des organisateurs. La soirée s’est prolongée avec plusieurs concerts et un repas solidaire. Durant tout l’événement, un atelier d’écriture de lettres aux prisonniers était disponible ainsi que plusieurs tables de presse.

Samedi 15 février à 18H30 au Hangar de la Cépière (8 rue de Bagnolet, 31100 Toulouse), le Secours Rouge Toulouse, Survie Midi-Pyrénées, Révolution Permanente et Solidarité Kanaky co-organisent une soirée de soutien aux prisonnier·es politiques de Kanaky. Au programme : discussion sur la répression coloniale en Kanaky, exposition, atelier d’écriture aux prisonnier•es politiques. Tous les bénéfices de la soirée seront reversés aux familles de prisonnier·es et nous récolterons aussi des enveloppes et timbres à transmettre aux prisonnier•es.

Le 19 mai, l’Armée de l’Air et de l’Espace française (AAE) avait entamé un pont aérien pour amener des gendarmes, des policiers et des militaires en Kanaky pour y réprimer l’insurrection (photo: embarquement d’un hélicoptère de gendarmerie dans un A400M à destination de Noumea). Le chef d’état-major de l’Armée de l’Air et de l’Espace française, dernièrement entendu au Sénat , a expliqué que les « récents événements en Nouvelle-Calédonie ont conduit à une réflexion sur les moyens permanents dont nous aurions besoin pour répondre à ce type de situations » car « nous ne sommes pas passés loin de la catastrophe ».

Le transport militaire français ayant approché son point de rupture, l’AAE propose de renforcer les « forces de souveraineté » sur place. En outre, l’AAE en demande deux ou trois A400M de plus que les 35 commandés.

Le Centaure est le nom du nouveau véhicule de la gendarmerie « made in France », commandé en 2021 afin de remplacer les précédents engins vieillissants, 90 de ces blindés seront mis en service d’ici 2025. Les premiers véhicules ont été déployés dans le cadre de la lutte écologique contre l’autoroute A69 ( voir article ici ). Il pèse 14,5 tonnes, est équipé d’une caméra avec une portée de 9 kilomètres efficace de jour comme de nuit, de lanceurs de grenades, d’une mitrailleuse et d’armement en tout genre, ce blindé est décrit comme un « concentré de technologies et de robustesse ». 16 de ces véhicules porteurs de haute technologie ont été envoyés en Kanaky afin de mettre au pas la révolte ( voir article ici ).

L’attirail technologique souffre de la chaleur et de l’humidité, ils ont besoin d’être stockés au frais. Ces véhicules ne supportent pas le climat kanak et sont hors-service. L’état français a dépensé pas moins de 70 millions d’euros pour l’achat des Centaures, il  avait aussi commandé pour 27 millions d’euros de grenades de désencerclement, une commande qui complète les 4 millions d’euros d’achats de matraques télescopiques en septembre.

Vendredi 29 novembre, la cour d’appel de Nouméa, lors d’une audience à huis clos, a décidé que le militant indépendantiste Kanak Christian Tein restera détenu dans l’Hexagone. Il est actuellement emprisonné à Mulhouse. Durant l’audience, une manifestation de soutien a eut lieu devant la prison de Lutterbach, là où les Kanaks sont emprisonnés en métropole depuis le 24 juin ( voir article ici ). Le 22 octobre, la Cour de cassation avait invalidé le placement en détention de Christian Tein, ordonnant que cette décision soit de nouveau examinée par une cour d’appel ( voir article ici ).

La Cour de cassation a invalidé ce mardi la détention dans l’Hexagone de Christian Tein, militant indépendantiste kanak. Elle ordonne que la décision soit réexaminée mais ne se prononce pas sur sa remise en liberté. Le cas de Christian Tein, actuellement incarcéré à Mulhouse, ainsi que celui de Steve Unë, vont être à nouveau étudié par une Cour d’appel. Au total, cinq personnes, toutes membres de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), organisation accusée par le gouvernement d’être derrière les affrontements qui ont ravagé depuis mai la Kanaky, faisant 13 morts et des dégâts estimés à plus de deux milliards d’euros ( voir article ici ), s’étaient pourvues en cassation pour contester leur détention en France. Les pourvois de Dimitri Quenegei, Guillaume Vama et Erwan Waetheane ont été rejetés.

Des dizaines de militants indépendantistes ont bravé l’interdiction de manifester pour commémorer, drapeaux à la main, le 24 septembre, officiellement fête de la citoyenneté mais avant tout,  « jour de deuil du peuple kanak » après 171 ans de colonisation française.

6000 gendarmes et militaires déployés pour éviter les débordements ont, tout au plus, confisqué, devant une grande surface de Nouméa, des charriots remplis de pierres. A Saint-Louis, fief indépendantiste où deux kanaks ont été tués au cours d’une opération de gendarmerie ( voir article ici ), un rassemblement s’est déroulé dans le calme. Lors de la prise de parole, les indépendantistes Kanaks feront état des conséquences indélébiles de la colonisation : « Le chômage est à majorité kanak et océanienne, l’échec scolaire est à majorité kanak et océanienne. Même la prison est à majorité kanak et océanienne. Ça veut dire qu’il y a des choses qui ne sont pas faites ou mal faites. Et ça, nous le vivons comme une forme de racisme. »

Les forces de l’ordre mènent depuis plusieurs semaines des opérations à l’intérieur de la tribu de Saint-Louis, fief indépendantiste au sud de Nouméa. Cette nuit, deux personnes ont été tuées par le GIGN au cours d’une opération, portant à treize le nombre de décès depuis le début des troubles. Les gendarmes ont tenté d’interpeller 11 indépendantistes recherchés, ces personnes sont suspectées d’être les auteurs d’au moins 300 coups de feu sur les forces de l’ordre. Ce jeudi matin, plusieurs dizaines de personnes s’étaient rassemblées après avoir appris au moins un décès lors de l’opération menée dans la nuit, donnant lieu à un face-à-face tendu. Les forces de répression ont procédé à des tirs de gaz lacrymogènes.

Depuis le 13 mai des actions liées à la mobilisation indépendantiste contre la réforme du corps électoral ont eu lieu, des centaines de personnes ont été blessées, les dégâts matériels sont estimés à 2,2 milliards d’euros. Les forces de l’ordre ont totalement fermé six kilomètres de route au niveau de la tribu de Saint-Louis, bastion indépendantiste et contrôlent plusieurs passages obligatoires à une dizaine de kilomètres de Nouméa. Les 1 200 habitants à la tribu ne peuvent y accéder qu’à pied et après avoir présenté une pièce d’identité pour pouvoir passer les « verrous ». Le couvre-feu imposé reste en vigueur de 22 heures à 5 heures, à partir du 21 septembre il sera renforcé de 18 heures à 6 heures jusqu’au 24 septembre.