Au lendemain de la « casserolade » qui a accueilli Emmanuel Macron lors de sa visite en Alsace, un arrêté de la préfecture de l’Hérault a interdit tout « dispositif sonore portatif » jeudi à Ganges, où le chef de l’Etat français a parlé éducation. Dans un périmètre entourant notamment le collège où Emmanuel Macron se rendait avec ministre de l’Education, l’arrêté du préfet de l’Hérault interdit « l’usage » de tous « dispositifs sonores portatifs ou émanant de véhicules non dûment autorisés ». Aux barrages filtrant les entrées dans la zone de Ganges sécurisée pour l’arrivée du président, des manifestants venus avec des casseroles et des fifres ont été empêchés de passer. « Il faut s’en tenir à l’arrêté. Il s’agit de tout dispositif d’amplification du son. Cela n’a rien d’exceptionnel », a indiqué un porte-parole de la préfecture… Suite au bad buzz et au ridicule, le Ministre de l’intérieur Darmanin a cru devoir annoncer que les casseroles n’étaient pas interdites…

Des affrontements ont de nouveau éclaté à travers la France après qu’Emmanuel Macron ait annoncé à la télévision qu’il n’y aurait « pas de demi-tour » sur la loi sur les retraites. 374 concerts de casseroles avaient été organisés dans toute la France pendant le discours télévisé. La préfecture de police de Marseille s’est distinguée en prenant un arrêté interdisant sous peine d’amende cette manifestation devant la mairie de Marseille… Quelques minutes après que le président a prononcé son discours télévisé, des manifestations ont éclaté à travers le pays. Une foule a défilé dans le quartier de la République à Paris en scandant « Macron démissionne! » et « Macron ne nous écoutera pas ? Nous ne l’écouterons pas ! » tout en allumant des feux et en brisant des vitrines. Il y a eu des scènes similaires autour de l’Hôtel de Ville – l’hôtel de ville de Paris – où une autre manifestation illégale s’est formée. Il y a eu des heurts similaires à Marseille, Toulouse, Rennes et Nantes. À Lyon, lors d’une manifestation sauvage, la mairie du 1er arrondissement a été un  moment occupée et taguée. D’autres manifestants ont incendié la devanture du poste de la police du même arrondissement. Sur le parcours de cette manifestation, des jets de projectiles et des tirs de feux d’artifice ont visé les forces de l’ordre qui ont alors répliqué par des tirs de gaz lacrymogène.

La décision du Conseil constitutionnel, qui a validé l’essentiel de la réforme des retraites, a été accueillie vendredi par des huées sur le parvis de l’Hôtel de Ville à Paris, où plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées. Une manifestation sauvage s’est alors mise en route. Le cortège se dirigeait vers le Conseil constitutionnel, mais il a été stoppé par la police, il s’est alors dirigée en direction de la place de la Bastille. Plusieurs vélos en libre-service et plusieurs poubelles ont été incendiés. À 22 h 30, la préfecture de police avait procédé à 112 arrestations.  D’autres manifestations ont été organisées partout en France ce vendredi soir, notamment à Marseille (ou le trafic ferroviaire a été suspendu  en raison de la présence de manifestants sur les voies), Toulouse, Nantes, Montpellier ou Lille. Une manifestation sauvage a également eu lieu à Grenoble, où des gaz lacrymogènes ont été tirés par la police contre les manifestants. À Strasbourg, quelques centaines de personnes, sont parties après la fin du rassemblement en manifestation sauvage dans les quartiers bordant l’hypercentre et les forces de l’ordre ont là aussi fait usage à plusieurs reprises de gaz lacrymogènes. A Rennes, la porte d’un poste de police du centre de Rennes et celle d’un centre des congrès ont été incendiées lors de la manifestation.

À la veille des décisions attendues du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites, les syndicats français ont organisé une nouvelle journée de mobilisation jeudi sur l’ensemble du territoire. La CGT a dénombré plus d’1,5 million de manifestants à travers le pays, avec des heurts dans plusieurs ville (sur la photo: à Paris). Des grèves ont perturbé à nouveau les secteurs des transports, de l’énergie ou de l’éducation. Des actions « coup de poing » ont été lancées dans la matinée avec le blocage d’axes routiers et ferroviaires dans plusieurs villes, d’un dépôt de camions poubelles à Aubervilliers et de l’incinérateur de déchets d’Ivry-sur-Seine, près de Paris. Des manifestants ont envahi à la mi-journée le siège de LVMH situé 22 avenue Montaigne, dans le VIIIe arrondissement de Paris, qui abrite également un magasin Louis Vuitton. Députés et sénateurs de gauche ont lancé une deuxième demande de référendum d’initiative partagée sur la réforme des retraites, un texte davantage « sécurisé » en termes juridiques que la demande sur laquelle le Conseil constitutionnel doit se prononcer vendredi. La préfecture a interdit toute manifestation dans les environs du conseil constitutionnel.

 

Des heurts ont éclaté jeudi à Paris entre des manifestants et les forces de l’ordre lors de la 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Des blocages de lycées et de sites universitaires s’étaient produits dans la matinée à Lyon, Rennes, Lille et Paris, dont celui de l’université de la Sorbonne. Des actions de blocages aux portes de grandes villes ont par ailleurs provoqué des embouteillages. Plus de 1.300 personnes ont été contrôlées avant la manifestation. Parti de l’esplanade des Invalides en direction de la place l’Italie, le cortège est passé devant La Rotonde, le célèbre restaurant où Macron avait célébré en 2017 sa qualification pour le second tour de la présidentielle. Des manifestants ont lancé des projectiles sur les forces de l’ordre qui s’étaient placées en protection de la brasserie. Un début d’incendie s’est déclaré après le jet d’un fumigène sur le auvent.

MaJ: Il y a eu au final des affrontements à Paris, Lyon, Nantes, Saint-Nazaire, Rennes, Brest, Quimper, Vannes, Toulouse, Strasbourg, Caen, Charleville Mézière, Albertville, Nancy (où l’entrée de la succursale de la Banque de France a été incendié), et Angers. La 12e journée d’action a été fixée le 13 avril.

L’association des Mutilé.e.s pour l’Exemple organise une manifestation dimanche 9 avril dès 14H au départ du métro Jean Jaurès pour dénoncer les violences policières. Dans leur communiqué, ils affirment « Nous avons été amputé.e.s, éborgné.e.s, mutilé.e.s ou blessé.e.s par les Forces de l’Ordre lors de différentes manifestations dans le contexte des Gilets Jaunes. […] Nous sommes à un moment historique où la question des violences policières est plus forte que jamais. Les rapports de force policiers et la violence s’intensifient et se multiplient, il est de notre devoir de s’écouter, de s’organiser et d’agir ensemble pour mettre fin à cette brutalité policière et étatique ! »

Cinq jours après avoir demandé la dissolution des Soulèvements de la Terre (voir notre article), le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, a annoncé vouloir interdire un nouveau groupe: Défense Collective. « Nous avons identifié (ce) mouvement qui appelle au soulèvement. Nous allons aussi lance sa dissolution » a-t-il indiqué. Défense Collective est un collectif de Rennes né au moment les luttes contre la Loi Travail de 2016 et qui pour but de soutenir les personnes confrontées à la répression policière et judiciaire, mais aussi d’agir en amont par son action dans la rue et par l’expérience tirée de la répression. Defco organise des formations antirep, une legal team, et met en ligne des conseils (comment réagir à une garde à vue, etc.). Depuis, des collectifs Defco ont été fondés à Marseille et à Paris, mais il semble que seul le collectif rennois soit dans le collimateur.

Le site de Défense collective

«L’ordure va vous parler demain à 13 heures». Ce message a été posté par une quinquagénaire du Nord de la France sur Facebook avant l’intervention de Macron à la télévision le 22 mars dernier. Pour ce simple message, des policiers ont débarqué chez elle et l’ont emmenée au poste. Placée en grade à vue, elle est convoquée en procès, et encourt jusqu’à 12.000 euros d’amende pour «outrage». Un sous-préfet a porté plainte, des policiers ont enquêté, un procureur a décidé qu’il fallait poursuivre.

Le site Contre-attaque a rencensé quelques épisode de ce retour au crime de « lèse-majesté » en France:
En avril 2022, pour son dernier discours avant les élections, Macron était dans la petite ville de Figeac. Des habitants et habitantes ont déployé une banderole à leur balcon, sur la place où parlait le président : «Quand tout sera privé, on sera privé de tout». Des policiers étaient montés dans l’appartement, avaient menacé de défoncer la porte et d’embarquer les habitants, avant d’arracher la banderole. Ils étaient resté, illégalement, dans le domicile pendant tout le discours.
Durant le confinement, plusieurs personnes ont été intimidées voire placées en garde à vue à Toulouse, Marseille ou Caen pour avoir affiché des banderoles ou des pancartes contre Macron à la fenêtre de leurs domiciles. À chaque fois, le slogan était «Macronavirus, à quand la fin».
Le 27 mars 2023, un enseignant a été placé en garde à vue pour avoir posé sur les rails de la gare de Nice un pantin à l’effigie du président de Macron.
Le 7 avril 2018 à Nantes, lors d’une manifestation, une marionnette en papier et en chiffon à l’effigie de Macron a été jugée symboliquement et pendue. Pendant deux mois, une équipe de la Police Judiciaire de Nantes a enquêté, en récupérant des photos de journalistes et de vidéosurveillance. Un manifestant avait été interpellé à son travail, placé en garde à vue et perquisitionné, un autre, à la santé défaillante, a aussi été placé en cellule, et un mineur a été convoqué au commissariat.

Plusieurs marches et rassemblements ont eu lieu jeudi en France, principalement devant les préfectures pour dénoncer les violences policières le week-end dernier à Sainte-Soline. Au moins 10 préfectures avaient pris des arrêtés afin d’interdire ces manifestations. C’est le cas en Côte-d’Or, à Paris, en Haute-Vienne, dans le Tarn, le Finistère, le Doubs, la Haute-Saône, le Bas-Rhin et la Seine-Maritime. Dans certains départements, plusieurs villes sont concernées par ces interdictions. C’est le cas notamment de Rouen et du Havre en Seine-Maritime.

A Paris, le rassemblement devant l’Hôtel de ville de Paris s’est transformé dans la soirée en manifestation non-déclarée. Un cortège a circulé pendant quelques heures jeudi soir dans le centre de Paris. Du mobilier urbain et de nombreuses poubelles ont notamment été incendiés. Une manifestation sauvage a également eu lieu après le rassemblement devant la préfecture de l’Hérault, à Montpellier. Alors que la préfecture du Rhône avait pris un arrêté interdisant la manifestation, plusieurs milliers de personnes sont rassemblée à Lyon. Un cortège s’est formé et il y a eu des affrontements avec la police (photo). Les bassines ont volé au-dessus des grilles de la sous-préfecture de Lannion (Côtes-d’Armor). À la préfecture de Niort, ce sont des centaines d’éclats de grenades tirées par les forces de l’ordre à Sainte-Soline qui ont été lancés par dessus la grille. Un rassemblement a aussi eu lieu devant l’ambassade de France à Bruxelles.

 

Les familles des deux manifestants grièvement blessés lors de la manifestation de samedi contre les « méga-bassines » porte plainte à son tour pour « tentative de meurtre » et « entrave aux secours ». L’enquête judiciaire sur les conséquences de ces violents affrontements a été transférée mardi du parquet de Niort au parquet de Rennes en raison de sa compétence pour les affaires militaires (les gendarmes sont des militaires). Les investigations ont été confiées à l’IGGN (Inspection générale de la Gendarmerie nationale), ce qui n’est pas pour rassurer… « Quand on prévoit autant de grenades [4000 grenades ont été tirées) tirées, on peut anticiper pour prendre en charge de manière urgente les personnes qui peuvent être atteintes par ce dispositif », a déclaré l’avocate des familles. Un enregistrement a rpouvé que non seulement rien n’avait été prévu pour prendre en charge les blessés, mais que les secours ont même été interdit d’aller les prendre en charge: voir ici

Les parents d’un des blessés ont rendu publique cette déclaration: Notre fils Serge est actuellement hospitalisé avec un « pronostic vital engagé », suite à la blessure occasionnée par une grenade GM2L, lors de la manifestation du 25 mars 2023 organisée à Sainte-Soline (79) contre les projets de bassines irrigantes.
Nous avons porté plainte pour tentative de meurtre, entrave volontaire à l’arrivée des secours ; et pour violation du secret professionnel dans le cadre d’une enquête de police, et détournement d’informations contenues dans un fichier de leur finalité.
Suite aux différents articles parus dans la presse, dont beaucoup sont inexacts ou mensongers, nous tenons à faire savoir que :
– Oui, Serge est fiché « S » – comme des milliers de militants dans la France d’aujourd’hui.
– Oui, Serge a eu des problèmes judiciaires – comme la plupart des gens qui se battent contre l’ordre établi.
– Oui, Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes – comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu’une bonne révolution ne serait pas de trop, et comme les millions de travailleurs en lutte actuellement contre la réforme des retraites en France.
Nous considérons qu’il ne s’agit là nullement d’actes délictueux qui saliraient notre fils, mais que ces actes sont au contraire tout à son honneur.
Les parents de Serge
Le mercredi 29 mars 2023