Un rassemblement s’est tenu hier à 16h devant le ministère des affaires étrangères, rue des petites Carmes à Bruxelles pour condamner le blocus qu’Israël impose tant dans la bande de Gaza qu’en Cisjordanie et pour soutenir les militants belges partis en Palestine et emprisonnés à leur arrivée par les services de sécurité israéliens. Un autre rassemblement a eu lieu samedi midi devant le domicile privé du ministre des Affaires étrangères, Steven Vanackere, à Neder-over-Hembeek. Le ministre était absent lors de l’action.

38 Belges, militants pro-palestiniens sont actuellement détenus en Israël (sur 124 au total). Comme d’autres manifestants, ils voulaient se rendre en Cisjordanie mais Israël leur refuse l’accès au territoire sans motiver, pour le moment, leur enfermement. Deux militants qui ne contestent pas cette interdiction d’entrer sur le territoire israélien devaient rentrer en Belgique cette nuit. Il reste donc 38 Belges retenus en Israël. Ils sont dans deux centres de détention, l’un à Tel-Aviv, l’autre à Beer-Sheva. Parmi eux, il y a cinq jeunes filles mineures. L’ambassade belge à Tel-Aviv a pu rencontrer les détenus belges. Les services diplomatiques rapportent qu’ils sont « correctement traités ».

La porte-parole des services d’immigration d’Israël a déclaré que les manifestants « seront expulsés dès qu’il y aura des places et des vols disponibles à cet effet. Aujourd’hui, jour de shabbat, il n’y a pas beaucoup de vols et le processus d’expulsion risque de se prolonger quelque peu », a-t-elle ajouté. Israël considère qu’ils ne se trouvent pas légalement sur son territoire, bien qu’ils aient été transférés dans des prisons israéliennes faute de place au centre de rétention de l’aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv.

Les services de sécurité israéliens ont fait pression sur les compagnies aériennes pour qu’ils refusent l’embarquement des passagers appartenant à la campagne « Bienvenue en Palestine », qui répondaient à l’appel d’une quinzaine d’organisations palestiniennes à les rejoindre pour dénoncer le blocus imposé par Israël sur le territoire palestinien. Plus de 500 personnes étaient attendues à Tel-Aviv ce vendredi. La liste dressée par les services secrets israéliens comporte plus de 300 noms de personnes indésirables à Israël. Une soixantaine de personnes environ devait embarquer de l’aéroport de Bruxelles sur un vol SwissAir, trois d’entre elles (des français) ont été refoulées.

Hier, à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, la compagnie hongroise MALEV a refusé d’embarquer trente passagers de « Bienvenue en Palestine ». Des policiers français ont déclarés avoir reçu des ordres de ne pas enregistrer les plaintes pour ces agissements illégaux.

Dès 05H00 une cinquantaine de voyageurs se voyant refuser l’enregistrement sur un vol Lufthansa ont occupé les comptoirs de la compagnie. Une heure plus tard, d’autres voyageurs également refusés sur un vol Alitalia, manifestaient. Quelques voyageurs inscrits sur la liste de « personnes indésirables » avaient toutefois réussi à se faire enregistrer sur le vol Alitalia mais ont été interdits de monter à bord. Ils manifestaient en zone sous douane. Les voyageurs « indésirables » réclament aux compagnies un document nominatif stipulant cette interdiction de vol.

A Genève, toutes les opérations d’embarquement étaient interrompues vendredi matin à l’aéroport, suite au refus d’Easyjet d’embarquer une soixantaine de participants. La direction locale d’Easyjet a tenté de parquer les personnes, dont de nombreux enfants, et se refusait à délivrer la moindre attestation écrite aux passagers. Il en est résulté une certaine pagaille. La direction de l’aéroport a fermé progressivement les guichets, pour finir par les fermer tous vers 6h15 du matin. Durant la nuit Israël a refoulé vers les Etats-Unis, deux militantes américaines venues par avion dès leur arrivée.

Lundi, au Caire, un tribunal a libéré sous caution sept policiers accusés d’avoir tué des manifestants à Suez (nord-est) lors de la révolte de janvier et février. Le procès de ces policiers jugés pour la mort de 17 manifestants a été renvoyé au 14 septembre. Sept autres policiers sensés comparaître dans la même affaire sont actuellement en fuite et doivent être jugés par contumace. Des membres des familles de victimes ont tenté de prendre d’assaut la salle d’audience du Caire où le procès se tenait, et ont momentanément bloqué l’autoroute entre le Caire et Suez.

La répression se poursuivait dimanche 3 juillet, après les manifestations les plus importantes depuis le début de la contestation, il y a quatre mois. Vendredi, ils étaient un demi-million à réclamer le départ du président Bachar Al Assad à Damas, Homs, Hama, Idleb et dans de nombreuses autres villes du pays lors de « la plus grande manifestation anti-régime » depuis le début de la contestation le 15 mars. L’armée a intensifié dimanche 3 juillet sa répression dans le nord-ouest du pays, procédant à de nouvelles arrestations et déployant des troupes dans le centre de la ville de Hama, un des noyaux de la contestation.

Comme tous les vendredis depuis de nombreuses semaines, les militants pour la démocratie avaient appelé à une journée de manifestation dans toutes les villes majeures de Syrie. Comme tous les vendredis, des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour exiger la chute du régime en place. D’après les militants sur place, la mobilisation d’hier est la plus importante depuis le début du mouvement de contestation. Ils étaient entre autres 500.000 à Hama et 100.000 à Homs. Et comme tous les vendredis, les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles pour disperser les foules. Un premier bilan fait état de onze morts et d’au moins douze blessés parmi les manifestants. En outre, la police a à nouveau procédé à un grand nombre d’arrestations.

Plus de 1000 personnes ont été blessées, mercredi, dans la capitale égyptienne, où les forces de sécurité ont affronté des milliers de manifestants pour une deuxième journée consécutive. Les manifestants exigent que les dirigeants militaires de l’Égypte accélèrent les procédures judiciaires contre les membres des forces de sécurité accusés d’avoir commis des actes de brutalité pendant le soulèvement populaire qui a forcé le président Hosni Moubarak à démissionner.

Des policiers antiémeute ont tiré des gaz lacrymogènes contre les manifestants qui lançaient des pierres et des cocktails Molotov. L’affrontement a laissé les rues jonchées de débris, tandis qu’un épais nuage de fumée blanche recouvrait le secteur. En fin d’après-midi, des militaires, appuyés par des véhicules blindés, ont pris la relève des policiers antiémeute qui protégeaient le ministère de l’Intérieur.

Emeute en Egypte
Emeute en Egypte

Les forces de l’ordre ont ouvert le feu vendredi pour disperser plusieurs manifestations à travers la Syrie. A Kessoua, près de Damas, la manifestation est partie après la prière hebdomadaire: les manifestants ont défilé quelques minutes, avant que les forces de sécurité ouvrent le feu pour les disperser, tuant cinq personnes et en blessant six. Les forces de police ont également ouvert le feu sur des rassemblements dans différents quartiers de Homs (centre), faisant trois morts et une vingtaine de blessés. A Damas, cinq personnes ont par ailleurs été tuées et 25 blessées dans le quartier de Barzeh. Les forces de sécurité ont dispersé une manifestation appelant à la chute du régime, faisant d?abord usage de gaz lacrymogène, avant de tirer. Les forces de sécurité menaient dans la soirée des perquisitions maison par maison, procédant à des dizaines d’arrestations Un couvre-feu a été décrété.

Ce vendredi, les forces syriennes ont à nouveau fait usage de la force pour disperser plusieurs manifestations à Banias (ouest), à Homs (centre), à Deraa (sud) et à Jableh (ouest). A Banias, les militaires ont tiré de manière intensive sur la foule, allant jusqu’à pourchasser les manifestants dans les ruelles pour les disperser. Il y a eu de nombreuses victimes mais aucun bilan n’a encore pu être communiqué. Toute la journée dans ce quatre villes, les manifestants ont scandé des slogans hostiles au régime et solidaires des villes assiégées.

Répression à Banias
Répression à Banias

Les autorités du Bahreïn ont assigné 47 docteurs et infirmières devant un tribunal sécuritaire, en les accusant d’avoir tenté de renverser le gouvernement malgré leurs affirmations selon lesquelles ils n’avaient fait que soigner des manifestants pro-démocratie. Les avocats des docteurs se sont plaints de ne pas avoir pu parler à leurs clients et le juge leur a répondu qu’ils pourraient le faire après la séance. Ils ont déjà passé plus de 60 jours en prison et leur procès a été reporté au 13 juin.

Des membres des familles des travailleurs de la santé qui ont été autorisés à leur parler pendant 10 minutes après la lecture de leur acte d’accusation ont témoigné que les accusés leur ont dit avoir été psychologiquement et physiquement torturés pendant leur détention au Directoire d’Investigation Criminelle (DIC) d’Adiya. Les docteurs et infirmières leur ont raconté qu’ils avaient été battus avec des tuyaux et des planches à clous et forcés de manger des selles. Ils ont aussi été obligés de rester debout sans bouger pendant de longues heures et même des jours entiers et privés de sommeil pour qu’ils signent de fausses confessions.

En mars, le gouvernement par intérim a approuvé un décret-loi criminalisant les protestations, grèves et sit-in troublant l’activité économique. La loi prévoit de graves sanctions à ceux qui appellent ou incitent à des sit-in, jusqu’à un an de prison et un demi-million de livres égyptiennes (60.000 €).

Mercredi 10 juin, des travailleurs égyptiens ont pris la rue pour réclamer de meilleurs conditions de travail, bravant la loi anti-grève. Les employés de Nasr Car (compagnie automobile d’État) ont demandé à leur direction de réhabiliter les travailleurs forcés à prendre leur retraite anticipée, les diplômés de l’université Al-Azhar ont commencé leur premier jour de grève de la faim, réclamant du travail dans l’université, les fermiers exploitants protestaient contre le gouvernement de les avoir spoliés de leurs terres, et les employés du nouvellement formé ministère de la Culture demandent des contrats de travail stables et des conditions décentes.

Le Premier ministre du gouvernement intérimaire a annoncé après le début de cette grève mettre en application la loi anti-grève. Peu après, police et forces anti-émeutes ont utilisé la force pour disperser la foule et ont arrêté au moins sept fermiers.