Ce lundi après-midi, les policiers ont fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau pour disperser des manifestants qui marchaient vers le Palais de Justice d’Istanbul aux cris de « Nous voulons que justice soit faite pour Berkin Elvan », l’adolescent de 14 ans plongé dans le coma depuis la fronde antigouvernementale de juin dernier. Les manifestants, la plupart issus de groupes de la gauche radicale et masqués, ont répliqué avec des pierres et des cocktails Molotov et en érigeant des barricades. Les affrontements ont cessé en fin d’après-midi, mais policiers et manifestants se faisaient toujours face. Plusieurs manifestants ont été légèrement blessés, principalement à cause du gaz. L’un d’eux s’est brûlé la main suite à l’explosion d’un cocktail Molotov. Plusieurs personnes ont été arrêtées.

affrontements à Istanbul

affrontements à Istanbul

En mars dernier, le dirigeant emprisonné du PKK Abdullah Ocalan lançait un appel à déposer les armes et à se retirer de la Turquie. Depuis, le processus suivait son cours, mais hier, la branche urbaine du parti, le KCK (Kurdish Communities Union) a annoncé l’arrêt du retrait des troupes de la Turquie. Dans une déclaration, le KCK affirme que la décision d’interrompre le retrait avait été prise parce que le gouvernement turc n’avait pas fait les démarches nécessaires pour résoudre la question kurde ni pour mettre en place un processus de démocratisation. Le co-président du parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party) a quant a lui communiqué qu’il ne s’agissait pas d’une décision soudaine, ajoutant qu’ils avaient à plusieurs reprises averti le gouvernement qu’il ne prenait de mesures concrètes pour le processus de paix et que cela aurait des conséquences.

Cela fait plusieurs semaines que les étudiants de l’Université Technique du Moyen-Orient à Ankara se mobilisent pour empêcher un projet municipal. Les autorités ont en effet décidé de construire une autoroute dont le tronçon nécessite le déboisement partiel du campus. Le maire d’Ankara ayant annoncé que la construction commencerait bientôt, les étudiants et les riverains ont redoublé leurs activités de protestation. Vendredi après-midi, la police est intervenue à coups de bâtons et de tirs de gaz lacrymogène. Quatorze personnes ont été interpellées. Dans la soirée, la police anti-émeute, déployée en plus grand nombre que l’après-midi, a tiré des gaz lacrymogène ainsi que des balles en caoutchouc. Les affrontements ont duré toute la soirée.

Etudiants de l'université d'Ankara

Le parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party) a annoncé hier son intention d’intenter une action contre la société Facebook après que son directeur européen, Richard Allen, ait confirmé qu’ils fermaient toutes les pages appartenant à des politiciens ou à des groupes kurdes. Entre le 6 juillet et le 12 août, plus de dix pages ont été supprimées, la plupart appartenant à des politiciens kurdes nationalement reconnus. De plus, les pages appartenant à Otekilerin Postasi (The Others’ Post) qui se défini comme une source alternative d’informations sur les droits des minorités ont également été fermées. Enfin, les pages Kurdi Muzic (Kurdish Music) et Yeni Ozgür Politika (New Free Policy) qui se concentre sur la politique kurde ont aussi été interdites. Richard Allen a confirmé que Facebook supprimait dorénavant systématiquement les pages appartenant à des groupes et à des politiciens kurdes car ils sont suspectés de faire l’apologie du PKK. Un membre haut placé du BDP a justifié leur intention contre Facebook en expliquant qu’il s’agissait d’une violation de la liberté d’expression et que la décision de la société américaine était donc illégale et inacceptable.

Les sections belges de l’Union des femmes socialistes (Turquie) et du comité de solidarité avec les prisonniers politique (Turquie), mène campagne avec notre Secours rouge pour deux militantes, Hatice Duman, l’ancienne rédactrice en chef du journal Atilim et Gülüzar Erman, une syndicaliste du textile, condamnées à la perpétuité sous couvert des lois anti-terroristes. Un nouveau rassemblement aura ce jeudi 29 août de 17H00 à 18H00 en face de la Bourse.

La thématique du rassemblement de ce jeudi sera élargie au soutien aux victimes de la répression du mouvement de la place Taksim.

Belgique: Rassemblement demain jeudi contre la répression en Turquie

La police est intervenue ce 20 août avec du gaz lacrymogène et des canons à eau contre un défilé organisé par des membres de la Confederation of Public Sector Trade Unions (KESK). La manifestation était composé de quatre groupes différents qui avaient commencé à marcher vers Ankara le 16 août dernier pour dénoncer un accord collectif conclu entre le gouvernement et le Civil Servants’ Trade Union (Memur-Sen). Après la lecture d’une déclaration publique devant le Ministère de l’Intérieur, le groupe a tenté de rejoindre le centre-ville via la Calal Baya Avenue. C’est là que les forces anti-émeute sont intervenues pour disperser la foule.

Marche du KESK réprimée à Ankara

Marche du KESK réprimée à Ankara

En vertu de la réforme de la loi connue sous le nom de ‘Fourth judicial package’ (quatrième série de mesures judiciaires), les avocats d’Abdullah Ocalan, dirigeant du PKK, avaient introduit une demande afin qu’il soit rejugé. Une clause de cette loi prévoit que les condamnés dont les droits prévus par la Convention Européenne des Droits de l’Homme ont été bafoués, ils peuvent être rejugés. C’est cet argument qui a été mis en avant par les avocats, mais ce n’est pas l’avis du comité qui a examiné la demande. Le refus a été voté à l’unanimité. Abdullah Ocalan purge actuellement une peine de prison à vie sur l’île d’Imrali.

Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés samedi soir à l’appel d’organisations non-officielles de soutien au mouvement Gezi. Aux cris de « tous ensemble contre le fascisme », ou « ceci n’est pas une révolte, c’est un mouvement pour nos libertés », les manifestants se sont amassés sur l’avenue Istiklal, près de la place Taksim, cerné depuis la matinée par un important dispositif policier.

La police a tenté de disperser les manifestants en usant de grenades, de gaz lacrymogène et de billes en plastique. Les échauffourées se poursuivaient en milieu de soirée. La police a également procédé à l’arrestation de commerçants soupçonnés d’aider les manifestants, dans les rues adjacentes à l’avenue Istiklal. Au moins dix personnes ont été blessées (dont trois journalistes touchés par des billes en plastique) et plusieurs dizaines ont été arrêtées par les forces de police. Des incidents identiques s’étaient déjà produits mercredi soir, après que le père d’une des victimes blessées a été interdit de prononcer un discours à Taksim.

manifestation place taksin

manifestation place taksin

Depuis le 30 juillet dernier, les autorités turques multiplient les opérations ‘antiterroristes’ à travers le pays suite aux manifestations du mois dernier. Ce matin, huit personnes ont été interpellées après que des raids aient été menés dans vingt domiciles de la province de Mersin (sud). Toutes ont été appelées à comparaître dans la province voisine de Adana. De son propre aveu, le gouvernement cherche à sévir contre le ferment sociétal causé par la décision des autorités de brutalement réprimer l’opposition aux plans architecturaux de rénovation autour de la place Taksim à Istanbul.

La police turque a tiré hier mercredi des grenades lacrymogènes et utilisé des canons à eau près de la place Taksim à Istanbul pour disperser plusieurs centaines de personnes qui dénonçaient la répression des manifestations du mois de juin. Les forces de l’ordre ont bloqué les manifestants dans une rue proche de la place, théâtre le mois dernier de violents affrontements. Les manifestants voulaient marquer leur soutien à un adolescent plongé dans le coma après avoir été atteint à la tête par une grenade lacrymogène lors des troubles de juin, qui ont fait cinq morts et des milliers de blessés.