Suite à une plainte de l’Association des employeurs indonésiens, l’organisation patronale du pays, qui avait argué qu’une hausse des salaires allait faire fuir les investisseurs étrangers, un tribunal indonésien a annulé une augmentation du salaire minimum local de 13%, pour le faire passer à 1,49 million de roupies par mois (127 euros). Les ouvriers indonésiens ont alors multiplié les actions spectaculaires. 20.000 ouvriers travaillant à Bekasi, dans la banlieue de la capitale indonésienne, qui ont déposé leurs outils pour bloquer une autoroute à péage (photo).
Dix heures de bouchon: même pour la mégapole Djakarta, habituée à une circulation infernale, l’embouteillage était historique. L’action des ouvriers de Bekasi a payé: le gouverneur local a réinstauré la hausse du salaire minimum. Les Honda, Nike ou autres Samsung se sont rués ces dernières années à Bekasi, coeur industriel de la capitale, pour profiter des salaires encore plus avantageux qu’en Chine ou en Inde. Le salaire minimum, qui varie en fonction des provinces, évolue entre 75 et 150 euros par mois en Indonésie, contre une moyenne de 230 euros en Chine et 205 en Inde.
Tandis que le pays connaît une croissance annuelle supérieure à 6% depuis 2005, le nombre d’Indonésiens vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de près de trois millions en trois ans, pour atteindre 43,1 millions en 2010, soit près de 20% de la population. L’archipel est ainsi le seul pays d’Asie du Sud-Est à ne pas réduire la pauvreté.