Les autorités turques viennent de publie ce qui constitue un premier bilan chiffré des frappes menées depuis le 17 août par l’armée dans les montagnes irakiennes. Selon elles, entre 90 et 100 guérilleros du PKK ont été abattus (elles utilisent plutôt le terme ‘neutralisés’) et 80 autres ont été blessés. En ce qui concerne l’infrastructure, l’armée affirme avoir frappé et endommagé, voir détruit, 14 installations, huit dépôts de vivres, un dépôt de munitions, neuf canons de DCA, 18 cavernes et 79 caches. Selon la déclaration de l’état-major, 349 cibles situées dans les montagnes Kandil et dans les régions de Khakurk, de Avasi-Basyan et de Zap ont été touchées par des tirs d’artillerie lourde alors que 132 cibles ont été touchées par des frappes aériennes. Les autorités ont affirmé qu’un grand nombre de guérilleros leur avait échappé et estime à 2000 le nombre d’entre eux actuellement retranchés dans les montagnes du Kurdistan irakien. En outre, elles ont affirmé que les raids allaient se poursuivre.

L’aviation turque a mené, vendredi, pour la troisième nuit consécutive, des raids dans le nord de l’Irak, et bombardé 85 cibles attribuées au PKK, a annoncé samedi 20 août l’armée turque, sans fournir de bilan sur d’éventuelles victimes et de dégâts. La Turquie a repris le bombardement aérien après l’attaque de mercredi qui a fait neuf morts parmi les services de sécurité turques au Kurdistan. Depuis juillet, les attaques attribuées au PKK ont coûté la vie à une quarantaine de soldats et de policiers. Les cibles bombardées se situent dans les zones de Hakurk, Avasin-Basyan et Zap, au Kurdistan irakien.

La Turquie a adopté jeudi une « nouvelle stratégie » qui prévoit notamment de combattre les rebelles avec des troupes militaires entièrement professionnelles mais aussi avec des unités spéciales de la police. Certains analystes militaires cependant estiment que les frappes aériennes ne suffiront pas à ébranler le PKK dans la montagne irakienne et insistent sur la nécessité d’une opération terrestre.

Les autorités n’ont pas tardé à réagir à l’action menée ce mercredi par les guérilleros du PKK. Celle-ci avait entraîné la mort de huit soldats de l’armée turque. Vers 15h, le gouvernement turc a pris la décision de mener une offensive aérienne contre les bases de guérilleros retranchés à la frontière turco-irakienne. Suite à cette décision, un drone a survolé la zone afin de localiser les cibles. Vers 20h, quatorze F-16 ont décollé de la base aérienne de Diyarbakir. Ils ont pris pour cible les installations électriques du PKK avant de se concentrer sur d’autres objectifs, dont les supposés camps de plusieurs dirigeants de la guérilla. La première vague de frappes aériennes s’est terminée vers 23h. La seconde a été déclenchée vers 2h45 et s’est à nouveau focalisée sur les camps. Par ailleurs, les autorités ont annoncé que 168 cibles supplémentaires avaient été frappées par d’intenses tirs d’artillerie depuis la frontière turque. A l’heure qu’il est, aucun bilan n’a été communiqué. Mais les autorités ont publiquement annoncé que de telles opérations seraient reconduites, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Mercredi, des guérilleros du PKK ont pris un convoi de l’armée turque en embuscade à Cukurca (province de Hakkari). Sept soldats et un officier sont décédés, alors que onze soldats supplémentaires ont été grièvement blessés. Selon les autorités, deux IED auraient explosé simultanément au passage de la colonne de véhicules. S’en serait suivi une fusillade de plus de deux heures entre les deux camps. Des forces supplémentaires ont été envoyées dans la zone pour tenter de mener une offensive contre les guérilleros qui intensifient leurs actions depuis plusieurs semaine.

Déploiement de l’armée turque

Déploiement de l'armée turque

A cinq heures du matin ce lundi, trois soldats circulant dans un véhicule militaire à 15 kilomètres de la frontière iranienne ont été blessés dans l’explosion d’un IED. Celui-ci a été déclenché au passage de la jeep sur la route reliant les villages de Kecikayasi et Orenbuç dans la province de Van par des guérilleros du PKK. Plus tard dans la journée, un soldat a été tué dans une fusillade à proximité des montagnes de Zorkun dans la province d’Oosmaniye. Un groupe de guérilleros a pris d’assaut une unité de l’armée qui était déployée sur le terrain dans le cadre d’une opération de ratissage. Un soldat a été tué et un autre blessé dans l’affrontement. Enfin, dans la province de Sirnak, des militants du PKK ont attaqué deux postes avancés des forces de sécurité. Ces derniers ont battu en retraite vers le nord de l’Irak après une fusillade qui a duré plus d’une heure et demi. Des membres de l’armée les ont pris en chasse et des hélicoptères de combat Cobra ont bombardé les routes leur permettant de s’échapper. Néanmoins, aucun guérilléro n’a été repris.

Dans la matinée de vendredi, un véhicule militaire a été détruit dans l’explosion d’un bombe placée par des guérilleros du PKK. L’action s’est déroulée dans le district de Yuksekova (province de Hakkari). Aucun des soldats présent n’a été blessé. Une seconde opération a eu lieu dans la province de Bingöl. Un groupe de guérilleros a pris une colonne de véhicules militaires d’assaut, blessant trois soldats. En raison de la multiplication des actions de guérilla, les autorités turques ont annoncé qu’elles envisagent de déclencher une vaste opération contre le PKK à l’automne. Elle prévoient notamment de mener des frappes ciblées contre les leaders de l’organisation.

Un tribunal de Diyarbakir a décidé de porter plainte contre 300 avocats ainsi que contre la Diyarbakir Bar Association pour entrave à la justice. Ces 300 avocats représentent les 152 politiciens kurdes poursuivis dans l’affaire KCK (Kurdish Communities Union) actuellement en cours. La KCK est accusée d’être l’aile urbaine du PKK. Depuis plusieurs jours, les défenseurs boycottent les audiences car ils refusent la décision du tribunal d’empêcher les accusés de témoigner en kurde. Le tribunal a donc réagit à ce boycott en saisissant une instance supérieure contre les 300 avocats concernés.

Par ailleurs, un procureur a annoncé hier que 106 politiciens kurdes supplémentaires seraient bientôt jugés. Il les accusent d’avoir fait de la propagande pour une organisation terroriste, ceux-ci ayant exigé de meilleures conditions de détention pour Abdullah Ocalan, le dirigeant du PKK qui se trouve derrière les barreaux depuis 1999. Un tribunal d’Ankara a décidé hier que ce procès aurait également lieu à Diyarbakir. Les 102 politiciens risquent vingt ans d’emprisonnement. La date de début du procès n’a pas encore été communiquée.

Aysel Tugluk, député indépendante du district de Van a été condamnée hier à deux années de prison par un tribunal local pour avoir fait de la propagande pour le PKK. L’accusation provient de commentaires énoncés par Tugluk lors d’un rassemblement pour le parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party) il y a deux ans. Elle y avait notamment dit que l’état turc devait accepter Abdullah Ocalan, dirigeant du PKK, comme interlocuteur dans les pourparlers. Tugluk est la co-dirigeante du Democratic Society Congress (DTK), organisation qui chapeaute plusieurs personnalités et groupes pro-kurdes. Elle est également un des avocats d’Abdullah Ocalan qui est toujours emprisonné et à l’isolement à Imrali.

Aysel Tugluk

Aysel Tugluk

Un sergent a été tué et quatre soldats blessés dans l’explosion d’un IED dans la province de Kahramanmaras (sud-est). Les cinq hommes circulaient à bord d’un véhicule militaire lorsque la mine s’est déclenchée. La gendarmerie et les forces de police ont immédiatement lancé une opération afin de retrouver les guérilleros du PKK qu’elles accusent d’avoir posé la bombe.