Jeudi, les forces de l’ordre ont violemment dispersé une manifestation villageoise, tuant un habitant et en blessant dix autres dans le district de Lice (Diyarbarkir). Les autorités ont annoncé qu’un policier avait été fait prisonnier dans la soirée par des guérilleros du PKK. Selon elles, l’officier qui circulait dans son véhicule personnel a été arrêté à un poste de contrôle installé par les guérilleros à proximité du village de Kayacik, lieu des affrontements de la journée. Les autorités ont immédiatement déclenché une opération pour retrouver le policier dont la voiture a été retrouvée incendiée hier près du lieu de l’embuscade.

Environ 200 personnes s’étaient rassemblées dans le village de Kayacik (province de Diyarbakir) pour empêcher la construction d’un bâtiment supplémentaire de la police locale. C’est lorsqu’elles ont tenté de pénétrer sur le site après avoir mis le feu à une tente abritant du matériel que les forces de l’ordre sont violemment intervenues, d’abord par des tirs de gaz lacrymogène avant ceux de balles réelles. Une personne a été tuée et neuf autre blessées. Deux d’entre elles sont dans un état critique.

Répression dans le village de Kayacik

Répression dans le village de Kayacik

Plusieurs centaines de personnes s’étaient à nouveau rassemblées hier soir dans le quartier de Dikmen pour dénoncer la politique gouvernementale ainsi que le placement en liberté sous contrôle judiciaire d’un policier accusé d’avoir abattu un manifestant. En début de soirée, elles ont érigé des barricades, bloquant la circulation. Du gaz lacrymogène et des canons à eau ont été utilisés par la police pour disperser le rassemblement. En outre, elle a procédé à quatre interpellations.

Canons à eau à Ankara

Une trentaine de personnes se sont rassemblées place de Bourse en soutien à Hatice Duman, l’ancienne rédactrice en chef du journal Atilim et Gülüzar Erman, une syndicaliste du textile, emprisonnées, et aux dizaines de militants de l’ESP (Parti Socialiste des Opprimés), journalistes d’Atilim et syndicalistes arrêtés il y a dix jours en Turquie.

Hatice Duman et Gülüzar Erman

Hatice Duman et Gülüzar Erman

Mardi soir, près de 2000 personnes s’étaient rassemblées dans le district de Dikmen, à Ankara. Outre les revendications devenues habituelles depuis près d’un mois, la foule a dénoncé la remise en liberté sous contrôle judiciaire d’un policier accusé d’avoir tué un manifestant le 14 juin dernier. Renvoyé lundi devant le tribunal, le suspect a été laissé libre, entraînant une importante colère populaire. Mardi soir, la police est intervenue avec des canons à eau et a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les 2000 manifestants qui avaient érigé des barricades sur une artère routière. Seize personnes ont en outre été interpellées.

Canons à eau à Ankara

Canons à eau à Ankara

La semaine passée les autorités turques ont mené une vaste opération visant notamment l’ESP (Parti Socialiste des Opprimés), des journalistes d’Atilim, des syndicalistes. Le ministre de l’Intérieur a précisé qu’il s’agissait d’une opération visant le MLKP, préparée de longue date, mais que tous les suspects étaient impliqués dans les manifestations qui secouent le pays depuis près d’un mois. Vendredi, 18 membres de l’ESP ont été inculpés et placés en détention pour ’appartenance à une organisation terroriste’ (le MLKP) et ’destruction de biens publics’.

Ce n’est pas la première fois que le mouvement militant est frappé au moyen des lois anti-terroristes. Depuis quelques temps, les sections belges de l’Union des femmes socialistes (Turquie) et du comité de solidarité avec les prisonniers politique (Turquie), mène campagne avec notre Secours rouge peur deux militantes, Hatice Duman, l’ancienne rédactrice en chef du journal Atilim et Gülüzar Erman, une syndicaliste du textile, condamnées à la perpétuité.

Un nouveau rassemblement est prévu ce jeudi 27 de 17H00 à 18H00 en face de la Bourse.

Voir le dossier sur Hatice et Gülüzar

Arrêté alors qu’il visitait la cathédrale de Cordoue avec femme et enfants, Bahar Kimyongur a été libéré accordée sous le bénéfice du versement d’une caution de 10.000 euros, dont le remboursement est conditionné à sa représentation à tous les actes de procédure nécessités par la demande d’extradition turque.sous. Il commente son arrestation: «La Belgique, une nouvelle fois, a été l’objet de pressions de l’Etat turc.»

Lire l’interview de Bahar au Soir sur son arrestation

Un policier turc a été renvoyé lundi en justice pour avoir mortellement blessé par balle un manifestant anti-gouvernemental à Ankara mais a été laissé en liberté. Ethem Sarisulul est décédé le 14 juin des suites d’un coup de feu tiré à la tête lors d’une manifestation sur la place Kizilay d’Ankara le 1er juin. Une vidéo le montre s’écroulant brutalement face à un policier casqué, qui s’enfuit ensuite l’arme au poing.

Depuis le début le 31 mai des manifestations contre le gouvernement, quatre personnes sont mortes -trois manifestants et un policier- et près de 8.000 autres blessées, dont plusieurs dizaines très gravement. Lundi encore, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a défendu les forces de l’ordre, estimant qu’elles avaient agi de façon « héroïque ».

Ethem Sarisulul

Ethem Sarisulul

La nouvelle affaire Bahar a été abordée au sénat lors d’une question à la ministre Milquet sur son implication propre et sur l’implication de la Belgique dans l’arrestation de Bahar à Cordoue il y a quelques jours. Lors de sa réponse, la ministre confond visiblement le DHKP-C et le PKK. Puisqu’à plusieurs reprises lorsqu’on lui demande en quoi le DHKP-C a été abordé lors de sa rencontre avec les autorités turques le 22 mai, elle répond entre-autres ‘Abdullah Öcalan’, ‘le processus de paix’ et ‘le désarmement dans les montagnes près de la frontière’.

La police est intervenue avec des canons à eau contre des milliers de manifestants qui s’étaient rassemblés place Taksim une semaine après la descente policière contre les occupants du parc Gezi. Après avoir demandé à la foule de se disperser, la police anti-émeute a utilisé des canons à eau pour réprimer le rassemblement. Elle a ensuite poursuivi les manifestants dans les rues voisines, tirant des gaz lacrymogènes. Trente blessés ont reçu des soins sur place, dont dix avaient été touchés par des balles en caoutchouc. Quatre personnes ont du être hospitalisées.

Canon à eau place Taksim

A Ankara, la police est une nouvelle fois intervenue avec des gaz lacrymogène et des canons à eau contre les manifestants rassemblés sur Kennedy Avenue, à proximité de l’ambassade américaine. Les policiers ont pourchassés les manifestants qui se dispersaient et sept personnes ont été interpellées. La police a également fait usage de gaz lacrymogène pour disperser un millier de personnes réunies aux alentours de Dikmen, un quartier résidentiel proche du centre-ville.

Canon à eau place Taksim