Jeudi 27 novembre, la police antiterroriste britannique a arrêté sept personnes dans le cadre d’une enquête sur le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation interdite au Royaume-Uni. Dans un communiqué. Helen Flanagan, commandante à la force antiterroriste de la police de Londres, a déclaré que ces arrestations sont le résultats « d’une enquête et d’une opération de grande envergure portant sur des activités que nous pensons liées au groupe terroriste PKK ».

La polices a effectué des perquisition à huit adresses à Londres, dont le centre communautaire kurde de Haringey, au nord de la capitale, qui a été fermé pour l’enquête où les recherches vont se poursuivre dans les semaines qui viennent. Des manifestations se sont organisées dans la journée devant le centre communautaire kurde. Quatre personnes ont été arrêtées lors de ces manifestations lors d’altercations avec la police.

Ce 25 novembre, la place Taksim d’Istanbul a été placée sous un important dispositif policier suite à l’interdiction de manifester et de scander le slogan « Jin, jiyan, azadî » (Femmes, vie, liberté) à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Malgré l’interdiction, les organisations féministes se sont rassemblées à 19 heures. Les forces de l’ordre avaient bloqué toutes les rues adjacentes, plusieurs femmes ont tenté de marcher vers la place Tünel, elles ont été dispersées et repoussées, plusieurs d’entre elles ont été appréhendées. Des groupes de manifestantes se sont alors dirigés vers le littoral pour se rassembler sur les quais en scandant des slogans en kurde, environ 200 femmes ont été arrêtées par les forces de sécurité.

Mercredi, dans la ville de Dersi, un tribunal a condamné deux maires pro-kurdes à 6 ans et 3 mois de prison pour « appartenance à une organisation terroriste ». Suite à cette condamnation, les maires peuvent être suspendus de leurs fonctions et remplacés par des administrateurs désignés par le gouvernement turc. Le ministère de l’Intérieur a le pouvoir de suspendre Cevdet Konak, co-maire de Dersim et membre du Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie ( parti DEM ) et Mustafa Sarıgül, membre du Parti républicain du peuple (CHP). Il est nouveau que des maires du CHP soient démis de leurs fonctions pour des accusations de « terrorisme ». Récemment, quatre maires du CHP et du DEM ont été démis de leurs fonctions entrainant plusieurs manifestations de protestation sérieusement réprimées par la police turque ( voir article ici ).

Plus de 250 personnes ont été interpellées depuis lundi pour avoir participé à des manifestations contre la destitution de trois maires pro-kurdes ( voir article ici ), trente-trois d’entre elles ont été inculpées et écrouées, 37 ont été placées sous contrôle judiciaire et trois autres assignées à résidence. L’éviction, lundi, par des administrateurs nommés par l’État de trois maires pro-kurdes, dont ceux des grandes villes de Mardin et de Batman, a suscité la colère des habitants. Les trois élus déchus sont membres du DEM, principal parti pro-kurde et troisième force au Parlement turc. Les autorités avaient aussitôt interdit tout rassemblement dans plusieurs provinces pour tenter d’étouffer la fronde. A Batman, les forces de l’ordre ont été visées par des tirs de mortier d’artifice, ils ont répliqué en dispersant les manifestants à l’aide de blindés surmontés de canons à eau.

Depuis hier, des manifestations ont lieu pour protester contre le remplacement des maires élus des municipalités de Mardin, Batman et Halfeti par des administrateurs nommés par le ministère de l’Intérieur. Tous les maires évincés sont des élus du peuple kurde du Parti pour l’égalité des peuples. et Démocratie (Parti DEM). À Batman, 75 personnes ont été arrêtées et soumises à des violences policières. De nombreuses personnes ont été arrêtées lors de perquisitions dans des maisons du quartier Halfeti d’Urfa. 9 personnes ont été arrêtées lors de perquisitions à Mardin et emmenées à la Direction provinciale de la sécurité.

Suite à l’attaque du PKK contre le siège des industries aéronautiques turques à Ankara (voir notre article), les bombardements turcs se sont poursuivis au Rojava, visant des installations civiles (petites industries, infrastructures énergétiques, stations services) et sécuritaires (check point), tuant au moins 12 civils et en blessant de nombreux autres. Au Kurdistan irakien, un bombardement turcs a tué à Sinjar 6 membres des forces de défense yézidies. Deux drones turcs ont été abattus à Manbij tandis que les SDF ont frappé deux bases dans le Rojava occupé par les militaires turcs et leurs proxys islamistes dans les environs de Zarkan, touchant plusieurs occupants. Partout dans le monde (aussi à Bruxelles) des manifestations ont eu lieu pour protester contre les bombardements qui visaient des infrastructures civiles.

D’autre part, le bureau du procureur en chef d’Istanbul a délivré 44 mandats d’arrêts pour « aide financière à organisation illégale »; au moins 35 personnes ont été emprisonnées. 33 mandats d’arrêt ont également été délivrés pour « propagande pour une organisation illégale ». Enfin, des inconnus ont attaqué le siège du parti DEM (démocrate, pro-Kurde) à Ankara.

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Un commando d’une femme et d’un homme, a attaqué à la bombe et au fusil d’assaut siège de Turkish Aerospace Industries (TUSAŞ), à Kahramankazan, à environ 40 kilomètres au nord d’Ankara. L’attaque a fait  cinq morts et 22 blessés parmis le personnel de la société qui conçoit et fabrique les drones utilisés par l’aviation turque pour bombarder quotidiennement les diverses régions du Kurdistan. Les deux membres du commando sont également décédés. En représailles, l’armée turque a mené cette nuit des raids au Rojava en Syrie et dans le nord de l’Irak, visant d’abotd 32 puis un total de 47 cibles: au Rojava, ce sont infrastructures civiles (stations de carburant, boulangerie industrielle) et sécuritaires (check-point) qui ont été bombardés, tuant 12 civils dont deux enfants.

EDIT: Le quartier général des forces armées du PKK a revendiqué l’action: lire le communiqué

 

 Les prisonnières kurdes détenues dans la prison d’Evin, Pakshan Azizi condamnée à mort ce 23 juillet ( voir article ici ) et Warisha Moradi, membre de la Communauté des femmes libres du Kurdistan oriental (KJAR) emprisonnée depuis plus de 14 mois, en grève de la faim illimité contre la peine de mort en Iran depuis le 10 octobre dont l’état se détériore rapidement, ont été condamnées à six mois d’emprisonnement supplémentaires pour « troubles à l’ordre pénitentiaire ». Les deux prisonniers politiques, qui ont refusé d’assister à l’audience, ont été condamnés à la suite d’un seat-in de prisonnières politiques dans le quartier des femmes de la prison d’Evin. ( voir article ici )

La Cour constitutionnelle turque a déclaré que le fait de scander des slogans pro-kurdes et de chanter des chansons en kurde est protégé par les lois sur la liberté d’expression. Merve Nur Tekin avait été condamnée par la Haute Cour pénale d’Ardahan, dans l’est de la Turquie, pour avoir scandé des slogans tels que « Biji Serok Apo » (Vive le leader Apo), « Le PKK, c’est le peuple, le peuple est là » et fait la promotion du Parti des Travailleurs du Kurdistan lors d’une manifestation à Diyarbakır en 2014. Elle a également été accusée d’avoir chanté une chanson révolutionnaire kurde.

Sa condamnation avait été confirmée par la Cour suprême d’appel, elle a donc fait appel devant la Cour constitutionnelle, arguant que son droit à la liberté d’expression avait été violé. La Cour constitutionnelle a statué en sa faveur, déclarant que ses actes ne constituaient pas une menace et relevaient du champ de la liberté d’expression. Merve Nur Tekin a reçu 30 000 livres turques (environs 800 euros) de dommages et intérêts et l’affaire a été renvoyée devant le tribunal d’Ardahan pour un nouveau procès.

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Avant le rassemblement organisé par la « Plateforme des institutions démocratiques » pour revendiquer la libération d’Abdullah Ocalan, de nombreux endroits de Diyarbakır, la principale ville du Kurdistan turc, avaient été bloqués par des blindés. De nombreuses personnes, dont des députés du parti DEM, se sont rassemblées dans le quartier de Fatih et ont marché vers la place İstasyon. De nombreuses autres personnes se sont rassemblées devant la place AZC dans le quartier d’Ofis. Les forces de sécurité empêchant les marches de converger vers le centre, la ville a été le théâtre de plusieurs meetings et manifestations improvisées.

D’autre part, des milliers de personnes qui voulaient se rendre à Diyarbakır en provenance de différentes villes en ont été empêchés par la police. Un bus en provenance de Çanakkale et Balıkesir a été arrêté et contrôlé sept fois samedi soir, et à été définitivement bloqué à Bursa. À Ankara, les personnes qui s’étaient rassemblées dans le parc Kurtuluş pour se rendre ensemble à Amed ont été encerclées par la police. Le siège du parti DEM à Yüksekova est assiégé par une importante force policière depuis samedi matin. À Mersin, Adana, Dersim, Urfa, Batman, Siirt et Van, les départs ont également été empêchés. Les personnes en provenance d’Urfa ont été arrêtées au poste de police de Pirinçli à l’entrée de Diyarbakır.

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