La répression de la contestation a fait, selon des ONG, quelque 600 morts à travers la Syrie, en majorité à Deraa (sud), où est né le mouvement mi-mars, alors que le nombre de personnes détenues ou disparues pourrait dépasser les 8.000. Sur le terrain, l’armée a commencé jeudi à se retirer de la ville de Deraa, place forte de la contestation, située à une centaine de km au sud de Damas. Mais elle a poursuivi sa campagne d’arrestations avec les forces de sécurité notamment à Saqba, près de Damas, où 300 personnes auraient été arrêtées.

Par ailleurs, des dizaines de chars et blindés et d’importants renforts de troupes se sont massés jeudi à Sahm Al-Bahar, à 10 km au sud de Banias (nord-ouest), ville encerclée par l’armée depuis plus d’une semaine (photo). Il semble qu’ils s’apprêtent à attaquer la ville comme ils l’ont fait à Deraa. À Alep, deuxième ville de Syrie, des partisans du régime ont dispersé par la force un sit-in d’étudiants, selon des militants. Les étudiants, qui se trouvaient dans la faculté de la ville, demandaient la libération de leurs collègues arrêtés récemment.

l'armée syrienne contre le mouvement populaire

l’armée syrienne contre le mouvement populaire

Ce vendredi, quelques 200 Tunisiens s’étaient rassemblés dans le coeur de Tunis pour réclamer la démission du gouvernement transitoire et une nouvelle révolution. Après avoir scandé différents slogans durant une vingtaine de minutes devant un important cordon policier, les forces de l’ordre ont chargé la foule en tirant massivement des gaz lacrymogènes. La majorité des effectifs policiers était cagoulée. Plusieurs manifestants ont été frappés à coups de matraques et de bâtons et l’un d’entre eux est décédé des suites de ses blessures.

Le 3 mai, le tribunal en audience à la prison de Beersheba a pris la décision de prolonger la détention en isolement du dirigeant palestinien Ahmad Sa’adat. Le secrétaire général du FPLP subi ce régime depuis le 19 mars 2009, soit plus de deux ans. Et mardi, le tribunal l’a reconduit jusqu’au 3 novembre prochain. Sa’adat a refusé d’assister à l’audience, la qualifiant de manifestation illégale d’une occupation et d’un enlèvement illégitime, affirmant qu’il refusait de légitimer ce qui est clairement une parodie de justice. Ce prolongement de l’isolement du prisonnier intervient alors que les prisonniers palestiniens ont déclenché une série de grèves de la faim sporadiques pour protester contre les conditions de détention de Sa’adat, ainsi que pour exiger leur libération à tous.

Ce mercredi à Sanaa, les troupes yéménites et des policiers en civil ont ouvert le feu sur des manifestants qui tentaient de rejoindre une zone au-delà du district urbain où ils campent depuis plusieurs semaines. Au lendemain de l’accord passé entre le gouvernement et l’opposition, les manifestants souhaitaient dénoncer l’immunité accordée au président en vertu de cet accord. Au moins douze d’entre eux ont été tués par les tirs des forces de l’ordre et plusieurs dizaines d’entre eux ont été blessés, par balles ou à coups de poignards. Depuis le début du mouvement au Yemen au mois de janvier, plus de 130 personnes ont été tuées par les forces de sécurité et les partisans du président.

Manifestation à Sanaa

Manifestation à Sanaa

Ce dimanche, des manifestations se sont déroulées dans plusieurs villes du Maroc afin de réclamer des changements politiques et sociaux dans le pays. Samedi après-midi, à Casablanca, plusieurs jeunes du Mouvement 20 février ont effectué une distribution de tracts, notamment aux alentours du stade de la ville où se déroulait un match de football. Cinq d’entre eux ont rapidement été interpellés par les forces de l’ordre. Après une heure de détention, ils ont tous été relâchés.

Dans la nuit de dimanche à lundi, des centaines de membres des services de sécurité et des milliers de membres des troupes syriennes ont été dépêchés à Deraa, à 100 kilomètres au sud de Damas. Avant l’aube, ces hommes appuyés par des blindés et des chars sont entrés dans la ville, la soumettant à un pillonage intensif à l’artillerie lourde et aux mitrailleuse. Des snipers se sont également postés sur les toits et des chars bloquaient l’entrée dans la ville. Au moins 25 personnes seraient décédées suite à cette démonstration de force des autorités durant la seule journée d’hier. Depuis le 15 mars et le début du mouvement de protestation en Syrie, 390 personnes sont mortes selon un bilan dressé par des militants locaux.

Char des autorités à Deraa

Char des autorités à Deraa

Après la sanglante journée d’hier qui aurait fait au total plus de cent morts, des dizaines de milliers de Syriens ont participé ce samedi aux funérailles des victimes des manifestations de la veille. Malgré le caractère de recueillement des rassemblements d’aujourd’hui, les forces de sécurité ont une nouvelle fois tiré à balles réelles sur la foule. A Douma, cinq personnes ont été tuées par des tireurs embusqués postés dans les immeubles au passage du cortège funèbre. Dans la région de Deraa, cinq autres personnes ont été tuées par des policiers qui ont tiré sur les habitants qui se rendaient à Ezreh pour assister aux funérailles. Une dernière personne a été tuée à Damas. A noter également que plusieurs dizaines de personnes blessées hier et aujourd’hui par les tirs des forces de sécurité se trouvent toujours dans un état critique.

Ce vendredi est l’une des journées les plus sanglantes en Syrie depuis le début du mouvement de contestation contre le régime, il y a un peu plus d’un mois. La levée jeudi de l’état d’urgence qui était en vigueur depuis 48 ans n’a pas comblé les attentes des manifestants. Outre la libération des prisonniers politiques, ils réclament aussi des réformes démocratiques De très importantes mobilisations ont eu lieu dans tout le pays ce vendredi. Elles ont été durement réprimées. Dans certaines villes, la police n’a pas hésité à tirer sur les manifestants. Il est question de 70 manifestants tués.

Hier, le gouvernement syrien a officiellement levé l’état d’urgence en vigueur depuis cinquante ans, répondant ainsi à l’une des principales exigences des milliers de manifestants. La Cour de sûreté de l’Etat, chargé de juger les prisonniers politiques, a également été abolie, et le gouvernement a approuvé une loi autorisant les manifestations pacifiques.

A Homs, au nord de Damas, les jeunes de la ville avaient décidé de tenir un sit-in sur une place rebaptisée, place Tahrir (de la libération). Mais en pleine nuit de lundi à mardi, ils ont été délogés par les forces de sécurité qui ont tiré à balles réelles. Au moins quatre personnes ont été tuées.

Trois Yéménites manifestant contre le régime du président Ali Abdallah Saleh ont été tués mardi avant une rencontre de représentants du pouvoir avec des médiateurs du Golfe et une réunion du Conseil de sécurité sur la crise politique dans ce pays. La police est intervenue en début de soirée pour empêcher par la force une marche dans l’ouest de la capitale mais a été obligée de battre en retraite.

Dans la matinée, une personne a été tuée et plusieurs blessées par les forces de sécurité qui ont tiré sur des milliers de manifestants hostiles au régime à Taëz (sud-ouest). Des hommes armés en civils ont été vus en train de tirer en l’air ou en direction des manifestants qui les accusent d’être des hommes de main du régime du président Saleh. Des milliers de manifestants ont assiégé en soirée les bureaux de la Brigade criminelle à Taëz pour protester contre la mort du manifestant tué dans la matinée, et exiger la libération de personnes arrêtées dans la foulée de cet incident meurtrier. D’autres manifestations ont eu lieu à Ibb, Aden, Chabwa, dans le sud et le sud-est ainsi qu’à Hodeïda (ouest), Damar (centre) et Saada, dans le nord.