Interpol, l’organisation internationale de police, est actuellement en train de construire un nouveau centre destiné à la lutte, entre autre, contre la cyber-criminalité. L’Interpol Global Complex for Innovation, paradis technologique, devrait entrer en fonction en 2014. Il servira de laboratoire de recherche et de développement, d’installation d’entraînement et de laboratoire médico-légal, et s’intègrera dans le Interpol Singapore Center. L’IGCI se concentrera principalement sur la sécurité digitale et les innovations en matière de recherche contre le cyber-crime. Au-delà de ce dernier, les officiers de police et les chercheurs de l’IGCI développeront également des stratégies expérimentales à destination des services policiers à travers le monde. Le complexe comprendra des laboratoires, une salle de conférence ainsi qu’un musée, qui sera ouvert au public. Interpol n’a pas encore officiellement annoncé quels produits ni quels outils y seront développés. Néanmoins, vu la place que prennent progressivement les géants en ligne tels que Google, Facebook et Twitter, et le rôle qu’ils ont récemment joué dans les divers soulèvements populaires et autres mouvements ‘d’indignés’, il est évident que l’IGCI oeuvrera à l’utilisation de ces sociétés. D’ailleurs, d’après un porte-parole d’Interpol, il semblerait que ces sociétés privées seraient de plus en plus ouvertes à la collaboration. Avec la construction de ce centre, Interpol se positionne clairement face aux nouvelles tendances.

IGCI
IGCI

Le procédé Smartwater consiste à pulvériser une solution aqueuse, inodore et incolore, contenant un polymère capable de rester six mois sur la peau et à vie sur les vêtements, et rempli de composants chimiques qui ont chacun leur code. Un encodage capable de confondre les auteurs d’un délit, même des années plus tard grâce à une base de données recensant tous les liquides Smartwater. Ce procédé est déjà utilisé par la police lors d’opérations « sous couvert ».

Le système commence en France une application anti-intrusion et anti-hold-up. Il vient d’être installé sur les plafonds du casino d’Aix-en-Provence, la police judicaire interrégionale étant techniquement préparée à exploiter le procédé. La police judiciaire dispose de lampes à UV réfléchissant la lumière du liquide. Si cela brille, cela veut dire que la personne était sur le lieu du braquage. La base de données permet de déterminer la date et le lieu du braquage.

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Description détaillée du procédé

A Sussex (banlieue de Londres), au début du mois, un agent de police sur le terrain a été contacté par sa centrale parce que le système élaboré de vidéosurveillance avait détecté un rodeur. Le policier se met à la chasse du cambrioleur présumé, guidé par radio, en temps réel, par un collègue, lui-même informés par le système. Mais alors que son collègue n’arrête pas de lui dire qu’il est sur les talons du suspect, le policier ne parvient jamais à retrouver l’homme en question : chaque fois que le suspect s’aventure dans une ruelle voisine, le policier se précipite dans cette même ruelle, sans rattraper ni même voir le rôdeur. Cela a duré 20 minutes, le temps qu’il a fallu pour un officier de comprendre que le système avait identitifé comme « suspect » ce même policier (habillé en civil), qui s’était donc poursuivi lui-même.

Un homme qui était apparemment en état d’ébriété et qui n’était pas armé a été touché deux fois lundi par un taser utilisé par un policier à Dothan (Alabama). Il a cessé de respirer peu après et a été déclaré mort deux heures plus tard. Cela porte à 500 les morts de ce type en onze ans aux Etats-Unis, dont 92 en Californie.

Taser X26
Taser X26

La Direction générale de la Police française a acquis une Renault Scenic type 3 équipée de la technologie LAPI pour initier les élèves-policiers à cet outil. Huit objectifs sont dissimulés dans la rampe des feux tricolores placée sur le toit: deux pour la lecture automatique des plaques d’immatriculation et six pour la vidéosurveillance des alentours du véhicule. La gendarmerie française a réceptionné la semaine dernière une Mégane équipée LAPI.

Dès que le système est activé, les deux caméras lisent instantanément les caractères dans leur champ de vision. Elles sont reliées à un logiciel qui répertorie l’ensemble des plaques d’immatriculation des véhicules volés. L’interrogation de ce fichier central se fait à la vitesse de cinq plaques par seconde. La lecture se fait sur la gauche et sur la droite du véhicule de police, pas de front. D’où un usage de ce LAPI de préférence sur les parkings… Chaque plaque déchiffrée est enregistrée dans la mémoire -mais effacée au bout de huit jours- avec l’heure, la date et le positionnement GPS. Le repérage d’une plaque de véhicule volé s’effectue par comparaison avec le fichier des véhicules volés (FVV) et le système d’information Schengen (SIS) et s’accompagne d’une alerte sonore. La plaque s’affiche à l’écran et une voix en donne la lecture ainsi que le type de véhicule correspondant. Le policier affecté à la manipulation de cet équipement doit alors effectuer une opération de validation de la fiche, en s’assurant auprès de sa salle de contrôle, que le véhicule est bien toujours signalé volé. En cas de découverte réelle d’un véhicule volé, la patrouille peut choisir de planquer à proximité et filmer toute personne qui s’approcherait de ce véhicule par les six autres caméras, dont deux (vue avant et vue arrière) équipées d’un zoom très puissant.

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Il y a peu de temps, un membre d’un groupe de crochetage allemand, Sportsfreunde Der Sperrtechnik (cf. leur site), a utilisé une imprimante 3D pour copier une clé pour enlever les menottes utilisées par la police hollandaise. Chose étonnante, il a pu le faire d’après une photo d’une clé qui pendait à la ceinture du policier, et d’après des calculs basiques pour estimer la taille, il a réussi à produire une clé qui marche, et il a mis le modèle en ligne pour que ceux qui le désirent l’impriment.

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L’utilisation à des fins illégales des imprimantes 3D inquiète les services de police. En septembre dernier, plus de 400.000$ ont été soustraits à des distributeurs automatiques de billets aux Etats-Unis en utilisant des skimmers (petit appareil avec un écran relié à une autre partie avec une fente et qui sont utilisés pour voler les données des cartes bancaires). Ils ont pu réussir cet exploit en utilisant une imprimante 3D high-tech qui font que les skimmers pour les DAB ressemblent énormément aux vrais.

Angle de tir, impact, obstacle, déplacement, types d’armes, positionnement… Nombre de critères doivent être nécessairement prises en compte par les enquêteurs pour tenter d’élucider les faits. Des chercheurs de l’Université de la Technologie de Delft (Pays-Bas) ont eu l’idée de rapprocher ce domaine avec celui de la réalité augmentée (c’est-à-dire la sur-représentation virtuelle dans un contexte réel).

Des lunettes munies de caméras scannent la scène du crime et ses éléments environnants. Le dispositif est relié à un ordinateur portable qui fait office de stockage. Et, une fois de retour dans les locaux de la police, les enquêteurs peuvent, au calme, se replacer virtuellement dans la scène de crime dès lors « entièrement numérisée », à la recherche d’éléments pouvant faire avancer l’enquête. Par la suite, les agents peuvent repérer et aller vérifier les pièces manquantes à la constitution du dossier d’instruction de l’enquête.

A Nice, plus de 6 millions d’euros ont été investis dans un réseau de 600 caméras de rue, la moitié étant financée par l’État ou le département. Les appareils repèrent déjà les attroupements, les intrusions dans un périmètre défini ou les colis suspects, et ont aussi des capteurs pour détecter les bris de glace et les détonations d’armes à feu. Le 10 janvier dernier, deux jeunes mettent le feu à un scooter volé avec des produits inflammables à retardement. Ils sont déjà loin quand la police arrive. Mais les caméras de rue les ont filmés depuis le début, jusqu’au parking où ils se sont cachés, 7 minutes plus tard. Les policiers sont allés les arrêter.

Au Centre de supervision urbaine, le système fournit en effet aux opérateurs des images en temps directs en fonction des critères sélectionnés (un modèle de voiture et sa couleur par exemple), et d’autres séquences fixant cette fois les images utiles précédents l’incidents (les données sont conservées durant trois mois). Auparavant, il fallait des heures, voire des jours de visionnage, pour remonter le film des événements. Les images intéressent les magistrats et les officiers de police judiciaire, qui effectuent déjà 600 réquisitions vidéo par an auprès du centre pour nourrir leurs enquêtes.

La vidéosurveillance s’intègre dans un dispositif plus général: outre 520 policiers municipaux armés et agents de surveillance de la voie publique, Nice a développé neuf «chaînes de vigilance» dans ses secteurs pavillonnaires, sur les collines, de Ventabrun au Mont Boron. Plus de 110 riverains ont ainsi accepté de devenir correspondants de la police municipale pour l’alerter en cas de suspicion. Par ailleurs, pas moins de 800 bornes d’appel sont sur le point d’être installées en ville. Elles seront intégrées à de nouveaux horodateurs.

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La Russie a commencé à livrer à la police américaine des armes semi-automatiques Saïga-12, un dérivé du fusil d’assaut Kalachnikov fabriqué par la société d’Ijmach, conformément à un accord signé lors du salon Shot Show qui s’est déroulé à Las Vegas du 17 au 20 janvier. Le Saïga-12 est une d’arme puissante et fiable qui tire des cartouches de chasse à la chevrotine ou aux projectiles incapacitants (balles en caoutchouc). C’est une arme optimalisée pour le maintient de l’ordre en milieu urbain.

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Lors du printemps arabe, des systèmes d’écoute à partir desquels, avec les équipements anglais de Gamma, français de Amesys, sud-africains de VASTech ou chinois de ZTE, les moindres faits et gestes en ligne ou par téléphone des opposants étaient suivis, ont été découverts. Des entreprises de renseignements, comme SS8 aux Etats-Unis, Hacking Team en Italie et Vupen en France, fabriquent un virus (Cheval de Troie) qui permet de pirater les ordinateurs et les téléphones (y compris iPhones, Blackberry et Android), de prendre leur contrôle et d’enregistrer toutes leurs utilisations, leurs mouvements et même les images et les sons venant de la pièce où leurs utilisateurs se trouvent. D’autres sociétés, comme Phoenexia en République Tchèque, collaborent avec les militaires pour créer des outils d’analyse de la voix. Ils identifient les utilisateurs et déterminent leur sexe, leur âge, leur niveau de stress, et les suivent ainsi au moyen de leur « empreinte vocale ».

Blue Coat aux Etats-Unis et Ipoque en Allemagne, vendent leurs outils à des pays comme la Chine et l’Iran afin qu’ils empêchent que leurs dissidents s’organisent sur Internet. Trovicor, filiale de Nokia Siemens Networks fournit le gouvernement de Bahrein en technologies d’écoute qui lui ont permis de suivre la piste du défenseur des droits de l’homme Abdul Ghani Al Khanjar. Les représentants de la CIA ont acheté des logiciels qui leur permettent de mettre en relation instantanément les signaux téléphoniques et les empreintes vocales pour déterminer l’identité et la localisation d’un individu avec une marge d’erreur de 12 mètres (et éventuellement le tuer d’un missile tiré par un drone). L’entreprise Inteligence Integration Systems Inc. (IISI), basée au Massachusetts, commercialise dans ce but un logiciel « d’analyse basé sur la position » nommé « Geospatial Toolkit ». Un autre société, Netezza, également sise au Massachusetts, et qui a acheté ce même logiciel en prétendant analyser son fonctionnement, en a vendu une version modifiée à la CIA.

Le projet « Un monde sous surveillance » de Wikileaks révèle jusque dans les détails quelles sont ces sociétés. Voir la carte interactive