Le 26 février, le gouvernement a annoncé qu’un audit avait révélé des surfacturations ainsi que des livraisons non effectuées dans des achats d’équipements pour l’armée, qui combat depuis 2015 les jihadistes dans le sud-est et l’ouest du pays. Le gouvernement a annoncé avoir « décidé de faire rembourser les montants indûment perçus ». Il a aussi décidé de « transmettre aux tribunaux compétents les dossiers des fournisseurs qui refuseraient de s’exécuter » et « de prendre les sanctions administratives appropriées à l’endroit des agents publics incriminés ». Mais le gouvernement n’a pas évoqué de poursuites pénales pour les coupables. Il n’a pas non plus précisé les montants concernés, ni les personnalités mises en cause. D’après des journaux locaux, l’audit a porté sur le détournement de milliards de FCFA (de millions d’euros), impliquant des hommes d’affaires et des responsables gouvernementaux. Le scandale a d’autant plus choqué l’opinion qu’entre décembre 2019 et janvier 2020, près de 200 soldats nigériens ont été tués dans des attaques de Etat islamique.
Le syndicat des magistrats, les partis d’opposition et la société civile demande que le dossier soit traité par la justice, et c’est pour cette raison qu’une grande manifestation a eu lieu hier dimanche, à Niamey. Tôt matin, des forces de l’ordre avaient pris position. Plus tard des heurts ont éclaté entre les forces de l’ordre et les manifestants déterminés à se rendre au rassemblement. Les affrontements se sont surtout concentrés dans des quartiers populaires du centre ville et dans le secteur du Grand marché (poumon économique de Niamey) qui a été fermé et du marché Tagabati. Un manifestant a été tué et deux autres personnes ont été retrouvées mortes à l’intérieur du marché couvert de Tagabati, détruit dans un incendie lors des manifestations. Les commerçants accusent les policiers d’avoir provoqué l’incendie avec le tir de grenades. Au total dix manifestants dont les organisateurs, Moussa Tchangari, Nouhou Arzika et Moukaïla Halidou, ont été arrêtées. Ces trois figures de la société civile avaient maintenu le mot d’ordre de manifester malgré l’interdiction de toute manifestation de plus de 1.000 personnes dans le cadre de la prévention du coronavirus, dont aucun cas n’a encore été détecté au Niger. Samedi, un juge des référés saisi par les organisateurs a autorisé la manifestation, mais seulement à Maradi, la deuxième ville du pays.