Le Parlement turc a adopté, mercredi 29 juillet, une loi qui donne toute latitude aux autorités pour censurer les contenus en ligne. Elle contraint les plates-formes de réseaux sociaux de plus de 1 million d’abonnés, telles que Facebook, YouTube, Twitter et d’autres, à nommer des représentants en Turquie afin de répondre à des plaintes concernant leurs contenus dans les 48 heures, sous peine de poursuites. Les entreprises refusant de désigner leurs représentants seront soumises à des amendes, des interdictions d’afficher de la publicité et des réductions de bande passante susceptibles de rendre leurs réseaux inutilisables.

La législation exige aussi que les fournisseurs stockent les données de leurs utilisateurs en Turquie et, au besoin, les transmettent au gouvernement. L’article 9 du texte précise que la loi « est régie par le président ». Le même jour, la présidence turque a publié un décret qui interdit aux fonctionnaires de l’Etat d’utiliser des applications mobiles « d’origine étrangère », invoquant des problèmes de sécurité.

Manifestation contre la censure d'internet en Turquie (archive)

Mehmet Yalcin est un jeune Kurde vivant à Bordeaux. Il a été arrêté le 28 juillet dernier et risque d’être expulsé vers la Turquie. Il avait été condamné par la justice française en 2019 à deux ans de prison, dont un an ferme, pour de prétendus liens avec le PKK. Mehmet Yalcin a dû porter un bracelet électronique pendant près d’un an. Il est actuellement sans papiers du fait du rejet de sa demande d’asile par l’OFPRA, rejet motivé par cette condamnation.

Le 28 juillet dernier, cet homme marié, père de trois enfants (âgés de 2, 4 et 6 ans), résidant à Bordeaux depuis 2006, a été convoqué au commissariat où il a été immédiatement menotté et placé en rétention. A ce stade, tous les recours déposés par ses avocats ont été rejetés. Mehmet Yalcin dont l’expulsion est prévue le 28 août prochain a fait savoir qu’il entamait une grève de la faim.

Manifestation kurde en France (archive)

 

Markéta Všelichová et Miroslav Farkaš sont deux internationalistes tchèques condamné·e·s pour avoir combattu Daech dans les rangs des YPG et des YPJ. Ils ont été arrêtés par les forces de sécurité turques en novembre 2016 et condamnés en 2018 à six ans et trois mois de prison ferme pour « terrorisme » (voir notre article). Ils viennent d’être libérés après 4 ans de captivité.

Markéta Všelichová et Miroslav Farkaš

Markéta Všelichová et Miroslav Farkaš

Il y a 4 ans débutait en Allemagne un procès anti-terroriste contre 10 membres de l’ATIK (Confédération des Travailleurs de Turquie en Europe) accusés d’être des dirigeants du TKP/ML, organisation interdite en Turquie mais pas en Allemagne. Le procès se terminera ce mois de juillet 2020 et le procureur a requis des peines de prison allant de trois ans et six mois à six ans et neuf mois. En raison de l’accusation construite de soi-disant « chef de file » du TKP/ML, le principal accusé Müslüm Elma est le seul qui est toujours en prison après cinq ans et près de trois mois de détention provisoire. L’ATIK, soutenu par des dizaines d’organisations (dont le Secours Rouge International) appelle à un rassemblement de solidarité ce mardi 28 juillet dès 10h devant le tribunal de Munich en Allemagne. L’événement Facebook

Bermal Birtek et Ergin Balta, deux cadres du Parti démocratique des régions (DBP) ont été condamnées chacune à 10 ans et 6 mois de prison par la cour d’appel d’Erzurum. Le tribunal a prononcé sa condamnation au cours d’un nouveau procès des anciens membres de l’assemblée du DBP, Bermal Birtek et Ergin Balta. Les deux militantes ont assisté à leur procès par vidéo-conférences depuis les prisons où elles sont emprisonnées (la prison de Sincan pour Bermal Birtek et la prison de haute sécurité de type L de Patnos pour Ergin Balta). Le Parti démocratique des régions (DBP) est un parti allié du Parti démocratique des peuples, une cible récurrente du régime d’Erdoğan (voir notre article).

Bermal Birtek et Ergin Balta

Bermal Birtek et Ergin Balta

L’ancienne co-maire du district de Nardinay à Mardin, Sara Kaya, a été condamnée à 16 ans de prison. Membre du HDP, elle avait été élue co-maire lors des élections locales du 31 mars 2014. Elle avait ensuite été arrêtée lors d’un raid de la police en 2017 et accusée de « perturber l’unité et l’intégrité de l’État » et d' »être membre d’une organisation illégale ». Sara Kaya a assisté ses audiences depuis la prison fermée de type Tarsus T, où elle est détenue, via le système de vidéoconférence SEGBIS.

Sara Kaya

Sara Kaya

Les Forces de défense du peuple (HPG) a publié un communiqué fournissant des informations sur les dernières actions de la guérilla kurde. À Heftanin, des actions contre les forces d’occupation turques ont eu lieu sur les collines Şehîd Berîvan et Şehîd Adar les 17 et 18 juin. Mardi soir, la zone de Xantur a été bombardée par des hélicoptères d’attaque turcs. Les hélicoptères ont été pris pour cible par les guérilleros et forcés de battre en retraite, l’un d’eux a dû faire un atterrissage forcé. Dans le district de Gever (Yüksekova), dans la province de Hakkari, des guérilleros ont attaqué le 22 juin un véhicule militaire turc circulant dans la région de Geliyê Doski près de l’avant-poste de Memişta. Un soldat a été tué et deux membres des forces de contre-guérilla ont été blessés. Le 23 juin, une unité HPG a frappé  l’avant-poste militaire turc de Perixan. Un sergent et deux soldats ont été tués et un soldat a été blessé.

 

 

Vendredi 12 juin, quatre militants du HDP ont été arrêtés dans le district de Ceyhan, dans la province d’Adana. Ils sont accusés d’avoir transmis des colis d’aide aux guérilleros dans les montagnes d’Amanos dans le cadre de la campagne d’aide alimentaire lancée pour aider familles qui en ont besoin suite à la crise du coronavirus. Aujourd’hui, la police turque a perquisitionné plusieurs appartements à Adana et arrêté dix personnes. Les personnes concernées ont été amenées au siège de la police à Adana. L’enquête est menée par le parquet général. On ne sait pas de quoi les personnes arrêtées sont accusées.

Arrestation d'une membre du HDP (archive)

Arrestation d’une membre du HDP (archive)

Rattachée au ministère turc de l’Intérieur, et forte d’une histoire de plus de 100 ans, l’institution des « vigiles de quartier » (bekçiler en turc) a été mise en avant cette semaine, lorsque le parlement a approuvé un projet de loi qui lui donne plus de pouvoirs, comparables à ceux de la police du pays. Par exemple, ils pourront désormais s’occuper des vols et des émeutes, une attribution qui était jusqu’alors réservée aux forces de sécurité. Ils pourront également porter des armes à feu et poursuivre, identifier et arrêter des personnes. Les vigiles recevront une formation de 40 heures pour apprendre à se servir de leurs armes à feu. L’entité, qui comprend actuellement plus de 28 000 membres, s’est considérablement développée depuis la tentative de coup d’État de juillet 2016. La génération actuelle des “vigiles de quartier” est composée en majorité d’hommes ayant des liens avec l’aile jeunesse de l’AKP (le parti du président Erdogan).

Vigiles de quartier en Turquie

Vigiles de quartier en Turquie

Jeudi 4 juin, Trois député·es ont été déchu·es de leur immunité parlementaire dont deux, appartenant au HDP (Parti démocratique des peuples), ont été mis en détention. Leyla Güven a été arrêtée à son domicile à Amed alors que Musa Farisoğulları avait déjà été arrêté quelques heures plus tôt. Leyla Güven avait déjà été emprisonnée par le passé et d’ailleurs, elle avait été élue députée du HDP alors qu’elle était encore en prison où elle a mené une grève de la faim de près de 6 mois (voir notre article).

Campagne de soutien à Leyla Güven et aux grévistes de la faim (archive)

Campagne de soutien à Leyla Güven et aux grévistes de la faim (archive)