La police de la province de Papouasie a identifié six personnes comme suspectes parmi les 17 arrêtés samedi lors d’une manifestation d’anciens mineurs de la mine de cuivre Grasberg de Freeport McMoRan Inc. Des affrontements ont eu lieu le samedi 19 août à la mine de Grasberg, en Papouasie occidentale, lorsque des centaines de mineurs grévistes ont bloqué les accès de la mine dès 14 heures pour empêcher la production et forcer la direction à négocier. Plusieurs mineurs ont été blessés par des tirs de balles en caoutchouc lors d’affrontements avec la police et les vigiles. Des bâtiments administratifs et plusieurs véhicules ont également été incendiés. La police et les gardes avaient repris le contrôle des lieux vers 23h et Le chef de la police locale a annoncé que l’armée serait déployée pour maintenir l’ordre.

Ces affrontements sont la suite d’une crise débutée en mai (voir notre article ici) suite au litige entre Freeport et le gouvernement indonésien concernant la juridiction de la mine, ce dernier souhaitant obtenir une participation de 51 pour cent sur la mine. Suite au refus de Freeport, le gouvernement a annulé les permis d’exportation de la compagnie qui a riposté en ralentissant la production et en commençant à licencier du personnel, ce qui a déclenché la grève. Suite à cette grève, 4. 200 travailleurs ont été licenciés.

Vehicule brulé lors des affrontements à la mine Grasberg de Freeport le 19 août 2017

Dans un précédent article, nous expliquions comment le gouvernement indonésien faisait pression contre Télégram pour les forcer à censurer les channels « hébergeant du contenu terroriste ». L’Indonésie avait bloqué la version web de l’application, comme un ultimatum avant le blocage de l’app mobile. Télégram à annoncé ce dimanche qu’il mettait une équipe spéciale en place, ayant la « connaissance de la culture et de la langue indonésienne » afin de « lutter contre le terrorisme ».

C’est pour nous l’occasion de recommander une fois de plus l’utilisation de l’application Signal à la place de toute autre application prétendant protéger la vie privée de ses utilisateurs. Les groupes Signal ne sont pas encore aussi ergonomiques que les channels Télégram, mais il est impossible de par leur structure de connaître leur existence, leur contenu, leurs intervenants, de les censurer,… En acceptant de coopérer, Télégram accepte de rechercher activement le contenu « illégal » et envoie le message qu’il est possible d’interférer dans une application qui utilise un modèle cryptographique fort. Dans les faits : une application comme Signal est incapable de censurer/fournir du contenu ou de dénoncer des utilisateurs. Elle n’a elle même aucune connaissance du contenu ou des utilisateurs.

Utilisez Signal.

Les 11 adresses permettant d’accéder aux versions web de l’application de messagerie Telegram ont été bloquées en Indonésie, une menace brandie par le Ministère des Communications et Technologies de l’Information qui annonce une mesure d’interdiction totale de l’application (mobile cette fois) si Telegram ne « cesse pas d’être un forum pour la propagande radicale et les militants violents ». La mesure est censée permettre à l’état indonésien de lutter contre Daesh, mais des millions d’Indonésiens n’ont plus accès à l’application web dans l’un des pays où elle est le plus utilisé.

Telegram

La compagnie minière PT Freeport Indonesia, filiale de la firme américaine Freeport-McMoRan basée à Phoenix, a mis à pied (en congé de longue durée) près de 10% du personnel pour réduire ses coûts (qui emploie 12.000 travailleurs permanents et 20.000 sous-traitants). Le syndicat est convaincu que ces licenciements font partie de la stratégie de négociation de l’entreprise avec le gouvernement.

Une grève a débuté le 1er mai pour protester contre la politique de mises à pied pratiquée par l’entreprise. Le 24 mai, le syndicat a annoncé la prolongation pour un mois de la grève, en même temps la direction résiliait les contrats de 2.018 travailleurs permanents grévistes. Freeport a annoncé qu’elle considère les grévistes comme absents sans motif. Les travailleurs absents plus de cinq jours sont considérés comme ayant accepté une « démission volontaire ». À ce jour, 2.018 avis de « démission volontaire » ont été enregistrées avec versement, pour solde de tout compte, d’à peine un mois de salaire, sans tenir compte de l’ancienneté. Le statut de la Papouasie occidentale est contesté par les indépendantistes papous qui accusent l’Indonésie de piller ses ressources. Freeport paie, entre autre, l’armée indonésienne pour assurer la sécurité de la mine.

Mineurs grévistes de Freeport-McMoran

Une manifestation pacifique de papous réclamant l’indépendance de la Papouasie, province de l’est de l’Indonésie, a été réprimée jeudi à Jakarta par la police anti-émeute. « Papouasie libre! », « Ça suffit. Des gens de notre peuple sont tués et détenus, ça suffit », ont scandé les manifestants, pour l’essentiel Mouvement de la Papouasie libre (OPM) et de l’Alliance des étudiants papous, face à des centaines de policiers anti-émeute. La police a fait usage de canons à eau pour disperser les manifestants. Ils ont été interpellés et évacués du lieu de la manifestation dans des fourgons de police, avant d’être relâchés presque tous peu après. Quatre d’entre eux ont été interrogés pour avoir exhibé le drapeau de l »Étoile du matin’, symbole de l’indépendance, interdit en Indonésie.

Les arrestations à Jakarta

Les autorités indonésiennes ont déchaîné une nouvelle vague de répression sur les Papous mélanésiens qui participent à des manifestations indépendantistes. Dans plusieurs cas, les personnes arrêtées ont été torturées. Ces arrestations de masse ont eu lieu en avril, mai et juin 2016. Entre mai et juin, environ 3.000 personnes ont été arrêtées au cours de manifestations pacifiques de masse dans les grandes villes de la Papouasie indonésienne. Et le dernier coup de filet s’est produit le 15 juin, plus de 1.000 Papous occidentaux ont été arrêtés, la plupart ont été libérés depuis, mais certains ont été torturés en détention.

La période est cruciale pour l’avenir des provinces papoues indonésiennes, car le Groupe mélanésien « Fer de lance » (Fidji, Papouasie Nouvelle-Guinée, Papouasie indonésienne, Vanuatu et Îles Salomon) décidera en juillet s’il accorde ou non le statut de membre associé au Mouvement uni de libération de la Papouasie occidentale. Cela placerait les indépendantistes à égalité avec l’Indonésie, qui a obtenu son statut de membre associé de l’institution mélanésienne l’année dernière. L’Indonésie est opposée à cette promotion du mouvement indépendantiste et elle cherche à convaincre les membres du Groupe « Fer de lance » de voter contre.

Manifestants indépendantistes papous

En décembre 2013, Abdul Hakam et Agus Budiono, deux syndicalistes de la ville de Gresik (une ville portuaire dans la province de Java oriental en Indonésie) du FSPBI- KASBI (Confederation of Indonesia Prosperity Trade Union ) ont été condamnés à une peine de prison de 3 mois sous l’accusation d’organiser les travailleurs à manifester. Durant 3 ans, le FSPBI a combattu cette décision en faisant appel. Ce jeudi 7 avril 2016, un tribunal a confirmé leur peine et ils ont été envoyés en prison pour trois mois, en vertu de la loi « Unpleasant Act ».

Abdul Hakam et Agus Budiono

Des centaines de Papous ont fui leurs foyers suite à une opération militaire dans les hautes terres de Papouasie. La répression a eu lieu près de Grasberg – la plus grande mine de cuivre et d’or du monde. Le 7 janvier, des centaines de policiers et de soldats indonésiens ont pris d’assaut le village d’Utikini, suite au meurtre de deux officiers de police et d’un agent de sécurité de la mine. Des villageois ont rapporté que 116 Papous ont été arrêtés, dont 48 femmes et 3 enfants. Nombre d’entre eux ont été interrogés et torturés par la police. 12 sont toujours en garde à vue. Un villageois a reçu deux balles dans les pieds afin ’qu’il se tienne tranquille’. Les soldats et la police ont incendié des maisons et des tentes appartenant aux membres des tribus dani, amungme, damal et moni.

La police aurait trouvé que de nombreux villageois détenaient des tracts en faveur de l’indépendance papoue. De telles manifestations d’expression politique peuvent être dangereuses en Papouasie occidentale, où des Papous sont actuellement emprisonnés jusqu’à 15 ans pour avoir levé le drapeau indépendantiste. Lors d’une conférence de presse, le 7 janvier, un chef de la police indonésienne a déclaré : ’J’ai ordonné [aux policiers] de brûler les maisons des habitants du village d’Utikini. Cela a été fait délibérément afin de briser le mouvement [indépendantiste]. Je les anéantirai.’ Cet incident survient quelques semaines seulement après l’assassinat mortelle de cinq adolescents papous par des soldats et la police.

Papouasie: Répression et exode

Le quartier occupé de Padang Raya en Indonésie (à Makassar, dans le sud de l’île Soulawesi) est le théâtre d’affrontements entre habitants et policiers. Le 12 septembre au petit matin, 600 policiers anti-émeute ont tenté d’évacuer le quartier, les habitants ont aussitôt construit des barricades et défendu leurs habitations. La police a plus tard réussi à percer les défenses, mais les affrontements se poursuivent. Ce quartier est occupé depuis plusieurs années par des anarchistes et gauchisants qui ont construit des bibliothèques et des centres sociaux. Ce matin, la cellule ‘International Conspiracy for Revenge’ de la FAI/IRF a attaqué un batîment de l’état en solidarité avec les occupants.

Indonésie : Affrontements lors de l’expulsion d’un quartier occupé à Makassar

Suite du feuilleton de cet été sur le site du Secours rouge, qui passe en revue quelques grands éléments de la culture politique anti-répression : causes célèbres, symboles connus, mobilisations historiques, événements fondateurs.
Fin 1965, les forces armées indonésiennes, secondées les milices du parti Nahdatul Ulama (parti musulman) et du Parti national indonésien entreprennent d’éradiquer le Parti communiste indonésien (PKI), le troisième parti communiste du monde par le nombre d’adhérant: entre 500.000 et trois millions de communistes, de sympathisants communistes, de personnes suspectées de l’être, ou d’appartenir à des groupes sociaux jugés favorables aux communistes (athées, descendants de l’immigration chinoise ou indienne, etc.) sont assassinés.

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Feuilleton de l’été 2014 (6): Le massacre des communistes indonésiens