Près de onze mois après les affrontements du G20 à Hambourg, des descentes de police ont eu lieu mardi en Suisse, Italie, Espagne et France. Ces descentes de police concernaient principalement les affrontements ayant eu lieu sur l’Elbchaussee à Hambourg le 7 juillet 2017, qui avaient engendré d’importants dégâts. La recherche de suspects et de preuves est prise en charge par les différents services de police, coordonnés dans la commission spéciale « Schwarzer Block » de Hambourg.

En Suisse, un homme de 27 ans a été interpellé puis libéré quelques heures plus tard dans le canton d’Argovie. L’homme interpellé, un Suisse, a été interrogé par deux enquêteurs du Ministère public argovien. L’appartement où l’homme a été interpellé à Bremgarten a été fouillé, de même qu’un centre culturel alternatif. A Madrid, les enquêteurs ont investi trois bâtiments, dont deux maisons alors occupées. Trois Espagnols sont accusés d’avoir causé « de gros dégâts » et auraient pris part à « des actions violentes envers des policiers » lors du G20. En France, l’opération ciblait un manifestant qui aurait participé aux incidents sur l’Elbchaussee, selon la police de Hambourg. Enfin, en Italie, la police a notamment perquisitionné l’appartement d’un homme qui avait déjà été jugé dans la ville allemande pour l’agression d’un policier. Depuis, les enquêteurs l’accusent d’avoir aussi joué un rôle dans les émeutes.

A Berlin, la police berlinoise avait opéré la semaine passée une perquisition dans la bibliothèque anarchiste de Kalabal! K et dans quatre appartements privés. Cette perquisition a conduit à la saisie d’armes illégales et de pétards, la confiscation de clefs USB et deux arrestations pour diffamation (il s’agirait d’une série d’affiches réalisées pour le G20.

Les affrontrements du G20

Les affrontrements du G20

Des dizaines de milliers de personnes manifestaient aujourd’hui jeudi dans les rues de Munich pour protester contre un prochain élargissement des pouvoirs policiers dans le land de Bavière. Les manifestants s’opposent à la loi PAG votée l’été dernier par les parlementaires locaux – qui n’est pas encore effective – qui permet aux juges plus de discrétion dans les détentions de suspects, notamment en étendant la détention préventive de 14 jours à trois mois. Elle autorise aussi la police à surveiller préventivement les téléphones et ordinateurs de suspects, à titre préventif. La mobilisation contre cette loi a déjà permis des aménagements de celle-ci: la technologie de reconnaissance faciale ne sera plus utilisée dans la vidéosurveillance.

La manifestation No-PAG ce jeudi à Munich

La manifestation No-PAG ce jeudi à Munich

À l’occasion des trois ans de la mort d’Ivana Hoffmann, la première internationaliste tombée en combattant Daesh et en défendant la révolution au Rojava, nous avons rendu visite au Cercle des Amis d’Ivana à Duisbourg, sa ville natale. Nous avons ainsi pu réaliser une série d’entretiens avec la mère et les ami.e.s d’Ivana. Comme résultat de cette rencontre, nous avons réalisé la vidéo suivante, elle a déjà été projetée lors de l’hommage rendu à Ivana et aux martyrs internationalistes le 7 mars dernier lors d’une soirée au Sacco-Vanzetti. Cette soirée avait également été l’occasion de lancer la campagne de solidarité avec les femmes combattantes de Shengal et du Rojava, vous pouvez en apprendre plus sur cette nouvelle campagne sur le site shengal.xyz

Une seconde vidéo a été réalisée par la campagne de solidarité avec les femmes combattantes de Shengal et du Rojava, elle présente l’histoire récente des femmes de Shengal, qui après avoir subies une tentative de génocide et avoir été réduites en esclavage par Daesh se sont auto-organisées dans des unités d’auto-défense.

Soutenez les femmes combattantes au Rojava et à Shengal !

Le 2 mars 2017, le ministère allemand de l’Intérieur a envoyé un avis aux Lands exigeant l’interdiction de divers drapeaux des institutions et des partis kurdes, y compris le PYD, YPG, YPJ, PJAK, YXK et NAV-DEM. Le ministère justifiait cela comme « mise à jour » de l’interdiction du PKK en vigueur depuis 1993. En juin dernier, les Kurdes et leurs amis ont organisé une manifestation dans la capitale allemande Berlin pour protester cette interdiction des drapeaux du PYD, des YPG et YPJ. Cette manifestation a été l’occasion d’une intervention brutale de la police allemande qui a blessé trois personnes (voir notre article).

Récemment, un citoyen kurde en Allemagne a déposé une plainte contre l’interdiction par la police de Berlin. Un policier a déclaré à ce procès que les drapeaux des PYD, YPG et YPJ n’étaient plus interdits dans le Land. Dans un procès récent, la police avait poursuivit un Kurde qui a partagé un drapeau de YPG sur Facebook, mais le tribunal d’Aix-la-Chapelle l’avait relaxé, déclarant que partager ce drapeau sur les médias sociaux ne constituait pas un crime. La police bavaroise se distingue par son zèle à effectuer des raids chez les personnes qui postent des drapeaux YPG ou YPJ sur les réseaux sociaux. Plus encore, un musicien résidant à Munich, Johannes König, est poursuivi pour avait posté un lien vers un article de la radio-télévision publique bavaroise (la Bayerischer Rundfunk) sur un militant dont la maison avait été perquisitionnée parce qu’il avait publié des drapeaux YPG / YPJ sur son compte Facebook en août dernier. Le parquet de Munich a ouvert une enquête contre König parce que le drapeau de YPG est visible dans l’aperçu de l’article de la Bayerischer Rundfunk!

Drapeaux du PYD et des YPG

Drapeaux du PYD et des YPG

Un incendie volontaire d’un véhicule de DITIB (Union des affaires culturelle Turquo-Islamiques) a eut lieu le 19 février en solidarité avec Afrin. Le DITIB est une organisation religieuse qui diffuse la propagande du régime Erdogan en Allemagne. Les sermons de cette organisation sont écris par Ankara et ses prêcheurs sont entraînés en Turquie.

Le commando Kendal Breizh (du nom d’un internationaliste tué récemment dans les combats contre l’armée turque) a revendiqué cette attaque dans un communiqué. Ce commando a également dénoncé la collaboration de l’état allemand dans la répression du mouvement Kurde et de la révolution sociale au Rojava (Kurdistan syrien). Enfin le commando a appelé intervenir dans le conflit directement dans les villes allemandes.

Le minibus incendié du DITIB

Le minibus incendié du DITIB

Dix communistes turcs actifs dans l’immigration (et notamment dans l’organisation ATIK) avaient été arrêtés par la police allemande et détenus suite à des opérations découlant de la coopération des gouvernements allemand et turc (voir notre article). Leur procès se déroule toujours à Munich mais quatre d’entre eux, Sami Solmaz, Musa Demir, Banu Büyükavcı et Sinan Aydin ont été libérés. Ils doivent cependant rester en Allemagne, signer deux fois par semaine au commissariat, et assister aux audiences de leur procès. Un autre de ces dix prisonniers, Mehmet Yeşilçalı, avait déjà été mis en liberté provisoire pour des raisons de santé (voir notre article).

Manifestation de solidarité aux inculpés du procès ATIK à Munich (archive)

Manifestation de solidarité aux inculpés du procès ATIK à Munich (archive)

Une trentaine de personnes étaient présentes samedi 3 février pour soutenir Erdal Gokoglu, prisonnier révolutionnaire arrêté le 13 novembre en Belgique et extradé vers l’Allemagne le mois suivant. Pour rappel Erdal Gokoglu vivait en Belgique depuis 2002. Il avait reçu le statut de réfugié politique en 2007. Lorsqu’il était emprisonné en Turquie de 1995 à 2001 il avait été torturé et avait participé à une grève de la faim, ce qui lui a laissé de graves séquelles physiques.

La soirée a commencé avec une prise de contact avec trois prisonniers révolutionnaires turcs actuellement détenus en Grèce qui risquaient une extradition vers la Turquie. Ensuite une vidéo expliquant l’histoire de Erdal, a été projetée. Cette présentation a été suivie par un exposé expliquant la législation allemande en matière « d’anti-terrorisme » (lois 129A et B) et de son utilisation pour réprimer les militant-e-s révolutionnaires notamment étrangerèr.e.s. Enfin la soirée s’est terminée par un repas solidaire qui a permis de réunir des fonds pour soutenir les frais de justice de Erdal et d’échanger des pistes sur les manière de continuer le soutien.

Solidarité avec Erdal Gokoglu

Solidarité avec Erdal Gokoglu

La police allemande a ordonné aujourd’hui samedi la dispersion à Cologne d’une manifestation de Kurdes contre l’offensive turque en Syrie en raison de la présence dans le cortège de symboles, interdits en Allemagne, du PKK. La manifestation à laquelle participaient plus de 14.000 personnes a été stoppée et dispersée après que plusieurs manifestants ont montré des drapeaux à l’effigie du dirigeant historique du PKK Abdullah Öcalan. Deux personnes ont été interpellées.

La manifestation de Cologne

La manifestation de Cologne

L’ayatollah Mahmoud Hashemi Shahroudi a quitté d’urgence jeudi matin l’hôpital de Hanovre où il séjournait depuis le mois dernier pour une tumeur au cerveau, escorté par des forces de sécurité allemandes. Il s’est envolé quelques heures plus tard vers Téhéran depuis l’aéroport de Hambourg, bénéficiant d’un accès séparé à l’avion où une demi-douzaine de places avaient été réservées en classe affaires. Les protestations spontanées d’exilés iraniens sur place n’ont pas empêché ce départ.

Ce proche du guide suprême de la révolution Ali Khamenei a été à la tête durant vingt ans de la justice iranienne. 2000 personnes dont des enfants ont été exécutés lorsqu’il était aux responsabilités. La torture était couramment utilisée. Le dépôt de plusieurs plaintes en Allemagne pour crimes contre l’humanité a conduit le parquet fédéral à se saisir du dossier. Une demande de mandat d’arrêt aurait pu empêcher le débat de l’ayatollah Shahroudi d’Allemagne, mais la justice devait encore examiner les plaintes déposées.

Mahmoud Hashemi Shahroudi

Mahmoud Hashemi Shahroudi

Berlin a ouvert la porte ce lundi à une modification d’une nouvelle loi très controversée visant à faire la police sur les réseaux sociaux. Cette loi, l’une des plus stricts en Europe sur le sujet, oblige les plateformes d’échange telles que Twitter, Facebook ou YouTube à supprimer les messages au contenu incitant à la haine, passibles de poursuites pour diffamation ou véhiculant de fausses informations. Elles doivent le faire dans un délai de 24 heures après avoir été alertées par des utilisateurs, sous peine d’amendes pouvant aller jusqu’à 50 millions d’euros.

Les plateformes ont vigoureusement protesté l’an dernier contre cette initiative, prise notamment après une accumulation de commentaires haineux sur Internet en Allemagne consécutive à l’arrivée de plus d’un million de migrants en 2015 et 2016. Les détracteurs de la loi dénoncent un texte qui aboutit à restreindre la liberté d’expression et à confier aux géants de l’internet le rôle de censeur. La controverse a été relancée au cours du week-end lorsque l’initiateur de la législation, le ministre allemand de la Justice Heiko Maas, a vu l’un de ses tweets supprimé en vertu du texte. Le tweet en question remontait à 2010, à une époque où il n’était pas encore ministre. Heiko Maas s’en était pris à un essayiste à succès néo-conservateur en Allemagne en le traitant de « crétin ».

Heiko Maas

Heiko Maas