Des manifestants ont affronté de nouveau la police au Kenya jeudi, troisième journée de protestations contre le gouvernement et l’inflation. Le gouvernement a supprimé les subventions du carburant et de la farine de maïs – denrée de base au Kenya – dont les prix ont augmenté dans la foulée. Dans les bidonvilles de Nairobi densément peuplés de Kibera et Mathare, des jeunes ont dressé des barricades, enflammé des pneus et jeté des projectiles sur les policiers, vêtus de tenues anti-émeutes, qui ont tiré des grenades lacrymogènes. De très nombreux policiers patrouillent la capitale kényane, où l’activité est moins bouillonnante et la circulation moins dense que d’habitude. A Kisumu, dans l’ouest du Kenya, fief de l’opposition, de petits groupes de manifestants ont allumé des feux au milieu de la route et jeté des pierres sur la police. Lors des deux précédentes journées, les manifestations – déclarées illégales par la police – avaient tourné à l’affrontement (voir notre article).

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Le 11 janvier, vers 5 heures du matin, trois policiers en uniforme ont fait irruption au domicile des parents de Felix Musili, à Mumbuni, Kitui, et ont tué Felix de plusieurs coups de feu, sous les yeux de ses parents et de ses frères et sœurs. Ce meurtre a été perpétré quelques jours seulement après que le président Ruto soit apparu à la télévision nationale pour assurer aux Kenyans que les exécutions extrajudiciaires, courantes sous tous les régimes successifs du Kenya, feraient partie du passé. Felix était un cadre du Parti communiste du Kenya attaché à la branche du parti de Kitui. Les médias du Kenya ont gardé le silence sur ce meurtre, comme ils le font toujours lors d’exécutions extrajudiciaires.

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Le 7 avril au matin, à Nairobi, capitale du Kenya, la police est entrée illégalement dans le siège du Parti communiste et a arrêté plusieurs dirigeants et militants communistes. La police kényane a forcé l’entrée de le salle forte où le Parti conserve ses archives et documents. L’invasion et les arrestations ont été menées sans mandat judiciaire. Lorsque l’avocat du Parti est intervenu, la police a promis de revenir « plus tard » avec les documents légaux requis. Parmi les personnes arrêtées se trouvait Gitahi Nagunai, membre du Comité central chargé du Département du travail et des coopératives. Des manifestations ont éclaté devant le poste de police peu après l’incident. Les communistes sont accusés d’avoir violé les mesures restrictives suite à des protestations anti-gouvernementales. Les personnes arrêtées ont été libérés sous caution mais doivent comparaître devant un tribunal.

Les communistes arrêtés à Nairobi dans le camion de la police

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Vendredi, les manifestants ont envahi les rues du quartier de Kariobangi à Nairobi, incendiant des voitures et érigeant des barricades. La police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles réelles, qui ont blessé au moins un civil. Les affrontements ont eu lieu après que les autorités de la ville aient démoli des maisons et des magasins construits sur des terrains appartenant au gouvernement. De nombreux habitants vivaient sur ces terrains depuis plus d’une décennie. Un tribunal avait statué quelques jours auparavant en faveur des habitants pour arrêter les démolitions, mais les autorités ont quand même procédé aux démolitions. Au moins 5.000 personnes se sont retrouvés sans abri après l’opération gouvernementale.

Les forces de sécurité dans Kariobangi insurgé

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Les résidents de la zone de Mathare 4B à Nairobi ont affronté mardi matin la police qui venait expulser des habitants et démolir leurs habitations. Les émeutes ont commencé aux alentours de 4 heures du matin et la police a tiré des gaz lacrymogènes. Un garçon de deux ans a été blessé après avoir été frappé par une cartouche de gaz tiré par la police à l’intérieur de sa maison. Les affrontements ont entraîné la fermeture des entreprises et des écoles des environs. Les habitants disent que la police a procédé aux démolitions pour les expulser de leurs locaux et favoriser des entreprises de spéculation immobilière. Ils dénoncent aussi les abus de pouvoir récurrents des policiers.

Une habitant présente un projectile de la police

Une habitant présente un projectile de la police

Le gouvernement kenyan a commencé à mettre en application, sa menace de radier de la fonction publique, les noms des médecins qui sont en grève depuis trois mois, pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail. Ainsi, sur instructions de Nairobi, les hôpitaux du pays ont commencé à licencier les médecins grévistes.

Depuis trois mois déjà, les médecins réclament une augmentation de leur salaire de 50% comme convenu dans un accord signé en 2013, mais qui n’a jamais été appliqué. Le gouvernement proposait jusque-là une hausse de 40%, et les discussions n’ont jamais aboutis à un accord. L’accord de 2013 approuvait aussi la nécessité de mieux équiper les hôpitaux, mieux financer la recherche et mieux garantir la sécurité des médecins au travail. Il limitait également le temps de travail à 40 heures par semaine. Les grévistes dénoncent également la corruption endémique dans le pays et exigent des moyens supplémentaires pour les hôpitaux publics.

Manifestation de médecins grévistes au Kenya

Manifestation de médecins grévistes au Kenya

Les sept représentants syndicaux des médecins kényans du service public écroués lundi (voir notre article) ont fait appel mercredi de leur condamnation à un mois de prison, en arguant que leur libération était « le seul moyen pour que les discussions salariales actuellement bloquées continuent ». Le tribunal a ordonné leur remise en liberté jusqu’à la date de leur appel, le 23 février. D’ici là, ils reprendront les négociations avec le gouvernement, pour tenter de mettre fin à une grève qui paralyse les hôpitaux publics kényans depuis deux mois et demi.

Les grévistes dénoncent l’arrestation dee leurs représentants

Les grévistes dénoncent l'arrestation dee leurs représentants

Sept représentants syndicaux des médecins kényans ont été écroués lundi, après avoir été condamnés à un mois de prison pour leur rôle dans une grève qui paralyse les hôpitaux publics du pays depuis dix semaines. Les syndicalistes avaient été condamnés mi-janvier à un mois de prison avec sursis par une juge qui leur avait donné deux semaines pour annoncer la fin de la grève, faute de quoi la peine serait appliquée. La même juge a ordonné lundi leur incarcération, estimant qu’il n’y avait aucun motif de revenir sur son jugement précédent.

Les syndicalistes ont, sitôt le jugement prononcé, été menottés et conduits en prison, en passant parmi leurs partisans rassemblés devant le tribunal, pancartes en main. La grève a démarré le 5 décembre dans les hôpitaux publics. La justice a donné raison au gouvernement qui considère le mouvement illégal au motif qu’il a été enclenché alors que des négociations salariales étaient en cours. Les quelque 5.000 médecins du secteur public ont fait valoir que leur revendication principale – une multiplication de leur salaire par quatre – figurait dans un accord de négociation collective signé en 2013, mais qui n’a jamais été appliqué. Outre leurs revendication salariale, ils dénoncent la corruption des autorités kenyannes.

Manifestation des médecins

Manifestation des médecins

Les étudiants de l’Université Multimédia de Nairobi protestaient après que quatre d’entre eux aient été tués, renversés par un taxi minibus. Ces minibus roulent impunément à toute vitesse sur le campus, occasionnant de nombreux accidents. La police antiémeutes kenyane a tiré à balles réelles et usé de gaz lacrymogènes pour les disperser alors qu’ils bloquaient la route principale en face du campus, stoppant le trafic aux heures de pointe. De nombreux étudiants ont été blessés, six grièvement.

Un étudiant blessé à Nairobi

Un étudiant blessé à Nairobi

Le gouvernement kenyan doit acquérir un système intégré de communications et de surveillance pour qui reliera toutes les agences de sécurité, facilitant la mise en commun des informations et la direction des opérations. Il comprendra également un système de caméras-espion reliées à des ordinateurs qui analyseront les visages et autres données pour aider à identifier et à traquer les suspects. Lors de la première phase de ce projet, quelque 7.600 agents seront équipés d’appareils de radiocommunication multimédia. Dans le cadre de ce projet, 1.800 caméras de surveillance seront installées à Nairobi et Mombasa, régions couvertes par le projet. Le système comprendra des caméras de surveillance des rues capables de lire et de reconnaître les plaques d’immatriculation. Des caméras infrarouge seront installées dans les allées et tunnels peu éclairés.