Une opération d’expulsion menée par la Capital Development Authority (CDA) a eu lieu à Chavillage, près de l’E11, et elle a donné lieu à d’intenses affrontements entre les résidents et les forces de sécurité. L’opération visait à récupérer des terrains appartenant au gouvernement qui avaient été illégalement occupés. Les zones ciblées par l’opération étaient Sinyari, Maira Beri et Chontra. Au cours de l’opération, une dizaine de propriétés ont été identifiées et marquées. Cette action a provoqué la colère des résidents locaux, qui ont riposté en jetant des pierres sur l’équipe anti-empiètement et sur la police. En réponse, la police a utilisé des lathi (cannes de bambous), des gaz lacrymogènes et a même tiré des coups de feu. Les troubles ne sont pas restés confinés à Chavillage ; les protestations se sont étendues aux routes adjacentes, entraînant d’autres perturbations dans la région.

L’Association des enseignants du primaire avait organisé jeudi une grande manifestation à Peshawar contre la baisse des pensions. Ils demandaient aussi un changement dans la structure actuelle du service des enseignants du primaire. La manifestation a provoqué des embouteillages massifs dans les zones environnantes. Entre-temps, le gouvernement provincial a refusé d’accepter les demandes des enseignants protestataires, sous prétexte qu’ils bloquaient les routes toute la journée au lieu de négocier. La police a été lancée contre les manifestants, blessant des  dizaines d’entre eux. Malgré les bombardements intenses de grenades lacrymogènes et les coups de matraque, la police n’a pas réussi à disperser les manifestants, car les enseignants ont tenu bon face à l’assaut. Les blessés ont été transportés d’urgence dans un hôpital local. La police a été jusqu’à arrêter certains enseignants qui recevaient des soins médicaux à l’hôpital. En réponse à cette répression, un grève totale a été déclenchée par les enseignants.

 

Des affrontements ont éclaté entre la police et des travailleurs affiliés au syndicat des employés du Baloutchistan qui manifestaient près de la maison du premier ministre, à Quetta. Un important contingent de policiers en tenue anti-émeute avait bouclé une route en érigeant des barricades. Ils ont tiré des grenades lacrymogènes sur les manifestants, qui ont tenté d’encercler la maison du premier ministre.

Les enseignants pakistanais manifestent samedi à Islamabad pour que leurs emplois contractuels soient déclarés permanents. Dans la capitale fédérale Islamabad, la police, qui avait bloqué la route menant à Bani Gala a chargé les manifestants à la matraque, procédant à 44 arrestations et utilisant des gaz lacrymogènes. Les manifestants ont résisté en lançant des pierres sur la police. Après les négociations, l’administration a décidé de libérer tous les manifestants arrêtés.

La loi de 2019 sur les autorités de santé régionales et de district (RDHA) est censé privatiser les soins de santé dans la province. Jeudi, la Grand Health Alliance, un groupe de médecins, paramédicaux, infirmiers et autres membres du personnels de santé, avait organisé une manifestation à l’hôpital universitaire de Khyber et avait planifié une manifestation au Lady Reading Hospital, hier vendredi. Les autorités de Peshawar ont, dans un geste sans précédent, interdit le rassemblement de plus de quatre personnes et plus dans les locaux de l’hôpital. Un grand nombre de policiers se sont positionnés dans l’hôpital le matin et lorsque les médecins ont tenté de pénétrer à l’intérieur des bousculades et des affrontements ont eu lieu, qui  se sont poursuivis pendant plus d’une heure. Plus de 15 manifestants ont été blessés.

Arrestation d'un manifestant

Des policiers ont chargé hier jeudi en matinée les infirmières qui marchaient vers la résidence du premier ministre à Karachi. La police a aussi utilisé des canons à eau pour disperser les infirmières grévistes qui tiennent un sit-in depuis 15 jours pour augmenter leurs indemnités. Les infirmières en grève boycottent les services d’urgence, les soins intensifs et les salles d’opération, obligeant les médecins à prendre en charge une partie de leur travail.

Manifestation des infirmières grévistes à Karachi

Manifestation des infirmières grévistes à Karachi

Rawal Asad est un étudiant de premier cycle et un activiste marxiste qui s’était joint, le 5 février, à une manifestation organisée dans la ville de Multan par le Mouvement Pachtoun Tahafuz. Cette manifestation dénonçait l’assassinat du dirigeant du Mouvement, Arman Luni, un professeur d’université qui avait été torturé à mort quelques jours auparavant par un officier supérieur de la police. L’affaire de ce meurtre n’a toujours pas été traitée par la justice, mais les manifestants, y compris Rawal Asad, sont accusés de « sédition ».

Rawal est impliqué dans les luttes étudiantes et dans le mouvement syndical. Il a récemment participé activement aux manifestations contre la privatisation des hôpitaux publics et a pris part aux luttes des travailleurs pour des salaires impayés. Rawal Asad a été arrêté dans la nuit du 11 février avec son frère Anas. Il a été présenté au tribunal le 13 février. Un grand nombre d’étudiants, d’avocats et de journalistes étaient présents devant le tribunal pour contester les accusations de la police. Son procès doit avoir lieu ce 15 février

Rawal Asad

Rawal Asad

Junaid Awan, le secrétaire général de la division des syndicats de Karachi, ainsi que des collègues du syndicat ont été arrêtés le 24 octobre à Karachi, plus de deux semaines après l’organisation par le syndicat d’une réunion des travailleurs. Junaid Awan a été présenté au tribunal antiterroriste de Hyderabad le 25 octobre, qui l’a placé en détention provisoire sur base de l’article 7 de la loi anti-terroriste (ATA – Anti-Terrorist Act) et accusé d’avoir prononcé des discours contre le ministre des Chemins de fer et d’autres personnes. Le 26 octobre, le juge de la Cour Anti-terroriste a supprimé le volet ATA de la plainte et a passé une ordonnance, ordonnant à la police d’obtenir la détention provisoire d’Awan de la cour de justice ordinaire.

L’article 7 de la l’ATA prévoit les peines prévues pour des actes de terrorisme qui sont la condamnation à mort ou à la réclusion criminelle à perpétuité. La loi antiterroriste du Pakistan, qui inclut dans la définition le terrorisme comme «créant un sentiment de peur ou d’insécurité dans la société» a déjà été critiquée comme laissant la porte ouverte à tous les abus. Les autorités pakistanaises ont déjà utilisé des lois antiterroristes pour cibler des grévistes (voir notre article) et des journalistes.

Grève des travailleurs des chemins de fer pakistanais (archive)

Grève des travailleurs des chemins de fer pakistanais (archive)

Le 24 juillet, quatre conducteurs de train participant à une grève ont été arrêtés à Rawalpindi, au Pakistan et accusés de « terrorisme ». Les 4 conducteurs ont été présentés devant la Cour antiterroriste et en vertu, en autre, de l’article 7 de la Loi antiterroriste, ils ont été condamnés, lors de cette première audience, à 14 jours de détention préventive. Les conducteurs sont accusés d’avoir incité les autres conducteurs à rejoindre la grève et auraient téléphoné aux conducteurs d’autres gares pour arrêter le travail entraînant des perturbation du trafic ferroviaire.

Plus de 270 conducteurs ont suivit la grève demandant une augmentation de salaire, le paiement des heures supplémentaires et la réintégration des conducteurs licenciés par les autorités.

Grève des travailleurs des chemins de fer pakistanais (archive)

Lundi, le principal syndicat de la compagnie aérienne gouvernementale Pakistan International Airlines (PIA) avait annoncé qu’il bloquerait tous les vols de la compagnie après des semaines de mobilisation contre le projet gouvernemental de privatisation (d’ici juillet) de la compagnie. Mais le gouvernement a mobilisé d’importants contingents de policiers et de Rangers, une unité d’élite du ministère de l’Intérieur, en plus des forces de sécurité habituellement déployées à l’aéroport, afin d’empêcher les grévistes de paralyser le trafic de PIA.

Mardi deux travailleurs ont été tués par balle et plusieurs autres blessés lors de heurts à l’aéroport de Karachi entre la police et des manifestants. La police a employé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser des salariés de PIA qui avaient bloqué l’entrée principale de l’aéroport international Jinnah, desservant la plus grande ville du pays. Un manifestant a été tué par balles, a indiqué un porte-parole de l’hôpital privé Agha Khan de Karachi, où il avait été transporté. Le chef du service des urgences du principal hôpital de la ville, le Jinnah Post Graduate Medical Centre, a indiqué avoir reçu dix blessés, dont quatre par balles, l’un de ceux-ci a succombé.

Affrontements à l’aéroport de Karachi

Affrontements à l'aéroport de Karachi