Mardi 14 juillet, un groupe de six colleur·ses d’affiches féministes a été violemment interpellé par la police à Nantes. Les militant·es se trouvaient près d’un collage “Liberté, égalité, impunité” lorsque deux agents de la brigade canine sont intervenus pour les agresser et les arrêter. Un policier a arraché des mains le téléphone d’une militante avant de l’étrangler à plusieurs reprise, et de lui faire des clés de bras et de poignets. Une fois les renforts sur place, elle a aussi subi un menottage très serré malgré ses nombreuses demandes de desserrement, ce qui a provoqué des blessures aux poignets. Après l’arrestation, elle a été également menacée directement au sein du commissariat, par un agent de la BAC qui a tenu les propos suivants: “Y’a pas intérêt à ce que ma tête se retrouve sur internet demain”. Une seconde personne a été violentée. Elle a subi une clé d’étranglement, a été violemment projetée à terre et porte encore aujourd’hui les marques d’un menottage trop serré, ainsi qu’une dizaine de bleus.

Tou·tes les militant·es été victimes d’agressions et de violences verbales tout au long de l’interpellation et pendant les 22 heures garde à vue : des propos sexistes, misogynes, dégradants ainsi que des humiliations diverses et des insultes. Par ailleurs, les policiers ont également refusé de fournir les traitements médicaux aux militant·es qui en avaient besoin. Sur les six personnes arrêtées, quatre sont convoquées au tribunal pour “avoir, sans arme et en réunion, opposé une résistance violente” sont passibles de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende ». L’une des quatre personne est également poursuivie pour « violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique sans ITT”, avec une peine encourue pouvant aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

Cette affaire est révélatrice d’une énorme intensification de la répression policière depuis un mois, rapportée par de nombreux collectifs féministes partout en France. Une cagnotte a été mise en ligne pour les soutenir. Plus d’infos ici.

Des colleuses d'affiche féministes violentées par la police et poursuivie au tribunal

Des colleuses d’affiche féministes violentées par la police et poursuivie au tribunal

À Millau, en Aveyron, des dizaines de personnes ont eu la mauvaise surprise de recevoir une ou plusieurs amendes de 135€ pour avoir manifesté à la sortie du confinement, le 12 mai, alors que les rassemblements à plus de 10 personnes étaient interdits. Aucune d’entre elles n’a été interpellée ou arrêtée durant lesdits événements. Elles ont toutes été verbalisées à posteriori, les services de renseignement territoriaux les ayant repérés de visu puis confirmé leurs identité grâce aux caméras de vidéosurveillance de la ville.

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Hier matin 16 juillet, 300 gendarmes ont réinvesti la D281 (ancienne route des chicanes) sur la ZAD de NDDL pour détruire deux cabanes et évacuer le véhicule/domicile d’une personne qui occupait la Chèvrerie depuis plus d’un an… Les gendarmes et travailleurs réquisitionnés ont massacré des dizaines d’arbres qui repoussaient depuis 2013 dans la « zone non motorisée », pour détruire La Chouette (ancienne Mandragore) épargnée par les machines lors de l’expulsion 2018 car située en zone marécageuse, mais à moitié détruite tout de même par quelques gendarmes à pied. Elle avait été reconstruite lors du printemps 2019… Plusieurs cabanes restent néanmoins debout bien que « illégales ». C’est le Conseil Départemental de Loire Atlantique qui a réclamé l’expulsion de 2 cabanes habitées sur « ses » terres.

La destruction de cabane à NDDL ce mercredi

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La fête nationale française a donné lieu, pour la deuxième année consécutive, à des manifestations anti-gouvernementales et à des affrontements avec la police à Paris. Des centaines de Gilets Jaunes ont tout d’abord manifesté en matinée devant l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN) pour réclamer sa dissolution. L’IPGN a, en effet, perdu toute crédibilité depuis la mise en lumière de son rôle de blanchiment des policiers violents (voir notre article). En après-midi, une manifestation de plusieurs milliers de personnes s’est tenue au départ de la Place de la République. Le cortège était principalement composé de membres du personnel hospitalier, de Gilets Jaunes, et de militant·es syndicaux. La police, qui avait déployé un gros dispositif, a nassé et gazé le cortège à la Place de la Bastille, déclenchant des affrontements avec les manifestant·es. Des tentatives de manifestations spontanées se sont ensuite tenues en début de soirée.

La célébration officielle a été également perturbée par une action du personnel soignant. Alors que la Marseillaise résonnait devant un parterre de militaires et de politiciens, des banderoles, accrochée à des ballons, se sont envolés depuis un immeuble. Elles indiquaient : « L’économie nous coûte la vie », « Derrière les hommages, Macron asphyxie les hôpitaux ». Deux soignants du collectif « L’inter-Urgences » ont été arrêtés après avoir déployé une banderole dans le ciel. Ils ont été transférés au poste et interrogés pendant quelques heures au commissariat du 7ème arrondissement de Paris. Ils ont été relâchées après 15H.

Manifestations, affrontements et arrestations à l'occasion du 14 juillet à Paris

Manifestations, affrontements et arrestations à l’occasion du 14 juillet à Paris

Vendredi 10 juillet, le procès de Loïc Citation (Loïc Schneider), poursuivi pour des dégradations survenues lors des manifestations contre le G20 à Hambourg, s’est terminé. Il a été condamné à trois ans de prison ferme, mais a fait appel et reste libre jusqu’au nouveau procès. Les 16 mois de prison qu’il a déjà effectué sont à déduire de sa condamnation et il est commun en Allemagne de n’effectuer que les deux tiers d’une peine lors du premier emprisonnement. Loïc devrait donc théoriquement retourner en prison pour une durée de huit mois. Mais ses avocats ont décidé de faire appel et sont convaincus que le procureur en fera autant dans les heures qui viennent. Cet appel étant suspensif, il restera libre jusqu’à ce second jugement qui ne devrait pas intervenir avant un an. D’ici là, aucun contrôle judiciaire ne lui est imposé, il peut donc quitter Hambourg. Au cours de son procès Loïc Citation est resté fidèle à ses principes politiques (voir notre article).

Loïc Citation étaient jugé avec quatre co-accusés d’origine kurde qui étaient venus manifester contre le régime Erdogan qui a torturé leurs parents. Ils ont été condamnés à des peines, pour l’un d’un an et cinq mois de prison avec sursis, pour un autre d’un an et trois mois de prison avec sursis, et pour les deux autres de 20 heures de travail pour atteinte à la paix publique.

Loïc Schneider

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Mercredi 1er juillet, plusieurs centaines de personnes se rassemblaient à Toulouse contre le plan d’annexion de la Cisjordanie à l’appel d’une vingtaine d’organisations dont le Collectif Palestine Vaincra et le Secours Rouge Toulouse. Franck Touboul, président du CRIF Midi-Pyrénées, a vivement réagi dans les médias locaux face à ce succès et à son échec de faire interdire cet événement par les autorités. A plusieurs reprises, il a violemment diffamé et menacé les membres du Collectif Palestine Vaincra. Il a été publiquement soutenu par Jean-Luc Moudenc, maire de la ville de Toulouse. Ils leur reprochent notamment une campagne dynamique contre le jumelage Toulouse Tel Aviv, leur soutien à Georges Abdallah et des liens présumés avec le Front Populaire de Libération de la Palestine. Voir le communiqué du Collectif Palestine Vaincra.

Samedi 4 juillet, une manifestation de 900 personnes s’est tenue à Itxassou pour soutenir Mikel Barrios. Arrêté en 2017 en Allemagne puis remis en liberté sous contrôle judiciaire, Mikel Barrio était en procès pour appartenance à l’ETA. En juin 2020, il a été condamné à cinq ans de prison et dix ans d’interdiction du territoire français. Il est emprisonné à la prison de Mont-de-Marsan depuis le 29 juin. Plus d’infos ici.

Plus de 900 personnes pour soutenir Mikel Barrios à Itxassou

Jeudi 2 juillet, au siège d’Eurojust, l’agence de coopération judiciaire de l’Union européenne, à La Haye, des enquêteurs néerlandais et français ont révélé qu’ils étaient parvenus contourner les systèmes de sécurité des téléphones EncroChat. Ces appareils ont commencé à arriver entre les mains des experts de la gendarmerie française en 2017, en marge d’affaires de trafic de stupéfiants. A l’apparence anodine, ils disposaient de fonctionnalités cachées rendant leurs communications impossibles à intercepter et leurs données illisibles. Leurs données pouvaient être totalement supprimées en saisissant un simple code sur le téléphone.

Ces téléphones, dont la caméra, le micro ou le GPS étaient parfois physiquement détruits pour limiter tout risque de pistage, étaient commercialisés par EncroChat au prix de 1.000 euros et assorti d’un abonnement d’environ 3 000 euros l’année. Chaque appareil disposait même d’un service après-vente, disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. En 2020, selon les autorités néerlandaises, 50.000 appareils EncroChat étaient actifs, dont 12.000 dans les seuls Pays-Bas.

Les enquêteurs français ont découvert les serveurs formant le soubassement technique du réseau EncroChat étaient situés en France. Un logiciel capable de siphonner le contenu des appareils et de lire les échanges avant qu’ils soient chiffrés a été envoyé sur des milliers de téléphones. Ceux-ci ont été écoutés pendant des semaines. Les responsables d’Encrochat ont fini par s’apercevoir que quelque chose clochait sur leurs appareils. Le 13 juin, ils font parvenir en urgence, en anglais, un message à tous leurs utilisateurs : « Une ou plusieurs entité(s) gouvernementales ont lancé une attaque pour compromettre [certains de nos appareils]. Nous ne pouvons plus en garantir la sécurité. Nous vous conseillons de les éteindre et de vous en débarrasser immédiatement. » La justice française, qui vise, notamment, le chef de « fourniture d’un moyen de cryptologie », n’a pas (encore?) lancé de poursuite contre EncroChat.

Un téléphone Encrochat

Un téléphone Encrochat