Le 4 décembre, le tribunal de Versailles a condamné, en comparution immédiate, Amélie H. à 17 mois de prison et à 3 ans de privation de ses droits civiques, civils et de famille pour «violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique». Depuis plusieurs mois, Amélie H. photographiait et filmait des policiers (ou les plaques d’immatriculation de leurs véhicules) aux abords de différents commissariats de la région parisienne. Elle postait ensuite certaines de ces photos sur différents comptes Facebook (tous supprimés depuis), archivant les informations en cas de violences policières. Suite à la diffusion de ces photos, des policiers de Guyancourt et de Versailles se sont fait prescrire des ITT (incapacité totale de travail) de plusieurs jours, ce qui permettra au tribunal de qualifier ces faits en violence sur personne dépositaire de l’autorité publique. Amélie H. a fait appel de sa condamnation, et dénonce que le tribunal n’ait pas pris en compte son témoignage sur l’acharnement des forces de l’ordre et des violences policières à son encontre.

17 mois de prison pour avoir photographié des policiers

Vendredi 13 décembre, le ministre de l’intérieur français, Christophe Castaner, a présenté la cellule Demeter de la gendarmerie nationale, chargée de lutter contre les intrusions dans les exploitations agricoles. Le ministre a également annoncé que l’antispécisme serait un des axes prioritaires du renseignement et que la coordination judiciaire au niveau national serait renforcée dans ce domaine afin d’établir des liens entre des faits non-reliés en apparence, pour ensuite constituer des « associations de malfaiteurs ».

Logo antispéciste

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Un arrêté publié mercredi 18 décembre au Journal officiel va permettre, voire contraindre (selon les pressions des employeurs) les chauffeurs de bus à ne plus respecter les durées de temps de repos et de conduite. Cet arrêté s’appuie sur le caractère « urgent » de la situation et autorise le dépassement de la durée maximale de conduite journalière dans la limite de deux heures, et le dépassement de la durée maximale de conduite hebdomadaire dans la limite de six heures. Il devrait normalement s’arrêter après le 24 décembre. Selon l’arrêté, le gouvernement a pris cette décision « considérant qu’un mouvement social national perturbe les conditions de circulation sur le réseau routier national dans son ensemble et que ce mouvement engendre de fréquents ralentissements ». Cette « situation, qui constitue un cas d’urgence (…), justifie la mise en œuvre d’une dérogation temporaire aux règles en matière de temps de conduite et de repos ». Deux opérateurs contrôlent aujourd’hui le marché des autocars interurbains, l’Allemand Flixbus et BlaBlaBus, émanation de BlaBlaCar. La seule logique de ce décret est de casser la grève à la SNCF, la RATP, mais aussi dans les centaines d’entreprises de transports par bus. Le gouvernement prend volontairement le risque de provoquer des accidents de transports en commun suite à l’extrême fatigue imposée aux conducteurs.

La grève des chauffeurs de bus en France

Lire l’arrêté

Gaël Quirante, dirigeant syndical de Sud PTT 92, passait en procès mercredi 18 décembre suite à des plaintes de cadres de La Poste pour des faits de « violence » (voir notre article). Accompagné de plus de 300 manifestants et de nombreuses personnalités devant les portes du tribunal de Nanterre, Gaël a finalement été condamné à 3 mois de prison avec sursis (et une mise à l’épreuve de 5 ans) ainsi qu’à 269€ d’amende à La Poste, 1000€ d’amende pour préjudice moral d’une cadre et 700€ d’amende de préjudice moral pour une autre cadre. Le leader syndical a annoncé à la sortie du tribunal qu’il a immédiatement interjeté appel et que son syndicat continuera à se battre sur tous les terrains, judiciaires comme dans la rue ou l’entreprise.

La manifestation de soutien se rendant au tribunal.

Gaël Quirante, dirigeant syndical de Sud PTT 92, passe deux fois en correctionnelle le 18 décembre prochain à Nanterre suite à des accusations de cadres de La Poste de « violence » et « vol avec violence ». Ce nouveau procès s’inscrit dans la politique d’acharnement répressif de la direction de l’entreprise contre les dirigeants syndicaux combatifs (voir notre article). Gaël Quirante risque 5 ans de prison et 75 000 euros d’amendes dans chacun de ses procès. Un rassemblement de soutien pour exiger sa relaxe est organisé mercredi 18 décembre devant la Préfecture des Hautes-Seines à Nanterre dès 08H.

Jeudi 12 décembre, Roland Veuillet, un Gilet Jaune de Nîmes, est passé devant le tribunal correctionnel après une garde à vue au commissariat pour « acte d’intimidation envers un policier ». Le militant comparaissait dans le cadre d’un procès où l’ensemble des faits qui lui étaient reprochés avaient été rassemblés pour une même audience. Il devait ainsi être jugé pour « acte d’intimidation », « participation à un attroupement après sommation de se disperser », « entrave à la circulation des véhicules », « rébellion », « dénonciation calomnieuse » et « outrage » ; le tout pour une période allant de décembre 2018 à décembre 2019.

Dès son arrivée dans le box des détenus, Roland Veuillet a revendiqué son statut de prisonnier politique et affirmé n’avoir « rien à faire face au tribunal correctionnel ». Son avocate a quant-à-elle demandé à ce que Roland Veuillet sorte du box des détenus et puisse être jugé à la barre. Le président du tribunal a cependant décidé de le laisser derrière les vitres du box encadré par des policiers. Face à cette décision, Roland Veuillet a refusé de répondre au tribunal puis s’est couché dans le box face à des policiers médusés et des juges décontenancés. Cette réaction a provoqué plusieurs réactions de la part des nombreux soutiens issus du monde syndical et de l’univers des Gilets jaunes présents dans la salle. Le président a alors ordonné l’évacuation des soutiens qui, mécontent du huis clos qui s’annonçait, ont demandé au prisonnier s’ils et elles devaient obtempérer. Roland Veuillet a répondu de rester dans la salle et de se coucher également. Les soutiens ont cependant dû quitter la salle d’audience sous la pression des policiers.

Roland Veuillet s’est ensuite relevé mais a décidé de tourner le dos au tribunal. Le président a exigé qu’il arrête de tourner le dos sous peine d’être évacué dans la cellule. Lorsque son éviction du box fut ordonnée, Roland Veuillet a choisi de se recoucher. Les policiers sont cependant parvenus à l’extraire du box. Finalement les juges, à la demande du vice-procureur, ont décidé le placement en détention du militant en attente de son procès le 9 janvier 2020. Des renforts de policiers sont venus s’assurer qu’aucun débordement ne perturbe l’annonce de l’incarcération de Roland Veuillet. Celui-ci a annoncé qu’il entamait une grève de la faim et de la soif.

Roland Veuillet

Roland Veuillet

En France, le mouvement contre la réforme des retraites bat son plein depuis le 5 décembre dernier. Pour qu’il dure, l’argent est le nerf de la guerre. Le Secours Rouge Toulouse appelle à organiser la solidarité financière avec les secteurs avancés de la mobilisation. Une liste (non exhaustive) de caisses de grève :

Mercredi 11 décembre, lors d’une action de soutien au dépôt RATP d’Aubervilliers dans la banlieue Nord de Paris, un enseignant de Seine-Saint-Denis avait interpellé. Ce matin là une cinquantaine de soutiens étaient venus renforcer le piquets de grève des agents RATP. L’objectif était d’empêcher les bus de sortir du dépôt. La garde à vue de cet enseignant solidaire a été prolongée et il sera renvoyé devant un tribunal. Cela s’inscrit dans la suite des actes de répression observés pour débloquer les piquets de grèves. A Ivry, à Pavillon-sous-Bois, et à Malakoff, la police est intervenue de façon violente pour déloger le piquet de blocage.

Intervention de la police au dépôt d'Ivry

 

 

Nous relayons ici le communiqué de fondation du Secours Rouge Toulouse. Ce groupe est actuellement candidat à l’adhésion au Secours Rouge International  mais nous entretenons d’ores et déjà des relations de travail privilégiée avec lui en tant que Secours Rouge Bruxelles/Belgique.

Le Secours Rouge Toulouse se donne comme objectif d’organiser les militant·e·s communistes, anarchistes et d’autres courants révolutionnaires autour des axes développés ici. Nous entendons développer la solidarité révolutionnaire face à toutes les formes de répression des luttes émancipatrices (anticapitalistes, antiracistes, antipatriarcales, anti-impérialistes anti-LGBTIphobes…).
Nos activités se mèneront sur 4 fronts :

  • la participation à la construction d’un front révolutionnaire face à l’Etat bourgeois et ses institutions dans la reconnaissance et le respect des divergences idéologiques et politiques de chacun·e.
  • le soutien aux militant·e·s progressistes et révolutionnaires face à la répression.
  • le soutien aux grèves et mobilisations ouvrières et populaires.
  • le soutien et la promotion des luttes révolutionnaires dans le monde.

Retrouvez le Secours Rouge Toulouse sur Facebook, Instagram, Twitter, e-mail et via le tag « Secours Rouge Toulouse » sur ce site.

 

Hier mardi, pour la deuxième journée de mobilisation interprofessionnelle à l’appel de la CGT, FO, FSU, Solidaires et plusieurs organisations de jeunesse, des dizaines de milliers de personnes (180.000 selon les syndicats) ont manifesté en France. Des incidents ont opposés manifestants et policiers à Bordeaux, Rennes, Lyon, Lille et Nantes. Les lycéens commencent aussi à se moobiliser. Devant les lycées d’Aulnay-sous-Bois, des échauffourées ont éclaté entre plusieurs élèves de seconde et les forces de l’ordre, police municipale comprise. En fin de matinée, neuf jeunes ont été interpellés pour « dégradations de biens publics » et « participation à un attroupement en vue de trouble à l’ordre public ». Ils ont été placés en garde à vue. Devant le lycée professionnel Alexandre Dumas à Cavaillon, le feu a été mis à deux containers et les policiers ont été caillassés (ils ont interpellé deux mineurs). Quatre manifestants ont été arrêtés ce mardi matin lors de troubles à l’ordre public survenus en marge d’une tentative de blocage du lycée professionnel Saint-Exupéry à Halluin. Un millier de lycéens et étudiants se sont mobilisés dans les rues de Lille, contre la précarité étudiante, la réforme du bac, mais aussi contre celle des retraites. Des incidents ont éclaté avec les forces de l’ordre.

Lacrymùogènes contre étudiants à Lille