L’ONU appelle à une enquête indépendante sur le pic de répression qui a causé au moins dix morts vendredi 28 mai ont fait au moins dix morts à Cali (photo). L’armée colombienne, obéissant à l’ordre du président Ivan Duque, a commencé samedi à déployer un millier de soldats dans Cali, troisième ville du pays et épicentre des manifestations antigouvernementales, au lendemain du massacre. Les manifestations pour la justice sociale se poursuivent: 98 personnes blessées depuis vendredi, dont 54 par des armes à feu. Un enquêteur du parquet de Cali a tiré sur la foule, tuant deux civils, avant d’être lynché par les manifestants. Selon un décompte officiel, au moins 59 décès sont à déplorer, dont deux policiers, depuis un mois, ainsi que 2.300 blessés et 123 disparus. Certains évoquent même 63 morts.

Ce samedi 29 mai, près de 3000 personnes ont participé à Bruxelles à l’Acte 2 de la grande manifestation de la Santé en Lutte. Lors de cette journée, plus de 60 collectifs, associations et syndicats appelaient à une mobilisation internationale pour défendre un accès égalitaire à la santé, pour un refinancement et une revalorisation du système de santé.

À la fin du rassemblement, un cortège s’est formé et a marché jusqu’à à la gare du Midi. Contrairement à la première manifestation de septembre 2020, celle-ci s’est terminée sans arrestations.

Manifestation de la Santé en Lutte

En Colombie, où depuis le 28 avril la contestation ne faiblit pas, un Palais de justice a été incendié dans la nuit de mardi à mercredi par des manifestants dans la ville de Tulua, dans le département du Cauca, dans le sud-ouest du pays. Une information qui fait la Une d’une bonne partie de la presse colombienne. C’est suite à l’intervention de forces de l’ordre qui ont tenté de déloger des manifestants que des hommes encagoulés ont mis le feu au Palais de justice. Une personne aurait trouvé la mort cette nuit là.

 

Deux manifestants ont été tués par balle et plusieurs dizaines de personnes blessées à Bagdad lors d’affrontements à l’issue d’un rassemblement mardi à la mémoire de militants prodémocratie récemment assassinés. Vingt-huit protestataires ont été blessés par des tirs de gaz lacrymogènes des forces de police qui tentaient de disperser le rassemblement ayant attiré des milliers de personnes dans la capitale. Sous le slogan « Qui m’a tué ? » et arborant les photos des victimes, les manifestants s’étaient rassemblés sur les trois principales places de la capitale, Tahrir, Ferdaous et al-Nossour, au milieu d’un important dispositif policier. Ils étaient venus de Bagdad mais aussi de Kerbala, Najaf et Nassiriya où les crimes ont été commis. Jeunes pour la plupart, ils scandaient : « Avec notre âme et notre sang, nous nous sacrifions pour toi, Irak », « Le peuple veut renverser le régime », et « Révolution contre les partis ».

Le 9 mai, à Kerbala, des tueurs ont abattu le militant Ehab al-Ouazni, coordinateur des manifestations antipouvoir dans la ville sainte, qui dénonçait les groupes armés et la mainmise de l’Iran sur son pays. Le lendemain, Ahmed Hassan, un journaliste de la chaîne al-Fourat, a aussi été visé par un attentat et se trouve depuis dans le coma. Depuis le début de la révolte populaire inédite d’octobre 2019, plus de 70 militants ont été victimes d’assassinats ou de tentatives d’assassinat, tandis que des dizaines d’autres ont été enlevés brièvement. Personne n’a revendiqué ces attaques attribuées à des tueurs connus des services de sécurité et liés à l’Iran.

A ce jour, 17 groupes ont appelé au boycott des élections législatives prévues en octobre et censées ramener la paix civile après des mois de manifestations contre la corruption et contre la classe politique. Ils avaient pourtant chacun présenté des listes pour les élections, estimant bénéficier d’un fort soutien populaire pour pouvoir changer le système par les urnes. Mais la donne a changé avec l’assassinat de Ouazni et l’attentat contre le journaliste Ahmed Hassan.

Lundi matin, une manifestation des habitants de Rietvallie près de Kagiso sur le West Rand, a tourné à l’émeute. Ils ont déclaré qu’ils en avaient assez des promesses vides et du manque de logements, scandant: « no land, no vote ». La police est intervenue et elle a utilisé des gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc. Suite aux affrontements, six habitants ont été arrêtés.

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Depuis le 28 avril, la Colombie est secouée par d’importantes manifestations contre le gouvernement, marquées par une sévère répression policière. Au moins 42 personnes ont été tuées depuis cette date, probablement 51. Depuis début mai, la police colombienne a utilisé des lance-grenades Venom à plusieurs reprises pour réprimer des manifestations, dans différentes villes du pays. Plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent que cette arme a été employée de façon dangereuse par les forces de l’ordre, en tir tendu à courte distance, et non en tir parabolique prévu. Le Venom est fabriqué par Combined Systems Inc. (CSI), une entreprise américaine qui fournit notamment Israël. Il est composé de trois compartiments, plus ou moins inclinés, pouvant contenir dix grenades chacun. Elles sont de deux types : grenades fumigènes/lacrymogènes ou assourdissantes qui éclatent en sous-munitions dans l’air. Une grenade de Venom serait à l’origine du décès d’un jeune manifestant tué à Popayán le 14 mai.

Une manifestation de travailleurs sans-emplois devant la Chambre basse du parlement italien a tourné à l’affrontement vendredi. Sept manifestants ont été blessés, ainsi qu’un carabinier qui s’est fait arracher son casque et rosser. Les manifestants, qui répondaient à l’appel du syndicat Cobas et du groupe Mouvement du 7 novembre pour les chômeurs, se sont mis en colère lorsqu’ils ont appris que le ministre du Travail refusait une entrevue. La manifestation s’est alors dirigée de la Piazza Montecitorio à la Piazza Colonna, devant le bureau du Premier ministre, où les affrontements ont commencé. Les autorités comptent poursuivre en justice huit personnes qu’elles prétendent avoir identifiées, y compris le manifestant qui a rossé le carabinier.

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Un camp de sans-abri dans l’ouest de Toronto a été le théâtre d’un affrontement entre des policiers de la ville et des manifestants mercredi, alors qu’une foule tentait d’empêcher des dizaines de policiers et de sécurité d’évacuer une quinzaine de personnes restantes d’un camp du stade Lamport. Deux personnes ont été arrêtées pour intrusion et une pour agression présumée d’un policier. Avant l’affrontement, les manifestants avaient hué les forces de l’ordre et les agents se sont enfoncés dans la foule avec des vélos pour former un périmètre autour d’un occupant chargé de faire ses valises. Ces incidents sont les derniers de ceux survenus toute la semaine précédente, depuis de début de l’évacuation du campement.

Le gouvernement colombien a changé de stratégie pour réprimer la révolte populaire qui embrase le pays depuis la fin du mois d’avril. Devant l’indignation internationale suscitée par les images de la répression, il a décidé d’appliquer une stratégie plus discrète. Des camionnettes blanches non identifiées ont commencé à apparaitre, il y a une semaine et demi, dans les manifestations de la ville de Cali. À l’intérieur se trouvent des hommes armés qui tirent sur les manifestant·es (vidéos ici et ici). Dans au moins un cas, il s’agissait d’un véhicule appartenant à la police dans lequel se trouvait un uniforme de policiers. Le commandant de la police a reconnu les faits et a affirmé que la police procédait de la sorte il était devenu trop dangereux de s’approcher des manifestations en uniforme.
En outre, le viol est utilisé pendant ces manifestations contre les personnes qui protestent. Une ONG a ainsi reçu 18 témoignages de viols ou de violences sexuelles commis par la police contre des manifestant·es depuis le début du mois. L’ONG a également recensé 87 autres témoignages de violences sexistes (généralement des policiers menaçant de jeunes femmes manifestantes de violences sexuelles). Une jeune manifestant·es, violée par quatre policiers le 12 mai, s’est suicidée deux jours plus tard. Plus d’infos ici.
Un milicien ouvrant le feu sur les manifestants à coté d'un policier en uniforme

Un milicien ouvrant le feu sur les manifestants à coté d’un policier en uniforme

Les policiers anti-guérilla ont ouvert le feu sur les habitants d’un village du district de Sukma, dans le Chhattisgarh, qui manifestaient contre l’ouverture d’un nouveau camp de ces forces de répression dans leur district. Près de 5000 manifestants venants de 20 villages étaient venus manifester pour exprimer leur opposition à l’installation de cette base. Les villageois démentent la version de la police selon laquelle après une manifestation d’habitants « sous la pression des maoïstes », des maoïstes auraient tirés sur le camp appelant une riposte des policiers. Les villageois annoncent qu’outre les trois manifestants tués, six autres ont disparus et 18 ont été blessés par les tirs policiers.

 

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