Des affrontements ont éclaté mardi dans la ville israélienne d’Ashkelon entre des manifestants sionistes et arabes devant un hôpital où le dirigeant du FPLP Bilal Kayed est en grève de la faim. Bilal Kayed refuse de s’alimenter depuis 56 jours pour protester contre sa détention sans jugement par Israël et a été transféré à l’hôpital Barzelai après que son état de santé s’est brusquement dégradé. Il souffre notamment de problèmes aux reins, a des difficultés à se tenir début et les médecins ont mis en garde contre un risque d’accident vasculaire cérébral.

Ce mardi, des manifestants arabes et juifs soutenant la cause de Kayed se sont rassemblés devant l’hôpital, certains portant des pancartes portant l’inscription « la détention administrative est illégale ». La détention administrative est un régime extrajudiciaire israélien controversé permettant de détenir un prisonnier pendant une durée illimitée sans inculpation ni procès pour une période de six mois renouvelable indéfiniment. Des députés arabes du Parlement israélien faisaient partie des manifestants. Des Israéliens issus de la droite, certains criant « Mort aux terroristes », ont organisé une contre-manifestation et les deux parties ont échangé des coups. La police est intervenue et a été la cible de jets de pierres de la part des contre-manifestants. Elle a annoncé avoir arrêté 10 sionistes et trois arabes suspectés notamment de troubles à l’ordre public.

Manifestants du FPLP pour Bilal Kayed

Manifestants du FPLP pour Bilal Kayed

Le ministre de la sécurité publique a demandé sur sa page Facebook « Si vous avez des informations sur quelqu’un qui prétend être un touriste mais qui séjourne en réalité en Israel en tant qu’activiste du boycott: dites le nous et nous lui ferons quitter le territoire ». Cet appel Facebook aux allures informelles est en fait une partie d’un plan plus large pour expulser (ou empêcher d’entrée) les militants BDS qui passeraient par Israel pour se rendre en Palestine occupée. La décision d’expulser ou de remballer des voyageurs reviendra à une équipe spéciale, chargée de prendre la décision sur bases de dénonciations et de renseignements. Le ministère prétend que si l’activité « boycott » est minoritaire par rapport à une activité de défense des droits de l’homme (par exemple), la personne ne sera pas expulsée. Israel a néanmoins par le passé expulsé des « flotilles » aériennes entières d’activistes qui souhaitaient se rendre en Palestine. Des groupes en particuliers avec des militants présents en permanence pourraient être visés par ce plan, le International Solidarity Movement serait le premier groupe visé.

Le post Facebook traduit automatiquement

Le post Facebook traduit automatiquement

« En solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens qui sont en grève de la faim pour dénoncer la politique israélienne de « détention administrative » et pour soutenir et exiger la libération inconditionnelle du militant palestinien Bilal Kayed, je fais la grève du plateau pour trois jours à partir d’aujourd’hui jeudi 4 août. » a déclaré Georges Ibrahim Abdallah. Six prisonniers politiques de la Gauche Abertzalé l’ont rejoint dans son action. Bilal Kayed est un leader du FPLP emprisonné depuis 2001 qui aurait dû être libéré le 13 juin dernier mais est gardé en détention administrative par Israel. Il est entré en grève de la faim dés le 15 juin et a été rejoint par une centaine de militants du FPLP dans son mouvement, dont Ahmad Sa’adat, le secrétaire général du FPLP emprisonné.

Bilal Kayed et Ahmad Sa’adat

Bilal Kayed et Ahmad Sa'adat

Lundi, des centaines de Juifs se sont rendus dans 24 autocar massivement escortés par la brigade Nahal de l’armée israélienne, dans la ville arabe de Naplouse pour se rendre sur le « tombeau de Joseph ». La population palestinienne s’est insurgée et des manifestants ont lancé des pierres, des bouteilles et des pneus enflammés sur les soldats qui ont tiré des balles réelles, des balles en acier recouvertes de caoutchouc et des bombes de gaz, blessant deux Palestiniens. Ahmad Mazen Sa’ad, 17 ans, du camp de réfugiés d’Askar, a été touché d’une balle en acier recouvert de caoutchouc au visage, tandis que Mohammad Kamal Shahin, 27 ans, a été touché aux cuisses et à l’abdomen. De nombreux autres Palestiniens ont subi les effets de l’inhalation des gaz, en particulier après que les soldats aient tiré des bombes lacrymogènes dans les maisons et dans les ruelles.

Le Tombeau de Joseph (image d’archive)

Le Tombeau de Joseph (image d'archive)

Une centaine de prisonniers palestiniens s’était jointe mercredi à une grève de la faim de masse dans les prisons israéliennes. Les détenus ont lancé le jeûne en solidarité avec trois grévistes de la faim pour protester contre leur détention sans procès – Bilal Kayed, qui jeûne depuis 44 jours, et Muhammad et Mahmud al-Balboul, qui a lancé une grève de la faim il y a 23 jours (voir notre précédent article). Le Service pénitentiaire israélien tente de mettre un terme à la grève de la faim des prisonniers, en les sanctionnant avec des amendes de 600 shekels (142 euros), en les isolant et en les empêchant de voir les membres de leur famille.

Palestiniens détenus dans une prison militaire israélienne

Palestiniens détenus dans une prison militaire israélienne

Ce vendredi, le collectif 69 Palestine Lyon organisait un pique-nique sur les Berges du Rhône. Il devait ensuite se rendre sur la place des Terreaux pour réaliser un concert. Tout était autorisé par la préfecture, mais les forces de l’ordre sont intervenues et ont embarqué une cinquantaine de militants. Ils ont été conduits en car au commissariat Marius Berliet, dans le 8e arrondissement. Menacées de garde à vue, ils étaient poursuivis pour discrimination économique. L’accusation se basait sur le port d’un tee-shirt « Boycott Apartheid Israël ». Les militants ont finalement été relâchés, sauf un.

L’autobus de la police emportant les militants

L'autobus de la police emportant les militants

Le prisonnier palestinien Bilal Kayed entre aujourd’hui, 22 juillet, dans sa 38e journée de grève de la faim. Bilal Kayed, 35 ans, a perdu plus de 30 kilos et refuse tout transfert à l’hôpital. Dans toute la Palestine et en dehors, des actions de soutien se développent et le 19 juillet, onze membres du FPLP emprisonnés par l’occupant ont annoncé qu’ils se mettaient en grève de la faim pour soutenir Bilal Kayed, – ce qui porte au le total des prisonniers en grève de la faim solidaire à 56.

Bilal Kayed a débuté le mois dernier sa grève de la faim pour protester contre sa détention administrative. Après avoir purgé une peine de 14 ans et demi de prison pour ses activités au sein du FPLP, il devait être libéré le 15 juin. Mais les autorités israéliennes l’ont placé en détention administrative depuis cette date. La détention administrative permet de détenir un suspect sans lui notifier d’inculpation pendant six mois renouvelables indéfiniment. Plus de 700 prisonniers palestiniens sont en détention administrative.

Tag en Cisjordanie pour la libération de Georges Abdallah et Bilal Kayed

Tag en Cisjordanie pour la libération de Georges Abdallah et Bilal Kayed

Mohammad Sidqy at-Tibakhi, 12, a été tué par des tirs de soldats de l’occupation dans la région d’Al-Ram, près de Jérusalem, lorsque des soldats ont été envoyés dans la région pour disperser une manifestation. Le garçon a reçu une balle de caoutchouc sur sa poitrine et est mort d’un arrêt cardiaque. Lundi, enfant de 11 ans a été écrasé par un colon israélien, délibérément selon les témoins, dans la ville de Yatta, au sud de Hébron. Le conducteur a fui la scène du crime.

Mohammad Sidqy at-Tibakhi

Mohammad Sidqy at-Tibakhi

La chaîne de télévision israélienne 10 TV a tenté une expérience dangereuse en demandant à deux personnes, un Arabe israélien et un Juif israélien de publier chacun sur leur page Facebook un appel au meurtre témoignant de leur prétendue intention de commettre un massacre, le premier envers des Juifs, le second envers des Arabes. Le but de l’expérience était de voir à quelle vitesse réagissait le réseau social, les contacts des auteurs des deux appels, et bien évidemment la police israélienne.

Le premier appel n’a reçu « que » 12 likes en quelques heures, aucun commentaire et aucun partage, de nombreux proches de l’auteur l’ont contacté pour le prévenir que son compte avait probablement été hacké, avant que des membres arabes de la Knesset ne l’appelle également pour lui demander de retirer le post. Il a été convoqué par la police de Nazareth quelques heures plus tard avant d’être interrogé pendant plusieurs heures. Quand au second article, il a reçu plus de 1.200 likes, 34 partages et de nombreux commentaires ‘positifs’ comme « Nous sommes fiers de toi » ou « Tu es un roi », seul un commentaire lui disait « Retire ça, tu vas te faire arrêter ». Ce qui n’est pas arrivé: l’auteur de ce second poste n’a pas été inquiété et n’a vraisemblablement pas même été repéré par la police. Les deux publications sont restées en ligne tout au long de l’expérience et n’ont pas été supprimées par Facebook.

L’un des deux posts Facebook

L'un des deux posts Facebook