Le 6 décembre, les forces anti-émeutes ont tué deux manifestants dans leur intervention musclée pour disperser un rassemblement à Yüksekova, dans le sud-est de la Turquie. Tous deux ont été la cible de balles policières alors qu’ils dénonçaient la destruction de tombes de militants du PKK. Le lendemain, de multiples manifestations se sont déroulées à travers le pays pour dénoncer les violences policières. Ce slogan n’a pas empêché les forces de l’ordre d’intervenir, faisant de nombreux blessés parmi lesquels Bemal Tokçu, 25 ans, également à Yüksekova. Immédiatement emmené à l’hôpital, il a rapidement été transféré à l’hôpital de Van en raison de la gravité de ses blessures. Hier, il y est décédé. Le jour même de ces manifestations, le premier ministre truc avait déclaré que ces incidents étaient le résultat de provocation. En 2013, seize personnes ont été tuées par la police turque au cours de manifestations.

Répression policière à Yüksekova

Répression policière à Yüksekova

Les autorités turques ont inculpé 255 personnes, parmi lesquelles sept étrangers dont les noms et nationalités n’ont pas été rendus publics, suite aux mouvements de protestation qui se sont déroulés au mois de juin et qui ont secoué tout le pays. Les accusés devront faire face à divers chefs d’accusation tels que ‘dommages aux biens publics’, ‘participation à des rassemblements illégaux’, ‘provocation d’interruptions des services publics’, ‘dommage à des lieux de culte’,… D’après un communiqué publié par les autorités hier, 308 personnes ont été mises en examen tandis que 36 enquêtes sont toujours en cours dans le cadre d’accusations d’ ‘appartenance à une organisation terroriste et ‘tentative d’empêcher le gouvernement turc de faire son devoir’ en vertu de la loi anti-terroriste. Par ailleurs, d’autres enquêtes se poursuivent pour retrouver d’autres suspects sur base d’allégations similaires. La majorité des accusés comparaîtra devant la 55ème Cour Criminelle de Première Instance. Les autorités ont également déclaré que les poursuites contre dix autres personnes avaient été abandonnées faute de preuve.

Au moins dix personnes ont été blessées à Diyarbakir ce dimanche dans la violente intervention des forces de l’ordre contre une manifestation organisée par le parti pro-kurde Peace and Democracy Party pour dénoncer la mort de deux manifestants kurdes vendredi à Yüksekova. Le cortège a débuté sous une tension extrême alors que la police avait initialement refusé d’accorder l’autorisation de défilé en raison du fait que certains calicots étaient illégaux et que des manifestants portaient des écharpes cachant leur visage. Finalement, plus de 1000 personnes ont marché dans la ville avant d’écouter les discours de membres du BDP affirmant que la profanation de tombes de membres du PKK à Yüksekova était une provocation et dénonçant les violences policières qui ont fait suite aux manifestations dans la ville. A l’issue des discours, les forces anti-émeute sont intervenues pour disperser la foule. Elles ont fait usage de gaz lacrymogène et de canons à rua avant de pourchasser certains manifestants dans les rues adjacentes. Au moins dix personnes ont été blessées et un grand nombre de manifestants interpellé.

Les autorités ont annoncé ce dimanche que quatre soldats auraient été capturés par des guérilleros du PKK dans le district de Lice, dans le Diyarbarkir (sud-est du pays). D’après elles, un groupe de militants avait dressé un poste de contrôle sur une route menant à Lice où ils ont mené des contrôles d’identités. Deux sergents et deux lieutenants de l’armée ont ainsi été identifiés et immédiatement emmenés par les guérilleros. Trois voitures ont également été incendiées. Des équipes spéciales de la gendarmerie ont déclenché une opération pour retrouver les soldats prisonniers.

Des heurts ont éclaté ce samedi à Istanbul et dans le sud-est du pays après le décès vendredi de deux manifestants tués par les forces de l’ordre au cours d’une manifestations à Yükekova. La foule était descendue dans les rues après avoir appris que des tombes de membres du PKK avaient été vandalisées. Les deux hommes ont été atteints respectivement de deux et six balles. A Istanbul, des heurts ont éclaté autour de Taksim Square. 200 personnes s’étaient rassemblées à proximité à l’appel du People’s Democratic Party, un nouveau parti comprenant des Kurdes et un certain nombre de petits partis de gauche. Après une vingtaine de minutes et la lecture d’une déclaration, le groupe se dispersait quand les forces anti-émeutes ont commencé à pourchasser les manifestants dans les rues adjacentes. La police et les manifestants se sont affrontés sur la Tarlabasi Avenue, la foule tirant des feux d’artifices vers les forces de l’ordre. Celles-ci ont tiré des gaz lacrymogène. Toujours hier, de nouveaux heurts ont éclaté à Yükekova alors que des manifestants avaient érigé des barrages de pneus enflammés sur une route. La police est intervenue avec des gaz lacrymogène et des canons à eau. Les manifestants ont répliqué en jetant des pierres.

Heurts à Istanbul

Heurts à Istanbul

Des centaines de professeurs ont fait face à une violente répression policière ce samedi à Ankara alors qu’ils s’étaient réunis à l’occasion de la ‘Journée des Enseignants’. Les manifestants entendaient dénoncer les récentes décisions gouvernementales qui vont notamment entraîner la privatisation de nombreux établissements scolaires. Des professeurs en provenance de tout le pays s’étaient rassemblés sur le célèbre Tandogan Square à l’appel du syndicat des enseignants. La police est immédiatement intervenue pour empêcher tout cortège de se former. Afin de poursuivre leur manifestation, les professeurs ont tenté de forcer les barrages policiers, entrainant tirs de gaz lacrymogène et jets de canons à eau de la part des forces de l’ordre. Au moins sept personnes ont été blessées, dont une grièvement. Cette dernière, une femme, souffre d’un traumatisme crânien après avoir été atteinte par une grenade de gaz tirée par un policier. Deux personnes ont été interpellées.

Enseignants réprimés à Ankara

Enseignants réprimés à Ankara

La police a tiré des gaz lacrymogène devant le tribunal de Kartal, sur la rive asiatique d’Istanbul, durant le procès sur la mort d’un manifestant lors des protestations de Gezi en juin dernier. Les deux accusés, le chauffeur du taxi qui a foncé sur la foule et le propriétaire du véhicule, pourraient être condamnés à des peines de trois à quinze ans de prison. Hier, les manifestants ont tenté de pénétrer dans le tribunal pour accéder à la salle d’audience après que la famille s’en soit vue refuser l’accès. La police a immédiatement érigé une barricade pour empêcher la foule d’avancer, ce qui a entrainé de violents affrontements. La famille a finalement été autorisée à rentrer dans le tribunal.

Affrontements devant le tribunal de Kartal

Affrontements devant le tribunal de Kartal

La Middle Easter Technical University (ODTU) d’Ankara a été le théâtre de vives tensions tard dimanche soir quand la police a fait usage de canons à eau et a tiré des gaz lacrymogène contre des manifestants qui dénonçaient la construction d’un mur à la frontière turco-syrienne. La répression policière est devenue récurrente depuis que les autorités ont lancé leur projet urbanistique qui entrainera la destruction de 3000 arbres sur le campus. Les étudiants et les militants ont exprimé leur désaccord par de nombreuses mobilisations qui ont toutes été violemment réprimées. Dimanche, un groupe a organisé un rassemblement à proximité de l’entrée A1 du campus pour exiger des autorités qu’elles interrompent la construction d’un mur dans le district de Nysaybin (province de Mardin) qui se trouve en vis-à-vis de la ville syrienne de Qamishli. Les manifestants dénonçaient également le meurtre, par les forces de sécurité, de trois Syriens qui tentaient de traverser la frontière. Ils ont érigé des barricades auxquelles ils ont mis le feu pour empêcher l’intervention policière. De nombreux manifestants ont été affectés par les gaz lacrymogène.

Répression à l'université d'ODTU

Répression à l’université d’ODTU

Le 5 novembre, jour où l’Union européenne et la Turquie ouvraient un nouveau chapitre des négociations d’adhésion de ce pays, affirmant leur volonté d’accélérer le processus, six journalistes turcs étaient condamnés à la prison à vie. Les journalistes Füsun Erdogan, Ziya Ulusoy, Bayram Namaz, Ibrahim Cicek et Sedat Senoglu sont accusés d’être membres du MLKP interdit.

Füsun Erdogan a été accusée d’être à la tête du MLKP en tant que fondatrice de la station de radio Özgür Radyo. Interpellée en 2006, elle est en détention provisoire depuis cette date. En plus des peines à la perpétuité pour chaque journaliste, sauf Sedat Senoglu, les journalistes ont également été condamnés à des peines supplémentaires, ce qui aboutit à un total de 3 000 ans de prison pour les cinq journalistes . Avec 63 journalistes actuellement détenus, la Turquie est la plus grande prison de journalistes au monde.

Füsun Erdogan

Füsun Erdogan

Voir le dossier Hatice et Guluzar