Au total, 84 personnes ont été arrêtées à Istanbul, principalement dans le quartier de Besiktas, a indiqué la police de la ville. Les personnes arrêtées ont été emmenées à bord de bus pour être interrogées. L’accès à la place Taksim, dans le centre-ville, était ainsi entièrement bloqué mardi par des cordons de police. Les autorités ont également bloqué l’accès à l’avenue Istiklal, la principale rue commerçante et piétonnière de la ville, qui fut le théâtre de défilés d’opposants. Les partisans de l’opposition qui ont tenté de rejoindre la place Taksim ont été arrêtés brutalement. 26.000 policiers étaient mobilisés mardi à Istanbul, appuyés par trois hélicoptères, 85 camions avec des canons à eau et par 67 véhicules blindés. Parallèlement, des milliers de personnes ont pris part à un rassemblement autorisé pour les célébrations du 1er mai dans le quartier périphérique de Maltepe.

Une arrestation hier à Istanbul

Une arrestation hier à Istanbul

Les guérillas du PKK ont multiplié les opérations ces derniers jours. Les autorités turques ont reconnu avant hier qu’un militaire avait été tué et quatre autres blessés lors d’un combat avec les combattants du PKK près du village d’Akcabudak, à Lice. Les soldats blessés ont été transportés à l’hôpital à bord d’un hélicoptère dépêché sur les lieux. Avant-hier, elles ont reconnu qu’une attaque à l’IED avait tué un autre militaire dans la région de la colline Soru Tepe à Sirnak. Les forces kurdes affirment que les pertes de l’armée ont été bien plus lourdes pendant cette période, les estimant à huit morts au moins.

Combattant·e·s du PKK (archives)

Combattant·e·s du PKK (archives)

Le 4 avril dernier, 7 combattants de la guerilla du PKK sont tombés martyrs lors d’affrontements avec l’armée turque dans la région de Pülümür dans le Dersim.
Parmi eux, le membre du Conseil du commandement du HPG (Force de défense du peuple, branche armée du PKK en Turquie) Kemal Garzan qui avait rejoint la guerilla kurde en 1993.

Kemal Garzan, commandant du HPG

Kemal Garzan, commandant du HPG

Le PKK, en guerre contre l’Etat turc depuis 1984, a établi depuis plusieurs dizaines d’années leur base arrière dans les montagnes de Qandil, à la frontière entre l’Irak et l’Iran. L’armée turque a récemment multiplié les bombardements contre Qandil. A ces attaques aériennes, régulières, s’ajoute cette fois, à l’envoi de forces terrestres dans la région.

Selon l’agence de presse kurde Rudaw et des témoins locaux, des commandos turcs ont récemment pénétré sur une profondeur d’environ 20 kilomètres en territoire irakien, établissant plusieurs avant-postes et consolidant les routes dans la zone de Sidekan, sur les contreforts des monts Qandil. L’armée turque, qui dispose, grâce à la complicité du clan Barzani et de son PDK, de bases dans le nord de l’Irak depuis le milieu des années 1990, s’est toujours arrogé une grande liberté de manœuvres dans la région. Des milliers de militaires turcs − représentants des forces spéciales, agents du renseignement – y sont présents.

Meetin,g du PKK à Qandil pour le nouvel an kurde (archive)

Meetin,g du PKK à Qandil pour le nouvel an kurde (archive)

L’armée turque et ses alliés djihadistes mettent en œuvre des politiques de nettoyage ethnique, d’assimilation et de colonisation. Des milliers de djihadistes ont été transférés de la Ghouta à Afrin pour créer des changements démographiques et installer un ordre islamo-turc. La guérilla des forces YPG-YPJ dans le canton d’Afrin se poursuit. Au cours de la dernière semaine, les YPG/YPJ ont mené des actions sur la colline de Mame Gur (district de Bilbile, 30 mars), à Dayr Sawan (district de Shera, 31 mars), dans le centre-ville d’Afrin (2 actions, 1er avril) avec pour bilan 5 soldats turcs et 37 miliciens islamistes tués, et un char détruit.

Les conditions de vie des personnes déplacées d’Afrin dans la région de Shehba sont toujours très précaires. Cependant, les travaux de construction des camps et des distributions de provisions et d’aide humanitaire sont organisées par l’Auto-Administration démocratique du nord de la Syrie et le Croissant-Rouge du Kurdistan. Deux camps de réfugiés ont été construits dans le district de Sherawa et dans la région de Shehba. Les réfugiés sont ainsi repartis : 24.000 à Til Rifat, 40.000 dans le camp de Fafînê, plus de 37.000 à Ehres, 10.000 dans le district de Kefernayê, 30.000 dans le district de Sherawa d’Afrin, plus de 25.000 dans le sous-district de Nûbûl-Zehra d’Alep. Et elles estiment à 100.000 le nombre des personnes déplacées dans le centre d’Alep. Enfin, la Turquie a fermé le barrage de l’Euphrate, coupant l’approvisionnement en eau de Manbij, ce qu’elle n’a jamais fait pendant les années où la ville était aux mains du Daesh…

Un minibus transportant des miliciens islamistes au service des Turcs détruit à Afrin avant-hier 6 mars; trois de ses occupants ont été tués.

Un minibus transportant des miliciens islamistes au service des Turcs détruit à Afrin avant-hier 6 mars; trois de ses occupants ont été tués.

Avec l’arrivée du printemps, les forêts du Kurdistan se couvrent de feuillages et les guérillas du PKK peuvent reprendre les opérations. Plusieurs attaques et embuscades ont déjà été réalisées qui ont coûté la vie à plusieurs militaires turcs. Aujourd’hui vendredi, ce sont six paramilitaires anti-guérilla (appelés « gardiens de village ») qui ont été tués à Ormanardi (province de Siirt). Dans l’attaque, trois autres paramilitaires et quatre soldats ont été blessés.

Arrivée des militaires blessés à l'hôpital

Arrivée des militaires blessés à l’hôpital

La loi, adoptée tard mercredi par 205 voix contre 18, étend l’autorité du Haut-conseil turc de la radio et de la télévision (RTÜK) aux contenus audiovisuels publiés en ligne. Elle oblige ainsi les organisations, locales ou internationales, qui souhaitent diffuser du contenu audiovisuel en ligne à obtenir une autorisation de diffusion auprès du RTÜK, qui aura donc compétence pour les bloquer ou les interdire. Cela pourrait concerner des médias fermés par les autorités et qui avaient opté pour la diffusion en ligne pour contourner l’interdiction. L’autorité audiovisuelle turque est autonome, mais les membres de son Conseil suprême sont nommés par le Parlement, dans lequel l’AKP au pouvoir détient 316 sièges sur 539.

Le parlement turc à Ankara

Le parlement turc à Ankara

300.000 civils ont déjà été déplacés dans le canton d’Afrin dont 100.000 rien que dans la ville d’Afrin, chef-lieu du Canton. 50.000 de ces derniers ont fuit dans les dernières 24 heures. Sur les 650.000 habitants que compte actuellement le canton, il ne pourrait finalement rester que 50.000 habitants après l’exode massif qui s’apprête à se produire. Avec ceux de la Ghouta Orientale, on estime à 1,1 millions le nombre de nouveaux réfugiés mis sur les routes par ces deux sanglantes batailles en trois mois. Une crise humanitaire sans précédents risque d’avoir lieu, les camps de réfugiés du Rojava étant déjà surchargés, à commencer par ceux de Manbij, premiers sur la route des réfugiés d’Afrin. Les forces armées du Rojava, les Forces Démocratiques Syriennes, ont elle-même commencé à évacuer leurs positions.

L'évacuation d'Afrin

L’évacuation d’Afrin