Les autorités péruviennes ont décidé, mercredi 13 août, d’accorder l’amnistie aux membres des forces armées et de la police accusés ou condamnés pour crimes contre l’humanité pendant le conflit armé contre le Parti Communiste du Pérou et différentes guérillas des années 1980 à 2000. De leur côté, plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent une insulte aux milliers de victimes alors que cette loi pourrait également mettre fin à près de 600 procès encore en cours contre des forces armées et des policiers.

Le Commandement spécial de la vallée des rivières Apurímac, Ene et Mantaro (VRAEM) et Direction de la lutte contre le terrorisme de la Police nationale péruvienne ont annoncé qu’une opération antiguérilla avait eu lieu le 11 mai près de la ville d’Alto Mantaro, où les forces de l’ordre se sont affrontées aux combattants du Parti communiste militarisé du Pérou (un héritier dudit « Sentier lumineux », dirigée par le « camarade Fernando »). Du matériel explosif et des équipements militaires auraient été saisis après cette confrontation, mais la contre-guérilla ne se prévaut d’aucune perte dans les rangs maoïstes.

Une séance plénière juridictionnelle de la Cour supérieure nationale abordera le crime d' »apologie du terrorisme », perpétré à travers les réseaux sociaux et d’autres outils technologiques. La réunion portera sur la modalité aggravée de ce crime, commis à travers les technologies de l’information et de la communication. Seront abordés les critères pour évaluer si le contenu diffusé constitue une exaltation, une justification ou une exaltation de personnes reconnues coupables du crime de terrorisme. La propagande en faveur du Parti communiste du Pérou et de son défunt dirigeant, Abimael Guzman, le « président Gonzalo », mort en prison en septembre 2021, sont dans le collimateur.

Au Pérou, la justice a ordonné la dissolution du Movadef, (Movimiento por Amnistía y Derechos Fundamentales) au motif qu’il serait la façade du Parti communiste du Pérou (« Sentier lumineux »). Le tribunal a condamné 25 de ses dirigeants pour « terrorisme », dont six à 35 ans de prison, Parmi ces six, Elena Iparraguirre, ancienne dirigeante du PCP (et épouse du défunt fondateur du PCP Abimael Guzmán, le « Président Gonzalo »). Elena Iparraguirre est en prison depuis 1992, et a déjà été condamnée à la prison à vie. C’est d’ailleurs parce que le tribunal a indiqué qu’il y avait une impossibilité d’imposer une deuxième peine à perpétuité qu’il avait fixé une peine de 35 ans. Vingt-neuf autres accusés ont été condamnés à des peines de prison allant de 15 à 16 ans. La justice péruvienne affrime que la décision de fonder le Movadef a été pris depuis la prison par la direction du PCP.

Elena Iparraguirre

 

La Direction contre le terrorisme (Dircote) de la police nationale péruvienne a arrêté deux personnes accusées d’avoir participé à la planification de l’embuscade dans laquelle la guérilla maoïste avait tué sept policiers en février dernier (voir notre article). Connus sous les noms de guerre des camarades « Tío Julio » et « Mauro », ils auraient fourni des informations et collaboré à la planification de l’attaque à proximité de la vallée des rivières Apurímac, Ene et Mantaro (Vraem). Le premier, âgé de 60 ans, arrêté à Cusco, dans la province de La Convención, le second âgé de 53 ans, a té arrêté dans le district de Llochegua, situé dans la province de Huanta, Ayacucho.

Ce mercredi 15, la justice décidera d’imposer 18 mois de détention préventive à Rocío Leandro Melgar, connu sous le nom de « camarade Cusi », pour  « crime contre la paix publique dans la modalité d’appartenance à une organisation terroriste ». D’autres maoïstes présumés, Alex Gómez Falcón, Alejandro Manay Pillaca, Estefany Alanya Chumbes, Piero Giles Gamboa, Fernando Quinto Cuba et Yulisa Gómez Ayala sont également impliqués. Toutes ces personnes ont été arrêtées le 12 janvier  après avoir été accusées d’organiser les violentes manifestations contre le gouvernement de Dina Boluarte à Ayacucho.

Le général qui commande la Direction nationale des enquêtes criminelles, a annoncé que le Front de défense d’Ayacucho, dont les accusées sont membres, est une organisation de façade pour le Parti Communiste du Pérou (dit « sentier lumineux »). Devant les magistrats de la troisième chambre pénale d’appel de l’Audience nationale, le représentant du ministère public a repris et détaillé cette accusation. Il a assuré que les détenus organisaient des réunions qui rassemblaient différents groupes, parmi lesquels des mouvements considéré comme créés par le PCP-SL comme le Mouvement pour l’amnistie et les droits fondamentaux (Movadef), Front pour l’unité de la défense du peuple péruvien et la Nouvelle Fraction Rouge. Le procureur Luis Javier Ramírez a également soutenu que Fredepa avait permis le blocage de routes dans des zones cruciales de la ville d’Ayacucho.

La justice péruvienne a condamné le 30 mai dernier Alcides Espinoza Solorzano à 12 ans de prison après l’avoir reconnu responsable du « crime de terrorisme », sous forme « d’affiliation à une organisation terroriste ». Connu sous le pseudonyme de « camarade Pablo », il avait été arrêté en mai 2015 et était accusé d’être membre de la direction d’un réseau reconstitué du Parti Communiste du Pérou (« Sentier lumineux »). Dans un autre procès, 35 ans de prison ont été requis contre Edgar Torpoco Ortiz, alias « camarade Angel » (photo). Agé de 22 ans, il a rejoint le PCP à âge de 19 ans, et a rejoint les camps guérilla de Vizcatán del Ene. Il est accusé de trois homicides. Le parquet de Huánuco a également requis 30 ans de prison pour ses camarades Brayan Camarena, Víctor Abad et Mónica Aguirre pour le délit de terrorisme sous forme d’homicide. En outre, Kassandra Hennings et Ana María Cabezas ont été condamnées pour le crime « d’affiliation à une organisation terroriste ».

Dans un troisième procès la juridiction supraprovinciale spécialisée dans les crimes de terrorisme de Huánuco a obtenu la mise en détention provisoire pour 18 mois de Noemí Quezada Ulloa, la « camarade Rocío ». Elle est accusée d’avoir assumé le rôle de commandante logistique dans la vallée de Huallaga et d’avoir, comme combattante, participé aux attaques de Churuyacu et de Ramal de Cachiyacu. La cour a déterminé que la peine de la « camarade Rocío » pouvait atteindre les 30 ans de prison.

Un sous-officier de l’armée péruvienne a été tué lors d’un affrontement avec des guérilleros du Parti Communiste du Pérou Militarisé. Le militaire faisait partie de la patrouille qui a affronté lundi les maoïstes dans le district de Vizcatán del Ene, dans le département central de Junín, dans la région VRAEM. La VRAEM est une vaste région de jungle montagneuse répartie sur quatre départements différents sur les pentes orientales des Andes péruviennes méridionales.

Sur la place de la ville d’Accomarca, dans la région andine d’Ayacucho (sud-est), une cérémonie a eu lieu pour les victimes du massacre perpétré par l’armée le 14 août 1985 Ce jour là, les militaires des forces anti-guérilla ont investi le village, rassemblé les habitants, torturé les hommes et violé les femmes. Les militaires ont enfermé 69 personnes dans deux cabanes au toit de chaume, et y ont mis le feu et tout en mitraillant les occupants.

Tout au long des années 1980, les forces armées ont commis des massacres similaires dans les communautés rurales quechua des hauts plateaux, accusant leurs victimes de soutenir l’insurrection maoiste et présentant leurs massacres comme étant le fait de la guérilla maoiste (mensonges largement reproduits dans le monde entier). Ils ont massacré des villages entiers, y compris des enfants, des personnes âgées et des femmes enceintes. À Accomarca, 26 des victimes étaient des enfants.