La police a à nouveau tiré à balles réelles contre des manifestants ces derniers jours, faisant au moins une centaine de morts (selon Amnesty). Les tensions proviennent à nouveau de la tentative du gouvernement éthiopien d’étendre la capitale du pays en expropriant les terres des paysans oromos, des tensions qui avaient déjà fait 400 morts il y a quelques mois. Les manifestations ont été réprimées dans l’Oromia et dans l’Amhara. Dans l’Amhara, les manifestations étaient principalement dirigées en opposition à des expropriations alors que dans l’Oromia, elles demandaient la libération de prisonniers politiques (qui luttaient également contre les expropriations). Dans la capitale, Addis-Abeba, 500 manifestants ont bravé le danger de manifester ce samedi, ils ont été brutalement dispersés mais il n’y a pas eu de tir à balles réelles. Le gouvernement éthiopien a demandé aux forces de sécurité de faire usage de « tous les moyens nécéssaires » pour réprimer les manifestations. Internet a été bloqué durant le wee tout comme une partie du réseau téléphonique, ces blocages semblent avoir été levés à présent.

Manifestation anti-gouvernementale le 6 août

Manifestation anti-gouvernementale le 6 août

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Le tension monte au Gabon à l’approche des élections présidentielles. La police a opéré une violente répression le 25 juillet à Libreville lors d’une marche pacifique de l’opposition. Plusieurs personnes ont été arrêtées et incarcérées. Des policiers encagoulés ont porté des coups à des journalistes. Trois dirigeants syndicaux ont arrêtés le 9 juillet lors du dépôt de candidature du président Bongo.Plus d’une vingtaine de personnes avaient été interpellées ce jour-là. Quelques autres ont été arrêtées les jours suivants. Depuis, l’affaire a pris une tournure internationale. Des ONG dénoncent la répression et demandent à la France de cesser sa coopération policière avec Libreville. Les autorités affirment que ces dirigeants syndicaux ont été vu participant à des violences lors de manifestation, ce que réfutent absolument les avocats.

La répression du 25 juillet à Libreville

La répression du 25 juillet à Libreville

Trois personnes ont été tuées dans des affrontements qui ont opposé forces de l’ordre et taximen motos ce lundi 25 juillet à Kisangani. Les taximen moto protestaient contre les rackets (sous peine de saisie de moto ou d’arrestations arbitraires) dont ils sont victimes de la part des policiers dans cette ville. Durant leur manifestation, ils se sont heurtés aux forces de l’ordre, qui les ont affrontés dans les différentes axes qu’ils avaient empruntés, dans différentes communes et quartiers de la ville, à coups de gaz lacrymogène et des coups de feu.

A Kamando, deux manifestants ont été tués par balles et deux autres ont été grièvement blessés: l’un a perdu son bras à cause de l’éclatement d’une grenade et une autre a reçu une balle au niveau de son sexe. A Mangobo, cinq policiers ont été blessés par des projectiles lancés par les manifestants. Trois manifestants ont été trois blessés dont deux grièvement. A Tshopo, quatre bureaux du quartier et un poste de police de circulation routière ont saccagés, deux taximen moto ont été blessés par balles dans les affrontements avec les policiers. Dans la commune même de Kisangani, on compte un mort et d’une jeune fille blessée parmi les manifestants. Deux policiers ont également été blessés. Le bureau de la commune de Kisangani et celui du quartier Konga-Konga ainsi qu’un sous-commissariat de la police ont été détruits par la foule en colère.

Les manifestants à Kisangani

Les manifestants à Kisangani

En Côte d’Ivoire, les manifestations contre la hausse des tarifs d’électricité (voir notre précédent article) se poursuivent. A Bouaké, la deuxième ville du pays, elles se sont transformées en affrontements vendredi après-midi 22 juillet. Dès le milieu de la matinée, les manifestants ont dressé des barricades sur l’artère centrale de la ville. La police a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. Les locaux de la Compagnie ivoirienne d’électricité, mais aussi des banques, la préfecture, le domicile du maire ou encore l’agence des impôts ont été saccagés. Les forces de l’ordre ont rapidement été débordées avant d’ouvrir le feu dans le centre de la ville. Au moins une personne est morte après avoir reçu une balle et une dizaine d’autres ont été blessées. Quarante-deux personnes ont été arrêtées.

Manifestation devant les locaux de la Compagnie ivoirienne d'électricité à Bouaké

Manifestation devant les locaux de la Compagnie ivoirienne d’électricité à Bouaké

Les Ivoiriens étaient avisés que les factures d‘électricité connaîtraient une hausse de 6 à 10 % en début d’année, selon le ministre de l’Energie du pays. Cependant, plusieurs abonnés affirment avoir vu leurs factures augmenter au-delà du pourcentage avancé par le ministre. Des incidents ont eu lieu lors d’une manifestation contre cette hausse de prix à Daloa, dans le centre ouest de la Côte d’Ivoire. La police, voulant faire barrage aux manifestants, a lancé des gaz lacrymogènes, qui n’ont eu aucun impact sur la détermination de la foule qui a envahi et pillé les locaux de la CIE, la compagnie nationale d‘électricité. Cet événement fait suite à une manifestation similaire dans la capitale administrative du pays, Yamoussoukro, pendant laquelle, les manifestants avaient brûlé des pneus et mis le feu à une voiture appartenant à la CIE.

Déploiement policier à Doala

Déploiement policier à Doala

Afin de contraindre les autorités judiciaires à libérer sans condition tous les syndicalistes détenus à la prison centrale de Libreville et d’obtenir le paiement d’une prime due au 2e trimestre 2015, les membres de la confédération syndicale Dynamique unitaire ont décidé le 16 juillet de paralyser l’administration, sur l’ensemble du Gabon. Les syndicalistes détenus sont : le président du Syndicat national des enseignants et chercheurs (Snec), Jean Remy Yama, par ailleurs président de la confédération syndicale Dynamique unitaire ; le président du Syndicat national des travailleurs du secteur social (Synatrass), Roger Ondo Abessolo ; le président du Syndicat national des personnels de l’agriculture (Synpa), Cyrlin Koumba Mba Essiane ; et bien d’autres militants dont Francky Nguizomo, Nang Mendome Gilbert, Jean Rémy Ebanega, etc.

Syndicalistes de la Dynamique unitaire

Syndicalistes de la Dynamique unitaire

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Le 29 juin, une opération de déplacement de populations installées sur un terrain privé avait dégénéré en affrontement avec la police. En plus des protestataires arrêtés le jour même, des cadres de l’ONG anti-esclavagisme IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste) avaient été arrêtés à leur domicile ou dans la rue les jours suivants, les autorités les accusant d’être à l’origine des heurts qui ont fait plusieurs blessés parmi les policiers.

Lundi 11 juillet, des soutiens de l’IRA s’étaient rassemblés au centre de la capitale mauritanienne pour demander la libération des membres de l’ONG anti-esclavagisme. Une manifestation dispersée par la police, qui aurait procédé à une dizaine de nouvelles interpellations. Face à cette mobilisation, ce n’est que dans la nuit de lundi à mardi, vers 4h30 du matin, que 23 personnes, militants et dirigeants d’IRA pour la plupart, interpellées au cours des douze derniers jours dans le cadre des heurts du 29 juin, ont été entendues par le parquet. Le procureur a opté pour une procédure de flagrant délit et inculpé ces 23 personnes pour plusieurs motifs, dont agression envers les dépositaires de la force publique et incitation à la violence. Les 23 inculpés ont été placés sous mandat de dépôt et incarcérés à la prison de Dar Naim.

La prison de Dar Naim, à Nouakchott

La prison de Dar Naim, à Nouakchott

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La police zimbabwéenne a recouru aux tirs de semonce et aux gaz lacrymogènes pour disperser les grévistes qui manifestaient la semaine passée contre la crise économique. Dans des banlieues d’Harare mercredi, des manifestants ont brûlé des pneus et bloqué des rues. A Bulawayo, deuxième ville du pays et bastion de l’opposition, les magasins, les banques et même les tribunaux étaient fermés, tandis que les transports en commun étaient paralysés. La police a eu recours aux gaz lacrymogènes contre des manifestants. Dans le sud-est du pays, à Masvingo, la police a dispersé à coups de tirs de sommation des manifestants qui s’étaient rassemblés près d’une gare routière.

Ce débrayage général, à l’appel de plusieurs syndicats et organisations de la société civile, fait suite à plusieurs jours de manifestations dans tout le pays. Mardi passé, les fonctionnaires avaient entamé une grève pour protester contre le non-paiement de leur salaire. Seuls les membres de sécurité ont été payés. La veille, les chauffeurs de bus protestaient contre la corruption policière. Bilan: 113 arrestations et des blessés mordus par les chiens policiers. Et vendredi, 71 personnes ont été interpellées après avoir bloqué le poste-frontière de Beitbridge, limitrophe de l’Afrique du Sud, pour protester contre l’interdiction de l’importation de certains produits de première nécessité.

Barricade lors des manifestations au Zimbabwe

Barricade lors des manifestations au Zimbabwe

Déclenchées en novembre dans la région de l’Oromia, les manifestations antigouvernementales ont fait plus de 400 morts, selon un rapport publié jeudi 16 juin, par l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, qui dénonce l’usage répété par les forces de sécurité éthiopiennes de tirs à balles réelles. Un plan d’urbanisme controversé d’extension des limites municipales de la capitale Addis-Abeba avait suscité des craintes d’expropriation de fermiers oromos, le plus important groupe ethnique du pays, qui étaient descendus dans la rue (voir notre article). Le rapport fait état de 400 personnes tuées, de dizaines de milliers d’arrestations et évoque des cas de tortures et de viols.

Pour les autorités, le bilan officiel de ces manifestations est de 173 morts, dont 28 policiers et officiels. Si le projet contesté a été abandonné en janvier, cela n’a pas suffi à calmer les manifestants. Le premier ministre s’est excusé en mars devant le Parlement pour n’avoir « pas suffisamment écouté les doléances du peuple », mais a rejeté la responsabilité des violences sur certains manifestants. Début juin, Amnesty international avait aussi publié un rapport dénonçant la répression en Ethiopie, notamment l’usage de la loi anti-terroriste contre des opposants pacifiques (voir ici).

Manifestation après la mort d’un Oromo tué dans le village de Yubdo

Manifestation après la mort d’un Oromo tué dans le village de Yubdo

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Vendredi matin, un chauffeur de camion remorque qui par une fausse manoeuvre avait légèrement heurté le commandant de la place de la ville de Mali, en Guinée, le colonel Issa Camara, a été sérieusement battu à coups de bottes et de crosses par des militaires sur les instructions du colonel. Des citoyens ont accouru pour s’interposer et tenter de sauver la vie du chauffeur. La brutalité sur le jeune conducteur et les coups de feu ont alerté toute la ville. Les populations sont massivement sorties pour protester contre cet abus en demandant le départ du colonel Camara déjà mis en cause dans des affaires de torture. Le colonel a déclaré l’état de siège dans la ville et défié les autorités centrales qui voulaient le déplacer. Des tirs ont été entendus dans toute la ville et les militaires de Camara ont pillé les commerces. Les forces spéciales ont fini par reprendre le contrôle de la ville et neutraliser le colonel.

La population dans les rues de la ville de Mali

La population dans les rues de la ville de Mali

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