Samedi 2 mars, se tenait le XVIème acte des Gilets Jaunes en France. Voici un bilan non-exhaustif des manifestations et de la répression de celles-ci.

À Paris, des affrontements se sont déroulés sur les Champs Élysées. Un homme a été blessé au visage, probablement par un tir de LBD. On dénombre 33 arrestations.

À Alès, des heurts ont opposé plus de 1.000 manifestants à la police, faisant 15 blessés légers parmi ces derniers dont 11 CRS ainsi que deux commissaires. Onze personne ont été arrêtées et au moins un Gilet Jaune a été blessé.

À Montpellier, 7 arrestations ont eu lieu et le dernier bilan fait état de 8 blessés légers parmi les policiers dont un brûlé légèrement par un jet de cocktail molotov. On ne connait pas le nombre de blessés parmi les Gilets Jaunes.

À Nantes, entre 1000 et 2000 ont manifesté. Des affrontements ont eu lieu tout l’après-midi avec 15 arrestations et plusieurs blessés chez les Gilets Jaunes.

À Rouen, quelques barricades ont été dressées et parfois incendiées. On dénombre deux arrestations.

À Toulouse, 20 personnes ont été arrêtées, dont 18 toujours en garde à vue.

Arrestations de Gilets jaunes à Bordeaux (archive)

Le dimanche 24 février, des jeunes Martiniquais défilaient dans le cadre des manifestations carnavalesques du LORRAIN en brandissant un drapeau Rouge Vert Noir. Ce drapeau tricolore, crée en 1968, est devenu l’emblème de la revendication autonomiste et indépendantiste martiniquaise. Le rouge représente le socialisme, le noir, le combat pour la cause noire et le vert celui pour la paysannerie.

Les manifestants ont été pris à partie par des gendarmes qui sont allés jusqu’à arrêter l’un d’entre eux, à le placer en garde vue et à saisir le drapeau. Il a finalement été relâché face aux protestations populaires, mais il était convoqué à la gendarmerie du Lorrain le Mardi 26 Février à 9 heures. Un rassemblement de solidarité était prévu. Plus d’infos de contexte ici

Un drapeau indépendantiste de Martinique

Un drapeau indépendantiste de Martinique

Le conseil de l’Europe, qui regroupe des représentants des 47 états membres de l’union européenne, a publié un rapport sur le mouvement des gilets jaunes dans lequel il condamne l’usage du LBD 40. L’arme, symbole de la militarisation de la police et des violences policières, blesse et mutile depuis des années, mais cela a pris une autre ampleur depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes. Le rapport condamne également les autorités judiciaires qui ont trop recours aux comparutions immédiates et dénonce les nombreuses interpellations non légitimes.

Le gouvernement français a riposté à cette condamnation en rappelant que le conseil d’État avait rejeté la requête de la CGT et de la LDH (ligue des droits de l’homme) qui demandait l’interdiction du LBD 40. Depuis le début du mouvement plus de 9.200 cartouches ont été tirées, et on ne compte plus les éborgnés et mutilés.

LBD

LBD

Les procès et les condamnations de gilets jaunes se poursuivent en France. Un homme de 36 ans a été ainsi été condamné à deux ans de prison ferme pour avoir lancé des projectiles sur les forces de l’ordre et dégradé du mobilier urbain le 12 février à Bordeaux. La peine de l’homme a été assortie d’une interdiction de manifester à Bordeaux durant deux ans et de détenir une arme. Il a été incarcéré à l’issue de son procès, vendredi dernier à Bordeaux.

Un homme de 43 ans a été condamné à trois ans de prison ferme ce mercredi à Caen (Calvados) pour des violences commises pendant plusieurs manifestations des gilets jaunes, notamment celle du samedi 5 janvier. Il a été identifié, grâce à des images de vidéosurveillance, comme l’auteur de violences à l’encontre de gendarmes et de CRS au moyen d’un lance-pierre. Il avait aussi lancé des appels sur les réseaux sociaux pour que d’autres manifestants lui apportent des projectiles, comme des boulons ou des billes. Il a aussi écopé de trois mois de prison ferme pour avoir donné une fausse identité au moment de son arrestation. Il avait déjà été condamné et a donc été jugé comme récidiviste.

La manifestation du 5 janvier à Caen

La manifestation du 5 janvier à Caen

Lundi 25 janvier, une manifestation s’est tenue à Strasbourg pour dénoncer les conditions de détention d’Abdullah Öcalan et réclamer sa libération. Une quarantaine de manifestants se sont introduits sur le parvis de l’Agora, l’un des bâtiments du Conseil de l’Europe, qui abrite notamment le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT), l’un des organes du Conseil qui se prononce régulièrement sur les conditions de détention d’Abdullah Öcalan. Les militants ont lancé des pétards et des fusées vers les fenêtres du bâtiment et lancé des pierres contre la vitrine de l’Agora. A la demande du Conseil de l’Europe, la police est intervenue qui a arrêté 43 personnes.

L’occupation de l’Agora à Strasbourg (Archive)

L'occupation de l'Agora à Strasbourg (Archive)

Ce samedi 23 février, près de 47.000 gilets jaunes ont participé aux manifestations dans toute la France, dont 5.800 à Paris.

À Paris, plusieurs milliers de manifestants ont défilé sur les Champs-Élysées, deux défilés dans différents quartiers de Paris en passant par le siège du Medef avant de rallier l’esplanade du Trocadéro avant de se disperser vers 17 h. À l’issue d’un défilé, des bombes lacrymogènes ont été tirées par les forces de l’ordre pour disperser la foule. Au total, 14 personnes ont été interpellées dans la capitale.

À Clermont-Ferrand, environs 4.000 gilets jaunes ont défilé. Par peur des dégradations, la ville entière s’était barricadée. Les commerces, parcs et bâtiments publics avaient été fermés dans l’après-midi et les concerts et spectacles annulés. Tout ce qui pouvait servir de projectile avait été retiré (horodateurs, poubelles, bancs publics, etc.). La situation s’est tendue dans l’après-midi, du gaz lacrymogène a été utilisé, une personne a été blessée par un tir de LBD. Au total, neuf manifestants et un policier ont été blessés. Sur la journée, 33 personnes ont été interpellées et 16 ont été placées en garde à vue. Des armes, dont certaines par destination (boules de pétanque, batte de baseball, pied de biche, pistolet d’alarme, poignée à impulsion électrique…), ont été saisies.

A Toulouse, une centaine de personnes, dont des gilets jaunes, ont bloqué la plateforme d’Amazon, qui a été fermée, empêchant toute livraison. Plusieurs milliers de personnes ont également manifesté en ville. Des cocktails Molotov ont été lancés contre les forces de l’ordre.

À Rennes, près de 2.000 personnes ont défilé. Des gaz lacrymogènes ont été utilisés pour les repousser. Une quinzaine de personnes ont été interpellées dans le cadre de contrôles et de fouilles préventives avant la manifestation. Un manifestant a été blessé au mollet et prit en charge par les « street medic ».

À Bordeaux, plusieurs milliers de personnes ont défilé. Vers 17 h 30, manifestants et forces de l’ordre se sont affrontés. Des gaz lacrymogènes et de canons à eau ont été utilisés pour disperser la manifestation. Deux personnes ont été blessées et au moins deux personnes ont été interpellées.

Gilets Jaunes à Clermont-Ferrand, Acte XV (archive)

Le 8 février dernier un Gilet Jaune de Saint Brieuc a été condamné pour outrage à trois mois de prisons de prison avec sursis et à verser des dommages et intérêts à des policiers. En plus des trois mois de prison, le Gilet Jaune doit payer 200 euros de dommages et intérêts, 500 euros de frais d’avocats et 127 euros de procédure. Des Gilets Jaunes ont alors proposé de récolter un peu de sous (une centaine d’euros aurait été collectée à ce jour), ce qui est interdit par une loi datant de 1881. Cette loi interdit de lancer des cagnottes pour aider au payement d’amendes et de dommages et intérêts.

En début de semaine, un initiateur de la collecte a donc été convoqué à la gendarmerie de Quintin. Il lui a été demandé de s’expliquer sur l’objet de cette cagnotte et de reverser l’argent aux enquêteurs. Cette affaire fait suite à deux autres cagnottes lancées sur Leetchi pour Tristan Lozach et Christophe Detinger. Les deux avaient été bloquées par Leetchi et la seconde l’est toujours. Rappelons que Leetchi collabore avec les autorités et bloque régulièrement l’argent récoltés pour les cagnottes de solidarité avec les militants (voir notre article). Évitez Leetchi.

Gilets Jaunes devant la Maison d’Arrêt de Seysses (archive)

Gilets Jaunes devant la Maison d'Arrêt de Seysses (archive)

Jeudi 20 févier, 6 lycéens d’Ivry ont été perquisitionnés chez eux. Quarante-deux policiers ont ainsi débarqué chez eux car ils sont soupçonnés d’être les auteurs d’un tag dans un lycée en solidarité avec d’autres lycéens. Quatre d’entre eux sont toujours en garde à vue, à Créteil et à Vitry.

En décembre 2018, en plein mouvement lycéen contre Parcoursup et la réforme du bac, 4 lycéens avaient été mis 36h en garde à vue parce qu’on les a soupçonnés d’avoir écrit « Macron Démission » sur un panneau d’affichage. La proviseure du lycée avait alors porté plainte contre ces adolescents, alors que le tag avait été fait à l’extérieur du lycée. En réaction, des lycéens avaient fait un tag dans le lycée pour que le rectorat retire sa plainte et en solidarité avec leurs camarades gardés-à-vue.

Le front des mère soutient ces lycéens et leurs familles, et appelle à être présent.es aux rassemblements organisés à Ivry, Créteil et Vitry ces prochaines heures et prochains jours. Un rassemblement de soutien aux lycéens était prévu ce soir à 18h30 devant la mairie d’Ivry.

Un blocage lycéen (archive)

Un blocage lycéen (archive)

Deux équipes du RAID sont intervenues simultanément hier mardi vers 6 h 30, dans deux quartiers de Rennes. Les policiers, une douzaine au total, ont interpellé à leur domicile deux hommes âgés d’une trentaine d’années. Ils sont soupçonnés de dégradations dans le cadre d’une manifestation du mouvement des Gilets jaunes, à Rennes, samedi 2 février, et étaient toujours en garde à vue aujourd’hui mercredi. Samedi dernier, en début d’après-midi, quelques centaines de gilets jaunes ont défilé dans le centre-ville de Rennes. Vers 16 h 30, plusieurs vitrines de commerces et agences bancaires ont été dégradées.

Le RAID est une unité d’élite intervient notamment lors de prise d’otages. Elle compte 300 policiers et 7 antennes dont une basée dans la périphérie de Rennes pour le Grand Ouest, qui compte une vingtaine de policiers.

Une opération du RAID

Une opération du RAID

A Paris, une foule compacte de plusieurs milliers de personnes rejoignait l’esplanade des Invalides dans l’après-midi après avoir marché dans un calme relatif depuis les Champs-Elysées, aux cris de « Tout le monde déteste la police » ou « Castaner nique ta mère ». La dispersion, vers 16 h, a cependant été sous tension, avec plusieurs envois de grenades lacrymogènes par les forces de l’ordre.

A Bordeaux, le cortège, parti des bords de la Garonne, rassemblait également plusieurs milliers de personnes, confortant la capitale de Nouvelle-Aquitaine comme l’un des bastions du mouvement. Plusieurs milliers de « gilets jaunes » manifestaient également à Toulouse, autre bastion du mouvement. La manifestation nantaise a été émaillée d’incidents avec des jets de peinture, de pavés, de bouteilles en verre et de fusées, tags sur la préfecture

Tandis qu’à Lyon, plusieurs milliers de manifestants s’étaient rassemblés dans le centre, des « gilets jaunes » tentaient de bloquer le trafic sur l’autoroute A7 à la sortie sud de Lyon, provoquant des difficultés de circulation en ce weekend de chassé-croisé sur les routes. Pour les trois mois de leur mouvement, les « gilets jaunes » ont également réinvesti les ronds-points en Meurthe-et-Moselle, notamment à Pont-à-Mousson ou Essey-lès-Nancy. D’autres manifestations se sont tenues à Caen, Grenoble, Strasbourg, Alençon, Rennes ou au Mans. A Rouen un véhicule aurait fait trois blessés parmi les manifestants. Des incidents ont eu lieu également à Nevers.

L’Acte 14 à Nantes

L'Acte 14 à Nantes