Des centaines de policiers de la force anti-émeutes, à bord de blindés, de véhicules de transport de troupes et de bus, ont pris le contrôle de la place sur la place de La Perle, à Manama. Les policiers ont tiré des grenades lacrymogènes et au fusil de chasse sur les manifestants qui campaient pour réclamer des réformes depuis près d’un mois..

Des unités saoudiennes et des policiers des Emirats arabes unis ont envoyé à Bahreïn au secours de la monarchie. L’opposition bahreïnie (dominée par les chiites) et la centrale syndicale du pays a réclamé une protection internationale et appelé la population à «la résistance pacifique».

Hier en début d’après-midi, quelques 350 personnes ont tenté de bloquer l’accès au district financier de Manama en formant une chaîne humaine pour réclamer des réformes gouvernementales. Les forces de l’ordre les ont immédiatement délogés à coups de gaz lacrymogènes. Elles ont également démantelé les tentes dressées par les protestataires, qui se sont ensuite retrouvés sur la place de la Perle, dans le centre de la capitale. Là aussi, des grenades lacrymogènes ont été lancées par la police. De nombreuses personnes ont été intoxiquées et hospitalisées. Vendredi déjà, un cortège de manifestants qui tentaient de marcher sur un palais royal à Manama en avaient été violemment empêchés par les forces de l’ordre. De source médicale, 207 personnes ont été blessées durant le week-end, et certaines d’entres elles sont dans un état critique. Les autorités ont quant à elles, déclaré que 14 policiers ont été blessés dans des affrontements avec les manifestants.

Manifestation à Manama
Manifestation à Manama

Dimanche après-midi, des centaines de personnes s’étaient rassemblées à Casablanca pour réclamer des réformes politiques. Les forces de l’ordre ont violemment disperser la foule, et plusieurs dizaines de manifestants se sont réfugiés dans le bâtiment du siège d’un parti d’opposition. La police a immédiatement donné l’assaut, mais n’y est pas parvenue face à la résistance des manifestants. Selon des témoins présents sur place, des dizaines de personnes ont été blessées, certaines très grièvement, par des policiers lors de la dispersion du rassemblement.

Ce samedi, la police a lancé un nouvel assaut contre les manifestants qui campent depuis le 21 février devant l’université de Sanaa. L’un d’entre eux a été tué et 300 autres blessés, dont trente par balles, les autres ayant été intoxiqués par les gaz lacrymogènes. Plus tôt dans la journée, un homme qui tentait de se joindre au sit-in a été tué par les tirs d’un sniper. Des rassemblements ont également eu lieu dans d’autres villes du pays. A Aden, un manifestant a été tué par les tirs policiers lors de la dispersion de la foule qui tentait de mettre le feu à un poste de police.

Depuis la mi-février, une foule d’étudiants campe dans un sit-in pacifique devant l’université de Sanaa. Ils demandent la démission de l’actuel président, ainsi que plus de perspectives d’emploi, la fin de la corruption et une distribution plus équitable de la richesse. Hier, un grand nombre de manifestants, parmi lesquels énormément de femmes qui souhaitaient marquer la Journée Internationale de la Femme, ont tenté de rejoindre le camp des étudiants en solidarité. Mais les forces de sécurité les en ont violemment empêchés, en tirant des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène. Au moins vingt personnes ont reçu des décharges de pistolets hypodermiques et plus de 85 personnes ont subi les effets néfastes subi des troubles suite à l’inhalation des gaz lacrymogènes.

Le tribunal de première instance de Fès a prononcé, mardi, des peines allant de 3 à 4 ans de prison ferme, assorties d’une amende, à l’encontre de cinq manifestants. Ils ont été condamnés suite aux incidents de la manifestation du 20 février dernier. Par ailleurs, le tribunal de première instance a reporté à une date ultérieure l’affaire de trois manifestants mineurs. Les manifestants ont été poursuivis, entre autres, pour « participation à une manifestation non-autorisée », « vol qualifié », « destruction de biens publics et privés » et « atteinte à l’ordre public ».

La chambre criminelle près la cour d’appel de Tétouan a refusé, jeudi, la liberté provisoire aux dix neuf personnes, poursuivies pour les incidents consécutifs aux manifestations de Tétouan et Chefchaouen le 20 février dernier. Le procès est reporté au 10 mars. Les manifestants sont poursuivis notamment pour désobéissance civile, coups et blessures, outrage à la police judiciaire et constitution d’une bande de criminels. La Cour d’Appel de Marrakech a décidé jeudi de reporter au 10 mars l’examen de l’affaire de 39 manifestants. Les mis en cause sont poursuivis notamment pour « vol qualifié », « destruction de biens publics » et « atteinte à l’ordre public ». Dans le cadre de ce procès, qui avait déjà été reporté au 3 mars, dix mineurs bénéficient de la liberté provisoire

Plusieurs organisations avaient lancé un appel à la manifestation hier à Téhéran pour exiger la libération de deux leaders de l’opposition. Tout rassemblement avait été interdit par les autorités qui avaient massivement déployé les forces de l’ordre à travers la capitale. Celles-ci ont tenté toute la journée d’empêcher toute formation de groupes et ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les attroupements. A la tombée de la nuit, les manifestants ont profité de l’obscurité pour échapper à la police et se retrouver pour scander des slogans exigeant la démission du gouvernement et la libération des prisonniers. Les affrontements de l’après-midi ont entraîné l’arrestation d’au moins cinq personnes.

Depuis samedi, les manifestations pour exiger des réformes politiques se multiplient en Oman, plus particulièrement dans la ville industrielle de Sohar, où l’armée a été déployée. Dimanche, les forces de l’ordre ont tiré des bombes lacrymogènes et des balles en caoutchouc, tuant deux manifestants lorsqu’un groupes de 250 chômeurs a tenté de prendre un poste de police. Cinq personnes ont également été blessées. Tous se sont repliés sur le Rond-Point de la Réforme, où ils campent depuis trois jours. Les manifestants ont dressé des barricades sur les routes, et sont jusqu’à présent parvenus à résister aux tentatives policières de les déloger. A Salalah, au sud du pays, plusieurs centaines de personnes campent également devant le bureau du gouverneur provincial depuis vendredi.

Plus de 100.000 personnes ont réclamé le départ du gouvernement de transition dirigé par Mohammed Ghannouchi au cours de la plus grande manifestation à Tunis depuis la chute de Ben Ali le 14 janvier. Vingt-et-un policiers ont été blessés et au moins trois commissariats incendiés ou saccagés lors des heurts vendredi avec des manifestants qui ont attaqué le ministère de l’Intérieur en plein centre de Tunis. Deux grands magasins et plusieurs voitures ont été endommagées. Mohamed Ghannouchi, dont les manifestants réclamaient le départ, a annoncé ce dimanche sa démission.

Les autorités marocaines ont annoncé dimanche l’arrêt du festival international de musique Mer et Désert à Dakhla, au Sahara occupé, après que des troubles aient fait la veille un mort, plus de 15 blessés et causé des dégâts matériels. Les incidents ont commencé lorsque quelques centaines de monarchistes marocains se sont livré à un pogrom dans le quartier d’Oum Tounsi, habité par les Sahraouis. Les Saharaouis ont réagi, ce qui a provoqué des batailles rangées, et ont attaqué des véhicules et bâtiments officiels pour protester contre la complicité des autorités marocaines.

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