Des chercheurs ont mis au point un virus nommé DiskFiltration qui, une fois installé sur un ordinateur, peut transmettre des informations à un attaquant en émettant des sons « cachés ». Le virus prend le contrôle du petit bras du disque dur qui peut ensuite communiquer « discrètement » avec un micro caché. L’expérience a surtout démontré que cela était possible mais très compliqué pour le genre de difficulté que l’opération suppose. Premièrement, ce type d’attaque viserait essentiellement des ordinateurs qui ne sont pas connectés à internet pour qu’on veuille en voler les données via une telle technique: il faut donc avoir un accès physique à l’ordinateur puisque le virus ne peut y être installé autrement. Ensuite, il faut que le micro qui reçoit les sons soit à moins de 1,8 mètres de l’ordinateur pour pouvoir l’entendre. Enfin, le virus ne fonctionne évidemment qu’avec des disques durs mécaniques (donc pour les disques SSD et les clés USB, c’est foutu). Et plus gros problème encore, le virus ne peut intercepter que 180 bits par minute, ce qui est très lent.

DiskFiltration en action

DiskFiltration en action

Au dernier comptage, en septembre 2015, il y avait 1,4 milliard de smartphones et tablettes tournant sous Android dans le monde. Un nombre aussi astronomique pose des questions de sécurité: ces appareils fonctionnent sous des versions d’Android différentes (la dernière, Android 7.0 Nougat est attendue dans les prochains jours), avec des processeurs différents et des applications pré-installées différentes. Cette fracturation pose régulièrement des problèmes: on se rappelle de Stagefright, et de Shellshock. La nouvelle faille géante, Quadrooter, vise les 900 millions d’appareils qui tournent sous des processeurs du fondeur Qualcomm. C’est un ensemble de quatre failles qui permettent à une application « de source inconnue » (téléchargée en dehors du Play Store) et ne demandant « aucune autorisation particulière » de prendre un accès root sur l’appareil et d’y faire ensuite tout ce qu’on voudrait lui faire réaliser. Trois des quatre failles ont déjà été patchées par Qualcomm, mais les mises à jour mettront très longtemps à arriver, si elles arrivent un jour. Les Nexus recevront eux probablement le patch dans la mise à jour de sécurité de septembre.

Heureusement, depuis Android 4.2, Google a déployé une couche de sécurité « Verify Apps » dont le rôle est précisément de lutter contre ce genre d’applications qui exploitent l’accès root. Google a annoncé que 90% des appareils étaient protégés par cette fonction qui bloquera automatiquement l’installation.

Checkpoint, qui a découvert la faille, a mis en ligne une application pour savoir si votre appareil est vulnérable (attention, ce n’est pas parce qu’il est vulnérable qu’il est infecté). Pour la télécharger, c’est ici. Inutile d’acheter l’antivirus de Checkpoint pour ne pas être infecté: évitez simplement d’installer des applications qui ne proviennent pas du Play Store.

Le détecteur de Checkpoint

Le détecteur de Checkpoint

L’une des stratégies de cyber-guerre de la NSA est de constituer un stock de failles 0-Day (Une faille Zero Day est une faille de sécurité informatique qui n’a pas été publiée, documentée et corrigée et pour laquelle une attaque est donc théoriquement aisée) dont elle peut se servir pour attaquer ces cibles, à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières états-uniennes. Vu le budget très conséquent de l’agence pour acheter ces failles aux hackers qui les découvrent, le stock de 0-Day de la NSA est parfois imaginé comme astronomique, il n’en serait en fait rien selon Jason Healey, un chercheur de l’Université de Columbie. Ce nombre se compterait en dizaines, pas plus, et seule une poignée serait ajoutée chaque année au tas. Il a présenté ses recherches à la dernière Defcon de Las Vegas et a assuré que s’il ne pouvait pas être sûr de ce qu’il avançait il en avait la conviction. L’un des arguments de sa recherche est que la NSA est depuis peu « obligée » de communiquer un certains nombres de ces failles aux fabricants, et qu’on a pas pour autant vu un ras-de-marée de failles critiques arriver. La NSA communiquerait 91% des failles, et des 9% restants, un certain nombre constitue des failles qui sont entre temps découvertes par d’autres chercheurs. Notons que ce chiffre n’inclut pas les failles possédées par d’autres agences comme le FBI.

L'image des Aventuriers de l'Arche Perdue est couramment empruntée pour désigner les stocks de la NSA

L’image des Aventuriers de l’Arche Perdue est couramment empruntée pour désigner les stocks de la NSA

Malgré le fait qu‘elle implémente le réputé protocole de chiffrement Signal, et que l’application soit régulièrement bloquée au Brésil pour cette raison, Whatsapp souffrirait de quelques failles sur iOS (le système d’exploitations des iphones et ipads), des failles qui mettent à mal le chiffrement. Première faille, l’effacement censé être définitif des conversations ne fonctionne pas sur iOS à cause d’un bug de la bibliothèque de moteur de base de données SQLite qui fait en sorte que des copies des messages sont stockées localement et sur iCloud. Cette faille n’affecte pas seulement Whatsapp, mais également d’autres apps qui utilisent SQLite. iMessage par exemple, souffre du même bug. Il est possible d’effacer ces fonds de bases de données en désinstallant l’application. Notons que Whatsapp propose à ces utilisateurs de stocker leurs messages sur Google Drive ou sur iCloud, ceci mettrait à mal le chiffrement qui n’est pas censé fonctionner sur plus d’un terminal à la fois.

Le second « bug » concerne le chiffrement justement, si les messages sont chiffrés durant leur transit, ils ne sont pas chiffrés lorsqu’ils sont sur l’appareil, une fonction que propose par contre l’application Signal originale. En fin de compte, même si Whatsapp, Google Allo et Facebook Messenger implémentent le protocole Signal dans leurs apps, l’application Signal est probablement plus sécurisée de par sa conception.

Facebook Messenger adopte Signal

Facebook Messenger adopte Signal

Parmi le club très fermé des applications ultra-sécurisées, TOR occupe une place de choix en offrant à ses utilisateurs de naviguer le web anonymement en redirigeant leur connexion à travers un réseau de volontaires (leurs machines sont appelés nodes ou nœuds). Une course permanente l’oppose toutefois aux services de renseignements américains qui tentent régulièrement de faire apparaitre une masse critique de relais-espions à l’intérieur du réseau TOR. Lors d’une première époque, les attaquants tentaient d’intervenir entre le dernier node et la page de destination pour intercepter des données, mais la stratégie est à présent d’augmenter la proportion de nodes compromis pour être capable de suivre la connexion d’un utilisateur à travers plusieurs nodes et éventuellement retrouver son point de départ pour le désanonymiser, ce sont des attaques Sybil. Les services de renseignements n’ont probablement eu qu’un succès mitigé dans ce genre de stratégie, puisqu’ils étaient rapidement repérés par le réseau TOR à l’aide de « honeypots » (des appâts) que seul un node espion pourrait vouloir espionner. Les espions sont toutefois de plus en plus efficaces, ce qui a poussé des chercheurs du MIT (l’université) et de l’Ecole Polytechnique de Lausanne a développé une alternative à TOR qui se renforce là où TOR faiblit, son nom est Riffle.

De base, Riffle utilise le même principe que TOR ainsi que du réseau .onion, mais il disperse et mélange les paquets de données avant de les envoyer à travers le réseau de telle façon à ce qu’un node compromis qui intercepterait plusieurs paquets ne pourrait pas même les replacer dans le bon ordre et identifier des données. Un protocole de chiffrement/signature permettra également de vérifier les données et d’identifier une éventuelle manipulation par un attaquant externe. Bonus, en plus d’être plus sécurisé, Riffle sera plus rapide (10X plus) et consommera moins de ressources processeur que son grand-frère. Riffle est présenté à la Privacy Enhancing Technologies Symposium qui se déroule du 19 au 22 juillet à Darmstadt. Pour en lire plus, voir le document publié sur le site du MIT.

Riffle

Riffle

Suite à l’attentat de Nice, le coordinateur européen pour la « lutte contre le terrorisme » était en visite en Israël, notamment car l’Union Européenne cherche à acquérir des technologies qui permettent à l’état d’Israël de repérer les ‘loups solitaires’ sur les réseaux sociaux (ou pas, voir notre précédent article), c’est à dire des personnes qui passent à l’acte sans être liée à une quelconque organisation et donc sans se faire repérer par ses liens, communications, casiers judiciaires,… Les technologies qui intéressent l’UE seraient donc susceptibles de repérer ces personnes. Mais contrairement aux logiciels qui parcourent automatiquement les réseaux sociaux à la recherche de contenus illégaux, ici c’est plus un « comportement » qui doit être repéré. Les logiciels israéliens font donc intervenir des opérateurs humains pour départager les énormes masses de données. Le Coordinateur a également souligné que les services secrets européens avaient moins de marge de manœuvre que leurs homologues israéliens. Le fonctionnement de ces logiciels qui scannent vraisemblablement les posts Facebook à la recherche de messages d’adieu est d’ailleurs à peu près opaque.

L’UE cherche à acquérir des technologies israéliennes contre les ’loups solitaires’

L’UE cherche à acquérir des technologies israéliennes contre les ’loups solitaires’

Quand un utilisateur de Tor s’y connecte, des couches de cryptage s’ajoutent au message. Ce dernier passe par plusieurs serveurs intermédiaires avant d’arriver à sa destination finale. La force du réseau anonyme Tor s’appuie sur des relais dont environ le quart constitue des relais de sortie. Ce sont eux qui font le pont entre le réseau et le reste d’Internet. On savait déjà que ces relais de sortie pouvaient être manipulés de sorte que le contenu envoyé par les utilisateurs de Tor ne soit plus anonyme. Or, une nouvelle faille vient s’ajouter à celle-ci.

D’autres types de relais-espions viennent d’être dévoilés par une nouvelle étude de l’Université Northeastern. Ces relais modifiés permettent à ceux qui sont derrière de trouver les adresses de sites qui sont supposés être secrets sur le deep web, qui regroupe les sites accessibles mais non indexés et auquel on accède via un réseau comme Tor. Les chercheurs ont créé 4500 adresses cachées en 72 jours en passant par Tor. Ils n’ont jamais parlé de ces sites nulle part et ceux-ci ne contenaient rien d’intéressant. Si ces adresses établissaient des connexions, c’était parce qu’un système espionnait le circuit qui passait par le réseau Tor. Au moins 110 de ces relais-espions ont tenté d’en savoir plus sur les adresses secrètes, les services qu’elles pouvaient fournir ou leur créateurs. Ce type d’attaque avait déjà été envisagé par les administrateurs de Tor qui travaillaient à restructurer leur système de services cachés.

This, Jen, is the internet

This, Jen, is the internet

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Si vous avez activé les paramètres nécessaires sur votre smartphone pour activer celui-ci à la voix, il vous est peut-être déjà arrivé d’entendre votre smartphone réagir « tout seul » en comprenant mal un son environnant. Sur les smartphones Android, il est en effet possible de demander quelque chose en disant « OK Google », alors que l’écran est verrouillé. C’est sur cette ‘faille’ que des chercheurs des universités de Georgetown et de UC Berkeley se sont basé pour tenter une attaque vocale alors même que la commande est à priori incompréhensible pour une oreille humaine. Dans la vidéo ci-dessous, on peut les voir énoncer plusieurs commandes (qui sont écrites à la suite et paraissent alors évidentes). Cette expérience vise surtout à démontrer qu’il est apparemment possible de faire effectuer des tâches à distances à un smartphone, aux conditions que son propriétaire ne soit pas dans la pièce pour s’en rendre compte, que l’attaquant ait la possibilité de jouer le son nécessaire (à travers une vidéo Youtube par exemple), et qu’il soit possible d’exécuter une commande intéressante. Ça fait beaucoup de ‘si’, mais ça fonctionne en théorie. Notons que l’expérience a également fonctionné avec Siri, l’équivalent iOS de Google Now.

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L’application Signal à été popularisée par Edward Snowden qui en pensait le plus grand bien. Les développeurs de Signal ont dernièrement permis à d’autres développeurs d’intégrer le protocole de chiffrement de Signal dans leurs propres applications. On a donc pu voir Whatsapp adopter ce protocole pour la totalité de ses communications, écrites et vocales. Tout comme Google avec sa future application Allo (qui sera probablement déployée dans les prochaines semaines aux côtés de la mise à jour Android Nougat), Facebook adoptera un système de conversations secrètes qui pourront être utilisées à côté des conversations normales. Si Google et Facebook n’ont pas généralisé le chiffrement c’est probablement pour permettre aux « bots » d’intervenir dans les conversations, et de ce côté il n’y a aucune illusion à se faire, ces prémices d’intelligence artificielle se nourrissent des conversations des utilisateurs.

Le chiffrement est actuellement disponible pour quelques utilisateurs et devrait être disponible pour tout le monde d’ici à la fin de l’été.

Facebook Messenger adopte Signal

Facebook Messenger adopte Signal

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Le fondateur de Megaupload Kim Dotcom s’était rendu mondialement célèbre en étant le patron du site d’échanges de fichiers Megaupload avant que le FBI ne vienne le fermer lors d’une énorme opération en Nouvelle-Zélande en janvier 2012. Un an plus tard, il avait ouvert un nouveau site « Mega », offrant 50Go de stockage cloud (bien plus que la concurrrence, même actuelle) chiffré dans le navigateur. Mega n’a probablement pas été extrêmement sécurisé, mais il avait le mérite d’être massif et tout de même plus sécurisé que les autres services du même acabit. Le chiffrement était un argument de marketing et surtout une manière de protéger légalement la société qui ne pouvait censurer ce qu’elle ignorait. Encore une fois, la créature de Dotcom lui a échappé, cette fois-ci aux mains de ses co-dirigeants. Finalement, ce 5 juillet, Kim a commencé a parler sur Twitter d’un nouveau service « beaucoup mieux que Mega » avec 100Go de stockage gratuit et chiffrés à la volée, synchronisation entre les appareils, plus simple d’utilisation et surtout des transferts illimités (ce qui signifie que c’est seulement ce qui est hébergé sur le moment qui est payant et pas le nombre de fois qu’on l’uploade, contrairement à Mega qui facture à outrance cette opération). Si Kim Dotcom tient absolument à ce que des gens utilisent ses logiciels pour protéger leurs fichiers, il pourrait cette fois tenter d’en garder le contrôle.

Kim Dotcom

Kim Dotcom