44 journalistes sont actuellement jugé par un haut tribunal d’Istanbul. Ils sont accusés d’être des membres actifs du comité de presse de la KCK (Kudistan Communities Union, accusée d’être la branche urbaine du PKK). Hier se déroulait la quatrième audience de ce procès pour laquelle le tribunal avait autorisé les accusés à prendre la parole en kurde. Néanmoins, il n’a pas accepté la demande d’un des suspects qui souhaitait évoquer la situation des prisonniers kurdes en grève de la faim. Le tribunal a justifié sa décision en affirmant qu’il s’agissait d’un ‘problème politique’. Au lieu de la prise de parole de ce suspect, la cour a imposé deux pauses successives de quinze minutes ainsi que le départ des accusés de la salle d’audience. En guise de protestation, tous les avocats ont également quitté la salle et la fin de l’audience s’est tenue sans les accusés ni leurs avocats. L’un d’entre eux s’est adressé aux juges avant de quitter la salle ‘Tous les suspects dans cette affaire mènent une grève de la faim pour obtenir un droit fondamental, celui d’une défense dans leur langue maternelle. Vous ne pourrez pas les ignorer pour toujours’. Il a également dénoncé la présence de la gendarmerie dans la salle d’audience et l’utilisation de la force à l’encontre des avocats.

Depuis le 7 novembre, l’armée turque mène de violentes opérations dans le district de Semdinli (province de Hakkari, sud-est du pays) contre la guérilla du PKK. D’après un premier bilan publié hier par le bureau du gouverneur, 42 guérilleros auraient été tués depuis lors. Par ailleurs, les soldats ont saisi des lances-roquettes, des mortiers et des explosifs dans différentes caches du PKK. Lors de ces opérations, un hélicoptère militaire turc s’est écrasé, faisant 17 morts parmi les commandos de la gendarmerie turque qui étaient à bord.

Au 60eme jour de grève de la faim illimitée lancée le 12 septembre par des prisonniers politiques, cinq députés du parti kurde et le maire de Diyarbakir en dehors de la prison ont rejoint le 10 novembre la grève. Deux autres députés, sont en grève de la faim depuis 8 novembre. Actuellement, des milliers membres actif du parti kurde BDP (dont 6 députés, 36 maires, plus de 230 membres des conseils municipaux et 56 membres du conseil du BDP sont derrière les barreaux). Près de dix mille kurdes ont été incarcérés quelques semaines après le succès historique du parti kurde lors des élections municipales tenues en mars 2009.

64 prisonniers politiques sont en grève de la faim depuis 12 septembre (soit deux mois), 88 prisonniers depuis 22 septembre (51 jours), 232 prisonniers depuis 5 octobre (36 jours). Ces trois premiers groupes, soit 384 prisonniers encourent des risques sérieux pour leur vie. La grève est observée dans près de 70 prisons turques, depuis le 5 novembre, ils sont près de 10.000 à avoir rejoint le mouvement. Les grévistes réclament la fin de l’isolement et la libération du chef du PKK Abdullah Ocalan, qui n’est pas autorisé à rencontrer ses avocats depuis 27 juillet 2011 et la suppression des restrictions de l’usage de la langue kurde.

Face à cette grève collective sans précédente, le gouvernement turc, bénéficiant du silence complice des gouvernements européens, renforce la répression: au moins 617 personnes ont été arrêtées entre 23 octobre et 6 novembre lors des manifestations de soutien aux prisonniers politiques.

Répression d'une manifestation de soutien à la grève de la faim à Istambul

Répression d’une manifestation de soutien à la grève de la faim à Istambul

Pour la deuxième fois en quelques jours, des avions de combat turcs ont bombardé des cibles dans le nord de l’Irak où des camps du PKK avaient été localisés. Des F-16 ont décollé hier matin de la base aérienne de Diyarbakir et, dans une manoeuvre bien planifiée, ont bombardé leurs cibles dans la région de Metina. Des routes empruntées par les guérilleros ont également été pilonnées. Les avions sont rentrés à leur base en fin de journée, alors que les survols de routine de la zone se poursuivent.

Un soldat et quatorze guérilleros présumés ont été tués dans des heurts ce 8 novembre dans le district de Semdinli (province de Hakkari). Les forces de sécurité ont suivi un renseignement issu d’une source anonyme localisant une brigade de militants. De violents affrontements ont éclaté lorsqu’ils sont rentrés en contact. Un soldat a été grièvement blessé et est décédé des suites de ses blessures quelques heures plus tard à l’hôpital. Quatorze guérilleros auraient également été tués. Les opérations se poursuivent aujourd’hui dans la région.

Soldat turc

Soldat turc

Le commandement des forces spéciales turques, mieux connu sous le nom de ‘Maroon Berets’ a exécuté une opération commando contre des camps du PKK à cinq kilomètres à l’intérieur de la frontière irakienne. Se basant sur des renseignements militaires, deux bataillons des Maroon Berets ont effectué une opération contre diverses cibles de la région. Les troupes sont ensuite rentrées en Turquie avec l’aide des forces aériennes turques. Le bilan de cette action de contre-guérilla n’a pas été communiqué.

Maroon Beret

Maroon Beret

Une opération aérienne intitulée ‘Opération Panthère’ a été déclenchée dimanche par l’armée turque contre les guérilleros du PKK dans le nord de l’Irak. Au cours de l’offensive longue de deux heures, les F-16 turcs qui avaient décollé de Diyarbakir, ont bombardé des campements de la guérilla dans le nord de l’Irak. Les tirs visaient les militants passés du côté irakien pour passer l’hiver. Plusieurs batteries anti-aériennes appartenant à la guérilla ont été neutralisées. En outre, cinq guérilleros ont été tués par l’armée turque dans une opération distincte samedi dans le sud-est du pays.

F-16 de l'armée turque

F-16 de l’armée turque

En Turquie, des échauffourées ont éclaté entre des manifestants kurdes et la police dans la ville de Cizre. Les violences se sont produites pendant l’enterrement d’un militant du PKK tué par les forces de l’ordre. La tension est à son comble dans la région, où des centaines de prisonniers kurdes sont en grève de la faim depuis cinquante jours. Ce samedi à Cizre, la police a riposté aux jets de pierres par des gaz et et des grenades lacrymogènes.

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Hier, un groupe de manifestants a tenté d’organiser une manifestation sur le campus de la Middle East Technical University d’Ankara en soutien des prisonniers kurdes en grève de la faim. La police a intercepté le groupe avant qu’il ne franchisse l’entrée principal du site, utilisant du spray au poivre pour disperser la foule. Les policiers anti-émeutes ont été la cible de jets de pierre et un incendie s’est déclaré devant le bâtiment durant les affrontements.

Affrontements à Ankara

Affrontements à Ankara

Des milliers de manifestants kurdes se sont opposés aux forces de l’ordre au cours de ce qu’ils avaient qualifié de journée de résistance dans de multiples villes turques. Leur objectif était d’attirer l’attention sur la situation des prisonniers kurdes en grève de la faim depuis six semaines. Les affrontements les plus violents ont eu lieu devant la prison de Diyarbakir, dans le sud-est. D’après les observateurs, les tensions entre le peuple kurde et les autorités turques atteignent des dimensions qu’elles n’avaient plus atteint depuis plus de dix ans.

Affrontements en Turquie

Affrontements en Turquie