Déclenchée suite aux attentats islamistes du 13 novembre, l’état d’urgence a déjà servi à réprimer à plusieurs reprises des progressistes. A l’expulsion d’un squat par le RAID à Lille, l’annulation des mobilisations contre la COP21 et aux arrestations de manifestants qui avaient participé à un rassemblement interdit par les mesures d’exception, succède une nouvelle « opération anti-terroriste » contre une ferme bio du Périgord. Sur ordre du préfet du département, dix gendarmes se sont introduits ce mardi à 10h dans la ferme, à la recherche de « personnes, armes ou objets susceptibles d’être liés à des activités à caractère terroriste », en lien avec les attaques du 13 novembre. Au bout de 2h40 de recherches, l’un des gendarmes interroge les deux propriétaires « le G8, les sommets européens, les manifestations pour l’environnement, ça ne vous dit rien ? » avant de parler d’une action en particulier, le blocage du péage de Mussidan contre l’aéroport de Notre Dame des Landes, il y a deux ans. Ordinateurs et téléphones ont été raccordés à une machine qui en a copié le contenu. Les gendarmes sont finalement repartis bredouille à 10h du matin.

Le lendemain, plusieurs domiciles de militants anarchistes de Périgueux ont également été perquisitionnés, les données informatiques saisies et les lieux photographiés.

France: Perquisitions dans une ferme bio et aux domiciles d’anarchistes dans le Périgord

Suite aux attentats du vendredi 13, la manifestation qui devait avoir lieu à Paris contre la conférence COP21 avait été interdite par la police. Les organisateurs du grand rassemblement avait conclu ce week-end un accord de principe avec la commune d’Ostende pour y déplacer le rassemblement. Le cabinet du bourgmestre vient toutefois de communiquer que le rassemblement ne serait pas autorisé sur place car la police ostendaise devait assurer ce jour là (le 29 novembre) la sécurité du sommet européen, et ne sera donc pas suffisante pour « encadrer » la manifestation.

Affiche de Paris-Luttes.info contre la COP

Affiche de Paris-Luttes.info contre la COP

Le 22 novembre, suite à la manifestation de soutien aux migrants, l’identité de 58 manifestants identifiés avait été transmise au procureur pour avoir manifesté malgré l’état d’urgence. Plusieurs personnes ont reçu des convocations pour des « auditions libres » et ont ensuite été mises en garde à vue. L’audition libre est censé fournir un statut entre celui de témoin et celui de gardé à vue.

La manifestation place de la République

La manifestation place de la République

Novadem, une PME des Bouches-du-Rhône, va fournir plusieurs drones de surveillance NX110 au ministère de l’Intérieur pour les besoins de la Gendarmerie Nationale. Ce quadricoptère ultraléger est déjà en dotation au sein du ministère de la défense mais aussi des sapeurs-pompiers. En octobre 2014 l’engin avait été testé grandeur nature au CNEFG (pour Centre National d’Entraînement des Forces de Gendarmerie) de Saint-Astier en Dordogne. Là durant deux jours le mini drone avait participé à plusieurs exercices ayant pour fil rouge le maintien de l’ordre en zone urbaine et le recueil du renseignement sur les éventuels mouvements de foules.

Avec ce nouvel outil les unités de gendarmerie mobiles vont pouvoir mieux appréhender les manifestations. L’annonce de la commande soit faite en cette première quinzaine de novembre alors que la région parisienne voit converger des dizaines d’unités de gendarmerie mobile et de CRS en prévision de la COP21. Ces drones pourront, s’ils sont livrés à temps, participer au dispositif de surveillance et de répression des manifestations. L’utilisation de ces drones pour le survol de la « jungle » de Calais a aussi été mentionnée.

Le Novadem NX110

Le Novadem NX110

La police fédérale s’informe en vue de l’achat possible de trois drones de haute technologie. Dans son cahier des charges, elle évoque ces engins en tant qu' »aéronefs d’Etat », ce qui les excluerait dès lors du projet de loi en préparation sur les aéronefs télépilotés. Fin juin, le gouvernement fédéral avait libéré 40 millions d’euros dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la radicalisation. Il était alors déjà question de l’achat d’un drone pour la police judiciaire fédérale de Bruxelles.

Les Unités spéciales recevraient deux drones pour des missions de soutien (covert operations) lors d’enquêtes judiciaires sur la « grande criminalité ». Ils devront pouvoir opérer dans la plupart des circonstances climatiques et être le plus silencieux possible pour mener des missions d’observation en milieu rural et urbain. Ils devront également être équipés de caméras utilisables de jour comme de nuit et capables de filmer de près comme de loin. Les données enregistrées devront par ailleurs pouvoir être cryptées et envoyées en temps réel vers l’opérateur de l’engin. Un troisième drone est prévu pour la police technique et scientifique.

Un drone de la police de Seattle

Un drone de la police de Seattle

La vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique a présenté la semaine passée à l’Assemblée nationale, un projet de loi concernant la vérification de l’identité des personnes incarcérées au moyen de leurs empreintes digitales. Les mesures proposées permettraient l’implantation progressive du système biométrique dans les établissements de détention québécois, et ce, dès la mise en vigueur du projet de loi.

Dans un premier temps, quatre établissements de détention seraient dotés du système biométrique : Bordeaux, Québec, Rivière-des-Prairies et Saint-Jérôme. De plus, l’outil serait implanté dans les quartiers cellulaires des palais de justice de Montréal, de Québec et de Saint‑Jérôme. En 2014-2015, près de 44 000 admissions ont été enregistrées dans le réseau correctionnel du Québec. Au total, quelque 306 000 déplacements (libérations, permissions, comparutions et transferts) sont répertoriés chaque année dans les 19 établissements de détention du Québec et les 56 palais de justice.

Prison de Rivière-des-Prairies

Prison de Rivière-des-Prairies

L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont décidé de se livrer à un essai de passeport dématérialisé, suite à une proposition faite dans le cadre d’un hackathon appelé Ideas Challenge, organisé par l’Australian Department of Foreign Affairs and Trade (DFAT). Sur 392 idées, c’est celle-ci qui a été retenue. Le « Passeport Cloud » remplacerait le passeport traditionnel par des contrôles biométriques, qui permettront de relier l’individu à un fichier sur lequel serait centralisées les données du passeport. Si l’expérimentation fonctionne, le principe pourrait ensuite être généralisé à l’ensemble du globe, à condition que les États se mettent d’accord sur des protocoles communs.

Contrôle des frontières en Australie

Contrôle des frontières en Australie

Pour ses opérations de contre-terrorisme, le RAID – mais aussi le GIGN – ont besoin de drones aériens capables d’opérer à l’intérieur de locaux fermés et hors de la vue de leur pilote. Le drone doit être capable d’entrer dans une pièce, ressortir/rentrer par une fenêtre ou changer de pièces. Une vingtaine de solutions ont été proposées et testées, sans résultat probant. De nouveaux essais sont prévus prochainement. Aeraccess (start-up francilienne) qui multiplie actuellement les présentations avec des services des ministères de l’Intérieur et de la Défense devrait, entre autre, participer à une démonstration.

La cellule des « Techs  » du RAID (techniciens, venant en appui de la colonne d’intervention) utilise déjà pour son entraînement le DJI Phantom, et vole avec quasi-quotidiennement, mais cet engin n’est pas utilisable en opérations réelles. Le RAID avait testé la version I, acquis le standard II, et doit recevoir le standard III.

Le drone Phantom III

Le drone Phantom III

L’ACLU (American Civil Liberties Union) a déposé une plainte contre deux psychologues, James Mitchell et John Bruce Jessen, qui ont conçu pour la CIA des « techniques d’interrogatoire renforcées » et les ont testé illégalement sur des détenus. Ces méthodes ont été créées suite aux attentats du 11 septembre. L’un des trois plaignants, décédé d’hypothermie, de déshydratation, de malnutrition et d’immobilisation durant l’un de ces « interrogatoire renforcé » est représenté par sa famille. Les trois plaignants (l’Afghan décédé, un pêcheur Tanzanien enlevé par la CIA en Somalie ainsi qu’un Lybien qui a été à nouveau torturé à son retour en Lybie) ont tous les trois été « interrogés » dans des sites clandestins de la CIA.

Les deux psychologues ont gagné $85 millions lors de leurs contrats qui courraient de 2001 à 2010. Les « techniques d’interrogatoires renforcées » ont notamment été conçues sur base d’expériences sur les entraînements de chiens et consistaient entre autres choses à des viols anals, à diverses formes de simulation d’exécution, au waterboarding et aux électrocutions. Selon un rapport produit par le sénat américain en 2011, ces tortures n’ont produit aucun renseignement utilisable. C’est dans ce rapport qu’est apparut le rôle des deux psychologues.

La vidéo suivante (anglais sous-titré anglais) explique plus en détails les techniques développées et fait témoigner les deux plaignants encore en vie.

Le waterboarding faisait partie de l’arsenal des

Le waterboarding faisait partie de l'arsenal des

Lors du procès d’un dealer de methamphétamine à New-York, dont nous parlions il y a quelques jours, Apple a refusé d’assister la justice américaine que ce soit pour déchiffrer ou extraire les données de l’Iphone de l’accusé. Dans l’épisode précédent, Apple avait refusé aux motifs qu’il était impossible de déchiffrer un appareil tournant sous iOS 8 ou plus récent, et qu’il refusait d’assister la justice pour ne pas « briser la confiance qui le lie à ses clients ». Cette fois ci, le FBI a fait part de son étonnement puisque la marque à la pomme a par le passé assisté la justice à au moins 70 reprises, et qu’il ne comprenait pas ce changement de comportement.

Le juge en charge du procès a répondu au FBI « Ce que vous demandez à Apple c’est qu’il fasse votre travail à votre place », questionnant également Apple sur son changement d’attitude.

Les iPhones semblent réellement indéchiffrables

Les iPhones semblent réellement indéchiffrables