Face à la reconduction de la grève à Port-Jérôme, en Normandie, le gouvernement français a lancé la réquisition des ouvriers indispensables au fonctionnement du dépôt. Quatre salariés d’ExxonMobil ont été réquisitionnés pour permettre le fonctionnement du dépôt. L’arrêté préfectoral a été signé par le préfet de la région Normandie et envoyé au directeur du site d’ExxonMobil de Port-Jérôme qui les a notifiés. Les quelques grévistes indispensables au déblocage du carburant des cuves vont ainsi se voir contraints de venir travailler, sous peine de sanctions pénales. Le secrétaire général de la CGT  a annoncé le dépôt d’un recours en référé contre les réquisitions.  C’est hier mercredi que les grévistes ont décidé de poursuivre leur mouvement, prolongeant les pénuries de carburant qui affectent la France entière. Outre des dépôts de carburant, six des sept raffineries françaises étaient en grève mercredi: les quatre de TotalEnergies et les deux d’Esso-ExxonMobil. Chez TotalEnergies, la grève dure depuis deux semaines et prend de l’ampleur. Dans l’ensemble des sites en mouvement, la grève a été reconduite mercredi avec quasiment 100% de grévistes parmi les opérateurs. Au coeur des revendications: des hausses salariales, alors que l’inflation fait rage et que les groupes pétroliers réalisent des superprofits avec la flambée de la hausse des cours liée à la guerre en Ukraine. Faute d’approvisionnement, un tiers des stations-service françaises manquaient d’un ou plusieurs carburants, et même près de 45% dans le nord du pays.

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L’Association des enseignants du primaire avait organisé jeudi une grande manifestation à Peshawar contre la baisse des pensions. Ils demandaient aussi un changement dans la structure actuelle du service des enseignants du primaire. La manifestation a provoqué des embouteillages massifs dans les zones environnantes. Entre-temps, le gouvernement provincial a refusé d’accepter les demandes des enseignants protestataires, sous prétexte qu’ils bloquaient les routes toute la journée au lieu de négocier. La police a été lancée contre les manifestants, blessant des  dizaines d’entre eux. Malgré les bombardements intenses de grenades lacrymogènes et les coups de matraque, la police n’a pas réussi à disperser les manifestants, car les enseignants ont tenu bon face à l’assaut. Les blessés ont été transportés d’urgence dans un hôpital local. La police a été jusqu’à arrêter certains enseignants qui recevaient des soins médicaux à l’hôpital. En réponse à cette répression, un grève totale a été déclenchée par les enseignants.

 

Le 4 octobre au matin, quatre salariés de RTE, la filiale d’EDF chargée du transport d’électricité ont été perquisitionnés et arrêtés. Ils ont été conduits par les agents de la Sécurité intérieure au siège de la DGSI, les services de renseignements, à Levallois-Perret. Tous les qutre sont membres de la CGT et ont participé à un mouvement de grève national qui a commencé fin février dernier et s’est arrêté en juin. La revendication était principalement salariale. Une des pratiques des luttes syndicales du secteur est de « passer des postes en local »: les grévistes peuvent rendre invisible du réseau internet les transformateurs qui permettent de transmettre le courant. Ainsi, le centre de commande ne peut plus les diriger à distance et est obligé d’envoyer un technicien, ce qui entraîne des déplacements, des coûts. Cette méthode est pratiquée depuis au moins 30 ans chaque fois qu’il y a un mouvement social et elle n’a aucune incidence sur le réseau électrique.

Pendant le mouvement de grève qui a duré environ quatre mois, 24 postes sur 369 ont été « passés en local » dans le Nord de la France, soit 6,5% du réseau. La direction de RTE reproche au quatuor de la CGT d’avoir participé au mouvement social (sans avoir la preuve qu’ils aient eux-mêmes invisibilisé les transformateurs. Ils ont été mis à pied début septembre à titre conservatoire. Une mesure qui suspend le salaire et peut durer un mois maximum avant qu’il y ait un entretien préalable à toute sanction disciplinaire. Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée là. Car sans que les syndicalistes le sachent, la filiale d’EDF a déposé une plainte au parquet de Lille, qui a ensuite été transférée au parquet de Paris. Pour cette vingtaine de postes passés en local informatiquement, une enquête a été ouverte le 29 juillet 2022 pour des chefs « d’entrave à un système de traitement de données, sabotage informatique, accès et maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données, introduction, modification et suppression de données d’un tel système ». La DGSI a donc débarqué chez les quatre salariés et les a qualifiés de « cybercriminels en bande organisée ».

Les enseignants de la Coordination nationale des travailleurs de l’éducation (CNTE) luttent pour la création de postes pour les enseignants de l’État du Michoacán. Lundi 3 octobre, lors d’une manifestation, ils ont envahi les voies ferrées du tronçon Lazaro Cardenas-Morelia dans la communauté de Caltzontzin, dans la municipalité d’Uruapan (Michoacán). La Garde civile est intervenue et des affrontements ont éclaté, faisant de nombreux blessés dans les deux camps. Les manifestants ont lancé des projectiles divers sur la Garde civile, y compris des engins pyrotechniques, blessant (légèrement) sept membres des forces de l’ordre. A la fin du mois de septembre, des enseignants du CNTE s’étaient déjà heurtés à des éléments de la Garde civile après avoir effectué au moins trois blocages de routes dans les municipalités d’Uruapan, de Chilchota et de Purépero.

Des ouvriers d’une entreprise de construction du Qatar manifestent depuis plusieurs mois pour réclamer des salaires impayés. Le 14 août dernier, les autorités qataries ont arrêté et expulsé une partie d’entre eux. Lors d’une manifestation le 14 août, au moins 60 travailleurs employés par Al Bandary, originaires notamment du Népal ou du Bengla Desh, dont certains n’avaient pas été payés depuis sept mois, ont bloqué la circulation devant le siège de cette entreprise de Doha. Cette manifestation a été organisée dans le cadre de la campagne “Pay up Fifa », qui réclame le versement des salaires impayés. Le gouvernement du Qatar avait déclaré qu' »un certain nombre de manifestants avaient été arrêtés pour avoir enfreint les lois sur la sécurité publique”. Entre 60 et 300 travailleurs ont été arrêtés. Certains, dont le nombre est inconnu, mais qui seraient ceux originaires de payus arabes, sont encore en détention. D’autres (ainsi des Népalais) ont été expulsés après avoir reçu leurs arriérés de salaires. Le cas du groupe Al Bandary est loin d’être isolé. Plusieurs entreprises de construction qataries sont accusées de salaires impayés depuis plusieurs mois. Les ouvriers de l’entreprise MCC Mestalla Construction et Redco International ont également manifestés, tandis que ceux de JH Construction avaient fait grève, toujours pour des salaires impayés pendant des mois. Les syndicats ne sont toujours pas autorisés au Qatar qui emploie plus de deux millions de travailleurs étrangers (95 % de sa main-d’œuvre totale) dont un million dans le secteur de la construction.

Manifestation des ouvriers de l’entreprise MCC Mestalla Construction

 

 

L’Association du personnel ministériel de l’éducation (HEMSA) avaient organisé une manifestation près de la résidence du ministre de l’éducation de l’Haryana, à Jagadhri,  dimanche. Au cours de leur manifestation, des centaines de travailleurs de l’éducation se sont dirigés vers la résidence du ministre, mais ils ont été arrêtés par les forces de police dépêchées par l’administration du district. Les travailleurs de l’éducation a pour principales revendications le transfert des employés affectés dans des lieux éloignés de leur domicile vers des postes proches, le versement d’un salaire conforme à celui de l’État du Pendjab et le retrait de la décision de fusionner des écoles. Les manifestants ont été arrêtés par des barricades placées par la police. Lorsque les manifestants ont tenté de briser les barricades par la force, la police a eu recours à des canons à eau.

 

Mercredi, le centre de Buenos Aires a été paralysé par des manifestations contre le coût de la vie. La plus importante manifestation, aux abords du Parlement, a eu lieu à l’appel de syndicats, dont la grande CGT (Confédération générale du Travail), traditionnellement alliés du gouvernement péroniste de centre-gauche. Cette marche visait à « défendre le gouvernement et dénoncer ceux qui prennent le pain de la bouche des travailleurs », fustigeant en particulier les « entrepreneurs spéculateurs » accusés d’attiser l’inflation (46,2% depuis janvier, 71% sur un an). Vers 8h30 du matin, de brefs affrontements avaient eu lieu entre des manifestants de la CGT, du syndicat des camionneurs et la police. A trois kilomètres, une autre manifestation sur la Plaza de Mayo, devant le siège de la présidence, s’est rassemblée à l’appel d’organisations de gauche radicale, critiques du gouvernement et de son accord avec le FMI sur la dette. Cet accord prévoit une discipline budgétaire accrue, tendant vers l’équilibre en 2025 (contre un déficit de 3% du PIB en 2021).

Avec 120 000 emplois, le secteur des centres d’appel est un employeur important dans le pays, surtout pour les jeunes diplômés. De nombreuses entreprises francophones choisissent le Maroc comme destination « offshore »: elles y trouvent des avantages fiscaux, une main-d’œuvre bon marché et des syndicats faibles. Le travail dans ces centres est épuisant. Semaine de 44 heures, pas de salaire en cas de maladie. La pression pour atteindre certains objectifs, comme passer un certain nombre d’appels en un temps donné, est élevée : les salaires sont constitués jusqu’à 40 % de primes. Si celles-ci disparaissent, les fins de mois sont difficiles.

Ayoub Saoud, secrétaire général de la Fédération nationale des centres d’appels et des métiers de l’offshoring (FNCAMO), membre de l’Union marocaine du travail (UMT) avait présenté en décembre 2021 un cahier de revendications à son employeur, Comdata, pour entamer des négociations collectives. Le point principal était l’alignement des salaires sur l’inflation galopante. La direction française de l’entreprise a refusé de négocier et a proposé de l’argent aux syndicalistes s’ils présentaient leur démission. Ces derniers ont refusé et ont fait appel à l’Inspection du travail. Même après trois convocations des autorités, la société n’a pas réagi. Finalement 400 des 1 400 employés ont entamé une grève d’une demi-journée le 21 avril. Saoud et six autres syndicalistes ont été licenciés et sont poursuivis en fonction de l’article 288 du Code pénal marocain, un article anti-grève introduit à l’époque de la colonisation française. Si la syndicalisation dans les centres d’appels marocains avance, cela ne se fait qu’au prix de plusieurs générations d’employés licenciés. Ainsi, l’année dernière, Sitel et Webhelp à Rabat ont licencié plusieurs employés qui voulaient s’affilier au syndicat. Lorsque la FNCAMO a protesté contre le licenciement devant le site de Webhelp, la police est arrivée avec casques et boucliers et a dispersé le rassemblement.

Joseph Stalin, secrétaire du Sri Lanka Teachers Union, avait été arrêté il y a une semaine (voir notre article) dans le cadre de la répression du soulèvement antigouvernemental qui a chassé l’ancien président du Sri Lanka. Le tribunal correctionnel de Colombo Fort l’a libéré sous caution tard dans la journée de lundi après que des manifestations massives aient réclamé sa libération.

Un haut dirigeant syndical sri-lankais, en première ligne des protestations qui ont conduit à l’éviction de Gotabaya Rajapaksa de la présidence, a été arrêté mercredi. Joseph Stalin (oui oui…), secrétaire du Sri Lanka Teachers’ Union, devient le plus ancien militant à être arrêté dans le cadre de la répression des manifestants qui ont forcé Rajapaksa à fuir le mois dernier. Des dizaines d’autres personnes ont déjà été placées en détention provisoire par la police, accusées d’avoir endommagé des biens publics au cours des mois de protestations qui ont culminé avec la prise d’assaut du palais de Rajapaksa le 9 juillet (voir notre article).

Le successeur de Rajapaksa, Ranil Wickremesinghe, a établi une distinction entre « manifestants » et « émeutiers » et a promis de prendre des mesures sévères contre « tout fauteur de troubles ». La police a arrêté un autre manifestant qui avait fait une descente dans l’armoire à alcool du leader déchu, avait bu une bière et était parti avec une tasse présidentielle. L’arrestation de cet homme de 43 ans intervient après qu’il a partagé une photo de lui sur Facebook au palais présidentiel de Colombo. L’homme a été arrêté en début de semaine pour entrée illégale présumée dans un bâtiment d’État et recel de biens volés. Il sera amené à Colombo pour y être jugé. La semaine dernière, la police a arrêté un autre militant syndical du port de Colombo pour avoir retiré deux drapeaux officiels du palais et les avoir utilisés comme drap de lit et sarong.

Joseph Stalin, dirigeant syndical emprisonné