Plus de deux millions de personnes vivent dans des bidonvilles à Manille, soit un cinquième de la population de la capitale. La plupart viennent de la campagne. En arrivant, ils s’installent sur des terrains vides et construisent leurs cahutes. Une loi promulguée en 1992 interdit les démolitions et les évictions sauf si les habitations se trouvent dans des zones dangereuses, si le site est réclamé pour la construction d’infrastructures ou s’il y a une décision de justice.
Dans le cas de Pinaglabanan, un bidonville de huit hectares en plein coeur de Manille, l’éviction a été ordonnée au terme d’un long processus judiciaire initié par les autorités locales. Après des mois de lutte, les habitants du bidonville ont été expulsés pour laisser la place à des bâtiments administratifs. Les habitants, dont beaucoup vivaient là depuis des décennies, ont lutté pied à pied depuis janvier. Pendant que femmes et enfants se réfugiaient dans des abris, les hommes balançaient des cocktails Molotov, des pierres et des bouteilles aux 500 policiers anti-émeutes équipés de canons à eau et de gaz lacrymogènes. Une vingtaine de personnes ont été blessées au total, des deux côtés.