Les gilets jaunes sont de nouveau descendus dans les rues pour la 32e semaine, et le nombre des manifestants (25.000) était supérieur aux précédents samedis. Des affrontements ont eu lieu à Charleville-Mézières, quand les CRS ont attaqué la manifestation aux abords du pont SNCF qui traverse la ville. Les CRS ont lancé des bombes lacrymogènes type GLI et ont chargé en même temps, matraquant les manifestants. 15 personnes ont été placées en garde à vue. A Marseille, la police faisait état de 12 interpellations, dont quatre pour des jets de projectiles, et huit de personnes ayant le visage masqué et casquées. Une personne a été placée en garde à vue lors des manifestations de Nimes. La gendarmerie a arrêté six personnes, notamment pour « entrave à la circulation », à Frouar (Meurthe-et-Moselle).

À Senlis dans l’Oise, une action «barrière levée» a été organisée au péage de Chamant toute la journée. Alors que les manifestants occupaient les lieux pacifiquement, la situation s’est rapidement tendue à l’arrivée du préfet. Les manifestants étaient environ 400, venus de l’Oise, du Nord et d’Ile-de-France. Ils ont conspué le préfet qui a du rapidement quitter les lieux, escorté par une poignée de gendarmes et sous les hués. Le sous-préfet a tenté une nouvelle fois de revenir vers 18h et cela a donné lieu à des bousculades. En toute fin de journée, les manifestants seront évacués par les CRS qui blesseront légèrement deux gilets jaunes.

L'intervention des CRS à Charleville-Mézières

L’intervention des CRS à Charleville-Mézières

Hayrettin Demir, qui vit en France depuis 20 ans avec un titre de séjour, a été arrêté lors d’une descente à son domicile à Marseille mardi dernier, suite à une demande d’extradition vers la Turquie. Il a comparu devant un juge, et aurait été libéré par la suite, sous contrôle judiciaire et avec assignation à résidence. Demir encourt en Turquie une peine de plus de 30 ans de prison en raison de ses activités militantes en faveur de la cause kurde.

Cette arrestation a lieu dans un contexte de répression croissante contre les Kurdes en France. Des dirigeants et membres du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) ont notamment fait l’objet de mesures administratives de gel de fonds, dans le cadre de la législation dite de ‘lutte contre le financement du terrorisme’.

police nationale france

police nationale france

L ‘acte 31 des Gilets Jaunes a rassemblé 7 000 manifestants selon le ministère de l’intérieur et 20 400 selon les Gilets Jaunes . À Toulouse, capitale de l’acte 31, plus d’un millier de personnes se sont rassemblées dans le centre. Très rapidement, les forces de l’ordre ont chargés la manifestation y arrachant les banderoles et matraquant les manifestants en tête du cortège. Le cortège s’est dispersé et des groupes de manifestants ont été poursuivi par les forces de l’ordre qui ont utilisé massivement le canon à eau et les gaz lacrymogènes. Dix-sept personnes ont été interpellées et placées en garde à vue et deux manifestants ont été blessés.

A Paris, un millier de « gilets jaunes » ont défilé dans l’est de la capitale. Des heurts ont eu lieu à l’arrivée, près de la porte de Champerret où les forces de l’ordre ont repoussé les manifestant avec des gaz lacrymogènes et des tirs de grenades GLI-F4. Des manifestions se sont tenues dans d’autres villes françaises dont Bordeaux, Marseille, Montpellier, Lille…

Acte 31 des Gilets Jaunes, Toulouse

Acte 31 des Gilets Jaunes, Toulouse

Ce samedi matin, vers 10h, un agent de sécurité de l’hôtel appelle la police alors que les femmes de chambre, en grève depuis 2 mois pour demander un 13e mois et de meilleures conditions de travail, tiennent leur piquet de grève devant l’hôtel NH Collection (du groupe Elior) à Marseille. Un premier véhicule de police arrive, le ton monte, jusqu’à une première algarade… Les policiers gazent les membres du piquet et arrêtent quatre personnes: deux femmes de chambre, et deux membres du syndicat CNT-SO, Walter et Camille. Camille – visiblement – enceinte de six mois, a été fermement menottée et s’est retrouvée au sol lors de son arrestation, malgré son état. Elle a été transférée à l’hôpital de la Conception pour un examen.

C’est la deuxième fois que la juriste du CNT-SO subit une arrestation dans le cadre de ce mouvement. La première date du 25 mai dernier, lorsque les forces de police ont tenté de déloger le piquet de grève. Cette deuxième intervention musclée intervient au lendemain d’une « négociation » avec la direction par l’intermédiaire de l’inspection du travail. Plusieurs manifestants, y compris des syndicalistes de la CGT et des Gilets jaunes, se sont rassemblés en protestation devant le commissariat de Noailles. Les 4 personnes ont été libérées, ce dimanche à 11h. Il semblerait qu’aucune charge n’ait été retenue contre eux.

Le rassemblement solidaire devant le commissariat de Noailles

Le rassemblement solidaire devant le commissariat de Noailles

Mardi 11 juin, des dizaines de personnes qui fait un don sur la cagnotte Leetchi pour soutenir Christophe Dettinger ont été convoqués par la police. Cette cagnotte, lancée après l’arrestation de l’ex-boxeur dans le cadre d’une manifestation des Gilets Jaunes, avait permis de récolter 130.000 euros. Au bout de quelques jours cette cagnotte avait été suspendue par la plateforme Leetchi sur demande du gouvernement. Il semble ici que cette plateforme ait communiqué aux autorités les noms de donateurs et des donatrices à la cagnotte.

Rappelons que Leetchi collabore avec les autorités et bloque régulièrement l’argent récoltés pour les cagnottes de solidarité avec les militant·e·s (voir notre article). Évitez Leetchi ! Ces convocations interviennent à huit jours de la décision concernant l’attribution ou non de cette cagnotte à Christophe Dettinger.

La leçon de boxe de la passerelle Sengor

La leçon de boxe de la passerelle Sengor

Samedi 8 juin, la mobilisation des Gilets Jaunes a rassemblé près de 10.500 manifestants selon la police, plus de 19.500 selon les Gilets Jaunes. La plus grosse mobilisation s’est tenue à Montpellier, où des heurts ont éclaté avec les forces de l’ordre, qui ont usé massivement des gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants. Selon la préfecture, la journée s’est soldée par une dizaine de blessés légers parmi les manifestants et les forces de l’ordre ainsi que seize interpellations.

En banlieue parisienne, un millier de personnes ont participé à la manifestation « Les gilets jaunes en banlieue, Acte I », partie de Saint-Denis à Bobigny. La marche s’ouvrait avec une banderole « ni oubli ni pardon 2005-2019 » en référence à la date de la mort de Zyed et Bouna, décédés dans un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois en 2005 alors qu’ils fuyaient la police. Des échauffourées ont éclaté à Drancy et à l’approche de la préfecture à Bobigny.

Affrontements à Montpellier lors de l'Acte 30 des Gilets Jaunes

Mardi 4 juin, un militant de l’organisation indépendantiste et socialiste occitane Libertat a été victime d’un enlèvement policier pendant 3 jours. Les policiers sont arrivés chez lui au matin, alors qu’il y était seul et l’ont emmené au commissariat de Pau puis à celui de Tarba, où il fut gardé à vue en incommunication totale, sans même pouvoir appeler un·e avocat·e ou un·e proche. Après trois jours à dormir par terre et sans presque pouvoir manger, eu lieu son procès pour l’attaque de la loge maçonnique de Tarbes pourtant condamnée par Libertat elle-même dans un communiqué.

Au cours d’un procès sans la présence d’un·e avocat·e, le procureur a demandé 2 000 € d’amende et 2 ans d’interdiction de participer à une manifestation. Finalement, il a été condamné par le tribunal français à 140 heures de Travail d’Intérêt Général et 6 mois sans pouvoir manifester.

Plus d’infos ici

Logo de l'organisation Libertat

Logo de l’organisation Libertat

Quatre syndicalistes de la CGT, poursuivis pour «violences en réunion» à l’encontre du député Rassemblement national (RN) du Nord Sébastien Chenu, ont été relaxés ce mercredi par le tribunal correctionnel de Valenciennes. Fabrice, Nicolas, Roland et Yohan étaient accusés d’avoir violemment exclu l’élu RN d’une manifestation organisée en mars 2018 à Valenciennes par la CGT Métallurgie. Dès le début de ce rassemblement, visant à protester contre ontre la fermeture de la tuberie de Saint-Saulve, en banlieue de Valenciennes. Sébastien Chenu avait été fermement prié de partir, bousculé et s’était retranché dans une agence de voyages. Une dizaine de policiers étaient intervenus pour le protéger. Chenu a 10 jours pour faire appel.

Chenu protégé par les policiers après son expuslion de la manfiestation

Chenu protégé par les policiers après son expuslion de la manfiestation

Le 28 mai, la cour d’appel de Toulouse a pris la décision de maintenir en détention préventive un gilet jaune d’origine suisse. Arrêté en marge d’une mobilisation en février dernier à Toulouse alors qu’il ne participait pas aux manifestations, il lui est reproché d’avoir déclaré une fausse identité lors d’un contrôle. Il a par la suite refusé de se soumettre au prélèvement ADN. La justice lui reproche aussi le fait d’avoir été en possession d’une clef passe partout. L’avocat général a appuyé le maintient en détention de l’accusé par sa vraisemblable appartenance à « l’ultragauche » suite au matériel trouvé (tract, affiches, brochures, banderoles, … ) lors des perquisitions à son domicile. Le risque de fuite en cas de libération conditionnelle a aussi été évoqué.

Manifestation de gilets jaune à Toulouse

Manifestation de gilets jaune à Toulouse

Mardi 4 juin, 20 personnes passaient au tribunal correctionnel de Rennes pour « association de malfaiteurs ». Elles étaient accusées d’avoir participé à une opération transports gratuits dans différentes stations de métros de Rennes à l’occasion du mouvement contre la « Loi Travail » en 2016 (voir notre article). Un rassemblement de soutien était organisé devant la cité judiciaire pendant l’audience.

Ainsi le 19 mai 2016 à 6h00 du matin, les militant·e·s s’étaient introduits dans plusieurs bouches du métro rennais pour y saboter des bornes d’accès. Grâce à des clefs, iels ont ouvert les boîtiers et débranché les fils, ou ont utilisé de la mousse expansive. Le même jour, la police arrêtait 20 personnes dans le cadre de cette affaire. Notons qu’avant même leur arrestation, une note des renseignements les désignait comme « un groupe paramilitaire », « une mouvance d’ultra-gauche » prête à passer à l’action « lors de réunions conspiratrices ». Les militant·e·s contestent cette qualification mais ont refusé de communiquer sur leurs personnalités ou leurs vies actuelles et ce afin de ne pas être jugé selon leurs profil social.

À l’issue du procès, 19 personnes ont été déclarés coupables de dégradation ou tentative de dégradation ainsi que d’association de malfaiteur. Ils ont été condamné·e·s à 4 mois de prison avec sursis et de 150 et 300 euros d’amende. Seul un prévenu a écopé d’un mois de prison avec sursis, car il a été reconnu comme n’ayant pas participé directement aux actions.

Rassemblement de soutien aux inculpé·e·s de l'opération transports gratuits à Rennes

Rassemblement de soutien aux inculpé·e·s de l’opération transports gratuits à Rennes