À la veille des élections municipales de ce dimanche, la police turque a arrêté plus de 60 cadres, candidat.e.s et assesseur.e.s du HDP (parti démocratique du peuple) dans de nombreuses villes dont au moins 32 à Istanbul. Le HDP est l’une des cibles d’Erdogan et plus particulièrement depuis le coup d’état de juillet 2016. 10 député.e.s, 40 maires et des milliers de militant.e.s sont toujours en prison.

Arrestation d'une membre du HDP (archive)

Les autorités turques ont diffusé la vidéo d’une frappe aérienne sur un véhicule roulant dans les montagnes de Kandil en affirmant que ce véhicule était occupé par quatre responsables importants du PKK. Trois d’entre eux auraient été tués: Mikail Özdemir, « Navdar, » un des responsables des affaires extérieures, Emrullah Dursun, « Serhat Varto, » porte-parole du PKK, et Ali Aktaş, « Sinan Sor », commandant de la région de Kandil, auraient été tués. Riza Altun, co-fondateur du PKK, membre du comité central du PKK et du Conseil exécutif de l’Union des communautés du Kurdistan (KCK), et principal responsables des affaires extérieure, aurait été gravement blessé. Le mouvement kurde n’a pas encore officiellement communiqué à propos de ce qui pourrait n’être qu’une opération de propagande (la Turquie est en période électorale).

La voiture bombardée par les turcs, dans le collimateur de leur drone

En deux jours, deux prisonnières politiques kurdes ont mis fin à leur jours pour protester contre les conditions de détention d’Abdullah Öcalan. Avec Zehra Sağlam, morte le 24 mars. Medya Çinar, morte le 25 mars), le nombre monte à cinq morts en une semaine (voir notre article).

Suite à ces actions, Leyla Güven et le PAJK (Parti des femmes libres du Kurdistan) appelle les prisonnier.ère.s à mettre fin à ces actions de sacrifices en prison.

Zülküf Gezen, Ayten Beçet, Zehra Saglam et Medya Cinar

Ce lundi 25 mars se tenait l’audience contre les cinq internationalistes de Turin: Paolo Andolina, Jacopo Bindi, Davide Grasso, Fabrizio Maniero et Maria Edgarda Marcucci (voir notre article). Le procureur de Turin a exigé une « surveillance spéciale » (présentation régulière, interdiction de se rendre dans certains lieux ainsi que la confiscation des passeports et permis de conduire).

Avant l’audience, 340 personnes (académiciens, artistes et hommes politiques) avaient lancé une pétition contre l’enquête et la possible « surveillance spécial » de l’accusation.

Rassemblement solidaire devant le palais de justice à Turin (Archive)

De nombreux hommages ont été ou sont organisés en mémoire de l’anarchiste italien Lorenzo ‘Tekoşer’ Orsetti (voir notre article) : Londres, Toulouse, Francfort, Mannheim, Zürich, Bâle, Rome, Florence, Turin, Parme, Pise, Amsterdam, La Haye, Athènes, Izmir, New-York City etc.
Une manifestation nationale à Florence, sa ville natale, est prévue dimanche 31 mars dès 15H (voir ici). La commémoration au Rojava est également en cours de préparation.

Affiche pour l'hommage organisé à Zürich (Suisse).

Ayten Beçet, une prisonnière politique kurde, a mis fin à ses jours, samedi 23 mars, pour protester contre les conditions de détention d’Abdullah Öcalan. Ayten Beçet avait été condamnée en 2012 à 9 ans de prison.

Ayten Beçet est la deuxième prisonnière à mettre fin à ses jours, une semaine après Zülküf Gezen (voir notre article). Une troisième personne est morte cette semaine. Il s’agit d’Ugur Sakar, un militant kurde résidant en Allemagne, qui s’est immolé devant le tribunal de Krefeld le 20 Fevrier pour protester contre l’isolement du leader kurde. Il est décédé à l’hôpital le 22 mars.

EDIT: Leyla Güven, initiatrice du mouvement qui est en grève de la faim depuis le 8 novembre (voir notre article), a demandé aux militants et aux prisonniers de ne plus mener ce type d’action.

Ayten Beçet
Ugur Sakar

Plusieurs manifestants auraient été tués et blessés après que la police de l’État ait ouvert le feu mercredi 21 mars dans plusieurs villes iraniennes. Les manifestations dans les villes de Dezful et Andimeshk, distantes de 10 km dans la province du Khuzestan, ont suivi l’installation d’un panneau affichant des images de mandataires du régime tués en Syrie et décrites comme des « protecteurs du sanctuaire ».

Les vidéos postées sur les médias sociaux semblent montrer des affrontements entre la population et la police de l’État et des membres des forces paramilitaires Basij des gardes de la révolution (IRGC), quelques heures seulement avant le début du nouvel an du calendrier iranien. Selon des informations locales, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants tuant deux personnes. Lors des affrontements de mercredi, les habitants d’Andimeshk ont attaqué le siège du Croissant-Rouge, où les forces de l’Etat s’étaient rassemblées, mettant le feu à l’installation. Les manifestants ont également incendié un certain nombre de véhicules de l’État et de motos de la police.

Andimeshk mercredi

Ce matin, Bayram Namaz (Baran Serhat), représentant du Parti communiste marxiste-léniniste (MLKP) au Rojava, a été tué. On ignore encore les détails de l’événement. Şehid namirin !

Edit – 24 mars:
Bayram Namaz (Baran Serhat) est mort au Rojava suite à l’explosion d’une bombe déclenchée par télécommande et placée dans sa voiture, très probablement par les services secrets turcs. Le militant qui était son garde du corps est gravement blessé.

Baran Serhat

Aujourd’hui, Hiyem Yolcu, une prisonnière du TKP/ML, a annoncé qu’elle avait entamé une grève de la faim le 20 mars. Elle s’est déclarée inspirée par l’action de Zülküf Gezen qui est mort en menant une grève de la faim (voir notre article). Plus de 300 prisonnier.e.s politiques sont en grève de la faim en Turquie, certains depuis plus de 100 jours, dont Leyla Güven qui fut la première à entamer une grève de la faim illimitée. Des kurdes sont également en grève de la faim à Strasbourg, Paris, Bruxelles, Pays de Galles… Ils demandent la fin de l’isolement d’Abdullah Öcalan et la libération de tous les prisonnier.e.s politiques.

Suivre les informations sur le site de soutien aux grévistes de la faim (cliquer ici) et sur la page Facebook de la plateforme belge de soutien (cliquer ici).

Hiyem Yolcu

En Turquie, le ministre de l’Intérieur a annoncé hier lundi 18 mars le début d’une offensive militaire contre le PKK, une opération menée conjointement avec l’armée iranienne. La Turquie et l’Iran formalisent ainsi leur collaboration contre le PKK alors que les deux pays sont en total désaccord sur d’autres dossiers, notamment sur la Syrie. C’est la première fois qu’une telle opération est officiellement évoquée… et elle vient d’être démentie par un communiqué de l’agence iranienne INRA.

Les premières opérations de cette (éventuelle) offensive conjointe pourraient avoir lieu dans les montagnes du nord de l’Irak. L’annonce de l’offensive survient alors que les autorités irakiennes annoncent le décès de deux militaires dans un accrochages avec des combattants du PKK que ces militaires voulaient bloquer à un check-point de l’armée dans la province de Ninive. C’est la première fois qu’un affrontement armé de cette ampleur a lieu dans la région.

F-16 turcs