La police antiterroriste a placé quatre personnes en détention hier dans le district de Maltepe de la ville d’Istanbul en rapport avec l’incendie de véhicules lors d’une manifestation ainsi que des procès en cours contre la KCK (Kurdistan Communities Union). Les autorités avaient lancé une enquête pour déterminer les lieux d’habitation de plusieurs individus suspectés d’avoir incendié des véhicules et d’avoir lancé des cocktails Molotov au cours d’une manifestation la semaine dernière. Les policiers ont fait usage d’écoutes téléphoniques et de surveillances physiques pour identifier les adresses des suspects et y ont fait des descentes simultanées hier matin.

Par ailleurs, cinq personnes parmi lesquelles un dirigeant local du Peace and Democracy Party, ont été arrêtées hier dans la province de Bitlis (sud-est) pour leurs liens présumés avec la KCK, organisation soupçonnée d’être l’aile urbaine du PKK.

Une fosse commune contenant 23 squelettes a été découverte sur un chantier de la ville de Diyarbakir, dans le quartier d’Ickale, où s’élevait un bâtiment de l’ancien service de renseignement de la gendarmerie, le JITEM, engagé dans la lutte contre le PKK. Une enquête a été ouverte pour identifier les corps et la date de leur inhumation.

Dossier(s): Archives Turquie-Kurdistan Tags: ,

Hier, une bombe a explosé au passage d’un fourgon de police au centre-ville de Hakkari, dans le sud-est de la Turquie. L’explosion a fait une douzaine de blessés et n’a pas été revendiquée. Néanmoins, les autorités ont d’ores et déjà affirmé que la province d’Hakkari étant proche de la frontière irakienne et que sa population étant à majorité kurde, elle devait être l’oeuvre du PKK.

Ce lundi 16 janvier, deux autres maires kurdes ont été arrêtés, portant à 16 (sur 98) le nombre des maires détenus, appartenant à un parti légal kurde, le BDP. Le maire de Esendere, Hursit Altekin et Ruken Yetiskin, la première femme à briguer la mairie de Yüksekova en 2009 avec 93 % des voix mais destituée de ses fonctions par les autorités, ont été placés en détention avec cinq autres membres du BDP par un tribunal de Van.

Les opérations des autorités turques à l’encontre de la communauté kurde dans le cadre de l’enquête visant la KCK (Kurdish Communities Union) se poursuivent. Aujourd’hui, la police a interpellé 32 personnes. Tôt ce matin, des descentes ont été organisées dans plusieurs provinces parmi lesquelles Istanbul, Diyarbakir, Ankara, Siirt et Adana. Une des personnes arrêtées a été identifiée comme étant une ancienne députée du Democratic Society Party (DTP) aujourd’hui dissout par le gouvernement turc. Un certain nombre de bâtiments appartenant à son successeur, le BDP (Peace and Democracy Party) ont également été fouillés, tout comme la maison de la député indépendante Leyla Zana, qui avait récemment critiqué toutes ces actions.

Plus de quarante personnes ont été interpellées hier dans le cadre des opérations en cours visant le KCK (Kurdish Communities Union) à Istanbul et dans le sud-est du pays. Les autorités turques accusent le KCK d’être la branche urbaine du PKK, organisée considérée comme terroriste. Hier, des officiers de police ont mené des opérations de grande envergure à Istanbul et dans la province de Diyarbakir, ramassant des douzaines de personnes en rapport avec les enquêtes en cours. Vingt personnes ont également été placées en garde à vue le 10 janvier dans le district de Silopi (province de Sirnak) alors que quinze autres suspects, parmi lesquels trois mineurs, ont été interpellés à Istanbul en raison de leur prétendue appartenance au KCK. Toutes ces rafles ont lieu autour des enquêtes actuellement en cours contre le KCK. 152 personnes ont déjà été arrêtées, 104 d’entre elles sont en instance de procès, toutes accusées de faits de terrorisme ou de liens avec une organisation terroriste.

D’après les informations de certaines agences de presse turques, de violents affrontements auraient opposé les forces de sécurité et des militants du PKK ce dimanche. Il semblerait que des milliers de militaires, soutenus par des hélicoptères et l’artillerie, aient effectué une mission dans les Mount Cudi, dans le sud-est du pays, mission au cours de laquelle ils se seraient confrontés aux guérilleros durant plusieurs heures. A la tombée de la nuit, les combats se poursuivaient, et des troupes additionnelles auraient été envoyées en renfort. Aucun bilan n’a été communiqué.

Hélicoptère militaire

Hélicoptère militaire

En cette année 2012, la Turquie entend accentuer sa lutte contre le PKK et a donc annoncé qu’elle allait acquérir divers systèmes armés pour combattre les guérilleros. L’entreprise italienne AgustaWestland et TAI (Turkish Aerospace Industries) collaborent actuellement à la construction d’un hélicoptère d’attaque T-129 qui sera une ‘version turque’ du A129 de la compagnie Mangusta International. AugustaWestland devrait livrer les neuf premiers appareils (sur les 59 prévus) à l’armée avant la fin 2012. Les autorités turques assembleront ensuite les systèmes d’armes requis sur les plateformes et les hélicoptères de combat seront opérationnels courant 2013. Séparément, les USA doivent fournir trois hélicoptères AH-1W Super Cobra au début de l’année. En plus de tout cela, TAI va livrer à l’armée turque trois MALE (Anka Medium Altitude Long Endurance), des drones destinés à des missions de reconnaissance. Les autorités turques ont également passé une commande pour quatre drones RQ-1 Predator et deux MQ-1 Reapers aux Etats-Unis, mais ceux-ci n’y ont pas encore donné suite.

Hélicoptère d'attaque turque

Hélicoptère d’attaque turque

On en sait maintenant davantage sur l’incident qui a coûté la vie à deux membres présumés du PKK à Diyarbakir. La police turque a donné l’assaut à un appartement occupé par les deux jeunes Kurdes. Des grenades ont été lancées à l’intérieur de l’appartement, et les deux jeunes gens se sont alors jetés par la fenêtre. Ils étaient en pyjama. Ils sont restés au sol pendant un moment, puis ils ont essayé de se mettre debout. Ils étaient entourés de policiers qui se moquaient d’eux, avant de les exécuter en tirant dans la tête. Les policiers ont ensuite ouvert le feu sur le bâtiment pour faire croire qu’il s’agissait d’un affrontement. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblés pour protester contre cette exécution. Des heurts ont été éclatés entre les policiers et les manifestants. Plus de 50 manifestants ont été arrêtés par la police.

execution-diyarbakir.jpg

Dossier(s): Archives Turquie-Kurdistan Tags: ,

L’AKP, le parti actuellement au pouvoir en Turquie, a déposé un projet de loi visant à couper toute communication entre le dirigeant emprisonné du PKK Abdullah Ocalan et ses militants via ses avocats. Le projet qui a été soumis au parlement offre la possibilité aux autorités d’interdire aux avocats de rendre visite aux prisonniers jugés pour des périodes allant jusque six mois. ‘Cette interdiction serait activée par un juge si des faits concrets prouvent que le prisonnier dirige les activités d’une organisation criminelle par l’intermédiaire des gens qu’il rencontre en prison’, prévoit le texte. Cela fait longtemps que les avocats d’Ocalan sont critiqués et accusés d’agir en tant qu’intermédiaires pour faire passer les ordres et les instructions d’Ocalan au PKK. D’ailleurs, depuis le mois de juillet dernier, aucun d’entre eux n’a eu la possibilité de lui rendre visite sous prétexte que les bateaux qui font la navette entre le continent et l’île où est détenu Ocalan sont en panne.

Par ailleurs, deux membres du PKK ont été tué aujourd’hui dans la ville de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie. La police a effectué une descente dans une maison où ils se cachaient. Encerclés, ils ont refusé de se rendre et ont jeté des grenades aux forces de l’ordre. Deux militants sont décédés au cours de la fusillade qui a suivi. En outre, la police a saisi deux fusils et trois grenades.
EDIT: L’information ci-dessus a été démentie par les médias kurdes qui parlent d’exécutions extra-judiciaires.