Une trentaine de guérilleros armés, soutenus par un groupe de partisans, ont pris d’assaut la maison d’un agent de police ce dimanche dans le district de Malkangiri (Chhattisgarh). Le policier visé n’était pas à son domicile, et les maoïstes ont donc pressé sa famille de lui demander de quitter son emploi, faute de quoi il devrait faire face aux conséquences de son choix. Ils ont également demandé aux jeunes gens présents de s’abstenir d’aider la police, et de ne pas rejoindre les rangs des forces de sécurité.

Une action semblable avait eu lieu vendredi soir dans le même district. Là aussi, les maoïstes ont exigé la démission du fonctionnaire de police. Au cours des deux opérations, les guérilleros ont abandonné sur place des affiches sur lesquelles ils dénoncent l’attitude des forces de sécurité et du gouvernement. Ils affirment que ce dernier a manqué à ses engagements suite à la libération d’un otage des guérilleros en février dernier. Les exigences auxquelles il s’était engagé à répondre (retrait de la Border Security Force, libération de plusieurs prisonniers, abandon du projet de barrage qui occasionnera l’expropriation de milliers de personnes dans l’Andhra Pradesh,…) n’ont toujours pas été remplies.

Les forces de sécurité dans Lalgarh sont en état d’alerte en raison de la présence de la dirigeante maoïste Suchitra Mahato dans l’Etat. Dans la nuit de vendredi à samedi, plus de 100 policiers et paramilitaires ont bouclé le village de Purnapani, où Mahato leur avait été signalé. Mahato a pu s’échapper mais la police a capturé deux militants maoïstes et arrêtés six gens du pays. Une cache d’armes et des munitions a été découverte.

Mahato est l’épouse d’un membre de Comité maoïste pour l’Etat, dont le frère était le leader tribal Chhatradhar Mahato qui a été tué par les forces de sécurité près de Jhargram en mars cette année.

Ce 10 mai doit se tenir la sixième phase des élections dans 14 circonscriptions du Bengale occidental touchées par la guérilla maoïste. Depuis aujourd’hui, deux hélicoptères de la Force Aérienne Indienne ont été mis en service pour survoler la région et guetter tout mouvement suspect au sol. En outre, la commission électorale a décidé de déployer trois hélicoptères pour la surveillance exclusive des districts de Paschim Medinipur, de Bankura et de Purulia. Selon le responsable du scrutin, ces hélicoptères pourront également être utilisé pour le transport des forces de sécurité. Il affirme également que si la surveillance a commencé cinq jours avant la tenue des élections, c’est pour permettre la coordination entre les forces aériennes et terrestres pour faire face aux actions qui pourraient être menées par les opposants au scrutin.

Alors qu’ils effectuaient une patrouille dans le district de Lohardaga (Jharkhand), des policiers ont été la cible d’une attaque à l’explosif mise en place par les guérilleros maoïstes. Deux policiers ont été tués et deux autres blessés dans l’explosion. Peu après, une fusillade s’est déclenchée entre les guérilleros et les forces de sécurité dans la zone même de l’attaque. Dans le même temps, dans le district de Bokaro, également dans le Jharkhand, des membres de la CRPF et des guérilleros ont échangé des coups de feu. Le bilan de cette fusillade n’a pas encore été communiqué.

Par ailleurs, hier, à la frontière entre deux district du Bihar, les maoïstes ont fait explosé un IED au passage d’une jeep de la police, blessant les trois personnes qui se trouvaient à bord, dont un responsable de commissariat.

Ce dimanche, des soldats de l’anti-naxalite Special Operation Group et des policiers ont pris d’assaut un camp de guérilleros dans les forêts du district de Malkangiri (Orissa). Les maoïstes ont répliqué à l’attaque, ce qui a déclenché une violente fusillade au cours de laquelle une jeune femme a été tuée. Selon les autorités, celle-ci portait un uniforme maoïste et serait originaire de l’Andhra Pradesh. Elles ont également affirmé que plusieurs guérilleros auraient été blessés, mais qu’ils ont pu se retirer dans la jungle sans qu’aucun d’entre eux ne soit capturé. Dans l’opération de ratissage qui a suivi la fusillade, les forces de sécurité ont saisi trois fusils, des IED, des grenades ainsi que des munitions.

M. Sriprakash Jaiswal le ministre de l’industrie charbonnière de l’Inde a dit que « la production de charbon a été touchée par le problème maoïste de l’état. L’ordre public dans Jharkhand n’est pas satisfaisant et le gouvernement de l’état devrait faire le nécessaire pour l’améliorer. » Il a souligné le besoin d’augmenter la production de charbon considérant la forte demande pour le charbon dans le marché mondial après l’accident nucléaire au Japon. Selon le ministère, Jharkhand a des réserves prouvées de 39.480.000 tonnes et des réserves estimées de 37.232.000 tonnes, soit au total 76.712.000 tonnes.

La police de l’Etat du Jharkhand et la CRPF ont annoncé hier une stratégie commune pour leurs opérations contre la guérilla maoïste dans les régions riches en minerais du Jharkhand. Les opérations seraient menées dans les districts de Dhanbad, Bokaro, Giridih, Chatra, Hazaribagh, Koderma et Ramgarh. La guérilla maoïste appuie les tribaux qui s’opposent à l’ouverture d’exploitation minière sur leurs territoires, taxent les mines en exploitation, appuient ou provoquent des grèves des travailleurs des mines.

Dandapani Mohanty, un des trois médiateurs qui ont négocié l’accord entre le gouvernement de l’Orissa et la guérilla maoïste après l’enlèvement de fonctionnaires par cette dernière, vient de dénoncer publiquement les autorités indiennes de violer cet accord.

En échange de la libération des fonctionnaires (qui ont effectivement été relachés par la guérilla), le gouvernement avait promis qu’il n’y aurait pas d’opérations de ratissage tant qu’il n’y aurait pas d’attaque de la guérilla. Or, les forces de sécurité ont repris ces opérations de ratissage alors que la guérilla avait respecté la suspension d’armes. De la même manière, Mohanty rappelle que l’accord prévoyait la libération de 627 tribaux emprisonnés pour « sympathie » maoïste. Non seulement il n’y a pas eu de libération, mais de nouvelles arrestations ont eu lieu.

« Binayak Sen est peut-être un sympathisant maoïste mais cela ne le rend pas coupable de sédition », ont déclaré les juges de la Cour Suprême de l’Inde qui ont accordé vendredi 15 avril la liberté provisoire au célèbre docteur et militant des droits de l’homme, invalidant ainsi le jugement de la haute cour du Chhattisgarh du 24 décembre 2010. Le docteur avait été condamné à la réclusion à perpétuité pour sédition et complot avec les maoïstes. Les visites médicales qu’il avait effectué à la prison de Raipur auprès d’un prisonnier maoïste avait fait de lui un « messager maoïste » et les documents rédigés par les rebelles indiens retrouvés à son domicile le rendaient « sympathisant » de la guérilla. Les irrégularités du procès et l’absence de preuves tangibles permettant de justifier la condamnation avaient provoqué une importante mobilisation.

Les 210 détenus de la prison de Malkangiri (Etat de l’Orissa), parmi lesquels 22 prisonniers politiques maoïstes, et notamment le dirigeant du PCI(M) Sriramulu Srinivas, ont commencé lundi une grève de la faim. Ils protestent contre la non-exécution des engagements pris par le gouvernement de l’état en échange de la libération de deux fonctionnaires enlevés par la guérilla. Parmi les engagements du gouvernement, une suspension des opération de ratissage dans la région et la libération de plusieurs prisonniers politique et de 700 aborigènes enfermés pour une liaison présumée avec les maoïstes.