Au moins 30 manifestants en Irak ont ​​été blessés lundi soir dans le centre de Bagdad. Les forces gouvernementales ont affronté des manifestants sur la place Al Khilani, dans le centre-ville. De nombreux blessés seraient dans un état critique après que les forces gouvernementales aient tiré des balles réelles et des cartouches à chevrotines, ainsi que des bombes fumigènes, dans le but de disperser les manifestants. Une vague de manifestations a déferlé sur le pays depuis octobre dernier et les autorités ont répondu en force, tuant plus de 600 personnes. Les manifestants appellent au départ d’une élite politique au pouvoir corrompue et à un pays libre de toute ingérence étrangère, principalement de la part de l’Iran et des États-Unis. Les manifestants craignent aussi le coronavirus dans le cadre d’une système de santé dévasté.

Manifestant à Bagdad

Mercredi 11 mars, les forces de sécurité israéliennes ont tué un adolescent palestinien et blessé 112 civils, dont un journaliste. L’attaque s’est produite lors d’un sit-in organisé sur le Mont al-‘Arma pour empêcher les colons de prendre contrôle du lieu. Les forces de sécurité israéliennes ont utilisé des balles réelles, des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène pour disperser les palestiniens. Au total, un jeune palestinien a été tué et 112 personnes blessées, dont un avec des balles réelles, 18 avec des balles en caoutchouc, 3 personnes agressés physiquement et 90 victimes d’asphyxie après avoir inhalé du gaz lacrymogène. Ce n’est pas la première fois que ce mont est le théâtre d’affrontements (voir notre article).

Forces de sécurité israéliennes

Selon Amnesty, au moins 304 personnes ont été tuées et des milliers d’autres blessées entre le 15 et le 18 novembre. Au moins 22 garçons, âgés de 12 à 17 ans, ont été tués lorsque les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants désarmés et des passants lors de la répression des manifestations qui ont secoué le pays en novembre (voir notre article). Une fille d’entre 8 et 12 ans aurait également été tuée. La plupart des proches des enfants tués ont été soumis à des menaces et à du harcèlement de la part des autorités. Les familles ont également été forcées d’enterrer leurs enfants en présence de responsables sécuritaires, et n’ont pu faire pratiquer d’autopsies ou n’en ont jamais eu les résultats. Dans les 10 cas, la mort serait due à des blessures par balles à la tête ou au torse. 12 des 23 morts se sont produites le 16 novembre, 8 le 17 et 3 le 18 novembre. Les enfants ont été tués dans 13 villes de 6 provinces du pays. Le fait que la plupart des enfants ont été tués en deux jours est une preuve supplémentaire de l’ampleur de la répression par les forces de sécurité qui voulaient mater la contestation à tout prix. La contestation en Iran a éclaté le 15 novembre dès l’annonce d’une forte hausse du prix de l’essence, en pleine crise économique aggravée par les sanctions américaines, et a touché une centaine de villes. Les autorités avaient bloqué internet durant les manifestations.

Manbifestation en novembre 2019 en Iran

 

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Les Palestiniens de la ville de Beita occupent le mont Al-Orma pour le protéger d’un projet d’installation d’une colonie sioniste. L’armée d’occupation est intervenue massivement, bouclant la région et prenant le mont d’assaut, lançant des bombes sonores et lacrymogènes en direction des civils et désarmés. Des dizaines de palestiniens ont été asphyxiés au moment où les forces d’occupation poursuivaient les jeunes du village aux alentours du mont. Les secouristes du Croissant Rouge palestinien sont intervenus auprès des blessés par les balles en caoutchouc et les bombes lacrymogènes. Un enfant de seize ans a reçu une balle réelle dans le dos, un citoyen a reçu une bombe lacrymogène en plein tête, deux autres avaient des fractures et des entorses suite à des chutes, alors qu’un secouriste du Croissant Rouge a reçu une balle en caoutchouc dans la tête.

Les affrontrements sur le mont d’al-Orma

 

Fathi Salaoui, ingénieur en génie civil et militant tunisien, a joué un rôle de premier plan dans la révolution du « printemps arabe » en lançant avec un groupe de quatre personne une importante manifestation devant le ministère de l’Intérieur, le 14 janvier 2011. En 2018, il a avait rédigé une plate-forme politique à deux doigts d’unifier toute la gauche et l’extrême-gauche contre le régime. C’est alors qu’il a été victime de deux tentatives d’assassinat. Fathi Salaoui est un militant qui critique la prise de pouvoir par des groupes affairistes et mafieux en Tunisie alors qu’aucune des revendications essentielles de la population n’a été satisfaite. Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi qui défendaient la même position avaient été assassinés en janvier et juillet 2013 (voir notre article). Quittant son travail et sa compagne, Fathi Salaoui  s’est donc réfugié en France où il demande l’asile politique. Celui-ci lui lui a été refusé par l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA) qui considère la Tunisie comme un pays démocratique. Il a déposé un recours auprès de la CNA, la Commission nationale de l’asile, le 27 décembre 2019.

Fathi Salaoui

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Vendredi 28 février, les forces israéliennes ont attaqué vendredi des Palestinien·nes stationné·es sur une montagne à Naplouse (Cisjordanie), pour empêcher les colons d’occuper le territoire. On dénombre 134 blessé·es. Les soldats ont utilisé du gaz lacrymogène. Ils ont également ouvert le feu avec des balles réelles ou en caoutchouc, blessant des dizaines de manifestant·es. Enfin un adolescent de 16 ans a été abattu par un tir à balle réelle. Ces affrontements se produisent quelques jours seulement après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ait annoncé la construction de milliers de logements pour les colons sur les terres palestiniennes, en particulier à Har Homa et Givat Hamatos. Le chef du gouvernement a également décidé de relancer le projet E1, qui impliquait la construction de 3 000 logements dans une zone clé de Cisjordanie, pouvant diviser celle-ci en deux parties.

Affrontements entre manifestant·es et forces d'occupation à Naplouse

Tareq Matar est un prisonnier politique palestinien détenu dans les prisons israéliennes. Figure de l’organisation étudiante proche du FPLP, il se destinait à une carrière académique et se préparait à partir faire son doctorat à l’Université de Genève en Suisse au premier semestre de 2019. Mais les forces d’occupation israéliennes l’ont mis en détention administrative sans accusation, ni procès. Tareq avait déjà été placé en détention administrative, c’était en 2006, alors qu’il n’était encore qu’enfant. Il représentait une telle « menace pour la sécurité » de l’État israélien qu’il a été emprisonné pendant deux ans et demi sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. En 2010, quand il était étudiant à l’université de Bir Zeit, il a de nouveau été emprisonné pendant dix mois, au motif qu’il était un militant engagé. En 2012, Tareq a été à nouveau arrêté et torturé au centre d’interrogatoire de Moskobiyeh à Jérusalem, pendant 43 jours. En 2017, Tareq a de nouveau été mis en détention administrative, et il a passé un an et demi entre Ofer et la prison du désert du Néguev.

Tareq  a été une fois encore emprisonné au centre d’interrogation de Moskobiyeh après sa dernière arrestation par les forces d’occupation israéliennes en novembre 2019. Il y a été détenu pendant environ 30 jours, où on l’a torturé en utilisant la méthode du Shin Bet de la « position de la banane » qu’il est illégal d’employer contre les prisonniers palestiniens depuis 1999. Cette position lui a provoqué d’intenses douleurs dans le dos et les articulations encore aggravées par les violents passages tabac que six agents de sécurité lui ont infligés. Depuis le jour de son arrestation, les interrogatoires et la torture, sa famille ou ses avocats n’ont pas eu le droit de le voir. Lorsque Tareq a été traduit devant le tribunal militaire israélien pour sa première comparution, il est arrivé dans un fauteuil roulant. Tareq, qui était un athlète, ne peut plus marcher.

La torture israélienne subie par TareqTareq Matar

Quatorze personnes, dont des militants des droits humains, ont été arrêtées ces derniers jours et présentées à la justice pour avoir, selon leurs proches, exprimé des opinions favorables à la laïcité. La police mauritanienne a évoqué leur participation à des réunions non autorisées pour justifier ces arrestations. Quatre personnes ont été relâchées, mais restent sous contrôle judiciaire et les dix autres ont été renvoyées à la Sûreté d’État, la police politique, pour complément d’enquête. Les interpellations ont commencé le 13 février dernier. Elles ont notamment touché des personnalités connues pour leur militantisme en faveur du respect des droits humains.

Policiers mauritaniens

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Au moins 15 personnes ont été blessées lors d’affrontements entre des manifestants antigouvernementaux et les forces de sécurité à Bagdad. Les affrontements ont éclaté dimanche soir lorsque des manifestants ont tenté de d’occuper la place al-Khalani au centre-ville. Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes, des bombes fumigènes et des coups de feu en l’air pour disperser les manifestants qui ont jeté des pierres et des bouteilles d’eau sur le troupes. Des manifestations de masse contre le gouvernement ont lieu à Bagdad et dans d’autres villes du centre et du sud de l’Irak depuis octobre 2019, exigeant une réforme globale, la lutte contre la corruption, de meilleurs services publics et davantage d’emplois.

Manifestant·es à Bagdad (archive)

Mercredi 12 février, Chadri Sdiri, un anarchiste tunisien a écrit un texte sur Facebook décrivant le concept de « révolution prolétarienne ». Arrêté le même jour, il a comparu lundi 17 février devant les tribunaux. Au cours du procès, un livre sur la commune de Paris et ainsi que les livres de Garcia Lorca ont été présenté comme pièce à conviction. Il a finalement été condamné à 5 mois de prison avec sursis.

Voici une traduction du post en question :
« Ne peut se prétendre de Gauche que celui qui ne se désolidarise pas de la violence révolutionnaire, de la destruction de l’ordre établi, de la propagande par les faits, de l’annihilation des institutions du Capital et de ceux qui se remplissent la panse sur le dos des miséreux, des actes incendiaires contre les miliciens du pouvoir ou autres actions similaires, visant les possédants, ces usurpateurs qui vont jusqu’à voler la sueur qui perlent sur le front du prolétaire.
Ne pourra se prétendre de Gauche que celui qui, valeureux, offrira la victoire aux pauvres, aux travailleurs, aux agriculteurs, aux chômeurs, à ceux qui se bourre la gueule pour oublier, aux migrants et à ceux qui volent ou vendent quelques barrettes pour survivre.
Ne peut se prétendre de Gauche que celui qui porte en son sein la flamme, la cendre et la fumée.
Ne peut se prétendre de Gauche que l’âme curieuse qui cherche l’information où elle se trouve, celle qui débat, se questionne, analyse. Celle qui interpelle quiconque, fusse-t-il Dieu ou Maitre, pour obtenir une réponse. Celle qui prend la rue afin d’y retrouver ses pairs et d’y porter haut le drapeau. Celui qui écrit, celui qui récite des vers sur les devants de la scène, celui qui peint, photographie et chante l’Homme….et la Révolution !  »

Chadri Sdiri