Cinq combattants étrangers (2 Espagnols, 2 Américains et un 1 Canadien) combattaient au Rojava aux cotés des YPG, dans la brigade internationale intégrée, les ‘Lions du Rojava’. Il y a deux semaines, ils ont prit la décision de sortir de Syrie, pour ce faire ils ont décidé de passer par la province du kurdistan autonome irakien (KRG). Les 5 se dirigeaient vers Erbil pour y prendre un avion, mais ils ont d’abord été arrêtés le 23 octobre à Dahuk et maintenus en résidence surveillée par la police kurdo-irakienne jusqu’au 25 octobre, date à laquelle on leur a rendu leurs passeports et où ils ont pu poursuivre leur route, c’est en tout cas ce qu’ils pensaient avant de disparaître. Le 26 octobre, l’ambassade espagnole à Bagdad a confirmé que les 5 étaient détenus en régime d’isolement par les autorités kurdes à Erbil.

Du coté du Mont Shengal, où les HPG et les YPS repoussent l’Etat Islamique, les Peshmergas du Gouvernement Régional Kurde (KRG) ont fermé la route du Rojava, qui permettaient aux guérillas d’envoyer du matériel et des combattants. Des manifestations ont eu lieu à Kersê et à Serdeşt pour protester contre la décision du KRG.

Carte du conflit au Mont Shengal, 25 octobre

Carte du conflit au Mont Shengal, 25 octobre

L’état turc a mis ses menaces à éxécution. Il y a quelques mois, la Turquie s’était inquiétée de l’extension des positions contrôlées par le PYD (Parti de Union Démocratique, proche du PKK) et ses branches armées, les YPG et les YPJ. La ville de Tal Abyad -rebaptisée Girê Spi- contrôlée depuis le mois de juin par les Kurdes, a à présent été intégrée dans « l’administration autonome » du Rojava. Si les cantons de Kobané et de Ciziré sont unifiés depuis plusieurs mois, le canton d’Efrin -également sous contrôle kurde- est séparé du reste du Rojava d’une bande de territoire de 100 kilomètres longeant la frontière turque. Cette bandelette est le territoire manquant aux Kurdes pour revendiquer l’autonomie, ce que l’état turc cherche à tous prix à éviter en déclarant la bande ‘zone tampon’. Cette bande est à l’heure actuelle sous le contrôle morcelé de l’Etat Islamique et du front Al-Nusra.

Il y a quelques jours, les YPG ont tenté de traverser l’Euphrate, en direction de la ‘zone tampon’ et de la ville de Jarabulus. Les bateaux des YPG ont immédiatement été visés par des tirs turcs. Des tirs de représailles turcs ont également frappé les YPG à Kobané et à Tal Abyad. Jarabulus est la première ville à l’ouest de l’Euphrate et est sous contrôle de l’Etat Islamique. C’est également la dernière ville à la frontière syrio-turque a être sous contrôle de l’Etat Islamique. Lorsque l’EI perdra cette ville, elle sera coupée de son plus puissant allié.

La vidéo suivante aurait été filmé sur place, on y voit un bus de l’AKP, le parti au pouvoir en Turquie, circuler sans trop de problèmes.

Carte du conflit.

Carte du conflit.

Depuis l’attentat de Suruç, la guérilla du TKPML, le Tikko enchaîne les actions armées contre l’état turc et ses forces armées, notamment aux cotés des HPG, la guérilla du PKK. Hier soir, l’armée turque a attaqué le village de Mercan Şahverdi (région de Pulur/Ovacık, province du Dersim/Tunceli). Trois combattants de Tikko ont été tués lors des affrontements. L’opération militaire a commencé vers 23h et s’est terminée vers 3h du matin, elle était soutenue par l’aviation militaire turque. Quatre villageois ont également été arrêtés.

Guérilleros du TKP/ML - TIKKO

Guérilleros du TKP/ML – TIKKO

Notre dossier ‘Notes sur le Kurdistan’ vient d’être mis à jour. Deux diagrammes ont été ajoutés, ils présentent la composition de la nouvelle alliance ‘Syrian Democratic Forces’ qui regroupe 13 groupes armés au Rojava et dans le nord de la Syrie. Le second diagramme donne une idée de la composition politique de l’Armée Syrienne Libre (FSA). Les notes concernant les SDF et la FSA ont également été ajoutées.

Les informations concernant les BOG (Forces Unies de Libération) ainsi que le IFB (Front International de Liberation) ont également été complétées.

Voir notre dossier ‘Notes sur la géographie et les organisations politiques au Kurdistan’.

Drapeau du PKK.

Drapeau du PKK.

Il y a quelques semaines, le réseau social Instagram -détenu par Facebook- avait supprimé une série de photos du photographe canadien Joey L. Celui ci avait voyagé en Syrie pour photographier ceux qui combattent l’État Islamique, et avait posté ses clichés en juin dernier sur le réseau social. Instagram à finalement supprimé les clichés, non pas pour leur contenu graphique, mais parce qu’ils représentaient des combattantes du PKK, et faisaient donc, selon Instagram, l’apologie du terrorisme. Aux côtés de celles du PKK figuraient d’autres combattantes, des YPJ cette fois, qui n’ont pas été censurées car les YPJ ne figurent pas dans la liste des organisations terroristes américaines. Le photographe a depuis reposté l’une des photos censurées, cette fois ci imprimée et dans ses mains.

Pour voir les photos, voyez le site de Joey L.

Joey L. et sa photo censurée.

Joey L. et sa photo censurée.

Suite à l’organisation d’un atelier d’autodéfense, le journal d’extrême-droite Vehdet avait publié un article « Comment les anarchistes se préparent à la guerre civile », faisant une relation entre l’activité et les entrainements du PKK. Sur base de cet article, la brigade anti-terroriste de la police turque est venue une première fois au local anarchiste infiAl où avait lieu le workshop, en armes et blindés. Remballés la première fois, ils sont revenus et ont perquisitionné. Saisissant deux modèles de posters accusés d’insulter Erdogan et ses parlementaires. Trois personnes ont été arrêtées, dont l’avocat du collectif. L’avocat ne pouvant être entendu que par un procureur et les deux autres étant restés silencieux, ils seront convoqués sous peu chez le procureur. Les trois ont depuis été relâchés.

Les trois sont accusés d’insultes contre Erdogan et ses parlementaires et d’appartenance à une organisation terroriste.

Les deux posters 'insultants'

Les deux posters ‘insultants’

Malgré la trêve unilatérale décrétée samedi dernier par le PKK, les forces de sécurité turques multiplies les opérations militaires, et notamment des bombardements aériens. Les guérilleros se défendent naturellement lrosqu’ils sont attaqués, et c’est ainsi qu’ils ont tué trois militaires, dont un officier, et six blessés six autres, dans des combats à Daglica, dans la province d’Hakkari. L’armée a précisé revendique avoir tué 17 combattants du PKK dans une opération terrestre qui se poursuit. Les forces armées turques ont aussi mené vendredi des raids aériens dans le secteur de Yüksekova, près de la frontière avec l’Iran et l’Irak, toujours dans la province d’Hakkari.

Effets d'un bombardement turc au Kurdistan

Effets d’un bombardement turc au Kurdistan

Le 10 octobre, les guérillas du PKK et du TKP/ML-TIKKO ont organisé conjointement une action contre la base militaire de Geyiksuyu, dans la province de Tunceli (région du Dersim). A partir de 7h15, la base a été attaquée sur trois côtés avec des armes d’infanteries et de l’artillerie légère. Plusieurs militaires ont été atteints. La vidéo ci-dessous (désolé pour la pub…) montre les opérations de ratissage des forces spéciales turques qui, appuyées par des hélicoptères de combat Cobra, essayaient d’accrocher les groupes de guérilla après la bataille.

Les emblèmes du TIKKO et du HPG, les forces armées du TKP/ML et du PKK

Les emblèmes du TIKKO et du HPG, les forces armées du TKP/ML et du PKK

Le 10 octobre, quelques heures après le massacre d’Ankara, le KCK -organe politique du PKK et de ses organisations soeurs- déclarait une trève à l’encontre de l’armée et de la police turque. Les guérillas du PKK promettaient ainsi de ne pas attaquer les forces de l’état turc et de ne pas étendre les territoires qu’elles contrôlent. L’état turc a répondu à cette trève en poursuivant la guerre contre les kurdes et en bombardant les territoires kurdes en Turquie et en Irak.

Les HPG -branche armée du PKK- se sont défendu aujourd’hui à Binbir (Yüksekova), 24 soldats turcs ont été tués alors que les tirs de mortiers et de bombardiers turcs se poursuivaient. Au moins 8 combattants du PKK ont été abattus dans les bombardements. Malgré les agressions, le PKK maintient pour le moment son cessez-le-feu unilatéral et n’entreprendra pas d’actions offensives.

La Fédération des Syndicats Progressistes (DISK), la Confédération des Employés du Secteur Public (KESK), l’Union des Chambres des Architectes et Ingénieurs Turcs (TMMOB), l’Association Médicale Turque ainsi que le Parti Démocratique des Peuples (HDP) dirigent ces 12 et 13 octobre une grève générale en solidarité avec les victimes de l’attentat le plus meurtrier de l’histoire de la Turquie, le massacre d’Ankara qui a coûté la vie à plus de 100 personnes issues des mouvements de gauche Turcs et kurdes qui manifestaient contre la guerre. Si c’est naturellement l’organisation État Islamique qui est pointée du doigt, les preuves indiquent que les kamikazes étaient téléguidés par les services secrets turcs dont la connivence avec les islamistes n’est plus à démontrer.

Le président turc, Tayip Reccep Erdogan s’est d’ailleurs fait très discret dans les médias Turcs ces trois derniers jours alors qu’il faisait la une en Belgique pour avoir fait pressions sur les journalistes bruxellois qui posaient des questions sur Mohammed Ismael Rasool, ce caméraman de Vice News emprisonné dans une prison de Type-F (haute-sécurité) après avoir filmé les affrontements entre le YDG-H et les forces turques dans le sud du pays.

Rassemblement à ankara en hommage aux victimes de l'attentat

Rassemblement à ankara en hommage aux victimes de l’attentat

EDIT: Affrontements dimanche à Ankara et au Kurdistan

La police a utilisé les gaz lacrymogènes pour tenir à l’écart les gens endeuillés, venus rendre hommage aux victimes, dont les co-présidents du HDP, sous prétexte que les enquêteurs étaient toujours à pied d’oeuvre sur le site des deux explosions. Des incidents ont aussi éclatés entre manifestants et policiers à Dyarbakir.