Des manifestants se sont affrontés violemment avec la police hier mercredi soir à Athènes, dans l’un des combats les plus intenses qu’a connu cette ville depuis des années. Les manifestants se sont enfermés à l’intérieur de l’Université technique nationale d’Athènes, à Exarchia, et sont sortis seulement pour faire face à la police anti-émeute, entre 19H et 2 heures du matin. Les manifestants ont lancé des dizaines de cocktails Molotov et d’autres projectiles sur les forces de police, mis des poubelles en feu et détruits des trottoirs afin d’utiliser les morceaux de marbre comme munitions.

La police antiémeutes a utilisé des gaz lacrymogènes, spray au poivre et des grenades assourdissantes. Selon la loi grecque, cependant, les locaux universitaires sont protégés par un « asile universitaire » et les forces de police sont interdits d’entrer dans les bâtiments. L’une des principales routes de la capitale grecque a été bloqué pendant plus de quatre heures en raison de la violence. Au moins deux personnes ont été arrêtées sur les lieux.

Affrontements hier à Athènes

Affrontements hier à Athènes

La police grecque a fait usage lundi de gaz irritants pour repousser des retraités qui manifestaient contre les coupes dans leurs pensions. La tension entre manifestants et policiers est montée quand le cortège, fort de quelques milliers de personnes, a approché le palais gouvernemental à Athènes, dont l’accès avait été barré par la police antiémeute. Un groupe de retraités a tenté de forcer le cordon, tandis que d’autres tentaient de renverser un car de police barrant la route. La police a fait un usage limité de gaz irritants, mais les manifestants sont d’abord revenus à la charge avant de se disperser.

Aux cris de « Nous ne pouvons pas vivre avec 400 euros » et « Que la ploutocratie paie la crise », les retraités manifestaient contre la quinzaine de rabotages successifs imposés aux pensions, le dernier en date au printemps via l’adoption d’une vaste réforme du système des retraites réclamée à la Grèce par ses créanciers.

Manifestation des retraités à Athènes

Manifestation des retraités à Athènes

Marios Seisidis et Kostas Sakkas ont été arrêtés au matin du 5 août dans les environs de Sparte, dans le Péloponnèse. Tous deux étaient recherchés par la police et ont déjà été prisonniers par le passé. Ils ont tous deux refusé la prise d’empreintes digitales et la prise de photos par la police et ont été battus pour cela. Ils sont immédiatement passés devant un tribunal d’Athènes où l’audience a été ajournée au 17 août (toujours à Athènes). Suite à cela, ils ont été transférés dans des prisons éloignées: Marios à Malandrino, Kostas à Domokos.

Grèce: Deux anarchistes recherchés arrêtés

Ce 28 juillet, un colis piégé à été envoyé au procureur Houzouris, il s’agissait d’une petite bombe emballée dans un livre vidé avec des lames de rasoir et des clous reçue au domicile de Houzouris. Une équipe de démineurs de la police a fait exploser l’engin. La police a comparé ce colis qui avait déjà été envoyé au juge Ponga, celui qui avait refusé de libérer Evi Statiri l’année dernière. La presse et la police grecques accusent la Conspiration des Cellules de Feu, en particulier Gerasimos Tsakalos qui s’est récemment exprimé à propos du tribunal de Houzouris.

Un colis piégé pour le procureur Houzouris

Un colis piégé pour le procureur Houzouris

Mercredi 27 juillet à l’aube, la police a perquisitionné et expulsé trois squats hébergeant des migrants à Thessalonique: le squat “Orfanotrofio”, ancien orphelinat appartenant à l’Eglise, la communauté “Hurriya” de la rue Karolou Diehl (propriété privée) et d’autres squats situés sur l’avenue Nikis (propriétés de l’université). 74 personnes ont été arrêtées. Celles dépourvues de papiers ont été très probablement enfermées en centres de rétention. Un bon nombre de militants “no border” sont renvoyées devant le tribunal. Le 28 juillet, certaines personnes du bâtiment “Nikis” arrêtées ont écopé de 6 mois de prison avec sursis. Les personnes arrêtées du squat Orfanotrofio et d’Hurryia passeront respectivement en procès les 3 et 5 août. Tous les militants arrêtés ont été libérés.

Dans la nuit du vendredi 29 juillet, une partie des bâtiments de l’université Aristote de Thessalonique a perdu ses vitres (le squat Nikis était situé dans l’enceinte de la fac et l’université l’a fait expulser). Deux bureaux du parti au pouvoir Syriza ont été retrouvés dévastés dans le quartier Petralona à Athènes et dans le quartier de Kalamaria à Thessalonique, et des policiers anti-émeute ont dû se positionner devant la maison du ministre d’Etat Alekos Flambouraris. Le 1er août, des personnes solidaires écopent de 3 ans de prison avec sursis et 6 mois de prison pour infractions. Toutes les autres sont relâchées. Plusieurs actions ont été menées en représailles à cette opération répressive dès le jour même: les bureaux de Syriza de la rue Egnatia à Thessalonique ont été occupés, tout comme ceux de Larissa; une action de solidarité a été réalisée devant la mairie de la ville de Veroia.

A Thessalonique, les locaux de l’entreprise qui a oeuvré à la démolition du squat Orfanotrofio ont été ravagés par une attaque incendiaire. Dimanche 31 juillet, au nord de Thessalonique, des anarchistes ont fait irruption dans une cathédrale orthodoxe en pleine messe en balançant des tracts (26 arrestations). Le 1er août à Heraklion en Crète, l’église St-Dimitris a été attaquée avec un engin incendiaire par la “Cellule Guerilla Urbaine” des CCF/FAI-FRI en réponse aux expulsions de Thessalonique. À Thessalonique, il y a eu des affrontements entre migrants et police anti-émeute dans le camp ‘Softex’ après qu’une femme soit morte. De nombreux sans-papiers ont voulu sortir du camp et partir en manif. Plus tard, la manif de solidarité a rassemblé plus de 600 personnes et a traversé la ville bruyamment. Elle s’est réunie à Egnatia aux migrants de ‘Softex’. Dans la foulée, deux nouveaux squats ont été ouverts pour les migrants et les personnes ciblées par la répression, ce qui a fait immédiatement rappliqué les policiers en masse. Malgré tout, ils ont tenu.

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Occupation des bureaux de Syriza à Thessalonique

Occupation des bureaux de Syriza à Thessalonique

Le matin du 27 février, trois membres du centre social occupé Vox, à Exarchia, entendent trois individus lancer des insultes sexistes à l’égard d’une passante. Ils interviennent mais les individus sortent des couteaux et deux anarchistes sont gravement blessés. L’un des agresseurs, bien connu dans le quartier, est un dealer d’origine égyptienne surnommé « Habibi » travaillant pour la mafia albanaise. Il est responsable de nombreuses agressions dans le quartier. Le 5 mars, 5.000 anarchistes défilent contre les mafias, certains manifestants portant démonstrativement des armes à feu.

Cela fait des années que le police utilise les dealers pour pourrir la situation à Exarchia, pour empêcher que s’articulent les nombreuses initiatives anarchistes autogérées qui caractérisent le quartier. En refoulant systématiquement les dealers d’Athènes vers Exarchia, et en laissant les mains libre à la mafia de la drogue, la police manœuvre pour rendre impossible l’auto-organisation de la vie du quartier par ses habitants. Le 7 juin, « Habibi » était abattu dans une entrée d’immeuble à 100 mètres de la Place Exarchia. Ce n’est que début juillet qu’une milice anarchiste a revendiqué cette exécution.

Lire le communiqué de la milice (en anglais)

Cordon de policiers autour de l’endroit où le dealer a été abattu

Cordon de policiers autour de l'endroit où le dealer a été abattu

Ce 8 juillet, le tribunal de prison de Koridallos a condamné tous les membres de la Conspiration des Cellules de Feu pour les accusations d’avoir placé un engin explosif au bureau du fisc de Koridallos, pour avoir envoyé un colis piégé au commissariat d’Itea, pour avoir envoyé un colis piégé au juge spécial anti-terroriste, pour avoir planifié une évasion armé de la prison de Koridallos et pour possession d’armes à feu, d’explosifs et d’armes anti-chars RPG. Tout cela avec l’objectif de « perturber la vie sociale, économique et politique du pays ». Ils ont également été condamnés pour avoir « dirigé une organisation terroriste » et pour avoir « incité » quatre tentatives de meurtres.

Les 10 membres de la Conspiration qui comparassaient ont tous écopé de 115 années de prison, il s’agit de Gerasimos et Christos Tsakalos, Giorgos Polidoros, Olga Ekonomidou, Theofilos Mavropoulos, Panagiotis Argirou, Giorgos Nikolopoulos, Michalis Nikolopoulos, Damiano Bolano et Haris Hadjimihelakis. L’anarchiste Angeliki Spyropoulou (non-membre de la CCF) a été condamné à 28 années d’emprisonnement.

Du côté des proches des membres de la CCF: Athena Tsakalos et Evi Statiri (la mère des deux frères Tsakalos et la compagne de l’un des deux) ont été reconnues « majoritairement » (et non unanimement) non-coupables. Par contre, Christos Polidoros (frère de Giogors) a été condamné à 6 ans de prison avec sursis pour « appartenance à une organisation terroriste ».

Christos Rodopoulos (a.k.a Iasonas) qui avait nié toutes les accusations a été condamné à 75 ans de prison. Christodoulos Xiros (membre de l’organisation 17-Novembre) a été condamné à 65 ans de prison. Quatre accusés ont été condamnés pour appartenance à l’organisation à des peines de 27 ou 28 ans et quatre autres ont été acquittés mais ont reçu 6 années de sursis. Fabio Dusko a été condamné à 8 ans, deux autres personnes ont été reconnues coupables de délits mineurs et deux autres ont été acquittés.

Tag solidaire à Zürich

Tag solidaire à Zürich

Ce 2 juin, un colis piégé constitué d’un livre évidé puis rempli d’explosifs, de vis et de lames de rasoir a été envoyé au juge Isadora Poga qui avait maintenu en détention Evi Statiri l’année dernière. La police grecque soupçonne la Conspiration des Cellules de Feu même si l’envoi de ce colis n’a pour l’instant pas été revendiqué.

A l’intérieur de la prison, les membres emprisonnés de la Conspiration sont réprimés, il y a quelques jours, le procureur Marsioni a puni Giorgos Nikolopoulos d’un an de mesures disciplinaires après avoir trouvé des objets interdits lors de la fouille de sa cellule. Les prisonniers Michalis Nikolopoulos et Panagiotis Argyrou ont également été punis.

Le colis piégé

Le colis piégé

A la prison de Korydallos, les ouvriers continuent d’installer des grilles épaisses et des barbelés dans la zone morte entre les cellules souterraines et les salles d’audience, dans le but d’occulter la petite ouverture qui permettait encore aux prisonniers de regarder le ciel. Ce confinement des prisonniers dans une cage de métal et de barbelés survient quelques jours après la conférence « Prisons, droits, transparence et responsabilité », organisée par le ministère de la Justice. Le 27 mai, les prisonniers révolutionnaires de la CCF et de Lutte Révolutionnaire ont annoncé dans une lettre au ministre de la Justice qu’ils lutteraient contre cette mesure (voir cette lettre).

La pose des nouvelles grilles à Koridallos

La pose des nouvelles grilles à Koridallos

Mercredi 18 mai, une nouvelle audience a eu lieu contre les anarchistes de la Conspiration des Cellules de feu (CCF) et leurs proches pour le projet d’évasion (qui prévoyait de faire sauter le mur de la prison de Korydallos) découvert par la police en janvier 2015. Au début de l’audience, un avocat était absent. Dans ce cas le tribunal est tenu de désigner un nouvel avocat, mais le président du tribunal a ordonné qu’il soit jugé sans la présence d’un avocat. Les membres de la CCF Gerasimos Tsakalos, Olga Ekonomidou et Christos Tsakalos présent(e)s dans la salle interrompirent l’audience en criant et en maudissant le juge pour les pratiques fascistes, finissant par lui jeter des objets. Les gardes sont intervenus pendant que le président de la cour se cachait dans un bureau.

Un des avocats demanda l’arrêt du procès en raison des machinations du juge. Ch. Tsakalos fit ensuite référence aux condamnations que risquent les proches (sa mère, l’épouse de Gerasimos et le frère de Giorgio Polydoro), accusé(e)s d’ «appartenance à une organisation terroriste» avec circonstances aggravantes, ce qui est passible de 20 ans de prison. Les membres de la CCF et Aggeliky Spyropoulou revendiquèrent le plan d’évasion, signalant qu’aucun(e)s des accusé(e)s restant(e)s n’y était lié. Ils ont ensuite quitté la salle en disant qu’il était sûr que le juge demanderait leur expulsion, ce qui a eu effectivement lieu: G. Tsakalos, O. Ekonomidou et Ch.Tsakalos sont exclus(e)s indéfiniment des audiences. Prochaine audience demain mardi.

La prison de Korydallos

La prison de Korydallos