Des manifestants masqués se heurte à la police lors d’une manifestation d’étudiants devant l’Universidad Nacional Autonoma de Honduras (UNAH) à Tegucigalpa le 27 novembre. Les manifestants demandent qu’ils soient inclus dans les politiques d’emploi de la fonction publique. Dans le cadre de cette action, les manifestants ont brûlé des véhicules. Les forces de sécurité se sont déployées dans la zone et ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule.

Des manifestants indigènes empêchaient depuis le 4 octobre le passage des camions de la Compagnie guatémaltèque de nickel (CGN), une filiale du groupe minier suisse Solway. Les forces antiémeutes les ont chargé sur une route de la ville d’El Estor, à quelque 155 km au nord-est de la capitale. Elles ont également usé de gaz lacrymogène. Cette répression a fait plusieurs blessés, dont quelques journalistes. Les manifestants affirment que la compagnie minière continue à opérer malgré une décision de justice contre elle l’année dernière.

En juin 2020 en effet, la Cour constitutionnelle, la plus haute instance judiciaire du pays, a provisoirement suspendu les opérations de la CGN suite à une demande des communautés autochtones. La Cour a précisé que le gouvernement a ignoré la Convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la consultation préalable des populations locales, en plus de ne pas se conformer à une étude d’impact environnemental de l’ensemble de la zone, pour laquelle il a ordonné la réalisation d’un référendum communautaire.

L’intervention des forces répressives

Des milliers de Guatémaltèques ont de nouveau manifesté samedi, dans un mouvement de contestation qu’ils appellent la « révolution des haricots », pour exiger la démission du président Alejandro Giammattei, qu’ils accusent de corruption en plus de lui reprocher de gouverner de manière opaque. Après 3 h d’une manifestation pacifique, des personnes au visage dissimulé sont arrivées dans un autobus des transports publics et l’ont incendié devant le Palais national. Au moins cinq policiers ont été blessés dans les heurts.

 

Des centaines de Guatémaltèques ont mis le feu samedi au Parlement pour protester contre le budget 2021 (voir notre article), au moment où des manifestants exigeaient la démission du président Alejandro Giammattei. Des flammes gigantesques ravageaient l’intérieur du bâtiment, dont la façade était constellée de graffitis antigouvernementaux. Le groupe ayant mis le feu au bâtiment a agi alors qu’une manifestation se tenait à proximité du Congrès, pour exiger la démission du chef de l’Etat. Les manifestants brandissaient des banderoles ornées des slogans « plus de corruption » ou « Giammattei out ». Ils lui reprochent notamment d’avoir donné son aval au budget opaque et controversé de près de 13 milliards de dollars, le plus important de l’histoire du pays. Lors de la manifestation devant le Congrès, la police a interpellé plus d’une vingtaine de personnes. Les forces de l’ordre ont lancé des gaz lacrymogènes sur la foule au sein de laquelle des enfants ont été pris de panique. Près d’une cinquantaine de personnes ont été hospitalisées pour blessures, dont une dans un état grave.

A la demande du Congrès, la Police Nationale Civile (PNC) du Guatemala avait installé un important cordon de sécurité autour du Parlement à l’occasion de l’approbation du Budget 2021. Les forces de sécurité ont bloqué le passage sur les quatre grandes avenues menant au Congrès. Les agents ne laissaient passer que les parlementaires. Une manifestation essentiellement composée d’étudiants de l’Université de San Carlos de Guatemala a marché sur le Parlement. Les manifestants dénonçaient la corruption et l’opacité avec laquelle le plan de dépenses pour l’année prochaine a été approuvé. Ils ont été confronté au dispositif policiers et des affrontements ont eu lieu.

Dominga Ramos, 53 ans, était une militante du Comité de Desarrollo Campesino-Movimiento por la Liberación de los Pueblos (CODECA-MPL), au Guatemala. Figure de proue des luttes des communautés indigènes et paysannes pour la nationalisation de l’électricité, elle a été abattue le 5 mars dernier dans la localité de Las Delicias (Suchitepéquez). Ce meurtre est le 17e qui frappe militants du CODECA-MPL. Depuis des années, les communautés autochtones guatémaltèques luttent contre Energuate, la société nationale qui fournit de l’électricité dans le pays. La nationalisation de l’électricité est, depuis des années, l’une des principales revendications des zones rurales du Guatemala, souvent privées d’électricité. Energuate est contrôlé par Actis Capital, une multinationale anglaise qui avait racheté en 2011, la compagnie nationale d’électricité à la faveur de sa privatisation.

Dominga Ramos

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Au moins 164 défenseurs de l’environnement se battant contre des projets miniers, forestiers ou agro-industriels ont été tués en 2018, selon l’ONG Global Witness. Le pays le plus dangereux pour les militants et les autochtones défendant leurs terres a été les Philippines, avec 30 meurtres. La Colombie et l’Inde ont elles compté 24 et 23 morts en 2018. Avec 16 meurtres confirmés, le Guatemala est de son côté le pays avec le plus de morts comparés au nombre d’habitants.

L’événement le plus mortel a eu lieu dans l’Etat du Tamil Nadu, dans le sud de l’Inde, où elle assure que 13 personnes ont été tuées après une manifestation contre l’entreprise Sterlite, raffinant le cuivre (voir notre article). Au moins huit militants impliqués dans des conflits terriens avec des représentants de l’industrie du soja ont été tués en 2018 dans l’Etat brésilien de Para à lui seul. Aux Philippines, qui ont pris la place du Brésil comme pays le plus meurtrier, c’est neuf cultivateurs de canne à sucre, dont des femmes et des enfants, qui ont été abattus par des hommes armés sur l’île de Negros. L’avocat représentant les familles des victimes a été tué quelques jours plus tard.

La manifestatrion contre l’usine Sterlite

La manifestatrion contre l'usine Sterlite

Tomás Francisco Ochoa Salazar, secrétaire aux litiges du syndicat de la société Bremen (SITRABREMEN), a été abattu le vendredi 1er septembre par des tireurs en moto . Andy Noel Godinez, également membre du syndicat, a, lui, été blessé dans la fusillade. Le SITRABREMEN est un jeune syndicat reconnu par le ministère du Travail en février 2017. Selon le syndicat, depuis sa reconnaissance, a commencé une campagne de représailles, d’interdiction et de harcèlement sur les dirigeants syndicaux et les membres. Son secrétaire général a démissionné brusquement en août peu de temps avant que le syndicat ne soumette sa proposition de négociation collective à l’Inspection du travail.

Au Guatemala, les militants syndicaux sont souvent illégalement licenciés, menacés, attaqués et assassinés. Depuis novembre 2004, 87 responsables syndicaux ont été assassinés au Guatemala.

Banderole contre les assassinats de syndicaliste lors d’un 1er Mai

Banderole contre les assassinats de syndicaliste lors d'un 1er Mai

Au moins une personne a été tuée lors d’une manifestation samedi contre une installation minière à Izabal. Les policiers ont essuyé des coups de feu à plusieurs reprises. Les manifestants ont brûlé le siège de la police de la ville d’El Estor (Izabal), à 155 km au nord-est de la capitale et la maison du maire. Des affrontements ont encore eu lieu lorsque les forces de police ont débloqué une route barrée par les manifestants. Ceux-ci protestaient contre la pollution du lac Izabal et du Rio Dulce, affectant la pêche artisanale, par les opérations de la Compañía Procesadora de Níquel (PRONICO), une filiale de la société russe de Solway Investment Group spécialisée dans le ferro-nickel.

Les affrontements samedi à Izabal

Les affrontements samedi à Izabal

Le procès de l’ex-dictateur guatémaltèque Efraín Ríos Montt, 86 ans, accusé de génocide et de crimes contre l’humanité, a débuté. Efraín Ríos Montt comparaît en même temps que l’ancien général et chef du renseignement José Mauricio Rodriguez Sánchez. Tous deux sont accusés d’être responsables de 17 massacres, et plus précisément de la mort de 1.771 Indiens de l’ethnie ixil, dans le département de Quiché, pendant la guerre civile qui en trente-six ans (1960-1996) a fait plus de 200.000 morts. Les massacres étaient commis par des membres des forces de contre-guérilla Kaibiles déguisés pour se faire passer pour des guérilleros de la gauche révolutionnaire (tactique « false flag »). Le procès d’Efraín Ríos Montt, qui a dirigé le pays en 1982 et 1983, au moment le plus violent de la guerre civile.