Hier soir, à 22H, l’aviation turque a bombardé diverses cibles au Kurdistan irakien dont le camp de réfugiés kurdes de Maxmur, mais aussi Geliyê Kersê, Barê et Çil Mêra (dans les monts Shengal). En réaction, plusieurs manifestations de protestation ont eu lieu, au Kurdistan mais aussi à Bâle, Copenhague, Strasbourg et Toulouse. Les organisations kurdes de Belgique appellent à un rassemblement de protestation aujourd’hui mercredi à 15h  devant le 40 rue Montoyer.

Le 22 janvier, plusieurs dizaines de jihadistes du Daesh ont lancé un raid contre la prison al-Sina’a-Geweran, à Hesekê (al-Hasaka) où sont détenus 5000 prisonniers de l’Etat islamique. De manière coordonnée, les prisonniers de Daesh se sont mutinés. Une partie de la prison a été prise mais les SDF (Forces Démocratiques Syriennes) ont réagi rapidement, encerclant les assaillants et les évadés dans le quartier résidentiel voisin de Zihûr (Al-Zohour). Cette poche est progressivement réduite. Jusqu’à présent, 22 jihadistes ont été tués et un capturés.

Les Turcs ont soutenu l’attaque de Daesh par une frappe de drone sur un véhicule du Conseil militaire de Til Temir qui se rendait à Hesekê pour soutenir l’opération lancée les SDF. L’attaque a eu lieu à proximité du village de Tiwena, sur la route Til Temir-Heseke. Enfin, au moment du raid de Daesh contre la prison à Hesekê, des miliciens islamistes payés et armés par la Turquie, ont lancé une attaque contre les villages de Mişêrfe, Cehbel et Mielek à Ain Issa ainsi que contre le camp d’Ain Issa et l’autoroute M4. Les combattants des FDS ont repoussé l’attaque, tuant cinq jihadistes. Ceux-ci étaient appuyés par des tirs de l’artillerie turque, tirs qui ont tué deux civils du village de Cehbel. Ces offensives concertées ont été menée alors que le clan Barzani, allié des Turcs, qui contrôle la région autonome du Kurdistan irakien, a instauré un blocus contre le Rojava en fermant les postes frontières.

EDIT: Le bilan ce samedi 23 des combats d’Hesekê (qui ne sont pas terminés) est de 22 combattants du Rojava (membres des SDF, des forces de sécurité « Asayish »  et volontaires civils) tués,, 23 personnes ont été blessées (combattants et civils). 110 membres de Daesh ont été capturés, 45 tués. Un journaliste a également été tué et un autre blessé.

 

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Le quartier général des forces d’occupation dans le centre de Jindires, dans le canton d’Afrin, a été dévasté samedi par une violente explosion. Deux membres de la faction al-Mu’tasem, liée au Front Syrien de libération, financé et armé par la Turquie, ont été tué et plusieurs autres ont été blessés. Les miliciens jihadistes multiplient les exactions à Afrin: arrestations arbitraires (580 pour la seule ville d’Afrin l’année passée), enlèvements, rackets, assassinat, provoquant l’exode de la population kurde et son remplacement par des réfugiés arabes venus de Turquie. Selon les dernières statistiques (2020), la population kurdes dans la région d’Afrin n’était plus que de 34,8 %, alors qu’ils représentaient auparavant 97 % de la population.

 

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Sinan E., Abdullah G., Serhat E., Hakan H. et Hugo G. sont toujours emprisonnés aux Pays-Bas. Il y a plus d’un mois, ils avaient participé à la protestation devant le bâtiment de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OPCW) à La Haye, pour dénoncer l’usage des armes chimiques par la Turquie contre la résistance kurde (voir notre article). Le procureur général a invoqué des dommages à des biens publics, des violences à l’encontre de la police, une violation de la loi sur les rassemblements et une violation de domicile. La prochaine audience aura lieu le 23 février. Serhat E. doit être expulsé vers la France car sa procédure d’asile y est en cours. À l’occasion de la semaine d’action impulsée Radical Solidarity aux Pays-Bas, des banderoles ont été accrochées sur divers bâtiments et ponts d’Amsterdam pour demander la libération des OPCW4 et la fin des attaques aux armes chimiques au Kurdistan. Une manifestation doit conclure aujourd’hui  à La Haye cette semaine d’actions.

Dans la nuit du 2 janvier, la vitre d’une voiture de Securitas AB a été brisée et du bitume a été déversé dans le véhicule et son système d’aération. Cela en solidarité avec les peuples en lutte en Turquie, avec la lutte de libération kurde et avec tous les prisonniers révolutionnaires dans les prisons turques. En Turquie, la société Securitas assure des fonctions de surveillance dans de nombreuses prisons – parfois même dans les prisons de type F – et participe ainsi à la répression, à l’enfermement, à l’isolement, à la torture et aux violences sexuelles. Alors qu’en avril 2019, en raison de la situation précaire due à la pandémie de Corona, des prisonniers issus de structures mafieuses, entre autres, ont été libérés des prisons, la situation des prisonniers révolutionnaires s’aggrave actuellement. Des décès comme ceux de Halil Güneş et Abdülrezzak Şuyur, se sont multipliés: des révolutionnaires souffrant de maladies graves qui se sont vu refuser non seulement une libération anticipée mais aussi un traitement médical. Lire le communiqué

 

Neuf ans après l’assassinat des trois femmes kurdes – Sakine Cansiz, co-fondatrice du PKK, Fidan Dogan, représentante en France du Congrès national du Kurdistan (KNK), et Leyla Saylemez, membre du mouvement de jeunesse kurde – la justice française refuse d’investiguer l’implication des services secrets turcs dans ce triple féminicide. Des manifestations auront lieux dans plusieurs pays. Voici les dates pour la France et la Belgique.

Mercredi 5, Paris, 11H, Marche blanche du Centre démocratique du Kurdistan (16 rue d’Enghien) jusque devant les locaux du centre d’information du Kurdistan (CIK, 147 rue La Fayette) où le massacre a eu lieu. Vous pourrez à cette occasion déposer des fleurs pour rendre hommage aux trois femmes.
Mercredi 5, Bruxelles, 13H, devant la résidence de l’ambassadeur de France, 42 boulevard du Régent
Samedi 8, Paris, 12H, Gare du Nord, grande manifestation..
Samedi 8, Strasbourg, 13H, Place de la Gare, manifestation.
Samedi 8, Marseille, 13H, Canebière, manifestation.
Samedi 8, Bordeaux, 13H, Place Stalingrad, manifestation.
Samedi 8, Bruxelles, 15H, rassemblement place de la Monnaie.
Dimanche 9, Paris, 12H30, Cérémonie d’hommage devant le 147 rue La Fayette.
Dimanche 9, Toulouse, 14h30, Métro Jean Jaurès, manifestation.

Dans le cadre de ses tentatives répétées d’anéantir les forces du PKK au Kurdistan Sud, dans le Nord de l’Irak, les forces armées turques ont installé une vingtaine de base et une centaine de postes dans la région. Ces dernières semaines, ces forces d’occupation turques ont reçu des coups violents de la part de la guérilla. Plusieurs opérations de différents types (tir de sniper, bombardement au mortier, tir de missile, mais aussi attaques directes à la grenade et à l’arme automatique) ont ainsi été menées contre les postes turcs. Les 8 et 9 décembre, deux postes ont été détruits et un troisième est tombé dans les mains de la guérilla qui a récupéré plusieurs armes des soldats turcs tués. Cette semaine, l’armée turque a évacué plusieurs postes dans la région de Zap et, dans le même moment, comme pour compenser l’aveu de sa défaite, elle a multiplié les bombardements aériens: le 27 décembre dans la région de Metîna, le 28 dans la région de Kandil (Qendil), le 29 dans la région de Hakurk (Xakurke) et dans la région de Zap.

 

La milice du Mouvement révolutionnaire uni des femmes (KBDH) a mené une attaque au moyen à l’explosif contre la police à Saraykapı, dans le district de Sur à Diyarbakır, en mémoire des prisonniers révolutionnaires qui ont perdu la vie dans le massacre des prisons du 19 décembre (2000) et de Garibe Gezer, qui a perdu la vie dans la prison de Kandıra la semaine passée (voir notre article). Un autre prisonnier politique, Verdat Erkmen est mort dimanche 19 décembre, alors qu’il était détenu à l’isolement dans la prison de Tekirdağ. Il avait été condamné à 374 années de prison. Les autorité affirment qu’il s’agit d’un suicide mais l’autopsie a été faite sans témoin. Les forces policières ont aussi entravé les funérailles.

Le décès d’Erkmen est le cinquième décès de prisonnier politique dans les prisons turques en moins de 10 jours. Outre Garibe Gezer, Abdulrezzak Suyur est mort le 14 décembre dans la prison de Sakran, suivi le lendemain par Halil Güneş, décédé dans la prison de haute sécurité n°2 de Diyarbakır, puis par Ilyas Demir, décédé dans la prison de type T de Bolu le 18 décembre. Halil Günes un prisonniers politique kurde qui figurait sur la liste des prisonniers gravement malades établie par l’Association des droits de l’homme (IHD), et maintenu en prison malgré des demandes répétées de libération et son état de santé. Le SKB appelle à un rassemblement devant le consulat de Turquie de Bruxelles demain 23 décembre à 16h00.

Détenue depuis 2016, Garibe Gezer, 28 ans, a fait l’objet d’un transfert disciplinaire de la prison de Kayseri à celle de Kandıra le 15 mars dernier. A son arrivée, elle a été isolée en cellule pendant 22 jours. Elle a ensuite été transférée, à sa demande, dans une cellule de trois personnes. Lorsque le 21 mai, on lui a dit qu’elle devait retourner à l’isolement, elle s’y est opposée. Les gardiennes l’ont traînée à terre par les cheveux et les bras, elles lui ont enlevé son pantalon et l’ont promenée à moitié nue devant des gardiens hommes. Jetée en cellule, Garibe a protesté en frappant à la porte de la cellule, les gardiens sont entré et l’ont battue. Le 24 mai, huit gardiens sont revenus dans sa cellule pour la battre. Elle a ensuite été emmenée dans une cellule capitonnée après avoir été dénudée fouillée et agressée sexuellement. Elle est ensuite retournée en cellule d’isolement. Le 7 juin, elle a tenté de mettre le feu à sa cellule et a de nouveau été jetée dans la cellule capitonnée pendant 24 heures. Le 9 décembre, après l’avoir ainsi maltraitée et persécutée, la prison annonçait son suicide. Pour en savoir plus