Depuis plus d’un an des procédures judiciaires sont engagées par la Hongrie à travers l’Europe à l’encontre de militant.e.s antifascistes poursuivis pour des heurts avec des néonazis durant le « Day of Honour » à Budapest en 2023 (voir notre article).  Après l’affaire Antifa Ost en Allemagne, cette nouvelle séquence répressive ne doit pas rester sans réponse. Sommés par la Hongrie de livrer des militant.e.s, les tribunaux européens acquiescent et collaborent activement. Le Secours Rouge a co-organisé avec l’Action Antifasciste Bruxelles, le Front d’Action Révolutionnaire et la Plate-forme Voix des Prisonniers (Tutsaklarin Sesi Platformu) un rassemblement de solidarité envers Ilaria, Maja, Tobi, Gabriele et tous les camarades recherché.e.s lundi 18 Mars devant l’ambassade de Hongrie. D’autres forces étaient présentent (SKB, Partizan) à ce rassemblement auquel ont participé une quarantaine de personnes.

Dimanche, un groupe d’antifascistes a fait irruption dans une réunion du parti « chez nous » à Monceau-sur-Sambre. Il y a eu des heurts, des fumigènes, et la réunion fasciste n’a pu se tenir. L’arme au poing, les policiers du GSA, le groupe spécial d’appui de la police de Charleroi, sont intervenu, ont intercepté un véhicule et arrêté cinq personnes. Le groupe fasciste a annoncé qu’il porterait plainte

Lundi 29 janvier, lors de la première audience du procès contre les antifas, le parquet a présenté son réquisitoire. Pour Ilaria, sous enquête pour deux agressions, avec les circonstances aggravantes d’avoir agi tout en étant à connaissance de l’existence d’une organisation criminelle et d’avoir commis un acte possiblement mortel, le parquet a demandé une condamnation à 11 ans. Pour Tobias et l’autre camarade allemande, accusé.e.s de faire partie d’une association de malfaiteurs, face à une peine maximale de 5 ans, le parquet a demandé des condamnations à 3 ans et 6 mois. Les inculpés doivent choisir de se déclarer innocents et affronter un procès normal, ou reconnaître sa propre culpabilité. La peine maximale que l’inculpé peut encourir est alors celle demandée à cette occasion par le parquet. Ilaria s’est déclarée innocente et, à la demande du juge d’indiquer des éléments à sa décharge, elle a fait remarquer qu’elle ne pouvait pas se défendre parce qu’on ne lui a jamais fait parvenir le dossier judiciaire traduit et elle n’a pas non plus eu accès aux vidéos et aux photos présentés par le parquet comme preuves. La camarade allemande, qui se trouve actuellement en Allemagne, soumise à un contrôle judiciaire, s’est déclarée innocente. Son avocat a demandé que son contrôle judiciaire soit levé, ce qui a été refusé.

Tobias a choisi de se déclarer coupable, tout en contestant la peine demandée par le parquet, c’est-à-dire trois ans et six mois à purger dans une prison de sécurité maximale. Après s’être retiré pendant quelques minutes pour évaluer la situation de Tobias, le juge a émis à son encontre une condamnation à trois ans, à purger pour les deux tiers dans une prison de sécurité maximale, et une interdiction de revenir en Hongrie pendant cinq ans après sa peine. Le parquet, qui considère cette condamnation comme trop légère, a fait appel de la sentence. A ce point, le parcours judiciaire de Tobias se sépare de celui des autres inculpées et l’audience en appel pour lui aura lieu en octobre. La prochaine audience pour Ilaria et la camarade allemande a été fixée pour le 24 mai.

Une manifestation a eu lieu à Rennes quelques heures après que le Conseil constitutionnel ait très largement censuré la loi immigration et que le gouvernement ait annoncé qu’il s’apprêtait à promulguer le texte « dans les prochaines heures » pour appliquer les premières mesures « dès ce week-end ». Cette manifestation non autorisée a sillonné le centre-ville derrière une banderole proclamant « loi raciste réponse anti-fasciste ». Des manifestants ont brisé au passage plusieurs vitrines de commerces et tenté de mettre le feu à une agence bancaire place Hoche. Des barricades faites de poubelles et de grilles de chantiers ont été érigées en plusieurs endroits du centre-ville et il y a eu des affrontements avec les forces de police qui ont fait usage de gaz lacrymogènes. Le parquet a annoncé dans la nuit l’ouverture d’une « enquête pour dégradations et vols en réunion ».

Le procès contre trois antifascistes pour les heurts avec les néo-nazis durant le Jour de l’honneur 2023, devrait commencer le 29 janvier, à Budapest. Deux d’entre elles, Tobi et Ilaria, se trouvent toujours en détention préventive en Hongrie. Deux sont maintenant accusé.es de la préparation d’un acte délictueux et d’appartenance à une association de malfaiteurs. La troisième (Ilaria) est accusée d’avoir participé à au moins un délit et d’appartenir à une association de malfaiteurs. Pour cela, le procureur exige actuellement une peine d’onze ans de prison dans le cas qu’elle fasse des aveux le premier jour de procès, sinon elle risque jusqu’à 16 ans de prison. Le chef d’inculpation originel de « violence contre un membre de la communauté » ne tenait visiblement plus débout dans cette affaire, parce qu’il s’agit d’un paragraphe de la loi hongroise sur la protection des minorités. Le procureur a dû conclure que les nazis ne constituent pas une minorité digne de protection. Les autorités en charge de l’enquête construisent donc une prétendue organisation criminelle internationale qui est censée être derrière les attaques contre les nazis.

La Hongrie a présenté une demande d’extradition à l’Allemagne pour Maja, arrêté.e en décembre dernier à Berlin (voir notre article). Comme elle l’a déjà fait pour l’antifasciste italien Gabriele détenu à Milan. Dans les prochaines semaines, la Cour d’appel de Berlin décidera si Maja sera extradé.e vers la Hongrie. 13 antifascistes sont encore recherchés en Europe par les autorités. La répression et les tentatives de briser la solidarité par rapport à cette affaire continuent aussi en Allemagne. Le 10 janvier, juste après un parloir avec Maja, deux de ses proches ont vu leur domicile perquisitionné par la police judiciaire du Land de Saxe. Pendant sept heures (de 20 heures à 3 heures du matin), « chaque page a été feuilletée, chaque pierre a été retournée ».

Lundi 11 décembre, Maja,  a été arrêté.e à Berlin dans le cadre des enquêtes sur différents affrontements contre des néonazis, pendant la période du « Jour de l’honneur » de 2023, à Budapest. Des milliers de néonazis s’étaient rassemblés dans la capitale hongroise et certains d’entre eux avaient été attaqués. Ilaria et Tobias sont en détention à Budapest depuis février, accusés d’avoir participé à ces actions, et Gabriele est actuellement détenu à Milan. Certain.e.s camarades allemand.e.s visé.e.s par d’autres mandats d’arrêt européens pour les mêmes faits sont en fuite depuis plusieurs mois. Lors de son interpellation, Maja a été jeté par les agents de police à travers une porte vitrée, ce qui lui a causé plusieurs coupures et écorchures. Juste après l’arrestation, il y a eu plusieurs perquisitions domiciliaires chez ses proches. Un mandat d’arrêt national allemand et aussi un mandat d’arrêt européen, produit par l’Hongrie, avaient été émis contre Maja. Le mandat d’arrêt allemand a été mis en exécution lors de l’audience de validation de l’arrestation et depuis Maja se trouve en détention préventive. Dans les semaines à venir, le tribunal décidera si le procès contre Maja aura lieu en Allemagne ou s’il y aura une extradition en faveur des autorités judiciaires hongroises.

Le même jour, à Milan, l’audience pour l’extradition de Gabriele, interpellé le 21 novembre par les Carabinieri, suite à un mandat d’arrêt européen émis par un juge hongrois, a été reporté une nouvelle fois. Le juge a décidé de poser des questions au gouvernement hongrois sur les conditions de détention et d’exiger de celui-ci des garanties quant au déroulement du procès et à l’indépendance de la justice. La prochaine audition à ce sujet aura lieu le 16 janvier.

25 antifascistes  ont été arrêtés aujourd’hui dimanche à Gand alors qu’ils tentaient de saboter le du congrès du Vlaams Belang sur les questions migratoires. Plusieurs d’entre eux s’étaient infiltrés et cachés il y a plusieurs jours dans le bâtiments. Une demi-heure avant le début du congrès, ils ont surgit sur le toit, déployé une banderoles « congrès nazi » et allumé des flares. Une unité spéciale de la police est intervenue pour les déloger (photo). Ils ont placés en détention administrative. La police a une nouvelle fois fouillé le bâtiment et le congrès n’a pu commencer qu’avec du retard. Une manifestation antifasciste avait lieu à proximité.

Des manifestants antifascistes et la police se sont affrontés pour la deuxième nuit de suite à Leipzig après la condamnation de Lina et d’autres antifascistes de la ville (voir nos articles). Les manifestants ont érigé des barricades, allumé des feux et des engins pyrotechnique et jeté des pierres sur les policiers. La manifestation avait été interdite auparavant, mais de nombreuses personnes s’étaient tout de même rendues au point de rassemblement. Les affrontements d’hier samedi ont fait suite à des scènes similaires la nuit précédente, lorsque plusieurs centaines de personnes ont allumé des flares dans la rue et ont jeté des pierres sur des véhicules de police depuis des bâtiments. Dimanche, la police a déclaré qu’une cinquantaine de policiers avaient été blessés et que 30 manifestants avaient été arrêtés au cours des deux nuits.

Des centaines de manifestants se sont rassemblés à Leipzig (photo) pour dénoncer la condamnation de quatre antifas de la ville (voir notre article). La police n’avait autorisé qu’une rassemblement statique et lorsqu’elle a empêché la marche, elle a essuyé des jets de pierres, de bouteilles et de de pétards. Quatre policiers ont été légèrement blessés et hélicoptère de la police a été aveuglé par un pointeur laser. Une barricade que des manifestants tentaient d’ériger à un carrefour a été rapidement dégagée. Plusieurs personnes ont été placées en garde à vue. Plusieurs centaines de manifestants ont également participé à un rassemblement de solidarité à Dresde mercredi. Là aussi, la police a été la cible de jets de pierres et de bouteilles. D’autres manifestations ont eu lieu à Hambourg et à Berlin. C’est demain samedi qu’est prévue la grande manifestation à Leipzig. La police prépare une opération de grande envergure et des contrôles étendus ont été annoncés pour le week-end.

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