Actualité de la répression et
de la résistance à la répression

Vendredi 12 juillet, de violents affrontements ont éclaté dans la capitale albanaise (Tirana) au cours d’une manifestation anti-gouvernementale réunissant des milliers de personnes. Les manifestant·es sont descendus dans les rues de Tirana pour exprimer leur frustration face aux difficultés économiques et à la corruption présumée du gouvernement. Des affrontements ont éclaté entre des manifestant·es masqué·es et les policiers, les premiers faisant usage de cocktail molotov et de pierres tandis que les second utilisaient des autopompes et lançaient du gaz lacrymogène. D’autres manifestant·es ont également mis le feu à des poubelles et à des véhicules.

D’autres affrontements s’étaient également déroulés la veille au cours d’une autre manifestation, durant laquelle les citoyens ont tenté de forcer un barrage de police (faisant notamment usage des bombes au mortier) afin d’entrer dans les locaux de la mairie.

Les manifestants ont tenté de forcer l'entrée de la mairie de Tirana jeudi

Les manifestants ont tenté de forcer l’entrée de la mairie de Tirana jeudi

Lors du sommet de Vilnius, en juillet 2023, les pays membres de l’Otan ont adopté de nouveaux plans de défense régionaux visant à faire face à « toutes les menaces, y compris sans préavis ou sur court préavis », selon une approche à « 360 degrés ».

Pour répondre à ce nouveau plan, les pays membres se sont engagés de mettre à la disposition de l’Otan toutes les « forces, capacités et ressources nécessaires ». Ce qui suppose de relever plusieurs défis, à commencer, selon une analyse récemment rendue publique, par celui consistant à aligner entre 35 et 50 brigades supplémentaires. L’effectif d’un brigade varie de 3000 à 5000 hommes. Les effectifs des armées de l’OTAN devraient donc gonfler de 105 000 à 250 000 soldats.

Cet effort devrait reposer en partie sur l’Allemagne (ce qui est confirmé par un rapport interne du ministère allemand de la Défense, intitulé « Préparation opérationnelle et soutien aux forces armées »). La Bundeswehr porterait ainsi son effectif à 272 000 hommes, en trouvant 75 000 recrues supplémentaires. D’où le projet de rétablir un service militaire d’au moins six mois, basé sur le volontariat. Des efforts particuliers en matière de défense anti-aérienne lui sont également demandés, au vu de sa location géographique stratégique pour l’alliance.

Action contre le sommet de l'OTAN à Lisbonne (archive)

Action contre le sommet de l’OTAN à Lisbonne (archive)

Lors de la soirée électorale du dimanche 8 juillet 2024, 3 personnes ont été arrêtées dans le cadre d’une manifestation. Le lendemain, 2 sont ressortis dans la journée alors que le 3ème a été transféré à la maison d’arrêt de Nantes. Celui-ci est, en effet, accusé d’avoir volé un drapeau français à une fenêtre lors de la manifestation antifasciste du 10 juin 2024.

Étant donné qu’il avait été condamné sur une affaire précédente à 3 mois aménageables, la justice a ordonné la mise en exécution de la peine afin de l’incarcérer, sans même une possibilité d’un débat contradictoire où il aurait pu se défendre.

Face à cette répression, l’Association de soutien juridique et administratif des étudiantes de Nantes a lancé une campagne de dons pour soutenir leur camarade.

Campagne de soutien pour un militant incarcéré accusé d'avoir volé français

Campagne de soutien pour un militant incarcéré accusé d’avoir volé français

Depuis plus de 2 mois et demi, une occupation en soutien à la Palestine était organisée sur le campus de l’université McGill à Montréal. Le mercredi 10 juillet, la direction de l’université a fait appel à une société de sécurité privé pour expulser les étudiants et fermer l’occupation et cela avec l’aide de la police et d’agents de la Sûreté du Québec. Un manifestant sera arrêté lors de l’expulsion. En conclusion de cet occupation, l’université de McGill a déclaré que les étudiants et étudiantes ayant participé au campement s’exposeront à des sanctions pouvant aller jusqu’à l’expulsion.

Le jeudi 11 au soir, en réponse à cette expulsion, une manifestation de soutien s’est organisée dans les rue de Montréal et qui sera réprimée par la police anti-émeutes envoyée sur place pour stopper la manifestation. Au final, la vitre d’une banque sera endommagée et une personne sera arrêtée.

Le 3 avril,  le conseil de ministres prononçait la dissolution de la Défense Collective (DefCo), un collectif rennais qui lutte contre la répression et vient en aide aux personnes inquiétées par la justice (voir notre article). Le mercredi 10 juillet, le Conseil d’État a cependant suspendu cette dissolution.

Le ministre de l’Intérieur Darmanin a multiplié les procédures de dissolution depuis son entrée en fonction (contre la Gale, les Soulèvements de la terre et le Collectif Palestine Vaincra qui ont toutes été suspendues ou annulées) et menaces de dissolution (contre Nantes Révoltée).

Logo de Défense collective

Logo de Défense Collective

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Frontex, l’agence européenne chargée de la répression des migrants, a organisé, il y a peu, des formations pratiques pour ses agents de différentes zones opérationnelles et du siège central. Celle-ci vise à leur apprendre à utiliser différents appareils de pointe dont elle s’est récemment dotée. Parmi ce matériel :

  • Des détecteurs de dioxyde de carbone permettant de détecter les émissions de CO2 des individus dissimulés dans des véhicules, des camions ou des conteneurs.
  • Des détecteurs de battements cardiaques portables : Utilisés pour détecter les battements de cœur de personnes cachées, ces appareils peuvent être rapidement montés sur des camions ou des véhicules.
  • Des borescopes : Ces appareils, dotés d’une micro-caméra télécommandée aider à inspecter les zones difficiles d’accès à l’intérieur des conteneurs, des réservoirs de carburant et d’autres compartiments.
  • Des spectromètres : Utilisant la méthode de détection spectrale basée sur la diffusion de la lumière monochromatique (Raman), ces appareils permettent de détecter diverses substances et matières dangereuses aux points de contrôle frontaliers.

Ces formations ont été données par des experts des entreprises ayant vendu ses appareils à Frontex. Elles ont également fourni aux participants l’occasion de partager leurs expériences et « bonnes pratiques ». Il est également attendus de ces derniers qu’ils forment leurs collègues.

Entrainement des agents de Frontex à l'utilisation de nouveaux appareils

Entrainement des agents de Frontex à l’utilisation de nouveaux appareils

Le mardi 9 juillet, une délégation de « La Campagne nationale pour la libération du prisonnier George Abdallah » et des membres de sa famille ont rencontré le ministre libanais de la Justice, Henry Khoury. Suite à cette rencontre, le ministre de la Justice a confirmé qu’une demande sera envoyé au nouveau gouvernement français pour exiger la libération de George Abdallah, libérable depuis 1999. Cette rencontre s’est organisée suite à la déclaration du premier ministre libanais par intérim Najib Mikati qui annonçait demander aux autorités françaises la libération du plus ancien prisonnier politique d’Europe.

Arrêté un première fois le 24 juin 2021 à la demande de la Turquie pour une extradition, une longue procédure s’est enclenchée menant Ecevit Piroğlu a entamé une première grève de la fin en en juin 2022. En janvier 2023, une décision de la cour le libère, la cour confirmant qu’il ne peut être extradé. À peine libéré, il sera arrêté à nouveau. Il entamera une deuxième grève de la faim, début 2024, qui le mènera à l’hôpital. (voir nos articles précédents ici)

Il a été libéré ce mardi 9 juillet sous condition de ne pas quitter le territoire Serbe.

Le vendredi 5 juillet 2024, deux jours avant le second tour des élections législatives, le premier ministre Gabriel Attal, le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires Christophe Béchu et le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et écologique ont pris un décret (voir ici) classant « Emili », la mine de lithium de l’entreprise Imeryus, dans l’Allier, « d’intérêt national majeur ». Ce projet vise à produire le lithium nécessaire à la fabrication des batteries de 700.000 véhicules électriques en vingt-cinq ans, à partir de 2028.

Ce classement « d’intérêt national majeur » permet d’accélérer la procédure de délivrance des permis à l’exploitation. De nombreux projets ont suscité une importante mobilisation écologiste ces dernières années en France : création d’un site d’enfouissement de déchets nucléaires dans le département de la Meuse, barrage de Sivens (où Rémi Fraisse fut tué par les forces de l’ordre), nouvel aéroport de Notre Dame des Landes à Nantes, construction de la nouvelle autoroute A69 dans le sud-ouest, création de méga bassines à Saintes Solines. L’État français n’hésite pas à déployer d’importantes quantités de forces de l’ordre en cas de contestation : cela a été le cas à Sivens, à Saintes Solines en mars 2023 ou le 9 juin dernier entre Castres et Toulouse dans le cas de la A69.

Le succès de ces projets dépend d’une course de vitesse entre gouvernement et capital d’une part et contestation d’autre part. Une mise en œuvre rapide crée un fait accompli et décourage les opposant.e.s au projet. Sinon, le projet risque de s’enliser, comme dans le cas de Notre Dame Des Landes, ce qui provoque son abandon. Le décret pris par le gouvernement français est un des éléments de cette course de vitesse.

Un texte est actuellement sur la table de l’Union Européenne qui souhaitent mettre en place une réglementation pour le contrôle des échanges de contenus illicites en contraignant les applications de messagerie à scanner tous les messages échangés par leurs utilisateurs. Les applications de messagerie, les défenseurs des libertés individuelles et de nombreux chercheurs en cybersécurité mettent en garde l’UE sur les risques d’une loi de contrôle qui scannerait toutes les messageries chiffrées. La présidente de Signal a souligné que « le chiffrement de bout en bout est la technologie dont nous disposons pour garantir la protection de la vie privée ». Signal et d’autres applications menacent de quitter l’UE si la proposition est adoptée. Ce Projet de loi est a l’agenda de l’Union Européenne actuellement sous présidence de la Hongrie qui est favorable au Chat Control.